lundi 19 octobre 2015

Mais à quoi jouent les États-Unis ?


Elle est belle, cette Amérique et ses vassaux français et britanniques qui veulent répéter leurs dramatiques erreurs d’Afghanistan, d'Irak et de Libye. Nous aurions préféré garder en mémoire l'Amérique du D-Day…
Mais à quoi jouent les États-Unis ?


L’attitude de Barack Obama dans le conflit syrien ne peut que poser la question. Une question où l’inquiétude persiste. Quel est son but ? Territorial, économique, religieux, militaire ? Est-il en train de provoquer la Russie pour étudier, sur le terrain, son armement ultra-sophistiqué, et le comparer à celui de ses armées ? Il me semblait que jamais Washington n’abandonnerait l’idée de combattre jusqu’à leur extinction les djihadistes de tous bords qui, le 11 septembre 2001, ont défié la puissante Amérique. Eh bien, si l’on en croit ce que l’on voit et ce que l’on entend, il n’en est plus rien.
Les États-Unis et leurs comparses britanniques et, hélas, français sont devenus les alliés sous-marins des islamistes. En les armant. Cela paraît invraisemblable, mais c’est la réalité que nos télévisions ne montrent pas toujours et qu’il faut dénicher sur les réseaux internationaux. Par exemple, ce parachutage de dizaines de tonnes d’armes et de munitions par des hélicoptères américains, dont le résultat est visible sur une vidéo. On y voit des soldats de l’armée régulière en train de récupérer un chargement malencontreusement tombé en zone « Assad » [1].
On vient d’apprendre que les fameux pick-up japonais équipés de canons et utilisés par l’État islamique comme leur principale force de frappe avaient été achetés par les États-Unis pour être livrés à l’opposition syrienne, laquelle s’est empressée d’en faire bénéficier Daech [2] . Selon les médias turcs, 5.000 voitures neuves seraient arrivées dans le califat via la Turquie, et je ne mentionne même pas les 2.300 véhicules blindés Humvee que les barbares ont saisi chez l’armée irakienne lors de la prise de Mossoul.
Mais ce n’est pas tout ! Plus récemment encore, Mgr Hindo, archevêque syro-catholique de Hassaké-Nisibi, une ville au nord-est de la Syrie, a affirmé que les Américains concentraient leur action non pas sur Daech mais bien sur l’armée syrienne régulière (agence de presse américaine CNS, citée par Valeurs actuelles et La Croix) [3]. Cet archevêque a, par contre, témoigné de l’efficacité des frappes russes qui, dans son secteur, « ont fait fuir les terroristes dans l’empressement, avec 20 véhicules, en abandonnant 20 autres ». Il a souligné que la stratégie américaine était « inefficace et ambiguë », ajoutant « qu’elle [était] faite pour la galerie ». Mgr Hindo accuse aussi l’aviation américaine d’avoir permis l’enlèvement de centaines de chrétiens dans la nuit du 23 au 24 février dans la vallée du Khabour. « Les avions ont survolé la zone pendant longtemps sans intervenir, laissant le champ libre aux militants. » Cette vallée, forte de 35 villages chrétiens construits par la France en 1920, comptait 35.000 habitants. Ils ne sont plus que 3.000 !
Et de déplorer que les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ne parlent que d’attaquer Daech, sans vraiment le faire, mais pas le Front Al-Nosra et les autres milices liées à Al-Qaïda, à qui ils continuent de livrer des armes.
Le Front Al-Nosra qui vient d’offrir 3 millions d’euros à celui qui leur apportera la tête ensanglantée de Bachar el-Assad, que « la coalition des pervers » veut à tout prix tuer ou exiler pour le remplacer par un homme qui leur ouvrira les champs de pétrole et de gaz, et permettra à l’Arabie saoudite d’exporter son or noir via les pipelines aujourd’hui fermés. Le sort des chrétiens, des chiites et, en général, de ce peuple qui n’en peut plus de mourir sur un territoire dévasté n’est pas leur première préoccupation, n’est-ce pas, Laurent Fabius ?
Elle est belle, cette Amérique et ses vassaux français et britanniques qui veulent répéter leurs dramatiques erreurs d’Afghanistan, d’Irak et de Libye. Nous aurions préféré garder en mémoire l’Amérique du D-Day…