mardi 31 mai 2016

Irak. La Reconquête de Falloujah fait dérailler le plan israélien Oded Yinon

Aujourd'hui, 30 mai 2016, Press TV a interviewé Kevin Barrett, rédacteur en chef de Veterans Today, au sujet des forces irakiennes encerclant Falloujah dans le cadre d'une opération militaire massive pour libérer la ville de l'emprise du groupe terroriste takfiri Daech/ISIS. Irak désobéit à bon escient aux "conseils" des États-Unis.
Une transcription approximative de l'entrevue (Voir l'interview à Press TV) apparaît ci-dessous.
Press TV: Comme nous pouvons le voir, les forces spéciales irakiennes sont en mouvement avec un grand succès dans le traitement de la situation à la périphérie de Falloujah. Quelle est l'importance, de votre point de vue, cela a-t-il si les forces irakiennes sont en mesure de libérer Falloujah?
Barrett: Eh bien, c’est très important. Nous avons eu beaucoup de discussions à propos des Américains qui sont encore en train de réoccuper l'Irak, et combien et comment ISIS (Daech) est une grave menace pour la civilisation. Les terroristes sont partout, ils peuvent frapper partout, y compris aux États-Unis, dans l'Ouest en Europe et ainsi de suite. Et pourtant, « la guerre » contre ce groupe en Irak et de la Syrie a été une grande déception. Depuis plus de deux ans, les États-Unis ont fait semblant d'être en guerre avec ISIS alors que, secrètement, ils les  aident en leur fournissant tout ce dont ils ont besoin, et en fait, ils les ont organisés et probablement créés à partir de rien.
Donc, cette « drôle de guerre » des Américains contre ISIS est à l’opposé de la guerre très réelle que mènent les Irakiens contre ISIS, aidés en cela par l'Iran et la Russie, des puissances indépendantes des États-Unis. Reprendre Falloujah est symboliquement très, très important. Bien sûr, Falloujah est une ville importante pour de nombreuses raisons, c’est la ville des mosquées, c’est la ville que les États-Unis ont rasée lors de leur précédente invasion de l'Irak et Falloujah a été l'épicentre du terrorisme.
Je pense donc que l'Irak est à la recherche d'un avenir meilleur aujourd'hui.
Il semble que nous allons retrouver Falloujah de nouveau incorporée en Irak; l'intégrité territoriale de l'Irak sera maintenue, et le plan sioniste Oded Yinon [1] pour écraser et démembrer l'Irak, la Syrie et d'autres pays de la région en les réduisant petits morceaux, en les balkanisant selon des lignes ethniques et sectaires afin de faciliter l'expansionnisme israélien ne sera pas concrétisé.
Press TV: Eh bien comment vous voyez maintenant les États-Unis de réagir à cela si Falloujah est repris ? Nous savons aussi que Washington voudrait que les forces irakiennes s’attaquent d’abord à Mossoul, ils ne voient pas Falloujah comme une priorité? Qu'est-ce qui se passe de votre point de vue dans les coulisses avec Washington? Qu'est-ce qu'ils veulent faire réellement en Irak?
Barrett: Eh bien, il y a beaucoup de double discours à Washington et ceci n’est pas nouveau. D'une part, Washington prétend être le pays le plus préoccupé par Daech, en guerre existentielle contre les terroristes depuis les attentats sous faux drapeau du 11 Septembre 2001. Mais si l'on regarde le va-et-vient entre les États-Unis et le gouvernement irakien sur comment s'y prendre pour lutter contre Daech, nous trouvons est une tendance persistante de tromperie de la part des États-Unis. Nous constatons que le gouvernement irakien a acheté des avions de combat des États-Unis qui auraient arrêté Daech dans ses voies de communication, qu'ils auraient été bombardées avant même d'avoir commencé, mais les États-Unis ont refusé de livrer ces avions au gouvernement irakien.
Nous voyons aussi les États-Unis exigeant constamment des réformes en Irak et attaquant continuellement le gouvernement irakien, parce que, soi-disant, il ne gouverne pas bien. Et il se peut que le gouvernement irakien ait fait des erreurs; mais au lieu que les États-Unis soient un partenaire productif, en train d'essayer de donner de bons conseils stratégiques, ils ne font que critiquer et saboter le gouvernement irakien. Et c’est pourquoi nous avons des gouvernements irakiens disant explicitement qu’ils ne veulent pas l'aide des États-Unis dans cette lutte contre Daech parce qu'ils savent que les Américains ne sont pas sincères. Et nous avons sondage montrant que la majorité des Irakiens savent que les États-Unis sont derrière Daech.
Donc, nous ne pouvons pas prendre tout ce que nous entendons des Américains pour argent comptant. Si les Américains disent qu’il ne faut pas reprendre Falloujah, si je dirigeais l'Irak, la première chose que je voudrais faire est, justement, de reprendre Falloujah.
Press TV: Et bien sûr, c’est ce que nous voyons en ce moment, les Irakiens se dirigent vers Falloujah. Comment voyez-vous l'avenir proche en Irak ... comme nous le voyons les forces irakiennes et les forces bénévoles sont sur le mouvement et semblent être efficaces? Dans le même temps, nous avons vu quelques querelles politiques à l'intérieur de Bagdad lui-même, [avec] beaucoup disent qu'ils sont des forces extérieures qui tentent de contrôler la situation que les forces continuent à être sur le mouvement international. La pression, vous attendez-vous à être augmenté en Irak et par quelle entité?
Barrett: Eh bien, il est une situation très complexe. Nous avons tous ces pays étrangers pour défendre leurs propres intérêts et de s'impliquer en Irak et en Syrie. Mais je pense que dans la grande image ce que nous voyons ici est que depuis le bombardement russe ... que Daech a perdu toute sorte de liberté de mouvement, si jamais il en a eu. En outre, les Russes ont rendu plus difficile aux Américains de prétendre qu'ils se battent réellement contre Daech. Les Russes ont qualifié la guerre des Américains contre Daech comme « une drôle de guerre ». De sorte que les différents types de pressions en cours actuellement sur Bagdad, comme cette gigantesque ambassade américaine, cette forteresse que les Américains disent qu'ils ne quitteront jamais, et nous espérons qu’ils vont la quitter dans pas longtemps, inchallah (si Dieu le veut). Les Américains craignent que leur stratégie à long terme pour contrôler la région en partenariat avec les Israéliens - ou plutôt en soumission aux Israéliens parce que tout cela est fait pour les intérêts d’Israël, plus que pour les intérêts américains - arrive au point où nous assistons à un conflit ouvert entre les États-Unis, qui pense qu'il continue d'occuper et de contrôler l'Irak et le gouvernement et le peuple irakiens.
Donc, je ne pense pas que nous allons retrouver une situation comme celle qui prévalait lors de l'invasion américaine, où il y avait ce grand nombre de troupes américaines commettant des atrocités contre la résistance populaire. Mais nous constatons une divergence aujourd'hui entre le gouvernement irakien et les Américains qui tentent essentiellement de le paralyser  et l'empêcher d'être efficace, au service du plan de déstabilisation de la région.
Donc, d'un côté nous avons les forces de travail pour la prospérité et la stabilité, comprenant une grande partie du gouvernement irakien, l'Iran et la Russie, et dans une certaine mesure le gouvernement en Syrie. De l’autre côté, nous avons les forces de déstabilisation, et il semble que ces forces de déstabilisation sont en ce moment sur le déclin. Et nous espérons qu'elles soient balayées et que nous obtenions enfin une certaine stabilité dans cette région troublée. 
Source : http://www.veteranstoday.com/2016/05/30/fallujah/
Traduction : Hannibal GENSERIC

La bataille de Falloujah: ISIS lâche ses escadrons de la mort

shutterstock_324849629 (1)Les pelotons d'exécution d’Isis sont apparus dans les rues de Falloujah, une ville à 40 miles/64 Km à l'ouest de Bagdad, avec ordre de tuer quiconque essaye de fuir ou de se rendre, alors que les forces irakiennes avancent vers ce bastion Isis. "Les groupes de combattants Isis disent qu'ils tueront quiconque (homme, femme, enfant) à Falloujah qui quitte sa maison ou qui exhibe un drapeau blanc», dit Ahmed al-Dulaimi, un activiste politique irakien qui a parlé par téléphone aux parents et amis dans la ville.
Les unités de l'armée irakienne ont lancé une offensive à l'est de Falloujah lundi matin après d'intenses bombardements et des frappes aériennes pendant la nuit. M. Dulaimi a déclaré que les milices chiites connues sous le nom Hashd al-Shaabi (mobilisation populaire) participaient au bombardement avec des fusées artisanales appelées "Nimr", en référence au chef de la minorité chiite saoudien, cheikh Nimr al-Nimr, qui a été lâchement exécuté par les autorités saoudiennes en Janvier de cette année.
La perte de Falloujah, un centre commercial sunnite sur la route principale vers la Jordanie, serait un coup sérieux à Isis. Sa prise de la ville si proche de Bagdad au début de l'année 2014 a été la première victoire militaire spectaculaire des djihadosionistes de Daech, une armée de mercenaires extrémistes sunnites créée, entraînée et armée par les USA et Israël, et financée par les rois fainéants et corrompus du Golfe. Un développement intéressant le lundi était un rapport que trois hommes armés Isis ont été tués à l'intérieur de Falloujah qui serait un premier signe de résistance armée par les populations locales à Isis.
Le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi a proclamé un "grand succès" par ses troupes en quelques heures du début de l'opération. Portant l’uniforme noir de lutte contre le terrorisme des forces d’Irak, il a déclaré que l’armée a dépassé les plans prévus,
 Dans un discours télévisé dimanche soir, il a promis de "déchirer les drapeaux noirs des étrangers qui ont usurpé la ville."
M. Abadi est sous intense pression populaire à Bagdad pour bouter Isis hors de Falloujah,  après que des attaques à la bombe contre des cibles civiles plus tôt dans ce mois ont tué au moins 200 personnes. Àà tort ou à raison, les gens à Bagdad croient que ces bombes sortent de Falloujah et ils veulent que la ville soit libérée de la peste takfiriste», dit un haut responsable irakien à la retraite. L'échec des forces du gouvernement d'expulser Isis d'une ville si proche de la capitale depuis plus de deux années a longtemps discrédité les allégations du premier ministre irakien, car tout le monde sait que lui-même a été nommé par les Américains et qu’on ne touche pas à un poil de la barbe d’un daéchien sans l’accord de Washington, et donc de Tel-Aviv.
Les Américains font tout pour que l’armée irakienne, qu’ils ont détruite à 100%, ne soit reconstruite. Les forces armées irakiennes sont donc à court de soldats prêts au combat. Ils ne disposent que de deux brigades de troupes anti-terroristes bien formés et expérimentés comptant environ 5.000 hommes, donc beaucoup moins que les mercenaires daéchiens qui viennent d’un peu partout.
Falloujah a déjà souffert de combats prolongés et le manque d'approvisionnements alimentaires. Des sources locales estiment que sa population est en baisse à entre 50.000 et 60.000 personnes par rapport à 350.000 en 2011 avant que l'Irak ne glisse de nouveau dans une guerre à grande échelle déclenchée par les États-Unis et l’OTAN, en utilisant Daech comme prétexte. Un observateur irakien avec des contacts dans la ville a déclaré que «les gens y ont été affamés au cours des six derniers mois parce qu'il ya peu de nourriture. Un sac de 50 kilo de farine coûte 800.000 dinars irakiens (470 £)." Il a ajouté que beaucoup dans Falloujah ont essayé de compléter leur alimentation par la pêche dans le fleuve de l'Euphrate, mais ils "n'attrapent que quelques petits poissons."
Falloujah est pas entièrement encerclée de tous côtés et il y a une route du désert ouverte vers le nord à travers laquelle entre un peu d'approvisionnement alimentaire, mais celui-ci automatiquement confisqué par les « fous d’Allah et de son Prophète », aka les mercenaires d’Isis, pour leur propre usage, affamant encore plus les « frères sunnites » de Falloujah qu’ils sont venus « islamiser » un peu plus.
L'attaque principale le lundi a été dirigée vers la ville agricole de Garma où Isis a perdu du terrain dans les zones agricoles.
Les réfugiés provenant de Falloujah rapportent que ses habitants sont tout autant terrifiés par Isis, que par les vengeances possibles des milices chiites. Isis a été chassée d'autres villes comme Ramadi, Hit et Rutba. Mais leurs combattants pourraient combattre jusqu’au dernier à Falloujah en raison de son importance militaire et politique. En 2004, elle a été la cible de deux sièges célèbres par les Marines américains qui l’ont déjà laissée en grande partie en ruines. Ramadi, la capitale de la province d'Anbar, avait une population de 400.000, mais 70 pour cent de la ville a été détruit par des frappes aériennes américaines et seulement environ 15 pour cent de ses habitants ont été en mesure de revenir. Falloujah pourrait bien subir le même sort.
Le gouvernement irakien devra reprendre Falloujah à un moment donné en raison de la menace qu'il représente pour Bagdad et son importance comme un signe qu’Isis est invaincue. Mais les offensives gouvernementales précédentes ont été marquées par des arrêts et des départs en raison de divisions entre les États-Unis, le gouvernement irakien, les milices chiites et les Kurdes. M. Abadi peut aussi vouloir faire valoir ses pouvoirs patriotiques après que des manifestants réclamant la fin de la corruption et la nomination d'un cabinet technocratique fait irruption dans la zone verte, il y a deux jours. Ils ont été chassés par les forces de sécurité de tir à balles réelles ainsi que des gaz lacrymogènes et deux manifestants ont été tués et 60 blessés. M. Abadi affirme que la contre-offensive contre Falloujah a été retardée par les divisions politiques à Bagdad.
L'État soi-disant islamique montre des signes d'affaiblissement, mais ses nombreux opposants ont aussi leurs faiblesses. Les États-Unis réclament depuis toujours des offensives terrestres contre Mossoul et Raqqa, mais les forces terrestres en Irak et la Syrie pourraient ne pas être capable de les prendre cette année. "Il n'y a pas de véritable plan sur ce qu'il faut faire après ils sont tombés," dit Hiwa Osman, un analyste politique indépendant basé à Irbil. "Seuls les Arabes sunnites peut vraiment mettre un terme à Isis et jusqu'à ce qu'ils le font, il ne sera jamais vraiment terminé."

Reportage réalisé le26 mai 2016
http://www.counterpunch.org/2016/05/26/the-battle-of-fallujah-isis-unleashes-its-death-squads/

Traduction : Hannibal GENSERIC