lundi 24 août 2015

Les États-Unis et la Turquie entrent en Syrie

La Turquie et les États-Unis ont conjointement décidé d’entrer en Syrie, défiant la Russie de répondre à cette décision. Les États-Unis et la Turquie ont cessé toute référence à la protection de réfugiés, qui est toujours une fantaisie difficile à faire admettre quand on se réfère à la très longue histoire turque de persécution des minorités.


Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Mark Toner, a commencé hier à émettre les règles d’établissement d’une “zone tampon” que les USA et la Turquie ont décidé de créer pour la Turquie. Il est affirmé que cette “zone” sera occupée par “l’Armée Syrienne Libre” (ASL) et ne peut être utilisée que par des forces ayant juré de renverser le gouvernement légal de Damas.

L’Armée Syrienne Libre (ASL), c'est qui ? c'est quoi ?

Il n’y a pas d’unités de l’ASL dans le nord de la Syrie. En Février 2015, cette force fut démantelée et ses chefs se sont enfuis en Turquie. L’ASL a,  depuis 2014, été réorganisée par les forces du renseignement turc comme une organisation ne répondant plus qu’à Erdogan et l’Arabie Saoudite, avec des entraineurs qataris assistés de contractants américains (NdT: “contractants” est un euphémisme pour dire mercenaires, probablement Blackwater/Xe/Academi ou DynCorps de la firme Halliburton…). La majorité de ceux impliqués avec l’ASL a accepté une amnistie du gouvernement syrien ou ont rejoint les forces d’Al Nosra et de Daech.

Toutes forces envoyées par les États-Unis et la Turquie en Syrie ne peuvent y être que pour un but unique: assister Daech pour renverser le gouvernement de Damas, qui a monté de plusieurs crans dans la vigueur de son combat contre les forces terroristes.

Acte désespéré

Il est largement admis que cette nouvelle action agressive est motivée par un certain désespoir fondé sur l’amélioration des relations entre la Russie et l’Arabie Saoudite et la création récente de chemins d’apaisement dans les relations plus que fraîches entre l’Arabie et l’Iran. L’Arabie Saoudite, dit-on, a abandonné son soutien matériel à Daech en Irak et en Syrie, laissant cette organisation se débrouiller seule, aidée seulement par Israël, la Turquie et les États-Unis.

Soyons honnêtes ici. Ceci est le territoire syrien et l’armée syrienne a tous les droits de bombarder des terroristes sur son territoire et d’y opérer tout à fait librement. Toute tentative par les États-Unis et la Turquie de limiter les opérations de l’armée syrienne sur son territoire pour le bénéfice de ce qui est reconnu comme étant des organisations terroristes, qui ont pillé la Syrie pour Erdogan et ses riches amis, pas seulement du pétrole et de ses antiquités, ils ont physiquement démantelé et transporté par camions en Turquie une usine d’assemblage automobile et des douzaines d’autres usines, est une ingérence criminelle.

Turquie : Crimes de guerre contre la Syrie

Dans des discussions avec le ministre de la justice syrien la semaine dernière, Najm Hamad al-Ahmad, on nous a averti qu’un groupe de travail est en train de se constituer afin de faire citer la Turquie pour sa participation à des crimes de guerre sur le sol syrien, incluant le trafic d’êtres humains et le piratage. Il y a un bon nombre de rapports fiables en provenance des chrétiens syriens kidnappés ces quatre dernières années par les terroristes de Daech, que les réfugiés syriens ne sont pas protégés en tant que réfugiés en Syrie par les ONG, mais plutôt détenus dans des camps de concentration où ceux qui refusent de se convertir et de rejoindre les combattants de Daech sont exécutés, le tout avec la totale complicité de l’armée turque et des unités du renseignement.

Ignorer la menace des ONG

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Le problème des réfugiés, apparemment important pour l’Occident au vu des récentes histoires montrant comment les réfugiés syriens s’établissant en Jordanie font la une, mérite d’être discuté.

Les rapports de Turquie ont été consistants sur une chose: les ONG supposées travailler avec les réfugiés fournissent un soutien logistique à la fois au front Al Nosra et à Daech. Des convois de camions d’ONG ont acheminé du gaz sarin en Syrie, ceci a été confirmé par des sources en Turquie ainsi que par le ministère de la défense syrien et ont transporté des précurseurs chimiques pour les usines de bombes de l’armée turque dans ce qui peut maintenant ouvertement être appelé la Zone d’Occupation Turque en Syrie. (ZOTS)

Dans le même temps, l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), une officine de la CIA (NdT: et du MI6 britannique à son origine en 2011) donne une couverture médiatique en blâmant Damas pour les atrocités commises par les Turcs.

Comme la Turquie héberge à la fois le front Al Nosra et Daech, elle leur donne à la fois un soutien logistique et un havre de paix, un transit libre et gratuit sur son sol et maintenant même un soutien aérien avec des attaques contre les combattants du YPG et du PKK kurdes, qui sont parmi les meilleurs forces s’opposant à Daech dans cette guerre critique ; ne pas citer la Turquie comme combattant dans cette guerre est plus que négligent.

Avec une volée de rumeurs non confirmées en provenance de Moscou la semaine dernière concernant la rencontre pour le moins houleuse entre le président Poutine et l’ambassadeur turc, citant la colère de Poutine envers l’action militaire ouverte de la Turquie contre la Syrie [1] , il n’y a maintenant plus beaucoup de doutes sur le fait que l’Occident désire bien plus confronter la Russie en Syrie plutôt qu’en Ukraine.

Le trafic humain des réfugiés

Les ONG, auparavant supervisées par l’ONU, certaines sous un régime de consultation spéciale, sont maintenant devenues la peste du Moyen-Orient. Quelques-unes, pour ne pas dire la plupart, sont des vitrines de la CIA et du Mossad. Toutes sont, semble-t-il, chargées de sauver les réfugiés, de “cataloguer les antiquités” (NdT: qui est un énorme marché clandestin mondial depuis l’invasion de l’Irak en 2003 et dont bien peu de personnes ne parle, un gigantesque marché noir pour nantis…) ou de sélectionner les biens de valeurs syriens ou irakiens comme par exemple les machines-outils, l’informatique et la robotique dont la Turquie a besoin pour son “sweat shop” bourgeonnant d’empire industriel.

C’est là où la Syrie prévoit ses attaques légales, demandant une mise en accusation internationale contre ces organisations, en attaquant leur “travail sur les réfugiés”. Certains réfugiés se sauvent d’eux-mêmes, venant grossir les rangs dans les camps de Jordanie et du Liban ou venant s’ajouter à une déjà surpopulation des villes importantes comme Damas. Beaucoup s’enfuient en Turquie où ils sont contrôlés, souvent bloqués pendant des semaines ou des mois. Certains par contre sont renvoyés par camions en Syrie sans aucun problème.

Ce sont les prisonniers de Daech, pris dans des camps en Turquie, sélectionnés par des ONG travaillant avec Daech, transportant des armes et trafiquant les prisonniers comme “réfugiés”, en réalité trafiquant au profit des bordels et de l’industrie de l’esclavagisme sexuel de Grande-Bretagne et d’Allemagne, sans parler du trafic super lucratif des organes humains destinés aux riches Occidentaux [2].

Des scènes ont été rapportées rappelant le film “la Liste Schlinder” de Spielberg en 1993, film montrant le traitement des juifs par les nazis en Allemagne.

Conclusion


La guerre aérienne de la Turquie au profit de Daech est un facteur connu dans le monde. 
- Les rapports initiaux indiquant des attaques sur les positions de Daech par des F-16 turcs furent très rapidement démentis et avérés faux. 
- Des attaques turques sur des villages irakiens ont été confirmées. 
- Des attaques turques sur les forces kurdes du YPG soutenues par les États-Unis en Syrie ont aussi été confirmées.

Personne ne conteste ces faits horribles bien que le gouvernement kurde à Erbil [3] parle peu, trop peu, alors que son propre peuple est massacré par les Turcs.

Les États-Unis ont fini par supposer que, comme au  Donbass, ils peuvent attaquer impunément l'autre allié des Russes, la Syrie, sans réactions significative russe. Voilà ce qui est véritablement derrière l’action américaine. On verra si cette supposition tient la route.


Gordon Duff & New Eastern Outlook (Moscou)
https://resistance71.wordpress.com/2015/08/22/guerre-imperialiste-en-syrie-damas-contre-les-ong-traffiquant-avec-leiil-pour-la-turquie-et-le-pays-du-goulag-levant/

Pacte USA-Turquie contre DAECH, les deux compères feignent de combattre les coupeurs de têtes

Nous assistons actuellement à un scandale des plus ignobles, à mi-chemin entre la pure violence impériale – qui a désormais outrepassé toutes les limites de le décence -, et la désinformation la plus totale utilisée pour couvrir le tout et justifier la violence comme seule solution possible.
Mais de quoi s’agit-il donc ? Je veux parler de l’”alliance”, rétablie récemment, entre les États-Unis et la Turquie en vue de combattre « le plus efficacement possible » (attention au vocabulaire utilisé) le croque-mitaine, c’est-à-dire ce qu’on appelle l’État islamique ou EIIL.
Mais est-ce le véritable objectif ? Bien sûr que non. L’”alliance” nouée ces derniers jours ne concerne pas deux, mais trois parties. Le 3e allié est ce qu’on appelle les “insurgés syriens“. C’est comme cela que les désigne pudiquement l’International New York Times du 28 juillet, dans un article coécrit par pas moins de 3 correspondants, Anne Barnard, Michael R.Gordon et Éric Schmitt, qui partagent ainsi joyeusement le mensonge et l’hypocrisie.
Derrière ce noble objectif – celui de combattre l’EIIL -, l’Empire et la Turquie s’apprêtent à mettre en place une bande longue de 100 km aux frontières de la Turquie, où pourront s’installer en toute quiétude les “insurgés syriens” qui ne sont rien d’autre que les restes de l’ASL (Armée syrienne libre), mélangés à des éléments d’al-Qaïda.
La bande de terre fait en réalité partie du territoire d’un État souverain, qui s’appelle la Syrie, et qui va donc être occupé simultanément par trois de ses ennemis, lesquels font semblant d’en combattre un quatrième. […]
Les trois journalistes auteurs de cet article ont sans doute jeté un oeil sur une carte de la région et se sont aperçus que cette “bande”, une fois occupée, permettra aux avions américains de survoler la zone où le gouvernement syrien combat les “insurgés”. Est-ce que cela est légal ? Quelqu’un leur a donné l’autorisation ? Absolument pas. C’est l’arbitraire le plus total. Tout ça au nom de la guerre contre l’EIIL.
Les trois journalistes auteurs de cette brillante analyse se fient aveuglément à des déclarations anonymes provenant de l’Administration US qui affirment que les coupeurs de tête de l’ex-ASL sont « relativement modérés ». Mais voyez-vous cela, nous apprenons dans le même temps qu’ « un grand nombre de ces ‘’rebelles’’ a été entrainé dans le cadre d’un programme secret de la CIA, » ce qui montre combien ces combattants sont vraiment ‘’libres’’. Il est indéniable – apprend-on également – que sur le champ de bataille ces jeunes sont « souvent mélangés, et travaillent de concert avec des insurgés islamiques bien plus extrémistes. »  Tiens tiens. Est-ce que par hasard il ne s’agirait pas précisément des combattants de l’EIIL ? Contentons-nous de survoler tout cela. C’est d’ailleurs ce que fait la gigantesque machine médiatique américaine et mondiale, elle « survole » la situation.
Bon évidemment, les avions américains vont être amenés à abattre les avions syriens. Que voulez-vous, il faut aussi les comprendre ces avions américains. Du reste, l’expérience de la No-Fly Zone en Libye s’est révélée extrêmement positive, comme nous le savons. Les avions de Kadhafi ont été détruits au sol, et c’est ce qui attend les avions de Bashar el-Assad.
Ne faudrait-il pas attendre l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU ? Cela présenterait le risque de voir la Russie et la Chine opposer leur veto. Non non, allons-y. L’Empire s’autorise lui-même. Et les effets – si cela réussit – seront identiques. La Syrie sera liquidée, son territoire deviendra la proie des bandes sanguinaires, exactement comme ce qui s’est passé en ex-Libye.
Aussi parce que, comme l’écrivent nos trois fameux journalistes,  les “insurgés“ ont comme principal objectif, non pas de combattre l’État islamique, avec lequel ils ont d’excellents rapports, militaires et financiers, mais celui d’abattre Bashar el-Assad. Ce qui est également l’intérêt non affiché des Américains, en plus du fait que cela constituerait une belle faveur faite à Israël et à l’Arabie saoudite. Après, on verra bien.
L’intérêt des Turcs dans tout cela ? Utiliser la situation pour frapper les milices kurdes, en faisant d’une pierre deux coups. Pour moi qui assiste à cette pantomime sanglante, tout cela me fait immédiatement penser à la question des immigrés, dont on n’arrête pas de parler en long en large et en travers en Italie. Peu nombreux sont ceux qui semblent se rendre compte que des centaines de milliers de malheureux vont à nouveau être obligés – grâce à l’Empire et à nos gouvernants – de tenter de rejoindre nos côtes, pour fuir, pour survivre. Nous préparons, avec la plus grande stupidité, méconnaissance et lâcheté, notre propre tragédie.
Ainsi va le monde. Les journaux occidentaux ont hurlé à gorge déployée pendant un an et demi, et continuent de le faire, à propos de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais ce qui se passe depuis trois ans en Syrie, ils ne le voient pas. Ou plutôt, il ne nous le montrent pas. De toute façon, ils ne nous ont pas non plus montré la guerre en Ukraine ni la soi-disant « invasion » russe. Et donc, nous sommes quittes.
Giulietto Chiesa
(Mondialisation.ca)

VOIR AUSSI :




[3]  Les Kurdes d'Irak sont pro-sionistes et pro Daech : Des millions de barils de brut kurde pour Israël 

Selon le Financial Times du 23 août 2015, 77% du pétrole importé par Israël proviendrait du Kurdistan irakien, soit 19 millions de barils au cours des trois derniers mois.
Des millions de barils de brut kurde pour IsraëlÉvidemment, Massoud Barzani nie vendre du pétrole à Israël, comme il nie profiter – avec son clan – des taxes prélevées lors du passage de camions citernes de brut volé par Daech  se dirigeant vers la Turquie et l’Union européenne.
Le montant des exportations du pétrole kurde vers Israël s’élèverait à 880 millions d’euros, rien que pour ces trois derniers mois. Fin janvier 2015, le tanker United Kalavrvta avait accosté au port Ashkelon, au sud d'Israël, avec 1 million de barils de brut kurde à bord…