«L’islamisme
radical parie sur la figure du martyr
et crée des dettes de sang
pour
assujettir les masses à sa cause…»
Depuis
octobre 2011, date de la militarisation du conflit syrien, des milliers de
jeunes Tunisiens sont méthodiquement emballés et engagés dans une machine de la
mort qui dépasse la pieuse inspiration individuelle. Quelle pathologie
collective les touche pour que le martyre devienne «une solution commune
désirable»? Fethi Benslama, professeur de
psychopathologie et directeur de l’unité des études psychanalytiques à
l’Université Paris-Diderot démonte pour nous le mécanisme de «la mort
volontaire», remonte son histoire et décline ses figures. L’auteur de «Soudain,
la révolution» nous dit par quelles paraboles l’idéologie islamiste «se donne
un droit de tirage sur la jeunesse d’un pays en produisant le plus de martyrs
possible…»
Vous
venez de publier sur votre page Facebook une série de textes analytiques sur ce
que vous appelez «l’épidémie de la mort volontaire chez les jeunes» où vous
expliquez que cette tendance remonte à trente ans dans le monde arabe. Que
signifie cette date ? Qu’est-ce qui distingue «l’épidémie» actuelle des
précédentes ?
Il y a
trente ans, les attentats-suicide ont commencé. C’était en 1983, pendant
l’occupation israélienne du sud Liban. Le premier est organisé et revendiqué
par le Hezbollah, au nom de l’Islam. C’est là qu’apparaît le terme «kamikaze».
Le mot «kamikaze» a été utilisé par les médias, en référence au massacre de
l’Aéroport de Tel-Aviv, exécuté par un groupe de l’Armée rouge japonaise, le 30
mai 1972. Deux des trois membres du groupe se sont tués eux-mêmes avec leurs
grenades. Par la suite, le phénomène de la mort volontaire s’est diffusé dans
tout le monde arabe et musulman et a emprunté diverses formes. Cette diffusion,
comme chaque fois que se répand une nouvelle conduite, correspond à des causes
qu’il faut analyser. Il y a bien sûr les injustices sociales et politiques des
pouvoirs en place, les exactions commises par les interventions étrangères et
les occupations, les manipulations, etc., mais ce n’est pas suffisant. Pendant
les pires périodes du colonialisme, alors qu’il y avait une disproportion
considérable entre les armées d’occupation et les mouvements de résistance
nationale, on n’a pas recouru à ce type de mort volontaire, ou très rarement.
Il y avait des volontaires pour combattre et risquer éventuellement de mourir,
mais pas pour aller à une mort certaine.
Actuellement,
chaque jour apporte son lot de sujets qui vont au martyre, en tout cas qui
prennent des options sérieuses pour se faire tuer ou s’autodétruire, en
détruisant d’autres avec eux. Pour qu’un tel phénomène soit possible et aussi
important, il faut que les sujets dans le monde musulman soient atteints d’un
mal tel que l’autosacrifice soit devenu aux yeux d’un nombre important de
personnes une solution désirable. C’est une pathologie collective qui s’exprime
à travers des actes individuels. C’est ce constat que je fais et dont j’essaye
de décrypter les mécanismes psychiques et politiques.
Dans
votre analyse, vous dégagez trois figures différentes de «martyrs», dans
lesquelles les jeunes se consument. Quelles sont ces figures? Pensez-vous que
les migrants clandestins en fassent partie?
Je
dégage, en effet, trois figures majeures de la mort volontaire. La première concerne le djihadiste qui
va donner sa vie sur des terrains de guerre qui ont peu à voir avec
l’environnement où il est né, où il a vécu et où se joue son avenir. Exemple :
ce jeune que je connais, sans histoires, vivant dans petit un village calme du
Sahel tunisien et qui va un jour tuer des chiites dans une ville d’Irak! Depuis
des siècles, ni dans ce village, ni en Tunisie d’une manière générale,
l’opposition chiites/sunnites n’a donné lieu à un conflit réel. La cause de sa
guerre n’est pas dans la réalité, mais se situe sur le plan du discours qui l’a
motivé, c’est-à-dire sur le plan imaginaire d’un idéal. Il arrive en Irak, il
tue et se fait tuer très vite, car il est sur un terrain qu’il ne connaît pas,
tributaire de groupes qui l’exposent à la mort. Il s’est mis en position d’être
sacrifié. Combattre et aller à une mort quasi certaine, ce n’est pas la même
chose. La deuxième figure est
celle de la bombe humaine qui se fait exploser, la plupart du temps ni contre
l’armée d’occupation, ni contre le pouvoir, trop bien protégés en général, mais
sur un marché, dans une mosquée, contre une caserne mal gardée de pauvres
soldats qui font leur service militaire, tous des enfants, des femmes ou des
hommes du peuple musulmans de la même religion que celui qui commet l’attentat.
Ce n’est pas de la guerre, c’est du carnage. Ceux qui le commandent font la
guerre, mais lui, il n’est qu’«un instrument vivant», c’est la définition
classique de l’esclave. Un esclave qui a pour maître la mort à laquelle il se
donne. La troisième est la
figure récente de «l’immolé par le feu», qui s’est amplifiée depuis le
soulèvement tunisien; c’est d’autant plus étonnant que ce type n’existait
quasiment pas dans notre culture. L’autodestruction correspond ici à une
protestation radicale où le sujet désespéré s’envoie en enfer littéralement et
symboliquement selon les critères religieux. On pourrait ajouter une quatrième figure, celle du «harrag», en
rapprochant le clandestin qui brûle la frontière de celui qui se brûle, car là
également, il y a une conduite suicidaire où le désir d’un bien-être apparent
recèle le risque disproportionné d’une évasion de la vie pour s’évader du pays.
Il y a probablement d’autres figures de ce dépérissement des jeunes, mais ces
trois ou quatre au moins sont présentes dans notre actualité quotidienne. Et il
se trouve toujours quelqu’un pour conférer à ces sujets le titre de «martyr», à
eux ou à ceux qu’ils emportent avec eux.
Vous
parlez d’un «marché de la mort volontaire». Comment ce marché rencontre-t-il
cette disposition des jeunes à mourir ou la produit-il ?
L’industrie
des martyrs est florissante, elle a ses commanditaires, ses fabricants, ses
ouvriers, ses consommateurs et ses produits conditionnés. Tout cela témoigne
d’un dérèglement profond qui indique que la culture actuelle de l’Islam et les
sociétés du monde musulman ne protègent plus leurs enfants des états de
détresse graves qui les conduisent vers cet idéal ravageant de la mort
volontaire. Cette mort apparaît au jeune comme l’acte éthique ou moral par
excellence, qui lui confère une dignité sublime, un respect pour son existence.
Bien plus, la culture islamique comporte aujourd’hui des incitations attirantes
vers la mort volontaire. Il y a plusieurs facteurs qui peuvent se combiner : la
souffrance psychique individuelle, le désespoir social, les manipulations par
des recruteurs de la mort sacrée, mais cette combinaison ne produit l’effet
destructeur que nous voyons que s’il existe un discours puissant et harcelant
qui dit: «Meurs pour devenir», «Meurs pour jouir» (du paradis), ou bien «De
toutes façons tu es foutu, alors fais de ta mort une œuvre destructrice au
service de la cause», on pourrait décliner ces injonctions à l’infini, où la
mort apparaît, chaque fois, comme la belle issue qui attend le sujet, ou bien
ce qui lui confère le plus de valeur, bref qui fait de l’homme insignifiant un
héros. Surtout, quand ce héros meurt au service d’une cause qui paraît juste,
c’est ce que j’appelle: «L’agonie pour la justice».
« Désir
humain de reconnaissance», «narcissisme suprême de la cause perdue»... C’est ce
qui, selon vous, conditionne le mécanisme de la mort volontaire. Vous ne parlez
point de culpabilité, alors que les opérations d’endoctrinement et de
recrutement au jihad prêchent exclusivement sur ce mode...
La
culpabilité est un élément important dans le processus de la mort volontaire,
mais n’importe qui ne peut être culpabilisé par quelqu’un d’autre, au point
d’être convaincu de se donner la mort. Il faut que la personne se sente déjà
tellement coupable et prête à se punir pour adhérer à un discours culpabilisant
au nom de la cause ; il faut ensuite qu’elle fasse la mauvaise rencontre du
recruteur qui va l’engager dans le processus de la mise à mort réelle.
Cependant, le discours courant au nom de
l’Islam crée, aujourd’hui, une culture mortifère de la culpabilité à travers
les prédicateurs wahhabites et autres pervers religieux qui
appuient sur l’accélérateur du Surmoi. Le Surmoi est une instance de notre
psychisme qui nous surveille, nous juge et nous punit, pas seulement pour nos
actes, mais pour nos fantasmes ou nos intentions. Il faut ajouter un autre
élément au mécanisme de la mort volontaire qui est décisif, c’est l’ébranlement
narcissique des êtres humains qui facilite la culture de la mort. Le
narcissisme, c’est l’amour nécessaire que chaque être vivant (l’humain,
l’animal, la plante, etc.) a pour lui-même, afin qu’il puisse persévérer dans
la vie. Cet amour pour soi est complexe chez l’humain, car il est très
dépendant des autres humains, à cause de la longue enfance de l’individu de
l’espèce humaine, la plus longue du règne animal. Il faut avoir été
suffisamment aimé par sa famille et/ou par son entourage pour s’aimer soi-même.
La menace de perdre l’amour est celle qui est à la base de l’intériorisation de
l’éducation et des relations sociales. Voilà le ressort formateur du Surmoi: si
tu fais ça, je ne t’aime plus, c’est déjà la plus grave des punitions, à
laquelle peuvent s’ajouter d’autres. Lorsqu’il y a défaut de soins pour
l’enfant, c’est aussi une privation de l’amour. L’enfant va alors développer de
la haine à l’égard de l’ensemble de la société et développer des conduites
antisociales. On peut dire que toute société humaine reconnaît ce narcissisme
fondamental des individus qui y vivent, elle le garantit et contribue à sa
préservation par les droits, les soins, les secours qu’elle apporte à tous. Cependant, le narcissisme est quelque chose de
redoutable. S’il fait défaut, le sujet est exposé à la dépréciation et à la
haine de soi, à une blessure permanente et hémorragique de l’âme, jusqu’à se
laisser mourir ou choisir la mort dans les cas extrêmes. Mais
s’il y a trop de narcissisme, ça donne ces personnes gonflées d’orgueil, qui ne
cessent de faire la démonstration de leur importance, ces égoïstes qui peuvent
aller très loin dans l’écrasement des autres pour leurs intérêts propres. Ça
peut donner aussi des pervers narcissiques capables des exactions criminelles
les plus cruelles, car ils en jouissent. Au niveau du discours, certains prédicateurs
que nous voyons à la télévision en sont des exemples quasi cliniques, tels ceux
qui veulent envoyer les enfants des autres au martyre, tout en gardant les
leurs à l’abri, tels ceux qui préconisent des mutilations comme des actes
esthétiques, tels ceux qui prétendent autoriser les relations sexuelles avec
des enfants, etc.
Ces
discours sont pourtant tolérés au nom de la démocratie et de la liberté
d’expression...
Un
gouvernement qui protège sa population, et particulièrement ses enfants, doit
les poursuivre systématiquement et sévèrement. Le gouvernement précédent ne l’a
pas fait. Monsieur Jebali a laissé faire un crime contre la jeunesse du pays.
Les journalistes et les médias qui véhiculent ces expressions sont complices.
Le gouvernement actuel va-t-il continuer sur la même voie ? Que le Premier
ministre, les ministres de l’Intérieur et celui de la Justice prennent
conscience, ils ont une responsabilité morale et politique, elle peut devenir
demain juridique. Pour l’avenir de la Tunisie,
ceux qui diffusent cette perversité sont pires que les Ligues de protection de
la révolution. C’est une ligue tentaculaire pour la destruction de l’âme de la
jeunesse tunisienne. Sur le plan collectif, beaucoup de sociétés dans le monde
musulman, et particulièrement dans sa partie arabe, non seulement ne préservent
plus le narcissisme fondamental des sujets qui y vivent, mais favorisent le
mépris, infligent des blessures physiques et morales, dévaluent la vie et
l’honneur des gens. La préservation et le respect
de l’existence humaine y sont précaires matériellement, symboliquement,
juridiquement. Ces atteintes narcissiques font le lit de la mort volontaire. Celle-ci
paraît anoblir le sujet méprisé, le message qu’il entend est de ce type: «Meurs
pour manquer aux tiens», «meurs héroïquement et tu vas devenir inestimable»,
«meurs pour être aimé de t’avoir perdu», «ta mort va te donner l’amour et la
béatitude». On peut appeler cela «farder la mort» (expression que Homère met
dans la bouche d’Achille). Farder, c’est maquiller, rendre la mort belle,
promettre au candidat qui se considère comme un déchet une vie de star divine à
l’au-delà. Plus la cause pour laquelle on meurt est désespérée et plus le gain
narcissique paraît élevé. C’est cela «Le narcissisme suprême de la cause
perdue» qui est une expression de J. Lacan.
Comment
et avec quels mécanismes, l’idéologie islamiste saisit-elle cette fragilité de
la jeunesse?
Dans le
monde arabe et musulman, il existe une crise éthique majeure dont la racine est
«une injustice de vie» à l’égard des personnes, du simple fait qu’ils existent.
C’est une injustice qui affecte l’être au monde dans cette région. L’idéologie
islamiste se propose de traiter cette crise, mais sa réponse suit exactement le
langage du Surmoi. Si vous en êtes là, c’est
parce que vous avez fauté, vous êtes coupable, vous avez trahi votre cause,
vous n’êtes plus qu’une imitation de musulman, vous n’avez plus qu’à expier. Elle
aggrave donc la crise au niveau subjectif. La personne peut accepter de se
punir pour se délivrer de cette angoisse devant le Surmoi. La guérison
passerait par l’amour de la mort : mourrez en étant vivant, vous vivrez mieux quand vous serez mort. Chez
les plus extrémistes encore, le mot d’ordre est: tu ne peux que donner ta sale
vie pour en acheter une autre magnifique à l’au-delà. Sinon, tu vas encore
souffrir, d’ailleurs dès que tu seras dans la tombe...
Concernant
les enfants, c’est tout simplement de la maltraitance. Les adultes qui usent de
ces procédés jouissent du mal qu’ils leur font, en utilisant la religion pour
assouvir leurs pulsions agressives. Quant aux jeunes, la sortie de
l’adolescence qui peut être très tardive dans beaucoup de cas, allant jusqu’à
la trentaine, le recours à l’héroïsme du martyr constitue une solution pour se
dégager des états dépressifs et/ou de psychoses latentes, conjugués avec des
impasses sociales. Lorsqu’il y a engagement dans
le terrorisme, c’est une possibilité de déguisement de la délinquance et des
pulsions criminelles en une violence légitime. Ceux qui offrent ces
voies ont été généralement eux-mêmes dans cette situation d’adolescent au bord
de l’effondrement ou de la folie, ils savent donc reconnaître leurs propres
états chez les autres. On parle d’utilisation politique de la religion, mais en
vérité dans un très grand nombre de cas, il faut parler d’utilisation délinquante ou criminelle de la religion. Le
religieux sauvage se prête au pire, surtout lorsqu’il y a destruction de
l’institution religieuse comme c’est le cas dans beaucoup de pays musulmans. C’est
de la religion décomposée. Ça produit beaucoup de cruauté, parce qu’elle
n’offre pas la protection illusoire contre la détresse qui est la fonction
fondamentale de la religion instituée, mais à l’inverse, elle injecte de la
détresse. Personnellement, j’ai connu dans la génération de mes parents, pas
les miens seulement, mais chez tout un peuple, un Islam qui était une source de
quiétude. Aujourd’hui, l’Islam sert à
alimenter l’angoisse, la colère, le trouble, l’effroi. La
grande institution de l’Islam s’est détraquée et je ne sais pas quand elle
retrouvera un régime raisonnable avec tous les monstres qu’elle a engendrés.
Vous
dites que plus il y aura des martyrs, plus leurs spectres hanteront les
consciences. Pouvez-vous nous expliquer cette notion de «dette extinguible» qui
appelle selon vous, indéfiniment, de nouveaux sacrifices…
Le grand
principe qui gouverne la vie humaine est la dette. La dette de vie est la plus
importante des dettes, car on n’est jamais quitte avec elle. Ça nous ouvre un
crédit pour vivre, mais nous payons de toutes sortes de façons, et puis nous
finissons de payer avec notre mort. Nous sommes redevables d’une mort.
Lorsqu’une vie est donnée au service d’une cause, elle endette les partisans de
cette cause, les oblige vis-à-vis de la personne morte et vis-à-vis de la cause
pour laquelle il est mort. C’est le cas par excellence du martyr dont l’esprit
ou le spectre va hanter les vivants. Le spectre c’est l’image, c’est le nom,
c’est cette présence imperceptible qui vous dit : «Qu’avez-vous fait pour moi
ou pour ma cause, moi qui suis mort pour vous ?». Il appelle à la fidélité et à
la vérité, à la fidélité à sa vérité, et dans certains cas à de nouveaux
sacrifices pour payer la dette des vivants ou des survivants vis-à-vis de lui. C’est
pourquoi, le meurtre d’un humain, est non seulement une perte irrémédiable,
mais est aussi créateur de tourments et de hantise pour les siens. Lorsqu’il
s’agit d’une cause, l’assassinat d’un homme pour affaiblir ce qu’il représente
peut se retourner contre les meurtriers, car la personne devient plus forte
morte que vivante, si ses proches l’érigent en martyr. Cette logique peut
s’emballer et être utilisée, comme pour toute chose, dans un sens accablant
pour les vivants, dans le but de les écraser par la dette de vie, en
multipliant les martyrs. Quand vous avez trop de martyrs dans une contrée, ça
saccage la vie des gens. Regardez, c’est le cas de l’Algérie, avec son million
de martyrs qui ne cesse d’augmenter. Car le martyr appelle le martyr. C’est ce
qui ouvre la possibilité du «commerce des martyrs». On achète avec de l’argent
la mort volontaire à travers des circuits et des réseaux lucratifs, mais
surtout symboliquement et stratégiquement en créant des dettes de sang et des
spectres de martyrs qui vont hanter les populations. Ce n’est pas par hasard
que telle députée de l’ANC, un peu simplette, propose de créer «des maisons
pour les martyrs»! L’inconscient parle souvent un langage littéral et s’exprime
à travers des bouches naïves. Les martyrs sont des morts-vivants (c’est leur
statut coranique) vis-à-vis desquels les vivants ont des dettes
incommensurables. L’islamisme radical use de ce stratagème et se donne un droit
de tirage sur la jeunesse d’un pays en produisant le plus de martyrs possible,
car il parie sur la puissance de cette figure pour assujettir les masses à sa
cause.