lundi 24 septembre 2012

Islamisme et Fanatisme (2ème partie)


Jihâd et guerre sainte

Les disputes théologiques internes aux grandes religions peuvent mener à des guerres au nom de l'orthodoxie, comme les nombreuses guerres de religion lors de l'avènement du protestantisme ou les combats entre sunnites et chiites en Islam. Dans la pratique, les raisons de ces guerres sont plus souvent qu'on ne l'affirme des raisons économiques ou géopolitiques. Les successeurs du Prophète étaient des califes, c'est-à-dire des chefs d'État, et ce qui a donné naissance au chiisme, c'est une querelle concernant la succession du prophète Mahomet.
1- Cependant, l’histoire des religions monothéistes est inséparable des guerres.
1-  Le judaïsme s'est constitué au cours de guerres contre les Philistins, les Égyptiens, les Babyloniens, les Grecs, les Romains: l'arche d'alliance était promenée au milieu des armées d'Israël pour leur donner du courage. Sans la guerre, le judaïsme n'aurait pu se développer.

Les Croisés exterminent les Cathares
2-   La guerre sainte est un concept d’origine chrétienne. C’est une guerre lancée au nom d’un Dieu ou approuvée par une religion. Le concept apparaît, pour la première fois, chez Saint Augustin d'Hippone (354-430, soit 2 siècles avant l'islam), l’un des génies maghrébins, dans son célèbre ouvrage La cité de Dieu contre les païens où il expose que, si les païens ne veulent pas comprendre les beautés et les vérités du christianisme, il faudra se résoudre à leur faire la guerre. Compte tenu du caractère structurant pour les hommes et les peuples de leur foi, cette idée fit fortune ultérieurement et de telles guerres sont particulièrement longues et dures. Les chrétiens considèrent comme guerres saintes les croisades du Moyen Âge (1) contre les musulmans, et (2) contre les Cathares (12ème siècle), d’autres chrétiens considérés alors comme hérétiques. Contre les Cathares, il n'était pas question de chercher des conversions : les Cathares furent tous tués. C’est lors de cette croisade contre les Cathares qu’Arnaud Amaury, légat du pape, émit une sentence terrible et sans appel. A la question suivante : comment distinguer les hérétiques des catholiques ? Il répondit : «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens».
3-  L’islam primitif s'est forgé au fil de batailles, dont la première, celle de Badr, a eu lieu contre les polythéistes bourgeois de La Mecque, les suivantes contre des mécréants. Le premier siècle de l'islam fut celui de la guerre sainte: en 732, un siècle après la mort de Mahomet, les armées arabes étaient à la fois en France, à Poitiers, et sur le fleuve Indus. Cette expansion foudroyante de l'islam militaire s'est produite au moment où s'élaborait la doctrine musulmane, qui a ainsi été imprégnée d'un esprit de conquête et de violence. La guerre sainte en Islam s’appelle le « Jihâd Fi sabil Allah », c'est à dire la guerre sainte pour Dieu, ou simplement Jihâd.  
Les catégories de jihâd selon Ibn Roushd, Averroès (1126-1198)

Dans son ouvrage intitulé  Muqaddimah, le philosophe, théologien et juriste musulman andalou du XIIe siècle, Ibn Roushd classe le Jihâd dans quatre catégories :
I) Le Jihâd du cœur est la lutte de l'individu contre ses désirs, ses passions, ses idées fausses et ses compréhensions erronées. Cela inclut la lutte visant à purifier le cœur, à corriger ses propres actes et à réaliser les droits et les responsabilités de tous les êtres humains.
II) Le Jihâd de la langue : l'éducation et les conseils.
III) Le Jihâd de la main : s'instruire et enseigner la science. Le jihâd de la main signale l'usage de l'écriture, il est écrit dans le Coran : « Qui a enseigné par le  calame, a enseigné à l'homme ce qu'il ne savait pas.» [96:4-5] L'usage de l'ordinateur et de toutes les  formes de publication font partie de l'écriture.
IV) Le Jihâd de l'épée : la guerre. Le jihâd de la main implique la lutte avec l'épée. Ibn Roushd, en tant que Cadi, écrit  que la majorité des oulémas soutient que le  jihâd armé n'est pas une obligation pour tous les musulmans, seule une armée dressée par l'Amîr al- Mu'minîn (le Commandeur des croyants) est obligée de participer à la guerre.
Le fanatique islamiste diabolise son contradicteur
L’islamiste diabolise son ennemi, il confond le mal en tant que principe et le mal en tant que personne. Et tuer l'ennemi, fût-il musulman, revient à supprimer une force maléfique. 
  • Sur le plan exogène: tous les Occidentaux, et même tous les non musulmans, sont pour lui des incarnations du principe du mal.
  • Sur le plan endogène, c'est-à-dire au sein de la Oumma - la Communauté des croyants - , tous les opposants sont taxés de mécréants, donc susceptibles d’être trucidés au nom d’Allah : les laïques, les intellectuels, les artistes, les journalistes, les occidentalisés, les francophones (mais, bizarrement, pas les anglophones), les philosophes, les femmes divorcées ou non voilées, etc. En Syrie et en Irak, de nos jours, les islamistes sunnites tuent d’autres musulmans innocents (les autres sunnites, les chiites, les druzes, etc.), pour la simple raison qu’ils ne sont pas d’accord avec eux sur un plan politique.
Le fanatisme islamiste sunnite dispose, de nos jours, d’une arme difficile à contrer : le kamikaze.  Nous savons que cette tradition a existé chez les musulmans depuis longtemps. Il y a mille ans, les kamikazes nizarites (chiites ismaéliens), appelés les Assassins, semaient la terreur chez tous les gouvernants musulmans du Moyen Orient. Mais, contrairement aux terroristes islamistes d’aujourd’hui, les Assassins ne s’attaquaient pas à la population, ils ne visaient que les tenants du pouvoir:  vizirs, gouverneurs, sultans.
Et la grande faiblesse des occidentaux et des musulmans non islamistes, c'est que, pour eux, le prix de la vie est incommensurable. Ce n’est pas le cas chez les terroristes kamikazes. On a vu, à la télévision tunisienne sous gouvernement islamiste, des femmes exprimant leur joie et leur fierté à l’annonce de la mort de leur fils, parti guerroyer en Syrie contre d’autres musulmans, pour une poignée de dollars qataris ou saoudiens.

La notion de martyre

Il y a un facteur aggravant dans tous les monothéismes: la promesse du paradis aux martyrs. 
Cela commence en 167 avant Jésus-Christ, lors de la guerre des Maccabées, opposant les résistants juifs aux occupants grecs. Dans le second livre des Maccabées, chapitre 7, verset 9, quand les bourreaux grecs torturent les frères Maccabées, ceux-ci répondent: "Scélérat, tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde [c'est-à-dire Dieu], parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle". Les martyrs chrétiens furent promis au paradis, et canonisés. Même chose pour l'islam. Dans le Coran, à la sourate 3, verset 169, on lit: "Ceux qui ont péri pour la cause d'Allah sont vivants en présence de leur Seigneur." En d'autres termes: au paradis.
La notion de martyre est aussi ancienne que la naissance de l'islam, cependant les attentats suicides sont sévèrement condamnés par les autorités –non islamistes- de l'islam. Les bases sur lesquelles s'appuient les oulémas sont principalement :
  • l'interdiction de tuer des innocents (« Épargner les enfants, les fous, les femmes, les prêtres, les vieillards et les infirmes, sauf s'il ont pris part au combat » ); (Cor. V, la Table servie : 31-32) : « Tuer une seule personne (innocente) est comme tuer toute l'humanité ».
  • l'interdiction de provoquer le chaos (al-fitna)  (Cor. II, La vache : 190-191) : « Le chaos (fitna) est pire que la guerre. Tant qu'eux ne vous combattront pas dans l'enceinte sacrée, ne leur livrez pas la guerre. Si eux vous déclarent la guerre alors tuez-les. Voilà la fin des infidèles ».
  • le suicide, clairement condamné dans le Coran (Cor. IV, Les femmes : 28-29) : « ne vous donnez pas la mort ».
Le fanatique islamiste préfère la mort à l’amour
Bien que la majorité des musulmans croit qu'il y a une autre vie après la mort, cette majorité de gens préfère réussir ici-bas sa vie professionnelle et familiale. En revanche, lorsque l'on vit misérablement ici-bas, et que l’on n’a aucune perspective de s’en sortir, et que, grâce à un bon lavage de cerveau, on vous promet le paradis assuré et ses vierges houris, perdre sa vie devient alors beaucoup moins grave que de perdre son âme. Dans sa très belle lettre à Einstein, écrite à la demande de la Société des Nations, en 1932, Freud voyait dans la guerre une victoire du principe de la mort, Thanatos, sur le principe du désir, Eros. Une pulsion de mort qui renvoie à la frustration sexuelle. Chez beaucoup de fanatiques, il peut y avoir un manque de plaisir sexuel, une solitude affective induisant un dessèchement du cœur et de l'âme, qui les conduisent, non seulement à mépriser ces femmes qui donnent la vie, mais aussi à privilégier la mort. Tout amour - amour rime avec toujours - a pour but de prolonger la vie, parfois de la donner. Faites la guerre, pas l'amour, en somme...
Le fanatisme islamiste exprime également une exigence de pureté, un refus du métissage et des mariages mixtes, une peur du syncrétisme (mélange de croyances), bref, un refus de l'autre. Ce refus trouve sa meilleure expression dans les guerres menées actuellement contre la Syrie et l’Irak. Ces deux pays ont toujours été, depuis la nuit des temps, les berceaux de l’Humanité, où plusieurs religions, plusieurs peuples, plusieurs langues, ont coexisté. Ce qui est insupportable pour des islamistes fanatiques. Ces deux guerres visent, en premier lieu, un nettoyage ethnique, à l’image de ce que les Serbes ont commencé à faire en ex Yougoslavie. La « communauté internationale », c'est-à-dire l’Occident, avait, hier, arrêté le génocide perpétré par les Serbe. Aujourd’hui, elle cautionne le nettoyage ethnique perpétré par les islamistes sunnites. Et ceci, pour une simple cause : les Serbes n’avaient ni gaz, ni pétrole. Les islamistes sunnites, avec à leur tête l'Arabie Saoudite et le Qatar, en sont les premiers exportateurs mondiaux.
Conclusion


En dépit des efforts de nombreux intellectuels musulmans, qui n'ont pas une audience suffisante dans les populations, l'islam en est resté, chez les islamistes, à une lecture fondamentaliste du Coran. 
De plus, les islamistes se sont arc-boutés sur des traditions proche-orientales anté-islamiques, que l’Islam a, sans succès, essayé d’éliminer. Les exemples abondent : les peines de lapidation ou  d'amputation étaient déjà inscrites dans les codes mésopotamiens il y a trois mille ans,  et la première mention du port obligatoire du voile se trouve dans la tablette dite "A 40" des lois du roi assyrien Téglath-Phalasar Ier, mille ans avant Jésus-Christ! La polygamie et l’infériorisation de la femme sont tout aussi anté-islamiques et d’origine sémites et bédouines.
Mais l’Histoire montre que les musulmans peuvent parfaitement s'adapter à la modernité et en être les moteurs, comme ce fut le cas du temps du Bagdad abasside et de l’Andalousie omeyade. Les révolutions du Printemps arabe ont été une promesse dans ce sens.   
Gouvernant la quasi-totalité du monde arabe, les islamistes annoncent le retour aux traditions proche-orientales de l’Antiquité d’il y a trois mille ans.  
Les victimes en seront non seulement les Arabes, mais aussi tous les peuples du monde. Les attentats ont eu lieu aussi bien à Alger, Damas ou Bagdad, qu’à New-York, Paris ou Moscou. Ils se répèteront ici et ailleurs. Les attentats contre les ambassades américaines à Tunis et à Benghazi n’en sont qu’un début. Les USA ont créé Al-Qaïda. Ils n’ont pas fini d’en subir les effets. 
Les Occidentaux ont hébergé, aidé, protégé les islamistes, jusqu’à leur offrir le pouvoir dans nos pays. Un jour ou l'autre, ils en subiront les conséquences.
Hannibal Genséric

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