vendredi 9 septembre 2016

Europe. Le traité de partenariat transatlantique est mort

Le ministre allemand de l’économie et vice-chancelier, Mr Sigmar Gabriel, a déclaré il y a quelques jours que l’UE ne devrait pas se soumettre aux demandes des États-Unis en référence aux négociations entreprises au sujet de traité de partenariat commercial et d’investissements transatlantique (TTIP). Il a dit que les négociations ont échoué. Disant cela, il a rejoint le premier ministre français Manuel Valls ainsi que le secrétaire d’état français au commerce extérieur Mr Matthias Fekl.
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Les négociations ont commencé en 2013. Après 14 “sessions” de pourparlers devant gérer 27 points, aucun accord n’a pu être atteint, absolument aucun, ceci menant à la conclusion que cette affaire est lettre morte. Bien que la chancelière allemande Mme Merkel ait défendu le projet de traité de tout son cœur jusqu’à la fin juillet 2016, l’Allemagne et la France demandent maintenant une fermeture définitive des négociations.
L’effondrement de ce projet de traité transatlantique est une des meilleures nouvelles pour l’Europe depuis un bon moment, je veux dire par là, pour les peuples d’Europe ; sur une initiative des deux ténors de l’UE. Cette décision comporte plusieurs significations:
  1. Les pays européens reprennent graduellement leur souveraineté de Bruxelles et décident pour eux-mêmes ce qui est bon pour eux et pour l’Europe;
  2. Avec l’échec du TTIP, l’Europe échappe ou du moins évite d’être totalement mise en esclavage par le corporatisme américain, les institutions financières et la législation américaines ;
  3. L’Europe peut maintenant continuer de faire sa propre politique sur le socio-économique, l’environnement, la sécurité alimentaire, l’agriculture et
  4. L’Europe est maintenant plus libre de sa propre politique monnétaire. Sous la poigne du TTIP, cela aurait été bien plus difficile, voire impossible, d’adopter des politiques monnétaires en dehors de l’Euro, ce que désireraient plusieurs pays, ouvertement ou plus discrètement, certains sans vouloir faire beaucoup de bruit par peur d’être “réprimandés” par Bruxelles.
Le fait que les deux autorités en France et en Allemagne ont déclaré à l’unisson que les négociations avaient échoué, est un signe qu’il y a toujours un certain esprit d’autonomie en Europe. Ce qui fut appelé des “négociations” n’en furent réellement pas, ne furent jamais entre des partenaires égaux. Ce ne fut et ce dès le départ, qu’une voie à sens unique, où la “nation exceptionnelle” imposait sa règle. Il n’y avait aucun moyen d’obtenir la moindre concession des États-Unis, pas un iota.
Il n’y a eu aucun doute sur le fait que Washington n’avait aucune intention de partager les bénéfices de cet “accord de libre-échange” avec l’Europe. Le peuple exceptionnel voulait tout pour lui. Par exemple, le terme “appellation contrôlée” (NdT: en français dans le texte original) pour les vins et fromages de France et des autres pays européens, utilisée pour protéger les agriculteurs d’une région donnée, aurait disparu. Les États-Unis voulaient que tout soit “ouvert” au toujours demandant “marché”. Rien ne devait être clairement défini aussi loin que l’Europe était concernée. Pas de transparence, juste une large base faite pour tromper les consommateurs et les nations.
Les pourparlers du TTIP furent tenus dans un climat top-secret, à huis-clos. Pas même les politiciens, encore moins le public, qui aurait fini par supporter toutes les conséquences de ce traité, n’avaient accès aux documents “négociés”. Ceci mit au grand jour la nature machiavélique de l’empire à son meilleur niveau.
La Chine savait pertinemment pourquoi elle n’était même pas intéressée à participer au TPP (le Partenariat Trans Pacifique), un accord de commerce similaire impliquant 11 nations du Pacifique avec les États-Unis.
Rappelons ici les points clef de ce qui aurait été un véritable désastre pour l’Europe:
– Un tribunal privé corporatiste aurait eu la suprématie sur la législation de gouvernements souverains. Par exemple, le tribunal aurait pu imposer des “sanctions” ou des amendes aux gouvernements, dont les législations, disons sur la santé, la protection environnementale et autres raisons sociales, auraient réduit les marges bénéficiaires des entreprises.
– Similairement dans le secteur banquier, la politique monétaire aurait été fermement dictée par la FED américaine, Wall Street (avec sa litanie de Goldman Sachs, voir la Grèce et le patron de la BCE, ex-directeurs de GS) et la BCE. C’est toujours le cas maintenant, mais avec une UE et un Euro non viables et irréformables, tous deux sont destinés à disparaître tôt ou tard. Il y a de grandes chances que bien des pays soient déjà en train d’arranger un “Plan B” discrètement et clandestinement, se préparant à une stratégie de sortie. En fait, depuis le BREXIT, il y a de nombreux mouvements politiques agissant à cet effet et ce pas seulement dans les pays du sud de l’Europe les plus affectés, mais aussi dans les pays du nord de l’Europe.
– La politique agricole aurait été totalement dictée par Washington, spécifiquement en regard des OGM et des subsides agricoles. Monsanto et cette clique aurait eu un libre accès à toute l’Europe et aucun des membres de l’UE n’aurait pu passer des lois interdisant les OGM sur leur territoire, ni les semences OGM.
– Les standards de santé et de nutrition auraient été imposés par Washington, c’est à dire par la Food and Drug Administration (FDA). Tous ces standards sont considérablement plus faibles que leurs équivalents européens, potentiellement exposant les citoyens européens à de plus grands risques en rapport avec leur santé que ceux prévus par les standards de l’UE.
– Les lois sur le travail auraient été affaiblies en accord avec les standards américains, qui ne prévoient virtuellement absolument aucune protection pour les travailleurs, La nouvelle loi sur le travail imposée par Bruxelles en France, appelée la “loi El Khomri”, pour la ministre française du travail Myriam El Khomri, réduit considérablement les droits des travailleurs français, ces droits pour lesquels ils se sont battus et ont obtenus après des décennies d’efforts, véritablement de sang, de sueur et de larmes, au travers de leurs unions ouvrières et syndicales. La nouvelle loi travail française, signée en décret (NdT: calibre 49,3…) par le premier ministre Manuel Valls, sous une provision suspicieuse de la constitution (au lieu de passer par la voie classique parlementaire), fut un précurseur des choses à venir en Europe si ce TTIP avait été de l’avant. Cette loi très controversée est en ce moment même scrutinisée à la demande de plus de 60 parlementaires français, par le Conseil d’État (équivalent dans d’autres pays à une “Cour Suprême”) et il se peut qu’elle soit annulée ou renvoyée devant l’Assemblée Nationale pour décision. Maintenant que le TTIP est mort, il est très possible que cette loi travail soit abrogée.
Le jour où le TTIP est mort fut un grand jour pour l’Europe [des peuples]. Bien que celle-ci soit loin d’être sortie de l’ornière, ses problèmes continuent à s’empiler, bon nombre d’entre eux étant conséquence directe ou indirecte de l’empire.
Pour n’en mentionner que quelques-uns –
  • L’immigration en provenance des pays dévastés par les guerres des USA-OTAN
  • La crise financière et économique sans fin
  • L’absence totale de solidarité entre les nations européennes membres de l’UE
  • Le manque de souveraineté des pays de l’UE, le manque de constitution européenne donnant aux pays membres une perspective commune et un agenda politique
  • L’augmentation des attaques terroristes (faux-drapeau) en Europe et ce qui n’est pas des moindres, l’OTAN, qui par son attitude d’agression envers la Russie augmente considérablement les risques de guerre, de 3ème guerre mondiale, ce qui ferait la 3ème fois en environ 100 ans qu’une guerre dévasterait l’Europe
Europe is protesting TTIP with a huge bipartisan base while Americans do nothing
Cette fois-ci, le reste du monde ne serait aucunement épargné. Beaucoup de pays sont bien conscients de ce danger et voudraient sortir de l’OTAN, mais ils n’osent pas le dire par peur des bottes de Washington.
Espérons tous que la mort du TTIP amènera un vent nouveau d’air frais et que de nouvelles idées seront insufflées dans la souveraineté européenne.
Cet article est basé en partie sur un débat télévisé qui a eu lieu sur la chaîne iranienne Press TV francophone.
Peter Koenig 
7 septembre 2016
 url de l’article:
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~