samedi 19 juillet 2014

Comment les BRICS défient l'Occident

Réunis à Forteleza, la cinquième ville du Brésil, les cinq pays membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont mis sur pied une Nouvelle banque de développement (NBD), véritable embryon d’une nouvelle architecture financière internationale et donnant la priorité aux investissements dans les grands projets d’infrastructure.

Les BRICS déclarent la guerre des câbles contre Londres et Wall Street




La carte ci-dessus permet de comprendre le choix de Forteleza, car il s’agit d’une des villes relais pour un nouveau réseau de câbles sous-marins échappant au contrôle de Londres et Wall Street.

Lancé au milieu du XIXe siècle, le système planétaire de câbles sous-marins actuels permettant la circulation de l’énergie et des données informatiques est un pilier fondamental de notre société moderne. En 2013, 265 câbles sous-marins assurent 99 % du trafic intercontinental d’internet et des communications téléphoniques.

Or, la configuration du réseau est telle qu’elle est sous le contrôle du Royaume-Uni et des États-Unis. Ce contrôle a été révélé par l’ex-agent Edward Snowden, qui confirme que si l’agence de sécurité nationale américaine (NSA) parvenait à espionner la quasi-totalité de nos communications c’était en contrôlant la colonne vertébrale d’Internet, à savoir le réseau de câbles et les stations terrestres auxquelles ils aboutissent.

Cependant, cette situation pourra changer d’ici peu. En 2012, un projet passé relativement inaperçu a été mis en marche par le groupe de pays dit des BRICS. L’idée est de développer une nouvelle architecture câblée échappant à celle déjà déployée sous contrôle occidental.

En septembre 2013, la Présidente du Brésil, Dilma Rousseff, avait annonçé publiquement une coopération renforcée avec l’Argentine dans le domaine de la lutte contre le cyber-espionage et la création d’un système « Internet non centralisé ». Si le déclencheur immédiat de la décision (couplé avec l’annulation d’un sommet avec le président américain) était les révélations sur l’espionnage par la NSA, la raison pour laquelle Rousseff pouvait annoncer une telle décision historique est que l’infrastructure de remplacement, les câbles des BRICS de Vladivostok, en Russie, à Shantou, en Chine, à Chennai, en Inde, à Cape Town, en Afrique du Sud et à Fortaleza (où vient de se tenir le sommet des BRICS), au Brésil, étaient déjà en cours de construction et même dans leur phase finale de mise en œuvre.

Les 34 000 km de câble des BRICS auront une capacité de 12,8 terabit/s et seront reliés aux câbles WACS (West Africa Cable System), EASSy (Eastern Africa Submarin System) et SEACOM. Ce qui permettra aux cinq pays initiateurs d’avoir un accès direct à 21 pays africains, qui à leur tour auront un accès immédiat à Internet et aux pays des BRICS. La date de mise en service est prévue pour la seconde moitié de 2015.

Ce projet n’est bien évidemment pas seulement économique, mais également stratégique et géopolitique. Il vise à permettre aux BRICS de s’émanciper du contrôle anglo-américain sur la circulation des données et à briser l’influence de ce même pôle dans le monde. Les transactions financières dans des devises autres que le dollar emprunteront également le nouveau réseau des BRICS.

Une vidéo publiée sur le site Web de Cable BRICS expose en détail ce nouveau système. « Dans le sable international ne domine déjà plus l’ordre traditionnel que dirigeait le dénommé Nord et Occident », affirme t-on au commencement de l’enregistrement.


La résurrection des bonnes vieilles machines à écrire…!


Effet Snowden? Paranoïa collective ou mesures de précaution dans un monde de plus en plus transparent et où le moindre geste et click sont épiés et enregistrés ? On signale une hausse significative des ventes de bonnes vieilles machines à écrire en Allemagne et en Russie.

Des services entiers des renseignements militaires de l’armée russe sont revenus à la machine à écrire. D’autres services gouvernementaux gardent l’usage du PC mais sans connexion Internet et surtout sans le système d’exploitation américain Microsoft Windows®.

La fin du support Microsoft pour Windows XP®, un OS équipant la plupart des ordinateurs utilisés par les armées russes et chinoises (mais également ceux du Pentagone) a accéléré ce processus.

Le système d’exploitation Windows 8®  constitue un danger réel pour la vie privée et la protection des données de l’ensemble des utilisateurs. Ce serait le fer de lance des programmes Backdoors de la NSA (National Security Agency), l’agence d’espionnage électronique des Etats-Unis. L’usage par des agences ou administrations  liées au gouvernement de ce système d’exploitation est strictement interdit par une douzaine de pays dans le monde et déconseillé ailleurs.

En Chine, les réseaux de messagerie alternative sont en train d’être renforcés. La Chine possède le plus grand réseau de pigeons voyageurs au monde et sa gestion incombe directement au ministère de la défense.

L’usage des machines à écrire n’est pas une panacée absolue contre une éventuelle tentative d’espionnage puisque des systèmes -assez fastidieux- d’acquisition acoustique permettent d’intercepter la nature, le type et la fréquence des frappes sur le clavier. Encore faut-il être dans une relative proximité spatiale et acquérir une cible unique…l’acquisition ou le vol des rubans est une façon plus simple et plus efficiente. Mais cela est nettement plus difficile que d’être connecté à un réseau initialement conçu pour l’armée US et demeuré sous le contrôle du gouvernement des Etats-Unis.



Hannibal GENSERIC
VOIR AUSSI : 

L'Allemagne, la Russie et la Chine fondent la nouvelle route de la soie à travers la Russie