lundi 27 juin 2016

« La Traite des Slaves : l’esclavage des Blancs du VIIIe au XVIIIe siècle

Un crime contre l’humanité politiquement incorrect : la traite des Slaves du VIIIe au XVIIIe siècle. Sait-on que le mot français « esclave » vient du latin sclavus désignant l’homme slave asservi, terme apparu en ce sens en 937 dans un diplôme germanique puis largement utilisé dans les actes notariés génois et vénitiens à partir de la fin du XIIe siècle pour finalement s’imposer dans les langues romanes et germaniques ? L’étymologie, encore plus explicite en anglais, révèle un fait historique le plus souvent ignoré non seulement du grand public, mais du milieu historien lui-même : la traite esclavagiste exercée aux dépens des peuples slaves du VIIIe au XVIIIe siècle.
Mr Alexandre Skirda, essayiste et historien d’origine russe, vient de consacrer à cet épisode tragique de l’histoire européenne un livre (1) qui comble une lacune de la documentation française, et qui pourtant n’a guère suscité l’intérêt du public parce qu’on ne lui fait pas la publicité qu’il mérite d'une part, et parce que la russophobie [6] est devenue, comme l'islamophobie [7], le fonds de commerce de beaucoup de médias, de partis politiques et de dirigeants occidentaux. Comment s’étonner de la censure médiatique ? Ce livre met à la portée du grand public des faits irréfutables permettant de constater la réduction en servitude de millions de Slaves par les Européens de l'Ouest et du Nord.

1 traite slavesMr Skirda vient donc à propos combler une lacune, par un ouvrage faisant la synthèse des études consacrées à ce thème, notamment de la monographie récente, non encore traduite en français, de l’historien russe Dimitri E. Michine (2).
Notre auteur distingue nettement deux traites des Slaves : la traite occidentale, qui s’exerça en Europe centrale, et la traite orientale, qui sévit de la Pologne à l’Oural. La première ne dura que 300 ans, du VIIIe au XIe siècle ; la seconde, qui débuta également au VIIIe siècle, dura quelque mille ans. Elles impliquèrent l’une et l’autre des peuples variés, qu’il s’agisse des victimes, les divers locuteurs de langues slaves répandus de la Bohême à l’Ukraine, de la Pologne aux Balkans, ou qu’il s’agisse, côté prédateurs, de nomades turco-mongols venus des steppes de l’Asie centrale, les Polovtses, les Khazars [5] et les Tatars, auxquels il faut ajouter les Francs et les Juifs rhadhânites (3) des Etats carolingiens, les Varègues de Scandinavie, les Gênois et les Vénitiens, enfin les Turcs ottomans, lesquels prirent part à ce crime contre l’humanité à diverses époques historiques.

La traite occidentale des Slaves

La traite occidentale qui débuta au VIIIe siècle concernait des Tchèques, des Moraves, des Slovaques, des Polonais, des Slovènes et des Croates de Slavonie qui furent razziés ou faits prisonniers dans les guerres les opposant à leurs agressifs et puissants voisins germains ou hongrois, quand ils ne s’opposaient pas en combats fratricides, comme il arriva parfois entre Tchèques et Polonais. Les prisonniers étaient acheminés vers Prague, grande plaque tournante de l’esclavage, puis à Verdun, le plus important centre européen de castration du Haut Moyen Age, pratique essentiellement réalisée par des Juifs dont c’était la spécialité en raison de leur familiarité avec le rite de circoncision. Le transport et la vente étaient assurés  par les Rhadânites, nom signifiant en persan « connaisseur des routes » par lequel on désignait les marchands juifs s’adonnant au trafic international ; leur itinéraire empruntait la vallée du Rhône et le port d’Arles. Les Esclavons de Slavonie pouvaient être enlevés à partir des côtes dalmates par des bandes armées, puis expédiés à Venise, où on peut encore voir le quai dit « des esclavons ».

La traite orientale des Slaves

Les peuples slaves qui s’étaient installés à l’est de l’Europe connurent mille années de vicissitudes : établis sur des plaines immenses dépourvues d’obstacles naturels permettant d’assurer leur protection contre les envahisseurs, placés aux confins de l’Asie centrale parcourue par d’incessantes hordes nomades de pillards, il ne leur fallut pas moins de mille ans pour bâtir un État solide, capable de résister aux agressions étrangères.
Paradoxalement, le premier État russe fut créé au IXe siècle par des Scandinaves du nom de Varègues qui avaient été appelés en renfort par les Ukrainiens en butte aux attaques des nomades polovtses, petchénègues et khazars, mais les chefs vikings songeaient avant tout à exploiter l’Ukraine comme une colonie dont la ressource principale était l’habitant qu’ils razziaient avec une habileté de chasseurs d’homme proverbiale, pour aller le vendre soit au nord, sur la plaque tournante de l’esclavage viking que fut Hedebut au Danemark, soit au sud à Byzance, capitale de la chrétienté d’Orient qui ne connut pas l’extinction rapide de l’esclavage touchant la chrétienté occidentale à la même époque. Peu à peu les Russes, dont le nom vient du suédois « ruotsi » signifiant « rameurs », s’émancipèrent de leurs tuteurs païens : ils obtinrent à partir de 964, sous Sviatoslav, des princes de leur sang et parlant leur langue, puis se convertirent en 988 au christianisme sous l’influence de missionnaires byzantins, et bâtirent un Etat qui dura jusqu’à la conquête mongole au XIIIe siècle, mais qui fut incapable d’enrayer la traite esclavagiste.
Les Khazars judaïsés expédiaient les victimes de leurs rapts vers l’est, à Itil, leur capitale située sur la Volga, de même qu’à Boulgar plus au nord, ainsi qu’à Boukhara et Samarcande, centres de castration et d’un commerce esclavagiste fructueux à destination non seulement de Bagdad, mais aussi de l’Extrême-Orient. Les Khazars quittèrent la scène de l’histoire au XIe siècle, chassés par les Byzantins, ils émigrent en Europe occidentale, où, grâce aux fortunes colossales gagnées sur le dos des esclaves slaves, ils vont truster les plus hautes sphères de la finance et de la politique Occidentales. Ils ont conquis la Palestine, les États-Unis (la Réserve Fédérale et toutes les banques importantes), la France, la Grande Bretagne, etc. On les désigne discrètement par l'Empire anglo-sioniste, en espérant échapper aux affres de l'Inquisition Khazare.
C’est alors que les Gênois, auxquels l’empereur latin de Byzance a confié la maîtrise de la mer Noire, entrent en scène pour deux siècles : installés dans les anciennes colonies grecques qu’ils exploitent en intermédiaires d’une traite  alimentée par les razzias mongoles au détriment de Slaves et de Grecs orthodoxes ou de païens abkhazes, tcherkesses ou tatars, ils ravitaillent l’Égypte des Mamelouks en jeunes garçons destinés à renforcer l’armée (janissaires). Leurs rivaux vénitiens se taillent une petite part du marché, en se spécialisant dans l’exportation de femmes à partir de leur port de Tana sur la mer d’Azov. Chassés de la mer Noire par l’avancée des Turcs ottomans, maîtres de Byzance depuis 1453, les Italiens se replièrent sur la Méditerranée orientale et laissèrent la Crimée aux Tatars.
Ce peuple turco-mongol converti à l’islam au XIVe siècle menait des incursions ravageuses du XVe au XVIIIe siècle sur le monde russe. Vassaux des Turcs ottomans, les Tatars, ravitaillaient Istanbul et son empire en esclaves et en janissaires prélevés sur les terres des Slaves orientaux. Leurs déprédations prirent fin sous le règne de la tzarine Catherine II, victorieuse de l’Empire ottoman.

Un bilan désastreux

Le bilan humain de cette traite millénaire est difficile à quantifier, faute de documents, surtout pour les périodes lointaines. Entre le VIIIe et le XIIe siècle, Mr Skirda estime le nombre de victimes à plusieurs centaines de milliers d’êtres humains, auxquels il faut ajouter un million de prisonniers réduits à la servitude, s’ajoutant au million de tués du fait de la conquête mongole.
Le total des victimes de la traite des Slaves entre le VIIIe et le XVIIIe siècle est évalué en millions par Mr Skirda. Ce prélèvement catastrophique a largement contribué au retard économique de l’Europe orientale par rapport à l’Europe occidentale qui, comme l'Amérique, a bâti son essor et sa richesse sur l'esclavage slave pour les uns, africain pour l'autre. C'est ainsi que "la Renaissance" a débuté en Italie, le pays qui a été le premier importateur / exportateur de Slaves.
Mr Skirda  attribue la renaissance économique occidentale des Xe et XIe siècles aux profits réalisés par les marchands italiens grâce à la traite des Slaves, de la même manière que l’essor du capitalisme en Angleterre, en France, en Belgique, etc. est essentiellement du aux profits réalisés grâce à la colonisation et à la traite des Nègres (la fortune de Bordeaux a été faite grâce au trafic d'esclaves pour l'Amérique). 

Hannibal GENSERIC

Notes :

1)    Alexandre Skirda, La Traite des Slaves : l’esclavage des Blancs du VIIIe au XVIIIe siècle, Editions de Paris Max Chaleil, octobre 2010.
Historien et essayiste, Alexandre Skirda, né en 1942 de parents réfugiés de la guerre civile, est un spécialiste du mouvement révolutionnaire russe. Il a publié dans la même collection Nestor Makhno, le cosaque libertaire, Les anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917, Le Socialisme des intellectuels de Makhaïski (traduction et présentation).

2)    Dimitri E. Michine, Sakalibas, slavanié v islamskom miré (Sakalibas, les Slaves dans le monde musulman), 2002.

3)    Radhânites :aristocratie marchande du monde juif médiéval dont le nom persan, signifiant « connaisseur des routes », évoque le rayonnement mondial de l’Orient à l’Europe et à l’Extrême-Orient. Mr Jacques Attali rend hommage à leur connaissance des langues les plus variées et à leur sens des affaires qui les rendirent indispensables dans les relations entre le monde arabe et la chrétienté, notamment au cours du Haut Moyen Age (cf. Les Juifs, le monde et l’argent, Paris 2002). Des auteurs persans et arabes attestent le rôle des Radhânites dans la traite esclavagiste et leur spécialité de la castration des esclaves (par exemple Ibn Kordabeh, maître des postes persan en 847, ou Ibn Hankel, auteur arabe du Xe siècle).

4)    Georges Young, Constantinople des origines à nos jours, Payot, Paris 1948.
Correspondance Polémia – 14/07/2013

5) Voir aussi :