mardi 3 novembre 2015

Accord Pakistan / Russie pour la construction d’un gazoduc stratégique

Important impact à prévoir sur le plan géopolitique et sur l’échiquier énergétique mondial, l’un et l’autre étant intimement lié : le Pakistan et la Russie ont signé vendredi un accord prévoyant la construction par une société russe d’un gazoduc de plus d’un millier de kilomètres sur le territoire pakistanais. Islamabad voit ainsi sa position stratégique sur les projets gaziers fortement renforcée suite à l’accord concernant le programme nucléaire iranien.


Une étape primordiale a été franchie désormais, le document ayant été signé par le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak et le ministre pakistanais du Pétrole Shahid Khagan Abbasi en présence du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif.
L’accord confie à la société RT Global Resources, filiale de la holding publique russe Rostec, la construction du gazoduc Nord-Sud d’une capacité annuelle de 12,4 milliards de m3 et d’une longueur de 1.100 kilomètres entre les terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) de Karachi, sur la mer d’Arabie, et Lahore, près de la frontière indienne.
 
Un responsable gouvernemental pakistanais a par ailleurs indiqué que la Russie allait investir deux milliards de dollars pour ce projet. En ce qui concerne le planning associé, la première phase devrait être achevée en décembre 2017 ou au printemps 2018.
Si historiquement, la Russie se trouvait plus proche de l’Inde, pays rival du Pakistan, le renforcement de la coopération entre Washington et New-Delhi a changé la donné, poussant Moscou à se rapprocher d’Islamabad.
Islamabad et Moscou ont signé un accord de coopération militaier, ouvrant la voie à l’achat d’hélicoptères de combat russes par le Pakistan, en échanges d’aides lui permettant de résorber son déficit énergétique. Rappelons que le pays, peuplé de près de 200 millions d’habitants, est affecté par une crise énergétique qui freine sa croissance.

Projet de gazoduc commun entre Pakistan et Iran, auquel la Russie souhaite participer

L’accord de juillet dernier concernant le nucléaire iranien ouvre la voix désormais à un approvisionnement énergétique via les ressources des immenses réserves gaz d’Iran. Un contexte qui a eu notamment pour conséquence d’accélérer les tractations autour des projet d’autoroutes énergétiques via le Pakistan, auxquelles la Russie compte participer.
Moscou soutient ainsi le projet de gazoduc Iran-Pakistan, inauguré en 2013 mais bloqué par les sanctions.
Autre conséquence et non des moindres de la levée des sanctions prises contre Téhéran : le Pakistan et l’Iran veulent profiter du contexte pour accélérer la réalisation de leur projet de gazoduc, gelé depuis des années.
Lancé en 2010, ce projet – dont le coût de construction est évalué à 7,5 milliards de dollars – vise à relier sur 1.800 kilomètres les champs gaziers de South Pars en Iran, à Nawabshah, ville située près de Karachi, la métropole économique du Pakistan.
Si en 2013, l’Iran avait célébré la fin de la construction du pipeline de son côté de la frontière, le Pakistan avait affirmé ne pas pouvoir aller de l’avant avec ce projet, arguant des sanctions américaines et européennes imposées à Téhéran pour ce faire.
Or l’accord sur le nucléaire iranien, conclu récemment prévoit la levée de ces sanctions « dès la mise en œuvre » par Téhéran de ses engagements, attestée par un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), lequel pourrait voir le jour au début de l’année 2016.
« Cet accord est une bonne nouvelle pour le Pakistan. L’Iran est un pays voisin et cela permettra d’accroître notre commerce. Plusieurs problèmes survenus au cours des dernières années seront résolus, en particulier ce gazoduc Iran-Pakistan », a ainsi déclaré à la mi-juillet le ministre pakistanais du Pétrole, Shahid Khaqan Abbasi.
« Nous avons l’obligation contractuelle d’acheter du gaz iranien, et ils ont une obligation de nous fournir un volume de gaz, mais notre projet a été affecté par les sanctions…. La levée des sanctions nous permettra de respecter nos engagements », avait alors ajouté le ministre.

Le Pakistan, un pays stratégique pour d’autres projets de gazoduc

A noter également que dans le cadre du projet "Route de la soie" et du corridor économique sino-pakistanais visant à relier l’ouest de la Chine au Moyen-Orient via le Pakistan, Pékin finance actuellement la construction d’un gazoduc reliant la ville de Nawabshah au port pakistanais en eaux profondes de Gwadar, situé sur la mer d’Arabie, près de l’Iran.
Une fois ce gazoduc achevé, le Pakistan « n’aura plus qu’à le prolonger sur 80 kilomètres » pour gagner l’Iran à l’ouest, et pourrait à plus long terme l’allonger au nord-est jusqu’à la Chine, a tenu récemment à préciser également à M. Abbasi. Faisant très certainement jouer la « concurrence » …
Rappelons que le Pakistan est engagé dans un autre ambitieux projet de gazoduc, le TAPI, lequel doit relier le Turkménistan à l’Inde. Après des années de tergiversations, une société d’État turkmène vient d’être désignée pour diriger ce projet de dix milliards de dollars. Un soudain empressement de la part du Turkménistan directement lié à ses craintes de voir rapidement l’Iran approvisionner son gaz sur le sous-continent indien, si l’on en croit des sources proches du dossier.

Rappel : France, USA, Israël, Turquie arment, forment et financent  les mercenaires islamistes :  une odeur de gaz et de pétrole en Syrie


"Bombardements" de la Coalition Internationale
sur les "djihadistes modérés" d'Al-Qaïda et de Daech

Rappelons en effet que Syrie, Iran  et Irak ont signé en juillet 2011  un « mémorandum d’entente » pour la construction d’un gazoduc qui, d’ici 2016, devrait relier le gisement iranien  de South Pars, le plus grand du monde, à la Syrie et à la Méditerranée. Plusieurs sociétés européennes devraient être associées à l’exploitation de ce « gazoduc islamique”.
 
Au final, la Syrie où a été découvert notamment un important gisement près de Homs, pourrait ainsi devenir un nœud de transit de couloirs énergétiques, offrant une alternative aux réseaux de gazoducs qui traversent …. la Turquie et à d’autres réseaux de pipelines …. contrôlés par les majors pétrolières US et européennes.
Le projet Iranien de gazoduc “gaz islamique” ou “Islamic Gas Pipeline ” d’un coût estimé à 10 Milliards de dollars devrait ainsi traverser l’Irak et la Syrie afin de proposer des livraisons de gaz liquéfié en Europe via les ports méditerranéens de Syrie. D’une longueur de 5.600 km, ses capacités pourraient permettre le transport de 35 Milliards de m³ de gaz par an.
A terme, le Liban, l’Irak, la Jordanie et la Syrie pourront se raccorder à ce gazoduc. Chose qui déplaît fortement aux États-Unis, à Israël et à leurs alliés occidentaux, qui veulent garder la main-mise sur ce gaz, leur “défaite” sur le projet parallèle du gazoduc Nabucco leur restant encore en travers de la gorge. La Turquie ayant quant à elle tout à perdre de ce nouveau pipeline contournant son territoire.
En juillet 2011, les analystes indiquaient d’ores et déjà que la signature de l’accord sur le « gazoduc islamiste » pouvait être vue comme un échec de la stratégie américaine d’isolement de la Syrie, et comme un geste d’indépendance du gouvernement irakien.

Un accord gazier Syrie / Russie qui déplaît fortement 

Rappelons ainsi que c’est fort discrètement que le 25 décembre 2013 – en pleine trêve des confiseurs – que la Syrie a signé avec la Russie un accord pour le moins stratégique sur l’échiquier énergétique mondial. Et ce, sur différents aspects.
Il s’agit tout d’abord du premier accord de prospection pétrolière et gazière signée par la Syrie dans ses eaux territoriales, alors que suite à de récentes découvertes, ses réserves off-shore sont considérées comme les plus importantes de la Méditerranée.
Le fait que Russes et Syriens agissent de concert alors que le régime du président Bachar al-Assad est frappé de sanctions internationales, suite au conflit interne qui dévaste le pays, est également lourd de symboles.
Autre élément notable : les zones concernées font partie des gigantesques gisements de gaz et de pétrole récemment découverts en Méditerranée orientale, aux larges de pays tels que …. la Syrie, Gaza, le Liban, Israël et Chypre.
Précisons à cet égard, qu’un un accord de délimitation des zones économiques exclusives a été conclu le 17 décembre 2010 entre Israël et Chypre, en vue de permettre aux deux pays la poursuite des recherches off-shore d’hydrocarbures de part et d’autre. Provoquant de vives réactions des pays voisins … Turquie, Syrie, Liban et l’Égypte voyant d’un mauvais œil la volonté hégémonique de l’État hébreu sur les gisements récemment découverts tels que Tamar et Leviathan.

Selon la revue « Oil and Gas », la Syrie détiendrait au final les plus grandes réserves prouvées de pétrole de la Méditerranée, avec 2,5 milliards de barils, dépassant ainsi ses voisins, hormis l’Irak. 

Sources : AFP, Mondialisation.ca, Al-Thawra, www.leblogfinance.com