dimanche 13 novembre 2016

SYRIE. Trumpinator et les barbus

On le sentait très fortement et ça se confirme : le Donald arrêtera le soutien US aux coupeurs de tête modérés en Syrie. C'est ce qu'il a annoncé dans sa première grande interview post-élection :
La Syrie mène une lutte contre l'EI et nous voulons nous débarrasser de l'EI. En ce moment, nous soutenons des insurgés contre la Syrie alors que nous ne savons même pas qui sont ces individus.
Aucune surprise, il le répète depuis des mois, provoquant la crispation du parti de la guerre à Washington (notez que celui que la presstituée présente continuellement comme un populiste niais a en réalité parfaitement compris la situation internationale, y compris le Grand jeu eurasien) :
L'élection du Donald semble d'ailleurs avoir changé la donne avant même qu'il ne mette le pied à la Maison Blanche. Ainsi, on peut lire cet incroyable aveu subliminal dans le Washington Post,  porte-voix de la clique néo-conservatrice favorable à l'hilarante :
Le Président Obama a ordonné au Pentagone de rechercher et éliminer les leaders d'un groupe lié à Al Qaida en Syrie [Al Nosra, ndlr] que l'administration avait largement ignoré jusque là et qui est l'un des fers de lance du combat contre le gouvernement syrien.
Bien sûr, ça reste un euphémisme d'une immense hypocrisie : nous avons montré plusieurs fois que Washington a de facto soutenu les enfants de Ben Laden pendant des années via la soit-disant Armée syrienne libre. Mais que cette admission voit le jour dans la MSN quelques jours après celle du New York Times en dit long sur l'onde de choc créée par l'élection de Trump. Car c'est évidemment ce qui a provoqué ce changement à 180°. Soit qu'Obama l'ait toujours souhaité (pas impossible) mais n'ait jamais osé l'imposer au parti de la guerre persuadé que Clinton allait gagner, soit que Barack à frites tente de sauver piteusement les meubles avant janvier, quand le Donald aura tous les éléments en main et pourra expliquer au peuple américain la politique amoureusement pro-djihadiste suivie par son prédécesseur...
La nouvelle ne pouvait en tout cas pas mieux tomber pour l'armée syrienne et ses alliés qui continuent d'avancer sur tous les fronts. Ghouta, nord de Hama... Et Alep ! La considérable offensive barbue à l'ouest de la ville, visant à lever le siège de l'enclave rebelle, a tourné au fiasco et n'est plus qu'un souvenir. Infligeant de sérieuses pertes à leur adversaire, les loyalistes ont repris tout le terrain perdu et plus encore :
C'en est fini des espoirs des djihadistes de "libérer" Alep-est (en vert tout à droite de la carte), désormais encerclée par un cordon fortifié de plusieurs kilomètres de profondeur. Surtout, les barbus perdent pied et sont sur le reculoir un peu partout tandis que les jets russes détruisent leurs lignes de ravitaillement (ici ou ici). Comme si ça ne suffisait pas, le Hezbollah prépare une grande opération sur le flanc sud (pourquoi ils l'annoncent à l'avance reste un mystère...) Cerise sur le gâteau, la flottille russe est arrivée à bon port et les Kalibr vont participer à la fiesta.
En attendant janvier et l'entrée en fonction du Donald qui officialisera le changement de direction états-unien et coopérera sans doute avec Moscou. Si les Folamour veulent espérer renverser la vapeur et éviter la défaite définitive à leurs hommes de paille djihadistes, ils n'ont plus que deux mois. Mais leur fenêtre de tir est chaque fois plus réduite.
 
12 Novembre 2016 ,
Rédigé par Observatus geopoliticus