lundi 9 juin 2014

Gaz de schiste : encore un mensonge d'Obama

Début Juin 2014, lors de sa tournée en Europe, Obama avait fait miroiter aux dirigeants européens la possibilité de fournir du gaz nord-américain afin de ne plus dépendre des livraisons russes et d’asseoir leur « indépendance énergétique » (sic). C'est un gros mensonge.
Ainsi, à l’issue du sommet du G7 à Bruxelles, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a adroitement esquivé ce mensonge, en affirmant la non faisabilité d’un changement de fournisseur gazier :

« Il faut être réaliste et ne pas s’illusionner en croyant que le gaz livré par les États-Unis réglera nos problème. Pour organiser ces livraisons, il faudrait du temps. Nous devons faire en sorte que des relations fondées sur la confiance réciproque s’établissent entre la Russie et l’Ukraine dans le domaine énergétique. À défaut de cette confiance, nos intérêts seront également affectés. »
Le nouveau rêve américain – redevenir les rois du pétrole - n'était bien qu'un rêve : l'EIA (Energy Information Administration) a ramené sur terre leurs espoirs de trouver en quantité énorme du gaz et du pétrole de schiste en Californie en diminuant les estimations de 2011 de 96%. Au lieu de contribuer activement à l'autonomie énergétique souhaitée par les Etats-Unis, cette réserve ne devrait plus fournir que 32 jours de pétrole à l'économie américaine. Ce n'est pas sans conséquence sur le prix du pétrole et l'évolution du dollar.

La déception des prévisions

En 2011, la société Intek publiait une étude démontrant que le sol californien regorgeait d'un trésor : de l'or noir ou du gaz en abondance. La réserve nouvellement étudiée était ainsi censée contenir l'équivalent de 15,4 milliards de barils, autrement dit le site de Monterey représentait donc 64% des ressources américains en pétrole de schiste. Le début d'un nouvel âge d'or pour les Etats-Unis.
Finalement, après correction faite par l'EIA il semble que les réserves réelles soient inférieures de 96% à celles annoncées précédemment, soit 600 millions de barils... Au final c'est donc une dépréciation de deux tiers des espoirs partis en fumée.

Les retombées pourraient être dramatiques pour les Américains, et plus particulièrement pour la Californie. En effet cette immense réserve supposée devait permettre de créer 2,8 millions d'emplois et rapporter quelques 24,6 Mds $ de recettes fiscales. Les Américains envisageaient même d'exporter le pétrole et le gaz nouvellement découverts, en modifiant l'Export Administration Act de 1979 (jusqu'ici l'énergie fossile est considérée comme étant une ressource stratégique en cas d'embargo et donc interdite d'export). Pour ce faire, il aurait évidemment fallu que l'extraction de pétrole soit plus que suffisante pour satisfaire les besoins des Etats-Unis, pour que le pays stoppe ses importations. Ce scénario semble bien loin désormais. Ces espoirs n'étaient fondés que sur du vent ; beaucoup de vent même.

Comment la première étude a-t-elle pu être aussi imprécise ? Certains spécialistes, dont le géologue David Hughes, avaient pourtant mené des estimations empiriques et conclue que la Californie ne devrait pas, pour son futur économique et énergétique, compter sur ces ressources car les réserves probables étaient bien trop optimistes. De même il y a un an, Bill Powers (auteur de Cold Hungry and in the Dark) contredisait les chiffres et dénonçait les manipulations de la « la machine médiatique de l'industrie pétrolière ». Lorsque l'EIA anticipait 100 ans d'indépendance énergétique, Bill Powers n'y voyait que 5 à 7 ans. Si ces spécialistes indépendants sont arrivés à de telles conclusions, pourquoi Intek et l'EIA ont-ils pu se tromper ?

Comment expliquer de telles erreurs d'appréciation ?

Les chiffres sont particulièrement importants en économie : c'est sur quoi repose tout raisonnement et tout projet. Ainsi en surévaluant très largement ces anticipations de réserves, les Etats-Unis ont pu temporairement faire croire à une reprise durable dans le pays et ainsi soutenir la solidité du dollar face aux diverses attaques récentes dénonçant l'usage de la « planche à billets » électronique.

C'était aussi un parfait prétexte de lobby pour légitimer l'exploitation du site de Monterey. Il est en effet délicat de faire accepter la fracturation hydraulique aux riverains. Mais dans le cas de Monterey l'importance des réserves semblait largement compenser les dommages écologiques et économiques : endommagement des infrastructures locales, anomalies sur le marché du travail, pollution de nappes phréatiques, etc. Désormais, non seulement la réserve a « diminué » de 96%, mais de nouvelles recherches publiées le mois dernier ont démontré que les émissions de méthane (gaz dangereux pour l'environnement) étaient quant à elles sous-estimées de 100 à 1 000 fois.
En diminuant de 96% l'intérêt supposé de ces sols schisteux et en multipliant ainsi le risque environnemental, le site de Monterey n'a plus d'intérêt.

Les larmes de schiste de l'Ukraine

« Le Donbass est l’arène de confrontation entre une Ukraine démocratique et une Russie dictatoriale ». Le martèlement de la propagande des médias occidentaux a fait que ces derniers mois, non seulement l’opinion européenne mais encore une partie des Ukrainiens ont cru à ces inepties. L’Occident, ou plus exactement Washington, cherche à dissimuler derrière ce « rideau hallucinogène » les raisons véritables de son « souci » pour les Ukrainiens. Elles sont plus simples que les soi-disant droits de l’homme et la démocratie.

Alors, qu’est-qui intéresse réellement les hommes d’affaires dans le Sud-est de l’Ukraine? La réponse est simple, c’est le gaz de schiste.

Le projet représente un important enjeu financier puisque l'Etat ukrainien avait estimé début 2013 les investissements potentiels à plus de dix milliards de dollars et la production potentielle entre 10 et 20 milliards de mètres cubes par an. Très symbolique, il représente aussi l'un des multiples projets lancés ces dernières années par les autorités ukrainiennes pour réduire la dépendance du pays au gaz russe.

La tactique traditionnelle de Washington consiste à accuser l’adversaire de ses propres intentions, car la Russie n'a nul besoin de gaz de schiste ukrainien.
« La Russie dispose des plus grandes réserves mondiales de gaz naturel, qui coûte beaucoup moins à produire que le gaz de schiste. La Russie possède également des réserves de gaz de schiste que personne ne songe à mettre en production. Par conséquent, l’idée de mettre la main sur le gaz de schiste ukrainien dont on ignore la qualité et les réserves récupérables, n’existe que dans la tête des politiciens. » a déclaré le responsable russe des énergies.

Les pièces du puzzle ont collé entre elles quand les candidats au partage du « gâteau schisteux » ont fait tomber les masques. Hunter Biden, fils cadet du vice-président des États-Unis Joseph Biden, a été nommé membre du Conseil d’administration de la compagnie gazière ukrainienne Burisma Holdings. En effet, c’est après la visite de ce dernier en Ukraine que le régime de Kiev a lancé une opération punitive contre Donbass. Dans le portefeuille de cette société, il y a des autorisations pour la mise en production des gisements de gaz de schiste dans les Carpates et les bassins d’Azov-Kouban et de Dniepr-Donetsk, qui correspondent curieusement à la région de Slaviansk et de Kramatorsk. Devon Archer, un autre fonctionnaire américain haut placé et ami de la famille du secrétaire d’État John Kerry, de même que l’ex-président de Pologne Alexandre Kwasniewski, ont également reçu chacun leur part du gâteau.

Certes, les motifs politiques jouent également leur rôle puisque le contrôle du gaz de schiste ukrainien est un moyen de faire pression sur la Russie sur le marché gazier international et surtout européen. Washington cherche à mettre la main sur les gisements du Donbass pour « détacher » l’Europe du gaz russe, affaiblir l’influence de Moscou sur Bruxelles et créer par la même occasion un « trou » écologique aux frontières de la Russie. 

Hannibal Genséric