mardi 3 novembre 2015

Démographie. Il y a quatorze fois plus de morts que de vivants sur Terre.



Depuis l’aube de l’humanité, 108,2 milliards d’individus sont nés. Et 93% sont morts. 7% vivent sur terre.

À quoi ressemblerait la population de tous les morts qu’il y a eus sur Terre? | Michael Coghlan via Flickr CC License by


Imaginons, en cette veille de la Toussaint, que tous les morts se réveillent. À quoi ressembleraient-ils? En ce qui concerne leur aspect, vous pouvez à loisir les imaginer sous les traits des White Walkers de Game of Thrones ou de ceux des revenants de la série éponyme. Mais à combien de défunts ferions-nous face? Quel serait leur âge? Et leur sexe? Et c’est à ces questions que répond avec humour et logique la journaliste Mona Chalabi sur le site spécialiste dans le journalisme de données FiveThirtyEight. Chiffres à l’appui, elle esquisse un panorama démographique de la population terrienne aujourd’hui trépassée.

Premier point: combien y a-t-il eu de morts dans le monde depuis le début de l’humanité? La réponse (arrondie): 100,8 milliards.

Portrait robot du mort moyen


Tous les démographes ne s’accordent pas sur ce chiffre, puisqu’il faudrait déjà qu’ils s’entendent sur la date à laquelle le décompte de morts commence. Le chiffre fourni par FiveThirtyEight provient des calculs du démographe Carl Haub, qui travaille au Population Reference Bureau, une organisation à but non lucratif qui suit de près les évolutions de la population. Lui fait démarrer ce début d’exercice comptable à 50.000 avant J.-C. (date de l’apparition d’Homo sapiens selon les Nations unies) et estime que la croissance démographique a été constante jusqu’en 1850 (difficile à vérifier, les statistiques n’étant pas très poussées dans l’Antiquité).

Il arrive donc à un total de 108,2 milliards de personnes nées sur cette planète, chiffre auquel il convient de retrancher les 7,4 milliards d’êtres humains vivants que nous sommes actuellement sur Terre. Cela signifie donc que seuls 6,8% de la population terrienne est encore en vie et que les morts sont quatorze fois plus nombreux que les vivants (mais, avec la croissance actuelle de la population, les vivants vont peu à peu rattraper les morts et, en 2050, les défunts ne seraient que onze fois plus nombreux que leurs descendants en vie).

Pour compléter cet aperçu démographique de l’au-delà, FiveThirtyEight évoque un portrait robot du mort moyen: il serait jeune (l’espérance de vie entre 3.500 et 2.000 avant J.-C. était par exemple de 36 ans), rural (en 1950, seuls 29% des Terriens vivaient en ville) et un homme (si l’on suppose que, comme aujourd’hui, il est toujours né plus de garçons que de filles).


Le monde des religions vers 2050


«Le 21e siècle sera religieux ou bien il ne sera pas.» La fameuse formule attribuée à André Malraux, psalmodiée à travers des générations de copies de philosophie, trouve un retentissement évident au regard de l’affirmation contemporaine des religions.

Résultat de recherche d'images pour "paradis enfer" Alors que la modernité triomphante les imaginait régresser, elles s’étendent. À l’horizon du milieu du siècle, le nombre de musulmans dans le monde devrait se rapprocher de celui des chrétiens, pour le dépasser un peu plus tard. Mais avant le sujet de ce croisement des confessions, projeté vers 2070, importe celui des dynamiques à l’œuvre.  
Aux projections démographiques sur l’augmentation de la population mondiale s’ajoutent des projections religieuses sur les évolutions des populations croyantes. On ne saurait dire si l’estimation du volume des populations religieuses décrit précisément celles des croyants ou celles des personnes issues d’une certaine tradition. L’essor de la spiritualité compense le déclin de certains dogmes. Dans d’autres contextes, l’affirmation fondamentaliste prévaut. Il n’empêche, les perspectives générales sont plutôt décapantes, avec une géopolitique des confessions qui voit très significativement progresser l’islam dans le monde, tout en laissant une place très originale à la France.

Fortes inerties

La statistique confessionnelle (qui croit en quoi et avec quelles affiliations?) relève souvent de l’acrobatie. Aux fantasmes des uns répond le déni des autres. Grand remplacement ethnico-religieux d’un côté, vivre-ensemble joyeux et bariolé de l’autre. Afin de se faire une idée raisonnée, au moins sur le plan des croyances déclarées, il existe de la donnée. La revue Futuribles rend compte ponctuellement, depuis des années, des tentatives de mesure des développements religieux dans le monde, avec leurs transformations.
Parmi les quelques sources pour ces analyses prospectives, le Pew Research Center (un célèbre «fact tank» américain, comme il y a des «think tanks») s’est imposé. Le Pew a livré, au printemps dernier, une étude aussi sérieuse que copieuse. Le travail s’appuie sur les données disponibles, aux quatre coins du monde, sur les différentiels de fécondité et de mortalité, les phénomènes migratoires et, opération plus compliquée encore, les conversions d’une religion à l’autre. Ce dernier point constitue la nouveauté technique, avec des évaluations des changements à venir de religion, qu’il s’agisse d’abandons ou de nouvelles adhésions. La méthode est délicate mais l’opération est importante car il faut se défaire d’une vision globalement héréditaire de l’appartenance religieuse.

Informé de ces précisions méthodologiques, on peut se poser la question: à quoi pourrait ressembler la distribution religieuse du monde en 2050? 

  • Les chrétiens devraient rester majoritaires. 
  • L’islam, dans sa diversité, devrait grossir bien plus vite que toutes les autres grandes religions. 
  • Sur la période, le nombre de musulmans (+1,2 milliard) pourrait croître de près de 75%, contre 35% pour les chrétiens (+750 millions) et 34% pour les hindous.
  • A l’horizon 2050, le nombre de musulmans (2,8 milliards, 30% de l’humanité) serait à peu près équivalent à celui des chrétiens (2,9 milliards, 31%). 
  • Les inerties étant fortes, ce n’est qu’en 2070 que le nombre de musulmans dépasserait celui des chrétiens.
Quant à savoir si les paradis ou les enfers des uns et des autres sont assez vastes pour contenir tout ce beau monde, les études n'abordent pas la question. Le suspens est donc total. En religion comme en politique, les promesses n'engagent que celles et ceux qui y croient.

Source  http://www.slate.fr