jeudi 29 octobre 2015

Belgique : l'EI paie ses recruteurs jusqu'à 10.000 dollars



Selon l'ONU, des intermédiaires sont utilisés par Daech pour recruter des djihadistes via les médias sociaux et les réseaux informels en Belgique. L'État islamique (DAECH) paie jusqu'à 10.000 dollars les recruteurs qui parviennent à faire venir des volontaires en Syrie, ont affirmé à Bruxelles des experts des Nations unies à l'issue d'une mission d'enquête en Belgique. Une fois mort, le corps du terroriste peut être vendu en "pièces détachées" aux maffias israélienne ou turque et rapporter centaines de milliers de dollars, pour les besoins des greffes d'organes pratiquées en Israël, en Turquie ou ailleurs en Occident. Ce business est très lucratif pour toute la chaîne : recruteurs, intermédiaires, Daech, Israël, Turquie, Occident. Les seuls perdants sont (1) les djihadistes, car même le paradis des houris [1] ne semble pas garanti; (2) Les peuples victimes de Syrie et d'Irak.

L'avocate polonaise Elzbieta Karska, qui dirige un groupe de travail de l'ONU sur les activités des combattants étrangers qui partent vers des zones de conflit, a confirmé que l'EI avait recours aux médias sociaux et à des réseaux informels (familles, amis, etc.) pour recruter de nouveaux djihadistes en Belgique.
Ces intermédiaires, qui sont souvent basés en Syrie, "sont payés en fonction du nombre de personnes recrutées et du fait que leurs recrues « se marient » par la suite", a précisé le groupe d'experts onusiens dans un rapport préliminaire présenté aux médias à Bruxelles. [Naturellement, le mariage islamiste n’a rien à voir avec un vrai mariage. On peut se marier pour un petit quart d’heure, vite-fait-bien-fait, ou pour un mois. On peut « épouser » autant d’esclaves que le budget du terroriste islamiste le permet, ou que les razzias sur les villes syriennes ou irakiennes rapportent comme esclaves sexuelles.]
 "Nous avons été informés de cas où les recruteurs sont payés de 2.000 ou 3.000 dollars à 10.000 dollars, en fonction de qui est recruté. Cela dépend des capacités de la personne. Si c'est quelqu'un avec un haut niveau d'éducation, comme un informaticien ou un médecin, ils sont payés plus", a précisé Mme Karska, qui a dirigé la mission d'enquête d'une semaine en Belgique.

"375 à 500 combattants"

"Ils sont payés par Daech" a affirmé une autre membre de la délégation de l'ONU, la chilienne Patricia Arias. "Quand il y a un contact personnel direct, la radicalisation est la plus rapide", a-t-elle expliqué. Les profils des combattants sont "divers", mais leur âge moyen se situe aux alentours de "23 ans et moins" et "les femmes sont également de plus en plus nombreuses à partir", note le rapport. Elles sont destinées à servir comme « épouses  temporaires », c'est-à-dire comme prostituées gratuites, pour « la cause d’Allah et de son Prophète » comme disent les Daéchiens. [A ce propos, je ne comprends pas pourquoi les médias écrivent « daéchiste » ? Daech est le nom arabe de l’Etat Islamique. Donc, de la même manière qu’on dit Tunisien, Algérien, Syrien ou Irakien, on doit dire Daéchien, même si cela rappelle des canidés plutôt sympathiques, contrairement aux Daéchiens patibulaires et repoussants].
Quant aux motivations, elles sont également variées : "conviction religieuse", "raisons humanitaires", ou encore "recherche d'aventures". "Le profil n'est pas toujours celui de personnes touchées par le sous-emploi. Beaucoup vivent dans de bonnes conditions matérielles", a souligné Mme Karska.
Avec des chiffres variant de "375 à 500 combattants", selon les statistiques données par les autorités belges aux experts de l'ONU, la Belgique est le pays de l'UE d'où sont issus le plus grand nombre de djihadistes partis en Syrie ou en Irak, proportionnellement à sa population. Ceci explique que le groupe d'experts a choisi de s'y intéresser, après avoir visité en juillet la Tunisie, qui fournit le plus grand nombre de combattants en chiffres absolus et en chiffres relatifs (à la population) , et avant de se rendre en Ukraine l'an prochain.

Vers un portrait-robot du recruteur-type de Daesh

 

Plusieurs scientifiques sont en train de concevoir le portrait-type du recruteur de l'Etat islamique (EI) sur les réseaux sociaux.

Grâce à cette description, le logiciel « Démon de Laplace » pourra trouver les profils des recruteurs potentiels sur Facebook, VKontake et Twitter.
Les spécialistes du monde arabe surveillent déjà les pages suspectes des réseaux sociaux, tout comme les informaticiens qui pourront déterminer l'adresse IP des terroristes présumés.
Ce logiciel « Démon de Laplace » conçu au printemps 2015 surveille et analyse les groupes extrémistes sur les réseaux sociaux.
A partir de 2016, le logiciel cherchera sur les réseaux sociaux les profils appartenant potentiellement aux recruteurs de l'EI. Les spécialistes du centre de recherche enverront à certains utilisateurs des messages en arabe, puis procéderont à une analyse linguistique de la réponse reçue.
Selon les concepteurs, il sera proposé au recruteur potentiel de suivre un lien qui transmettra son adresse IP aux créateurs du Démon de Laplace, ainsi que sa version du système d'exploitation, son navigateur et les plugins installés.
Les signes indiquant que le profil appartient à un recruteur peuvent être des citations déformées du Coran (cela sera déterminé par un théologien), des expressions arabes (analysées par un spécialiste du monde arabe), des commentaires douteux dans les groupes, etc.

Les djihadistes de l'Etat islamique aussi ont leur grille de salaires

Les atours d'un Etat classique. L'Etat islamique, son administration, ses frontières, sa monnaie, et, désormais, ses grilles de salaire. L'organisation terroriste, autoproclamée "Etat", tente de se parer de tous les atours d'une structure politique classique.

Un salariat djihadiste. On savait depuis plusieurs mois que l'EI frappait sa propre monnaie en or et en argent pour garantir les échanges commerciaux avec les pays frontaliers. Le journaliste spécialiste du djihad David Thomson a donc dévoilé une autre facette de l'Etat islamique, qui, mois après mois et malgré les frappes aériennes dont il est la cible, démontre son impressionnante capacité d'organisation. 

De 50 à 400 dollars par mois. Comme des employés classiques ou même des fonctionnaires, chaque combattant est rémunéré selon une grille de salaire hiérarchisée et bien établie. "Un soldat situé au plus bas de l'échelle touche un salaire de 50 dollars alors qu'un djihadiste haut-placé peut lui engranger jusqu'à 400 dollars par mois", explique le site Atlantico. Pas mal dans une région où le salaire moyen ne dépasse pas les 200 dollars en Syrie. Les revenus varient non seulement en fonction du rang, mais aussi de la condition de chacun : les femmes, enfants, ou esclaves à charge, puisque l'Etat islamique asservit certaines populations comme les Yézidis, permettent de justifier d'une augmentation.

Nourris, logés, blanchis. Outre cette rémunération, l'EI nourrit, loge et blanchit ses mercenaires. Et, bien évidemment, leur fournit des armes, gracieusement prêtées par "la Trésorerie de l'EI". D'autres médias avaient donné leurs propres estimations des salaires perçus par les djihadistes. Le Telegraph (en anglais) estimait que les officiers touchaient au moins 300 dollars mensuels tandis que les plus hauts-gradés pouvaient gagner jusqu'à 2.000 dollars.

2 milliards d'euros de budget 2015. Une masse salariale conséquente puisque le journal britannique estime que l'EI compterait pas moins de 1.000 officiers et sous-officiers. Mais l'organisation terroriste a de la ressource pour éviter les impayés. En effet, le magazine de l'EI dévoilait dans ses pages le budget estimé pour 2015 : 2 milliards de dollars (1.85 milliards d'euros, soit 0.7% du PIB français tout de même), comme le rapporte le Christianpost (en anglais).

Manne pétrolière et trafics divers (antiquités, drogue, organes humains, esclaves ...)
Pour remplir les caisses, et malgré de lourdes pertes en la matière ces dernières semaines suite aux frappes russes, l'EI peut compter sur la rente pétrolière (l'organisation détenait 60% du pétrole syrien et 20% des ressources irakiennes), mais aussi, quand les djihadistes ne les détruisent pas, sur le trafic d'antiquités, et divers autres trafics. 

Smicards et gros salaires. Une situation financière assez saine pour recruter à tour de bras. Human Rights Watch, qui dénonçait dans un rapport l'utilisation par l'EI de jeunes adolescents pour des missions suicides. Ces "martyrs" sont payés 135 dollars par mois pour donner leur vie. Mais l'organisation terroriste peut se montrer beaucoup plus clémente envers certains de ses "collaborateurs". L'International Business Times rapportait une offre d'emploi bien particulière : en novembre 2014, l'Etat islamique aurait cherché à recruter un directeur pour ses raffineries de pétrole. Salaire mensuel : 18.000 dollars. 
Hannibal GENSERIC