samedi 3 septembre 2016

Poutine : si la Clinton veut la guerre, je saurais la déjouer



Le président russe Vladimir Poutine a été très clair que, si Hillary Clinton est élue présidente, et qu’elle devait décider d'aller à la guerre contre la Russie, il déjouerait ses provocations [1].

Selon Fort-russ.com :
La principale question pour ceux qui suivent la crise ukrainienne (et les tentatives d’attentats en Crimée) se résume à une phrase : " Pourquoi les Américains ont-ils fait cela? "
Répondre à cette question est facile si l'on prend pour acquis que la décision d'envoyer des saboteurs en Crimée n'a pas été prise à Kiev, car ce n'est même ni dans l'intérêt de l'Ukraine ni dans celui du régime de Kiev. On peut facilement voir, dans cette provocation,  les empreintes digitales d’Hillary Clinton et de ses partisans.  Ces derniers se trouvent, en grande partie, dans les services de renseignement et dans corps diplomatique américains. Ils laissent des empreintes très reconnaissables.
Le but de l'opération d’attentat en Crimée était clair: la réalisation de ce qui n'a pas eu lieu en 2014, à savoir, une guerre à part entière. Cela aurait permis à l'un des principaux objectifs de la politique américaine de se réaliser: couper complètement, et une fois pour toutes, l'Europe de la Russie. Elle aurait permis à la farce du « gaz liquéfié américain » de se réaliser : fournir à l’UE du gaz très cher, frapper l'économie russe par un embargo sur le gaz et le pétrole, et exclure la Russie de SWIFT, afin de la transformer en une sorte de grand « Iran sous les sanctions ».
On remarque assez facilement le style reconnaissable des Américains, qui ont un besoin pressant d'une bonne guerre réelle en Europe. Ils ont déjà fait une tentative similaire en utilisant comme l'outil deux soldats turcs, agents de la CIA, [2] qui ont abattu un avion militaire russe au-dessus de la Syrie. Mais cela a échoué. Les Américains sont connus pour utiliser et réutiliser leurs méthodes favorites à l'infini quel qu’en soit le résultat.
Récemment, Poutine a donc dominé les Américains dans les crises syrienne et turque [3]. L'histoire de la transformation d'Erdogan d'un ennemi de la Russie en un allié est particulièrement douloureuse pour les Américains. Leur émotion est compréhensible, alors ils ont décidé de frapper là où ils avaient de grandes chances de succès : des attentats en Crimée. Cette fois encore, cependant, leurs efforts ont échoué, et nous devons pour cela remercier nos héros des services spéciaux et d'autres structures de sécurité russes.
Le gouvernement russe avait trois jours pour réfléchir sur la situation et prendre une décision. Avez-vous remarqué comment tout ce sujet a émergé dans le domaine de l'information seulement trois jours après l'incident? Il aurait été facile d'étouffer l'incident et de ne pas le rendre public, mais la direction du pays en a décidé autrement. Vous pouvez être absolument sûr que toutes les conséquences de cette étape, et tout mouvement en conséquence, ont été soigneusement calculés.
Dans le cas de la Turquie, il est clair que Vladimir Poutine est un vrai maître de la pression asymétrique très efficace. Il est clair que la pression sera mise sur l'Ukraine, mais doucement et de façon créative. L'Ukraine n’est pas la Turquie, et il y a seulement un plus pour l'Ukraine en comparant les deux pays: nous ne pouvons pas couper le gaz aussi longtemps que nous avons besoin de leur gazoduc pour poursuivre nos expéditions vers l'Europe.
Mais l'Ukraine a beaucoup plus d’aspects négatifs.
Commençons par le fait que, même maintenant, les liens économiques avec la Russie sont plus importants pour l'Ukraine qu’ils ne l’ont jamais  été pour la Turquie. La Turquie est encore plus axée sur les marchés européens et asiatiques, bien que les mesures de la Russie de représailles économique aient été très douloureuses. Une situation semblable serait encore plus pénible pour l'Ukraine. L'économie turque est beaucoup plus stable que celle de l'Ukraine, qui a depuis longtemps été plongée dans la crise et ne peut pas en sortir. Il y a plus qu'assez de points pour faire douloureusement pression sur le régime de Kiev.
Une autre chose importante doit être considérée que beaucoup de gens connaissent, mais dont presque personne ne parle. L'un des moyens de punir Erdogan et de faire pression sur lui, est le soutien aux Kurdes turcs, ce qui crée un énorme casse-tête pour les autorités turques. Si Erdogan n'a pas fait un virage géopolitique fort, la situation aurait pu se terminer avec un Kurdistan indépendant, quoique de petite taille et non reconnu par la communauté internationale.
Bien sûr, quelqu'un peut dire qu'il n'y a pas de Kurdes en Ukraine. Mais il y a la DPR (Donetsk People's Republic)  et la LPR (Luhansk People's Republic) . Au milieu du gel en cours du format  Normandie que Poutine a déjà annoncé, une forte augmentation du soutien tacite à la DPR et à la LPR en elles-mêmes pourrait entraîner des conséquences plutôt tristes pour le régime de Kiev. Dans la peau des politiciens ukrainiens, je serais très inquiet par une telle tournure possible des événements. Même s’ils ont l'intuition que le régime de Kiev sera battu, tranquillement, sans fanfare ni émotion, mais efficacement. Porochenko a des raisons d'être jaloux d’Erdogan. Le dirigeant turc a eu l'occasion de présenter des excuses et il essaie maintenant de faire des choses correctes. Mais Porochenko n'a pas une telle occasion, et cela est son problème.

 

[1] Poutine à son état-major: "Si Hillary Clinton est élue, c'est la guerre!"

[2]