jeudi 8 octobre 2015

L’Arabie Saoudite, le fou au milieu de l’échiquier syrien

Une cinquantaine de religieux saoudiens ont appelé les pays arabes et musulmans à soutenir les acteurs du «jihad» en Syrie contre le pouvoir de Bachar al-Assad et ses alliés russe et iranien.
Le communiqué mis en ligne lundi 5 octobre 2015 par l’Union International des Oulémas musulmans ne prête pas à équivoque. «Nous appelons la Oumma (Nation) à refuser l’intervention russe en Syrie en apportant un soutien moral, politique et militaire à la révolution du peuple syrien».

Proche-Orient : Quand Poutine joue aux Echecs et messieurs Hollande et Obama à la belotteL’appel est signé par plus de 50 religieux saoudiens dont des figures du mouvement islamiste.
Ces oulémas, qui ne sont pas affiliés aux autorités saoudiennes, comparent l’intervention russe à l’invasion de l’Afghanistan par l’armée soviétique en 1979.

Des religieux saoudiens appellent au jihad contre la Russie en Syrie


Capture d'image site l'Union Internationale Oulémas musulmans
 Capture d’écran su site de l’UIOM

Que pense Ryad ?

L’appel lancé à partir de Doha au Qatar fait écho à la position saoudienne. Ryad a déjà dénoncé le déclenchement, le 30 septembre 2015, de l’intervention de l’aviation russe en Syrie en soutien au régime de Bachar al-Assad. L’Arabie Saoudite comme le Qatar sont les principaux soutiens de la rébellion qui combat le président syrien depuis 2011.

La guerre Sainte

L’appel à la «guerre sainte» lancé par les religieux saoudiens rejoint aussi celui du clergé officiel saoudien qui a déjà qualifié la guerre civile en Syrie de jihad.
Ryad a néanmoins toujours interdit à ses ressortissants de participer aux combats en Syrie.
Les oulémas islamistes se gardent bien de ne pas contredire ouvertement la ligne du royaume wahhabite. Ils n’appellent pas nommément les Saoudiens à combattre aux côtés de «leurs frères syriens» mais demandent un soutien militaire à l’opposition face à l’intervention russe qualifiée de «croisade chrétienne orthodoxe en terre d’islam».
Hasard du calendrier ou coordination délibérée, le jour même, une quarantaine de groupes rebelles syriens dont l’Armée syrienne libre (ASL), soutenue par les Occidentaux, ont appelés à la formation d’une alliance régionale pour lutter contre «l’occupation russo-iranienne de la Syrie».
 Source : Eléonore Abou Ez, pour Politis, le 6 octobre 2015.

Twitter: le prince saoudien Al-Walid devient le deuxième actionnaire


Le milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal, le 1er juillet 2015 lors d'une conférence de presse à Ryad
Le milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal et son groupe Kingdom Holding Compagny (KHC) ont annoncé mercredi avoir augmenté leur participation dans Twitter pour en devenir le deuxième actionnaire.
Durant les six dernières semaines, le nombre de leurs actions est passé à 34.948.975, ce qui représente plus de 5% du capital de Twitter, précise un communiqué du prince et de son groupe.
Cet investissement conjoint fait du prince Al-Walid et de la KHC le deuxième actionnaire de Twitter“, précise-t-il.
L’action Twitter a clôturé mardi à 27,62 dollars à la Bourse de New York, ce qui valorise à plus de 965 millions de dollars la participation du prince et de son groupe.
Ces derniers avaient pris des parts dans Twitter en 2011, deux ans avant son introduction boursière.
Le portefeuille du KHC est diversifié et comprend notamment des participations dans EuroDisney, la chaîne hôtelière Four Seasons et Citibank.
Twitter a confirmé lundi au poste de directeur général son cofondateur Jack Dorsey, 38 ans, une décision qui met fin à des mois d’intérim après la démission de l’ancien titulaire du poste.
Les réseaux sociaux sont très populaires en Arabie saoudite où les médias traditionnels sont contrôlés étroitement par les autorités.

Des lobbyistes américains à la rescousse de l’image désastreuse de l’Arabie saoudite


John Kerry et le roi saoudien Salman
John Kerry et le roi saoudien Salman
L’Arabie saoudite veut améliorer son image au plan international. Riyad s’est assuré les services de géants des relations publiques aux Etats-Unis. Une initiative destinée à faire oublier le problème du respect des droits de l’homme dans le Royaume.
Pour le moment l’Arabie saoudite est un client actif d’Edelman, la plus grande agence de relations publiques du monde, spécialisée dans la couverture médiatique. Podesta Group, connu pour être le grand lobbyiste de la campagne présidentielle d’Hillary Clinton, est lui aussi un partenaire récent du royaume saoudien. La société de lobbying DLA Piper, qui emploie d’anciens responsables gouvernementaux américains, a également été mandatée pour travailler sur l’image de l’Arabie saoudite.
Mais il reste difficile de savoir comment les lobbyistes américains vont pouvoir présenter sous un jour favorable les violations des droits de l’homme perpétrées en Arabie saoudite.
Au Yémen, la campagne saoudienne a fait plus de 2 000 morts parmi les civils.

Pour la seule année 2015, les autorités saoudiennes ont déjà procédé à la décapitation de plus d’une centaine de personnes.

Alors qu’au cours des 30 dernières années, plus de 2 000 personnes ont été exécutées de cette façon.
De plus, la liberté d’expression reste toute relative en Arabie saoudite.

Enfin, la nomination de l’Arabie saoudite à la tête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a provoqué de fortes turbulences au sein de la communauté internationale. Pour le directeur exécutif de UN Watch, Hillel Neuer, cette nomination s’assimile à «nommer un pyromane chef des pompiers».
«Le gouvernement saoudien est l’un des gouvernements qui emploie le plus de sociétés lobbying à Washington et à travers l’Europe. Il est très clair que c’est l’un des pires pays du monde concernant ses pratiques en matière de droits de l’homme. Mais en raison de son alliance avec les gouvernements occidentaux, avec les élites politiques occidentales et avec l’appui des millions de dollars que l’Arabie saoudite distribue aux agences de relations publiques et de lobbying, le royaume est en mesure de se protéger contre tout retour de flammes. En l’absence d’une voix alternative forte, les Saoudiens continueront de réussir à protéger leur image aux Etats-Unis», a confié à RT Ali Al-Ahmed, directeur de l’Institut des affaires des pays du Golfe.