mardi 8 novembre 2016

Chroniques du Grand Jeu. Schizophrénie, petit ourson et satellites

Voilà un titre qui promet, avouez-le...
Le toujours excellent Moon of Alabama s'est amusé à relever la totale schizophrénie américaine sous le titre évocateur : Sommes-nous amoureux d'Al-Qaïda ou en avons-nous peur ? Il cite un article remarquable d'objectivité (une fois n'est pas coutume) du New York Times qui décrit la réalité d'Alep, reconnaissant que la "rébellion" est un mélange inextricable de djihadistes qaïdistes et d'éléments soutenus par Washington travaillant ensemble. Aucune surprise bien sûr pour nous qui le savons depuis des années, mais le fait que ce parangon de l'establishment US le répète à plusieurs reprises et s'attarde sur les souffrances des civils de la zone gouvernementale d'Alep est assez étonnant (préparer le public américain à la prochaine offensive syro-russe sur la ville ?)

Et Moon of Alabama d'enfoncer le clou en mettant en parallèle cet aveu et les menaces concomitantes d'attaques d'Al Qaeda le jour de l'élection présidentielle. Nous soutenons en Syrie ceux qui veulent nous tuer chez nous. Eh oui, les Parisiens en savent quelque chose et ça fait des années que ça dure...
Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev (ce qui signifie, si je ne m'abuse, "petit ourson" en russe) a dit d'intéressantes choses récemment. Sur les relations américano-russes qu'il considère être à leur plus bas historique :
"Nos relations touchent le fond du fond. Très honnêtement, quand les contacts ont commencé avec administration Obama, je n'aurais jamais imaginé qu'elles puissent tomber à un niveau aussi désespérément bas."
Sur le travail entrepris pour lier les monumentales routes de la Soie chinoises à l'Union eurasienne made in Poutine. Les discussions en sont au niveau inter-gouvernemental, ce qui indique un état d'avancement assez conséquent, et des projets précis de corridors et d'infrastructure sont déjà étudiés. Evidemment, tout cela est à replacer dans le contexte de l'intégration du continent-monde qui marginalisera peu à peu la puissance maritime (vous savez laquelle...)
Dernière info intéressante, Israël ne souhaite pas le départ d'Assad. C'est en tout cas ce que dit en substance Medvedev :
Les responsables israéliens n'ont guère de sympathie pour Bachar el Assad. Mais avoir une personne qui contrôle la situation et le pays est préférable à un processus incontrôlé de désintégration du pays d'où émergent des enclaves contrôlées par des terroristes. C'est la position des dirigeants israéliens et je considère que c'est une bonne position.
Aucune surprise, c'est ce que nous répétons depuis des mois sur ce blog. Et c'est d'ailleurs plus ou moins confirmé par les déclarations de l'ambassadeur israélien à Moscou :
Assad est le président de la Syrie. Nous le connaissons depuis des années. Si vous me demandez qui nous supportons en Syrie, je vous réponds clairement : nous ne supportons personne [dans le sens : il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, ndlr]. La Syrie doit régler ses propres problèmes et nous avons à nous occuper des nôtres.
Les BRICS ont lancé une plateforme de coopération spatiale. Désormais, les agences spatiales des cinq pays tiendront un sommet annuel au cours desquels seront discutés différents projets communs. Le premier d'entre eux vient de voir le jour : créer une constellation de satellites de télédétection. Si Pretoria et Brasilia sont en retrait sur ce dossier, il est intéressant de voir que la dynamique BRICS persiste malgré les tentatives de l'empire pour la saboter - putsch constitutionnel brésilien par exemple.
Toujours est-il que dans le domaine spatial, il faudrait plutôt parler de RIC (Russie-Inde-Chine). New Delhi et plus encore Pékin ont un ambitieux programme spatial, Moscou restant évidemment en pointe. D'ailleurs, depuis que la Nasa américaine a mis fin en 2011 au programme financièrement désastreux des navettes spatiales, les Russes sont les seuls à pouvoir convoyer des astronautes sur l'ISS et ont, selon les mots d'un spécialiste, gagné la guerre des étoiles.
Une coopération poussée entre les trois géants eurasiatiques aurait de quoi faire perler quelques gouttes de sueur sur certains fronts soucieux à Washington. Et puisqu'on en parle, il est question depuis quelques temps d'une éventuelle station spatiale russo-sino-indienne, au moment même où l'empire est incapable d'envoyer un homme dans l'espace...

NB : Sur le conseil insistant de plusieurs personnes, j'ai créé un compte facebook (https://www.facebook.com/Chroniques-du-Grand-jeu-1347385015280309/) pour que le blog touche encore plus de public, ce qui est nécessaire en ces temps de désinformation éhontée. Je vous avoue que je ne sais pas trop comment tout cela fonctionne. J'ai cru comprendre que plus il y a de gens qui consultent la page, plus elle est mise "en ami" ou que sais-je, plus celle-ci se répandra. Bref, si vous avez un compte fesse de bouc et si vous voulez filer un petit coup de main au blog... soyez-en remerciés.

7 Novembre 2016 , Rédigé par Observatus geopoliticus