Pourquoi la Russie, la Chine, le Venezuela, Cuba et « d’autres » nations sont-elles détestées par l'Occident avec une telle fureur?
Ils nous haïssent parce que nous sommes vivants, et parce que nous
marchons et allons de l’avant, parfois trébuchant, parfois chancelant,
mais marchant quand même.
Pendant tout ce temps, eux, c’est toute l’humanité qu’ils traînent,
pour la replacer, à nouveau, dans le nihilisme sombre, dans des
dispositions épouvantables, dans le sarcasme noir, et dans un sentiment
de désespoir.
Ils nous haïssent parce que nous insistons sur le fait de faire les
choses à notre façon, et parce que nous mettons nos peuples au premier
rang des priorités, allant même parfois jusqu’à placer en premier des
gens défavorisés, partout dans le monde. Nous le faisons de plus en plus
souvent, chaque fois que nous en avons les moyens.
Pendant qu’eux, ce sont leurs intérêts économiques qu’« ils »
considèrent en premier, et, ce faisant, ils torturent, détruisent et
humilient ceux qui refusent de succomber, de se mettre à genoux et de
leur lécher les bottes.
Pendant des siècles, ils ont tenté de nous détruire, mais nous avons
tenu ferme et nous nous sommes défendus, fièrement. Ils ont envahi,
ruiné, brûlé nos terres, et ils ont assassiné les gens de Russie, de
Chine et de toute cette partie du monde que l’on appelle aujourd’hui
l’Amérique latine. Ils ont aussi, bien sûr, assassiné et détruit des
dizaines voire des centaines de millions de personnes au Moyen-Orient,
en Afrique, en Asie et en Océanie.
Quand je dis « ils », je veux dire l’Occident, et une fois de plus,
je refuse de distinguer entre les vieux démons coloniaux, en Europe, et
les nouveaux, qui proviennent de la même racine, de la même « culture »,
mais qui tuent à l’ombre de drapeaux relativement nouveaux.
Ils nous haïssent parce que nous avons saigné et pleuré nos morts, mais que nous n’avons jamais abandonné la lutte.
Ils ne « reconnaissent » et ne glorifient que ceux-là seuls qui
acceptent leur régime, qui ont décidé de collaborer, partiellement ou
totalement : des pays comme l’Inde, l’Indonésie, les Philippines, le
Japon, la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Kenya, et des
dizaines d’autres états « client », des pays qui alimentent ce hideux
monstre capitaliste avec la chair de leurs propres citoyens.
« Ils » ont même inventé un « politiquement correct », de sorte que
la « culture » des régimes oppressifs et violents fidèles au
néo-colonialisme échappe à la critique ou au ridicule de la part de ces «
cercles bien polis » que sont les laquais du milieu universitaire, des
médias, etc. Le politiquement correct n’est pas là pour protéger la
majorité des Indiens ou des Indonésiens, mais pour offrir un bouclier à
leurs usurpateurs et exploiteurs, qui se drapent hypocritement de leurs
drapeaux ainsi que de la robe des religions et des cultures.
Ils nous détestent pour nos rêves et pour nos rires, pour notre
confiance et notre détermination. Nous sommes souvent détestés, non
seulement par le régime mondial de l’Ouest, mais aussi par la majorité
des gens de l’Ouest, qui font partie du système ou qui, du moins, en
sont dans une certaine mesure bénéficiaires.
Plus ils deviennent voleurs, partout dans le monde, et moins nous le
sommes par rapport à eux, et plus ils nous salissent en affirmant que «
nous sommes pareils », que nous volons et « cherchons à faire avancer
nos intérêts » en Afrique et ailleurs. Ils possèdent les médias de masse
et ils répandent le poison de leurs mensonges à travers leurs agences
de presse et leurs réseaux de télévision, ainsi que l’internet. Les
élites partout dans le monde, propriétaires de la plupart des médias
locaux, sont alors satisfaites, et toujours prêtes à diffuser ces
mensonges.
Ils nous haïssent parce qu’en fait, ils soupçonnent que nous sommes
différents, et plus ils le soupçonnent, plus ils nous haïssent ; et
alors plus ils crient et hurlent que nous sommes exactement comme eux,
et peut-être même pire !
Si le monde qu’ils ont créé n’est que de la merde, alors,
insistent-ils, l’univers tout entier, et l’humanité elle-même, doivent
se mettre à nager au milieu des excréments.
Mais nous ne sommes pas comme eux.
Ils peuvent bien être maîtres de la propagande, grands
marionnettistes, mais nous, la plupart du temps, nous refusons de nous
abaisser à leur niveau. Nous essayons de jouer loyalement, des batailles
loyales et honnêtes. Nous essayons de gagner honnêtement, pas comme de
la racaille trompeuse et sadique. C’est simplement parce que nous tenons
à jouer juste et aussi parce que nous sommes à ce point horrifiés par
leurs mains et leurs bouches pleines de sang, que nous ne voulons tout
simplement pas être comme eux, même quand ils nous combattent de toutes
leurs forces ; même quand ils essaient de nous exterminer, de nous faire
disparaître de la surface de la terre.
Pour cela, ils nous détestent également.
Plus nous sommes sincères, plus ils nous calomnient.
Plus nous sommes prévenants, plus ils nous accusent de démagogie et de tromperie.
Plus nous sommes pacifiques, plus ils nous accusent d’être les agresseurs.
Plus nos objectifs sont purs, et plus leurs commentaires sur nos actes sont sales.
Ceux qui, en ce moment, collaborent, nous haïssent pour n’avoir pas
cédé, parce que les collaborateurs exècrent toujours ceux qui sont
libres et fiers, et résolus. Les serviteurs et les esclaves, lorsqu’ils
sont lâches et en colère, sont souvent beaucoup plus vicieux que leurs
maîtres. Pas toujours, mais souvent.
Plus nous perdons de camarades, plus ils nous haïssent, parce que
nous refusons de nous agenouiller, et de les supplier de cesser de nous
tuer. Nos dents serrées esquissent à peine une grimace, et nous
continuons à avancer. Pour l’humanité, pour nos bien-aimés…
Plus nous sommes unis, plus ils nous haïssent. L’Amérique latine et
la Chine, ainsi que la Russie, sont maintenant ensemble. Et plusieurs
autres grandes nations se joignent à nous. Nous nous sommes embrassés.
Nous nous sommes embrassés debout, fièrement, volontairement !
Plus nous sommes près d’atteindre notre objectif principal – la
création, sur cette planète, d’une société socialiste, plus humaine et
plus décente – plus ils nous haïssent. Ils préfèreraient rayer nos pays
de la carte ; les détruire, et même nous atomiser, l’ensemble de la
planète, plutôt que d’accepter une société égalitaire mondiale fondée
sur des principes de justice sociale, sur un véritable respect et sur la
non-ingérence.
Plus nous essayons de devenir raisonnables et égalitaires, plus ils
nous haïssent. Nous n’y parvenons pas toujours, mais ils nous haïssent
encore lorsque nous essayons, et échouons. Mais quand nous y parvenons,
quand nous réussissons, alors là ils passent à la vitesse supérieure de
leur réprobation générale, assassinant nos dirigeants, fabriquant et
finançant une « opposition » dans nos pays, préparant et exécutant des
coups d’État militaires contre nos dirigeants. Combien de tentatives de
coups d’État avons-nous eues, récemment, « réussites » ou échecs ?
Rappelons en simplement quelques-unes : le Honduras, le Paraguay, le
Venezuela, la Syrie, l’Ukraine, la Libye…
Mais revenons à l’essentiel : nous ne cédons pas ! Plus maintenant.
Nous refusons de céder. Leur système grotesque, idiot, turbo-capitaliste
nihiliste et néo-colonialiste, et leurs autres dogmes fondamentalistes,
sont aussi terribles que la mort elle-même. Nous travaillons jour et
nuit pour y résister, pour exposer leur malignité. Nous nous sentons
obligés de travailler et de nous battre, non pas parce que nous sommes
toujours si grands et honorables nous-mêmes, mais simplement parce
qu’ils sont tellement horribles, meurtriers, cyniques et inhumains !
Et donc ils nous traînent dans la boue, ils vomissent leurs poisons
toxiques sur nous, jettent nos voisins contre nous, planifient et
déclenchent des coups d’État et des « mouvements d’opposition », ainsi
que des « révoltes étudiantes » et des « révolutions de couleur ». Leurs
objectifs sont la Chine et la Russie, Cuba et le Venezuela… la Bolivie
et l’Équateur. Salis sont le Brésil et l’Afrique du Sud, l’Argentine et
le Zimbabwe ; diabolisées l’Erythrée et la Corée du Nord…
D’une certaine manière, ils – nos ennemis – sont pathétiques,
ridicules et tristes… Pour ceux qui connaissent le monde, ils ne sont
qu’une bande de fous sadiques… puissants mais ringards, échos puants des
précédentes flatulences colonialistes/impérialistes/racistes qui
étaient aussi sonores que toxiques.
Mais ils parviennent à crier plus fort. Ils publient des milliards de
feuilles remplies de mensonges. Ils utilisent leur argent (la plupart
du temps volé, à nous et à d’autres) pour déformer toutes les
observations et toutes les analyses logiques, présentant le vide qu’ils
répandent, avec leurs gadgets et leur consumérisme sans âme, comme
quelque chose de branché et d’humain. Et c’est ainsi que les nouvelles
générations, dans leurs pays et dans leurs colonies à eux, sont
fabriquées et mises en forme : elles sont confuses, fatiguées depuis le
berceau ; vides, manquant de poésie et de créativité, obsédées par la
forme tout en rejetant la substance.
Nous ne cessons de leur dire ce qu’ils font au monde, et plus nous le leur disons, plus ils nous haïssent.
Mais que voulons-nous vraiment ? Qu’est-ce qui unit véritablement des
pays aussi divers que Cuba et la Chine, que la Russie et le Venezuela,
que la Bolivie et l’Afrique du Sud ?
C’est un grand désir de liberté. Pas « leur » concept tordu de la
liberté ! Mais la liberté de choisir notre propre chemin, d’utiliser nos
ressources pour nourrir nos enfants, pour guérir nos malades, et pour
éduquer aussi bien les adultes que les enfants ! Le tout gratuitement.
Le tout comme notre devoir patriotique et humaniste !
Nous voulons que nos pays n’existent que dans le but de créer, de
faciliter, pour leur citoyens, une vie bonne, saine, qui ait du sens.
Nous voulons que les gens puissent se réveiller le matin sans cette peur
de finir dans la rue, ou de mourir s’ils viennent à tomber malades,
pour la seule raison qu’ils ne pourront pas payer la facture des soins
médicaux. Nous voulons que les gens pensent au parcours, qu’ils
considèrent là où ils vont et ce qu’ils feront quand ils y seront, au
lieu de constamment s’angoisser en se demandant où ils vont bien pouvoir
trouver l’argent pour s’acheter une nouvelle voiture !
Nous voulons que les gens soient libres et aient le temps de décider «
où ils vont », et soient instruits, et libèrent leur créativité et leur
énergie pour l’amélioration de la vie, partout sur notre belle planète.
Et plus nous voulons cela, plus ils nous haïssent.
Nous voulons être, beaucoup d’entre nous veulent être, « naïfs » à
nouveau… pour être capables de rêver, de communiquer les uns avec les
autres, de travailler avec nos mains et nos cerveaux, de mettre tout
notre cœur à cette vie. Et nous voulons que les gens se sentent en
sécurité, n’aient pas peur de se réveiller chaque matin, d’être tournés
en ridicule simplement parce qu’ils se montrent bons envers autrui,
parce qu’ils usent de décence ; simplement parce qu’ils se montrent
humains !
C’est là ce que le socialisme ou le communisme signifient pour moi.
C’est ce que cela signifiait pour Chavez, et ce que je pense que cela
signifie pour Evo. C’est ce que cela signifie pour mes amis les plus
chers à Pékin.
Le Venezuela, la Bolivie ou la Chine ne sont pas parfaits, que diable
! Nous sommes tous des êtres humains ; nous faisons tous des erreurs.
Mais nous essayons. Nous faisons de notre mieux. Nous voulons tirer des
centaines de millions de personnes de la pauvreté et nous le faisons,
étape par étape. Chacun de nos pays le fait à sa façon, selon sa culture
et son histoire. Et nous voulons le faire à notre façon et seulement à
notre façon, et c’est pourquoi ils nous haïssent !
Cela ne me dérange pas que quelqu’un dirige son hôtel à lui, ou son
restaurant, ou son journal… ça ne me dérange pas du tout. Je ne suis pas
un de ces monstres dogmatiques. Mais cela me dérange quand des nations
entières sont détruites simplement parce qu’elles veulent suivre leur
propre chemin !
Cela me dérange quand la « démocratie » est réduite à ce que les
intimidateurs occidentaux disent qu’elle devrait être. Cela me préoccupe
quand, dans leur propre pays, les gens sont transformés en serfs au
profit des riches, et puis en serfs au profit de l’Empire. Cela me
dérange quand ils n’ont pas le choix. Et cela me dérange quand ils sont
constamment dans la peur de quelque chose, quand ils sont humiliés
encore et encore. Et non seulement cela me dérange, mais je veux serrer
les poings et me battre pour la justice.
Plus cela me dérange, plus cela dérange d’autres comme moi, plus ils nous haïssent.
Cela dérange de plus en plus d’entre nous.
« Ici, personne ne se rend ! » |
Maintenant, nous avons cette grande nouvelle vague de la coopération
entre quatre merveilleuses parties du monde. Bientôt, nous allons avoir
une alternative à cette institution horrible qu’on appelle la Banque
mondiale. Et finalement, nous allons créer une alternative à
l’Organisation des Nations Unies, qui est désormais devenue une
institution édentée, captive, incapable de punir ou même de nommer les
vrais gangsters et les vrais terroristes !
Ils nous haïssent ! Mais nous ne les aimons pas, non plus ! Comment pourrions-nous aimer des fascistes et des fanatiques ?
Ils dirigent ce monde en recourant à la peur, comme ils ont fait
pendant des siècles pour faire fonctionner leurs colonies. Ils ont tué
des centaines de millions, peut-être des milliards de gens, au cours des
derniers millénaires. Ils n’auraient aucune hésitation à en tuer
quelques centaines de millions de plus.
Pour couronner le tout, eux aussi ont peur, et plus ils ont peur,
plus ils deviennent belliqueux et agressifs. Ils soupçonnent que cela ne
peut pas durer, cet ordonnancement tordu et psychopathique du monde.
Ils espèrent simplement qu’il durera encore quelques décennies, tant
qu’ils sont encore en vie.
Plus ils ont peur, et plus ils essaient de faire peur aussi aux
autres… de provoquer des conflits, de dresser les gens les uns contre
les autres, de les espionner, d’en enfermer des millions, de laver le
cerveau à des milliards de personnes dans le monde entier.
Ces sociétés de l’Empire, les gouvernements qu’ils choisissent… cela
donne envie de vomir aux gens normaux. Et nous leur disons ceci, face à
face, les yeux dans les yeux : à présent, nous avons notre propre bloc
de pays, notre résistance organisée, nos médias (cette publication en
fait partie, et elle en est un élément fort) !
Nous leur disons qui nous sommes.
Et ils nous haïssent pour cela.
Nous leur disons : vous faites ce que vous voulez chez vous. Tant que
votre peuple le tolère, l’accepte, ou même l’approuve. Nous n’irons ni
vous attaquer ni « vous libérer ». Mais n’essayez pas de revenir chez
nous, de mettre à sac, de piller et de corrompre.
Si vous le faites, nos nations et nos peuples se battront.
Ils le savent, et ils nous haïssent pour cela !
Nous leur disons : Nos peuples se battront contre vous et pour ce qui
est humain, et pour le développement normal de l’humanité, ce
développement que vous avez fait dérailler de manière si machiavélique
et brutale, pendant des siècles.
Pendant des siècles, vous avez utilisé l’esclavage afin de vous
entasser des richesses. Encore maintenant, vous asservissez des
milliards d’hommes et de femmes, même si vous n’utilisez pas ce mot en «
e ».
Nos peuples se battront contre vous si vous essayez une fois de plus de nous imposer votre esclavage.
Nous nous battrons aussi pour la bonté, pour la poésie ; pour ce
monde de rêve, naïf et en même temps créatif et sûr, que nous, les
humains, désirons presque tous du fond du cœur.
Et c’est pourquoi « ils » nous haïssent vraiment : nous voulons
mettre un terme à cette expérience épouvantable qui est menée sur des
êtres humains. Nous voulons que la vie humaine soit bien plus importante
que les profits de certaines sociétés et de certains individus tordus.
Nous voulons être à nouveau fiers de faire partie de la race humaine.
Eux veulent que nous produisions et consommions, que nous nous
soumettions à leurs conceptions et, par dessus cela, que nous restions
sans rien dire et apeurés.
Alors que nous, nous voulons construire et nous voulons chanter,
rêver et inventer, pour les autres, pas pour l’argent seulement. Nous
voulons nous aider les uns les autres. Nous ne voulons pas succomber à
un système où ceux qui sont brutaux et agressifs asservissent ceux qui
sont doux et bons.
Nous voulons prouver que les êtres humains ne sont pas seulement des
bêtes cyniques et égoïstes. Ils ne le sont pas ! Ils se comportent comme
cela seulement quand on leur injecte des doses élevées de repoussantes
toxines psychologiques.
Nous voulons la fin de cette tyrannie colonialiste de l’entreprise.
Des millions de gens ont combattu pour elle pendant des siècles, et des
millions déjà sont morts, qui luttaient pour un monde meilleur.
Nous n’allons pas lâcher ! Nous ne désertons pas. Nous n’avons pas
peur, plus maintenant. Avant de tomber, Hugo Chavez a crié : « Ici,
personne ne se rend ! » Bien dit ! Nous pensons la même chose. Aqui no
se rinde nadie !
Et voilà pourquoi ils nous haïssent !
Et nous devrions être fiers qu’il en soit ainsi.
par ANDRE Vltchek, 8-10 août 2014, CounterPunch
Source : Why Do They Hate Us?, sous-titré « Why are Russia, China, Venezuela, Cuba and ‘other’ Nations Hated with Such a Fury? » (counterpunch.org, édition du week-end du 08-10/08/2014)
Traduit par Goklayeh pour vineyardsaker.fr
Traduit par Goklayeh pour vineyardsaker.fr
André Vltchek Né à Stalingrad en 1962, Andre Vltchek a grandi en Europe centrale puis a pris la nationalité américaine. Romancier, poète, essayiste, journaliste, cinéaste et
journaliste d’investigation, il a couvert des guerres et des conflits
dans des dizaines de pays.