dimanche 18 septembre 2016

WikiLeaks : En 2009 déjà, les États-Unis signaient l'arrêt de mort d'Assad


Q: Pourquoi n’y a-t-il jamais de coup d’État à Washington ?

R: Parce qu’il n’y pas d’ambassade américaine à Washington.
Les câbles de WikiLeaks montrent que les États-Unis ont secrètement signé l'arrêt de mort du président Assad en 2009 lorsqu’il qu'il a rejeté le pipeline Qatari. Selon les rapports des services de renseignement américains, saoudiens et israéliens, dès le moment où Assad a rejeté le pipeline Qatari, les autorités des trois pays ont pondu un plan pour renverser le récalcitrant Bachar al-Assad.

Voici ce que rapporte Counterpunch.org .

En 2009, selon WikiLeaks, peu après que Bachar al-Assad a rejeté le pipeline Qatari, la CIA a commencé à financer des groupes d'opposition en Syrie. Voir : Robert F. Kennedy Jr., pourquoi les Arabes ne veulent pas de nous en Syrie, Politico

Le conflit en Syrie n’est pas une guerre au sens conventionnel du terme. C’est une opération de changement de régime, tout comme la Libye et l'Irak étaient des opérations de changement de régime.

Le principal moteur du conflit est le pays qui a renversé plus de 50 gouvernements souverains depuis la fin de la Première Guerre mondiale 2, c'est-à-dire États-Unis (Voici la liste selon Bill Blum ).


Dans cette liste, une * indique le coup d’État a réussi à évincer le gouvernement légitime.

China 1949 à 1960s
Bolivia 1964 *
Panama 1989 *
Albania 1949-53
Indonesia 1965 *
Bulgaria 1990 *
East Germany 1950s
Ghana 1966 *
Albania 1991 *
Iran 1953 *
Chile 1964-73 *
Iraq 1991
Guatemala 1954 *
Greece 1967 *
Afghanistan 1980s *
Costa Rica mi-1950s
Costa Rica 1970-71
Somalia 1993
Syria 1956-7
Bolivia 1971 *
Yugoslavia 1999-2000 *
Égypte 1957
Australia 1973-75 *
Ecuador 2000 *
Indonesia 1957-8
Angola 1975, 1980s
Afghanistan 2001 *
British Guyana 1953-64 *
Zaire 1975
Venezuela 2002 *
Iraq 1963 *
Portugal 1974-76 *
Iraq 2003 *
North Vietnam 1945-73
Jamaica 1976-80 *
Haiti 2004 *
Cambodia 1955-70 *
Seychelles 1979-81
Somalia 2007 to present
Laos 1958 *, 1959 *, 1960 *
Tchad 1981-82 *
Honduras 2009
Ecuador 1960-63 *
Grenade 1983 *
Libya 2011 *
Congo 1960 *
Sud Yémen 1982-84
Syria 2012
France 1965
Suriname 1982-84
Ukraine 2014 *
Brazil 1962-64 *
Fiji 1987 *
Printemps arabe
Dominican Republic 1963 *
Libya 1980s
Tunisie 2011 *
Cuba depuis 1959 à ce jour
Nicaragua 1981-90 *
Égypte 2011 *


Washington est le champion toutes catégories des changements de régime par la violence, aucun autre pays ne lui arrive à la cheville dans ce domaine. Cela étant, on pourrait supposer que le peuple américain remarquerait ce mode d'intervention illégal, violent et criminel ; qu’il verrait la propagande qui l’accompagne et qu’il blâmerait son gouvernement en conséquence. Mais cela ne semble jamais se produire et il ne se produira pas non plus aujourd’hui [Syrie, Brésil, etc.  ]. Quelle que soit la preuve convaincante, le peuple américain est tellement endoctriné, son cerveau est tellement lavé et conditionné, qu’il  croit toujours que son gouvernement ne fait que de  bonnes choses.

Mais les États-Unis ne font pas de bonnes choses en Syrie.

Armer, former et financer des extrémistes islamistes [qui ont tué un demi-million de personnes, en ont déplacé plus de 7 millions, et ont transformé le pays en une friche inhabitable] n’est pas une bonne chose. C’est une mauvaise chose, une chose immorale. Et les États-Unis ne sont impliqués dans ce conflit que pour de mauvaises raisons, dont la principale est le gaz.

Les USA veulent installer un régime fantoche à Damas afin qu'il puisse sécuriser des couloirs de pipelines dans l'Est, de superviser le transport des réserves d'énergie vitale du Qatar vers l'UE, et s’assurer que ces réserves continuent d'être libellées en dollars américains qui sont recyclés en bons du Trésor américain et en actifs financiers américains. Telle est la recette de base pour le maintien de la domination américaine au Moyen-Orient et pour l'extension de l’emprise impériale de l'Amérique sur le  monde entier dans l'avenir.

La guerre en Syrie n'a pas commencé lorsque le gouvernement de Bachar al-Assad a réprimé les manifestants au printemps 2011. Cette version des événements est de la foutaise pour imbéciles.

La guerre a commencé en 2009, quand Assad a rejeté un plan qatari pour transporter le gaz du Qatar vers l'UE via la Syrie. Comme l’explique Robert F Kennedy Jr. dans son excellent article «Syrie: Une  autre guerre de pipeline »:

"Le  pipeline de 10 milliards de $ et de 1.500 km à travers l'Arabie Saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie ... .aurait relié directement le Qatar aux marchés européens de l'énergie par l'intermédiaire de terminaux de distribution en Turquie ... Le gazoduc Qatar / Turquie aurait donné aux  royaumes sunnites du Golfe Persique, ces taïfas des temps modernes. Il aurait assuré au Qatar, le vassal arabe le plus docile de l'Amérique, une domination décisive des marchés mondiaux du gaz naturel.

En 2009, Assad a annoncé qu'il refusait de signer l'accord permettant le passage du pipeline qatari à travers la Syrie "afin de protéger les intérêts de notre allié russe" ....

Assad a rendu encore plus furieux les monarques sunnites du Golfe en approuvant le «pipeline islamique», approuvé par les Russes, qui partirait d’Iran, traverserait la Syrie et finirait dans les ports libanais. Le « pipeline islamique » ferait de l'Iran chiite, au lieu du Qatar sunnite, le principal fournisseur du marché européen d'énergie et augmenterait considérablement l'influence de Téhéran au Moyen-Orient et dans le monde. 
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Les Saoudiens, les Turcs et les Qataris présentent leurs attaques militaires par proxy contre la Syrie, contre l’Iran et contre le Hezbollah, comme une lutte contre la Fitna[1].

Naturellement, les Saoudiens, les Qataris, les Turcs et les Américains étaient devenus furieux contre Assad, mais que pouvaient-ils faire? Comment pourraient-ils l'empêcher de choisir ses propres partenaires commerciaux et en utilisant son propre territoire souverain pour transporter le gaz sur le marché?

Question : Qu'est-ce qu'ils pourraient faire? 
Réponse : Ce que ferait tout bon Mafioso : casser quelques jambes et voler tout ce qu'il veut. Les cinq familles de la Cosa Nostra américaine [ les familles Bonanno, Colombo, Genovese, Gambino et Lucchese] sont ici l’Arabie, le Qatar, la Turquie Israël et les États-Unis. Dans cette situation particulière, Washington, le Capo di capi,  et ses seconds couteaux ont décidé de lancer une proxy-guerre clandestine contre Damas, afin de tuer ou renverser Assad. De cette façon, les géants pétroliers occidentaux, qui contrôlent toute la production d’énergie chez les émirs et les rois fainéants, mettent la main sur les futurs contrats de pipelines et contrôleraient le flux d'énergie vers l'Europe. C'était au moins, leur plan.

Voici un peu plus de Kennedy:

"Les câbles et rapports secrets des agences de renseignement israéliennes, américaines, et saoudiennes indiquent que, dès  le moment où Assad a rejeté le pipeline qatari, les militaires et les services de renseignement sont arrivés rapidement au consensus que fomenter un soulèvement sunnite en Syrie pour renverser le récalcitrant Bachar al-Assad était la solution pour la réalisation de l'objectif commun, le  gazoduc Qatar / Turquie. En 2009, selon WikiLeaks, peu après Bachar al-Assad a rejeté le pipeline Qatar, la CIA a commencé à financer des groupes d'opposition en Syrie".

Répétons : «Dès qu’Assad a rejeté le pipeline qatari », il a signé son propre arrêt de mort.  
Cet acte unique a été le catalyseur pour l'agression américaine qui a transformé un pays ayant une civilisation vieille de cinq mille ans, en un paysage lunaire,   désolé, rempli de tueurs fanatiques et anthropophages, souvent des malfrats dans leur pays d’origine, qui ont été recrutés, armés et déployés par les différentes agences de renseignement des cinq états mafieux ci-dessus.

Mais ce qui est particulièrement intéressant dans cette histoire, c’est que les États-Unis ont tenté un plan presque identique 60 ans plus tôt au cours de l'administration Eisenhower. Voici un autre extrait de la pièce Kennedy:

"Pendant les années 1950, le président Eisenhower et les frères Dulles ... ont monté une guerre clandestine contre le nationalisme arabe – que le directeur de la CIA Allan Dulles assimilait au communisme - en particulier lorsque l'autonomie arabe menaçait les concessions pétrolières. Ils ont inondé, grâce à l'aide militaire américaine secrète, les caisses des tyrans d’Arabie Saoudite, de Jordanie, d’Irak et du Liban pour qu’ils favorisent des marionnettes auxquelles on a inculqué des idéologies islamistes djihadistes conservatrices, et pro sionistes, qu'ils considéraient comme un antidote fiable au marxisme soviétique ...."

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Nasser et Chokri al-Kouatli
La CIA a commencé son ingérence active en Syrie en 1949 - à peine un an après la création de l'agence .... Le président démocratiquement élu de Syrie, Choukri al-Kouatli , hésitait à approuver le Trans Arabian Pipeline, un projet américain destiné à relier les champs de l'Arabie Saoudite de pétrole vers les ports du Liban via la Syrie. (Donc) ... la CIA a conçu un coup d'État, pour remplacer Choukri al-kouatli par un militaire recruté par la CIA, un escroc connu et reconnu, bref un mafieux à la sauce US, appelé Housni al-Zaïm
Le 30 mars 1949, Zaïm procède , avec l'aide de la CIA à un coup d'État. Le président Choukri al-Kouatli est brièvement emprisonné avant de partir en exil en Égypte. Ce fut le premier coup d’État dans un pays arabe, et il porte la signature de la CIA

Le 14 août 1949, des hommes armés font irruption dans le palais présidentiel et abattent le dictateur félon Zaïm. L’assassinat a été commandité par le Royaume-Uni qui s'inquiétait de voir son influence au Proche-Orient être mise à mal par ce militaire trop inféodé aux États-Unis et à l'Arabie saoudite. Après sa mort, le gouvernement suivant annule l'accord concernant le pipeline transarabique qui devait traverser la Syrie et permettre aux États-Unis de faire passer son pétrole en Méditerranée sans passer par les pays sous contrôle anglais. Des élections libres ont de nouveau lieu en 1955 et Kouatli est réélu président de la république.

(L’Agent de la CIA Rocky) Stone est arrivé à Damas en Avril 1956 avec 3 millions $ en livres syriennes pour armer et inciter les militants islamistes et de corrompre les dirigeants et les politiciens militaires syriens pour renverser le régime laïc démocratiquement élu d’al-Kouatli ....

Mais tout cet argent de la CIA n'a pas réussi à corrompre les officiers militaires syriens. Les soldats ont rapporté les tentatives de corruption de la CIA au régime baasiste. En réponse, l'armée syrienne a envahi l'ambassade américaine en prenant Stone prisonnier. Après un interrogatoire sévère, Stone a fait une confession télévisée sur ses rôles dans le coup d'État en Iran et les tentatives avortées de la CIA pour renverser le gouvernement légitime de la Syrie .... (Puis) la Syrie a purgé tous les politiciens sympathisants des  États-Unis et les a exécutés pour trahison. "(Politico)

C'est comme si la CIA était trop paresseuse pour même écrire un nouveau script, ils ont juste dépoussiéré l'ancien scénario et embauché de nouveaux tueurs.

Il en est de même des dictatures sunnites (Arabie, Qatar, ISIS, Koweït, EAU, Oman, ..). Pour justifier leurs massacres en Syrie et au Yémen, elles invoquent le combat contre les « hérétiques » chiites, qui, pour eux, sont les pires des ennemis, rappelant exactement les arguments des différentes fitnas [1] qui ont parsemé l’histoire des pays arabisés et islamisés. À chaque fois qu’il y a un combat pour s’accaparer le pouvoir et l’argent, les opposants ou les minoritaires, sont qualifiés d’apostats, afin de les diaboliser par l’intermédiaire des canaux de propagande que sont les mosquées.  

Heureusement, Assad -avec l'aide de l'Iran, du Hezbollah et des forces aériennes russes, a repoussé les tentatives pour l'évincer. Cet article n’est pas une approbation retentissante d'Assad comme leader, mais une défense du principe que la sécurité mondiale dépend de la protections de base de la souveraineté nationale des Etats, et que la pierre angulaire du droit international doit être le rejet de l'agression gratuite pour atteindre des objectifs stratégiques. Le fait est qu’il n'y a pas de différence entre l'invasion de l'Irak par Bush et l'invasion de la Syrie par Obama. Les questions morales, éthiques et juridiques sont les mêmes, la seule différence est qu’Obama a mieux réussi à tromper le peuple américain sur ce qui se passe réellement.

Washington ne se soucie d’aucune de ces choses. Washington ne se soucie que de gaz et de pétrole, de pouvoir et d'argent.

Comment peut-on être trompé sur ce qui se passe réellement? Kennedy résume comme ceci:

"Nous devons reconnaître que le conflit syrien est une guerre pour le contrôle des ressources. C’est une guerre  impossible à distinguer de la multitude de guerres clandestines et non déclarés du pétrole que nous menons dans le Moyen-Orient depuis 65 ans. Et c’est seulement lorsque nous comprenons que ce conflit en Syrie est une guerre par procuration pour un pipeline, alors les événements deviennent compréhensibles. "

Cela dit tout, n’est-ce pas?



[1] Fitna est un mot arabe se référant au schisme politico-religieux, à la guerre civile subséquente, aux rivalités, désaccords et divisions parmi les musulmans. Le mot peut être également traduit par « trouble, révolte, agitation, sédition ».  La fitna est, pour Ibn Khaldûn, la forme la plus négative de la violence  ; l’une des formes de la violence car en dépit de l’unicité originelle de celle-ci, l’histoire et les hommes se sont chargés d’évaluer la légalité de chacune de ses manifestations. La fitna par excellence serait ainsi la violence qui engendre un désordre public sans pour autant accoucher d’un État. Le grand historien andalou, Ibn Hayyân (987-1076), fait un usage récurrent du terme de fitna pour qualifier les troubles de l’époque émirale. On voit là l’ambiguïté d’un terme qui, comme celui de guerre ou de violence, n’épuise pas le champ des définitions possible.

Si nous revenons mille ans en arrière en Andalousie  de 1009 à 1031, nous constatons que cette époque de la fitna espagnole est identique à la nôtre:  époque de divisions et de conflits, analysée par les contemporains mais aussi par les historiens comme un temps de désagrégation totale, de fractionnement territorial et partant de décadence politique  et économique, annonçant la désagrégation de l’Etat musulman en Espagne, suivi du génocide des musulmans d’Espagne par les rois catholiques soutenus par la papauté. C'étaient les Daéchiens Papistes de l'époque.