samedi 13 septembre 2014

RUSSIE : Misère de l'Occidentalisme ou le syndrome Tolstoïevsky

Les Européens de l’Ouest ne veulent rien savoir de la Russie.
Cette nation qui a donné Pouchkine et Guerre et Paix, Nijinsky et le Lac des Cygnes, qui a l’une des plus riches traditions picturales au monde, qui a classé les éléments de la nature, envoyé le premier homme dans l’espace (et le dernier à ce jour), qui a produit des pelletées de génies du cinéma, de la poésie, de l’architecture, de la théologie, des sciences, qui a vaincu Napoléon et Hitler, qui édite les meilleurs manuels de physique, de mathématiques et de chimie, qui a su trouver un modus vivendi séculaire et pacifique, sur fond de respect et de compréhension mutuelle, avec ses Tatars et ses indénombrables musulmans, khazars, bouddhistes, Tchouktches, Bouriates et Toungouzes, qui a bâti la plus longue voie de chemin de fer au monde et l’utilise encore (à la différence des USA où les rails légendaires finissent en rouille), qui a minutieusement exploré et cartographié les terres, usages, ethnies et langues de l’espace eurasien, qui construit des avions de combat redoutables et des sous-marins géants, qui a reconstitué une classe moyenne en moins de quinze ans après la tiers-mondisation gorbatcho-eltsinienne, cette immense nation, donc, qui gouverne le sixième des terres émergées, est soudain traitée, du jour au lendemain, comme un ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation !
L’Occident ressort la même guignolerie haineuse à chaque crise, depuis Ivan le Terrible à « Putler »-Poutine, en passant par le tsar Paul, la guerre de Crimée, le pauvre et tragique Nicolas II, et même l’URSS où tout succès était dit « soviétique » et tout échec dénigré comme « russe ».
Des nations serviles qui accordent aux Américains un crédit illimité de forfaiture et de brigandage « parce-qu’ils-nous-ont-libérés-en-45 » n’ont pas un mot, pas une pensée de gratitude pour la nation qui a le plus contribué à vaincre l’hydre national-socialiste… et qui en a payé le prix le plus lourd. Ses élus sont traités en importuns, son président caricaturé avec une haine obsessionnelle, la liberté de mouvement et de commerce de ses citoyens, savants, universitaires et hommes d’affaires est suspendue au bon vouloir d’obscures commissions européennes dont les peuples qu’elles prétendent représenter ne connaissent pas le nom d’un seul membre, ni pourquoi il y siège plutôt qu’un autre larbin des multinationales.
Mais tout ceci n’est encore rien. C’est dans l’ordre des choses. 
 Tolst et  Dostoïevski
L’Occident et la Russie ne font que jouer les prolongations, à l’infini, du conflit Rome-Byzance en l’étendant aux continents voisins voire à l’espace interplanétaire. La vraie guerre des civilisations, la seule, est là. Barbare comme le sac de Constantinople (1), apocalyptique comme sa chute, ancienne et sournoise comme les schismes théologiques masquant de perfides prises de pouvoir. Tapie dans les replis du temps, mais prête à bondir et à mordre comme un piège à loups. C’est le seul piège, du reste, que l’empire occidental n’ait pas posé tout seul et qu’il ne puisse donc désamorcer. (Étant entendu que la menace islamique n’est que le produit des manœuvres coloniales anglo-saxonnes, de la cupidité pétrolière et de l’action de services d’État occupés à cultiver des épouvantails pour effrayer leurs propres sujets, puis à les abattre pour les convaincre de leur propre puissance et de leur nécessité.)

La menace russe, elle, est d’une autre nature

Voici une civilisation quasi-jumelle, ancrée sur ses terres, consciente d’elle-même et totalement ouverte aux trois océans, à l’Arctique comme à l’Himalaya, aux forêts de Finlande comme aux steppes de Mongolie. Voici des souverains qui — depuis la bataille de Kazan remportée par ce même Ivan qui nous sert de Père Fouettard — portent le titre de Khans tatars en même temps que d’Empereurs chrétiens siégeant dans l’ultime Rome, la troisième, Moscou, qui fleurit au moment où Byzance gémissait sous l’Ottoman et le pape sous la verge de ses mignons. 
Voici une terre aux horizons infinis, mais dont les contours sont gravés dans l’histoire du monde, inviolables bien que diffus. 
Voici des gens, enfin, et surtout, aussi divers qu’on peut l’imaginer, mêlant au sein d’un même peuple le poil blond des Vikings aux yeux obliques et aux peaux tannées de l’Asie. Ils n’ont pas attendu le coup de départ du métissage obligé, les Russes, ils l’ont dans leur sang, si bien assimilé qu’ils n’y pensent plus. Les obsédés de la race au crâne rasé qu’on exhibe sur les chaînes anglo-saxonnes ont la même fonction que les coucous suisses : des articles pour touristes.

Cela ressemble tellement à l’Europe

Et c’en est tellement loin ! Tellement loin que les infatigables arpenteurs des mers — génois, anglais, néerlandais, espagnols —, qui connaissent l’odeur de la fève de tonka et la variété des bois de Sumatra, ne savent rien de la composition d’un borchtch. Ni même de la manière dont on prononce le nom de cette soupe. Ce n’est pas qu’ils ne pourraient pas l’apprendre. C’est qu’ils n’en ont pas envie. Pas plus qu’ils ne veulent connaître, vraiment, l’esprit, les coutumes et la mentalité des immigrants exotiques qu’ils accueillent désormais par millions et qu’ils laissent s’agglutiner en ghettos parce qu’ils ne savent comment leur parler.
J’ai dû, moi, petit Serbe, apprendre deux langues et deux alphabets pour entamer ma vie d’immigré. J’en ai appris d’autres pour mieux connaître le monde où je vis. Je m’étonne sincèrement de voir que mes compatriotes suisses ne savent pas, pour la plupart, les deux autres grandes langues de leur pays. Comment connaître autrui si vous ne savez rien de la langue qu’il parle ? C’est le minimum de la courtoisie. Et cette courtoisie, désormais, se réduit de plus en plus à des rudiments d’anglais d’aéroport.
De même font les Russes, dont l’éducation intègre la culture ouest-européenne en sus de la leur propre. Où voit-on la réciproque, à l’ouest du Dniepr ? Depuis Pierre le Grand, ils se considéraient européens à part entière. Les artistes de la Renaissance et les penseurs des Lumières sont les leurs. Leontiev, le père Serge Boulgakov, Répine, Bounine, Prokofiev et Chestov sont-ils pour autant les nôtres ? Non, bien entendu. Parler français fut deux siècles durant la règle dans les bonnes maisons — et le reste encore parfois. Ils se sont intensément crus européens, mais l’Europe s’est acharnée à leur dissiper cette illusion. Quand les jeunes Russes vous chantent Brassens par cœur, vous leur répondez en évoquant « Tolstoïevsky ». 
L’Europe de Lisbonne à Vladivostok ! Imagine-t-on la puissance, la continuité, le rayonnement, les ressources d’un tel ensemble ? Non. On préfère definitely se mirer dans l’Atlantique. Un monde vieillissant et ses propres outlaws mal dégrossis s’étreignant désespérément par-dessus la mer vide et refusant de voir dans le monde extérieur autre chose qu’un miroir ou un butin. Leur derniers échanges chaleureux avec la Russie remontent à Gorbatchev. Normal : le cocu zélé avait entrepris de démonter son empire sans autre contrepartie qu’une paire de santiags au ranch de Reagan. Vingt ans plus tard, les soudards de l’OTAN occupaient toutes les terres, de Vienne à Lviv, qu’ils avaient juré de ne jamais toucher ! Au plus fort de la Gorbymania, Alexandre Zinoviev lançait son axiome que tous les Russes devraient apprendre au berceau : « Ils n’aimeront le tsar que tant qu’il détruira la Russie ! »
*
«Ah, vous les Slaves ! » — ouïs-je souvent dire — « Quel don pour les langues ! » Je me suis longtemps rengorgé, prenant le compliment pour argent comptant. Puis, ayant voyagé, j’ai fini par comprendre. Ce n’est pas « nous les Slaves » qui avons de l’aisance pour les langues : c’est vous, les « Européens » qui n’en avez pas. Qui n’en avez pas besoin, estimant depuis des siècles que votre package linguistique (anglais, français, allemand, espagnol) gouverne le monde. Pourquoi s’escrimer à parler bantou ? Votre langue, étendard de votre civilisation, vous suffit amplement, puisqu’au-delà de votre civilisation, c’est le limes (comme au temps de César), et qu’au-delà du limes, mon Dieu… Ce sont les terres des Scythes, des Sarmates, des Marcheurs Blancs, bref de la barbarie. Voire, carrément, le bord du monde où les navires dévalent dans l’abîme infini.

Voilà pourquoi le russe, pour vous, c’est du chinois. Et le chinois de l’arabe, et l’arabe de l’ennemi. 

Vous n’avez plus même, dans votre nombrilisme, les outils cognitifs pour saisir ce que les autres — qui soudain commencent à compter — pensent et disent, réellement, de vous. Ah ! Frémiriez-vous, si vous pigiez l’arabe des prédicateurs de banlieue ! Ah ! Railleriez-vous si vous entraviez des miettes de ce que les serveurs chinois du XIIIe dégoisent sur vous. Ah ! Ririez-vous s’il vous était donné de saisir la finesse de l’humour noir des Russes, plutôt que de vous persuader à chacun de leurs haussements de sourcil que leurs chenilles sont au bord de votre gazon.
Mais vous ne riez pas. Vous ne riez plus jamais. Même vos vaudevilles présidentiels sont désormais commentés avec des mines de fesse-mathieu. Vous êtes graves comme des chats qui caquent dans votre quiétude de couvre-feu, alors qu’eux, là-bas, rient, pleurent et festoient dans leurs appartements miniatures, leur métro somptueux, sur leur banquise, dans leurs isbas et jusque sous les pluies d’obus.
Tout ceci n’est rien, disais-je, parlant du malentendu historique qui nous oppose. La partie grave, elle arrive maintenant. Vous ne leur en voulez pas pour trois bouts d’Ukraine dont vous ignoriez jusqu’à l’existence.

Vous leur en voulez d’être ce qu’ils sont, et de ne pas en démordre !  

Vous leur en voulez de leur respect de la tradition, de la famille, des icônes et de l’héroïsme — bref, de toutes les valeurs qu’on vous a dressés à vomir. Vous leur en voulez de ne pas organiser pour l’amour de l’Autre la haine du Soi. Vous les enviez d’avoir résolu le dilemme qui vous mine et qui vous transforme en hypocrites congénitaux :
 Jusqu’à quand défendrons-nous des couleurs qui ne sont pas les nôtres ?
Vous leur en voulez de tout ce que vous avez manqué d’être !
Ce qui impressionne le plus, c’est la quantité d’ignorance et de bêtise qu’il vous faut déployer désormais pour entretenir votre guignolerie du ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation. Car tout la dément : et les excellentes relations de la Russie avec les nations qui comptent et se tiennent debout (BRICS), et le dynamisme réel de ce peuple, et l’habileté de ses stratèges, et la culture générale du premier Russe venu, par opposition à l’inculture spécialisée du « chercheur » universitaire parisien qui prétend nous expliquer son obscurantisme et son arriération. C’est que ce ramassis de brutes croit encore à l’instruction et au savoir quand l’école européenne produit de l’ignorance socialisée ; croit encore en ses institutions quand celles de l’UE prêtent à rire ; croit encore en son destin quand les vieilles nations d’Europe confient le leur au cours de la Bourse et aux banquiers de Wall Street.

Du coup, la propagande a tout envahi, jusqu’à l’air qu’on respire.

Le gouvernement d’Obama prend des sanctions contre le régime de Poutine : tout est dit ! 
- D’un côté, Guantanamo, les assassinats par drones aux quatre coins du monde, la suspension des droits élémentaires et le permis de tuer sans procès ses propres citoyens — et, surtout, vingt-cinq ans de guerres coloniales calamiteuses, sales et ratées qui ont fait du Moyen-Orient, de la Bosnie à Kandahar, un enfer sur terre. 
- De l’autre, une puissance qui essaie, pas à pas, de faire le ménage à ses propres frontières, celles justement dont on s’était engagé à ne jamais s’approcher. Votre gouvernement contre leur régime
Savez-vous de quoi vous vous privez en vous coupant ainsi, deux fois par siècle, de la Russie ? 
- Du refuge ultime des vos dissidents, en premier lieu du témoin capital Snowden. 
- Des sources d’une part considérable de votre science, de votre art, de votre musique, et même, ces jours-ci, du dernier transporteur capable d’emmener vos gens dans l’espace.
Mais qu’importe, puisque vous avez soumis votre science, votre art, votre musique et votre quête spatiale à la loi suicidaire du rendement et de la spéculation. Et qu’être traqués et épiés à chaque pas, comme Snowden vous l’a prouvé, ne vous dérange au fond pas plus que ça. A quoi bon implanter une puce GPS à des chiens déjà solidement tenus en laisse ? Quant à la dissidence… Elle n’est bonne que pour saper la Russie. Tout est bon pour saper la Russie. Y compris les nazis enragés de Kiev que vous soutenez sans gêne et n’hésitez pas à houspiller contre leurs propres concitoyens. Quelle que soit l’issue, cela fera toujours quelques milliers de Slaves en moins…
Que vous a-t-il donc fait, ce pays, pour que vous en arriviez à pousser contre lui les forces les plus sanguinaires enfantées par la malice humaine : les nazis et les djihadistes ? 
Comment pouvez-vous vouloir contourner un peuple étendu sur onze fuseaux horaires ? Destituer de l’extérieur un chef d’État plus populaire que tous vos polichinelles réunis ? Êtes-vous déments ? Ou la Terre est-elle trop petite, à vos yeux, pour que l’« Occident » puisse y cohabiter avec un État russe ?
C’est peut-être cela, tout compte fait.  
La Russie est l’avant-poste, aujourd’hui, d’un monde nouveau, de la première décolonisation véritable. Celle des idées, des échanges, des monnaies, des mentalités. 
A moins que vous, atlantistes et eurocrates, ne parveniez à entraîner la nappe dans votre chute en provoquant une guerre atomique, le banquet de demain sera multipolaire. Vous n’y aurez que la place qui vous revient. Ce sera une première dans votre histoire : mieux vaut vous y préparer.
Source : Slobodan Despot, 11/9/2014, Despotica
Slobodan Despot est directeur des éditions suisses Xenia

COMMENTIRES D'Hannibal GENSERIC

(1) Le sac de Constantinople par les Croisés Francs : l'or de Byzance
Une prostituée, assise en posture triomphante, pousse des cris obscènes sur le trône patriarcal d'Hagia Sophia, Sainte-Sophie, coeur religieux de Byzance. D'autres filles de joie reçoivent l'hommage des croisés francs en train de briser la grande iconostase. A l'intérieur du sanctuaire, pour assouvir leur soif de butin, les profanateurs hissent leurs mules, qu'ils chargent de reliques d'or. Ce 13 avril 1204, les flammes s'élèvent déjà sur une bonne moitié de la ville sainte. Andrea Dandolo, le doge de Venise presque aveugle depuis une rixe lointaine avec des Byzantins, et les princes de la quatrième croisade - Baudouin, comte de Flandre, Boniface, marquis de Montferrat, Louis, comte de Blois - viennent de prendre possession du palais. Hommage aux vainqueurs : ils donnent trois jours aux soldats pour piller Constantinople.
Une ivresse d'or et de sang leur monte alors à la tête. Au son des trompettes, derrière une litanie de prêtres en ornements, les croisés se ruent dans la ville sainte des Grecs, tuent tout sur leur passage, massacrent les nouveau-nés, outragent des femmes, rouent de coups de vieux moines. Aucune église n'est épargnée. Ils brisent les icônes et répandent par terre "le corps et le sang du Sauveur". Témoin des atrocités, Jean Masaritès, métropolite d'Ephèse, raconte qu'"ils versent du sang sur les saintes tables et, à la place de l'Agneau de Dieu sacrifié, traînent des gens comme des moutons pour leur trancher la tête". Si fière de sa culture, Byzance voit s'envoler en fumée des tonnes de manuscrits de l'Antiquité. Car les croisés dépouillent aussi les bibliothèques, les palais et hôtels particuliers, les places et édifices publics de trésors que neuf siècles d'histoire ont entassés. ...
Les clercs de l'expédition ne sont pas les derniers à participer à la curée. Jamais ils n'avaient osé rêver à pareille manne. Les collections de reliques de Byzance sont les plus belles de l'histoire de la chrétienté. Martin de Pairis, abbé cistercien, et Pierre de Capoue, cardinal et légat du pape, puisent à pleines mains dans des chefs-d'oeuvre qui finiront dans les églises de France.
"Le sac de Constantinople, écrira Steven Runciman, auteur moderne d'une magistrale Histoire des croisades, est l'un des événements les plus révoltants de l'histoire." 
Pour les Grecs, les Latins sont des brutes sans culture. L'Occident n'a-t-il pas été submergé par les barbares dès le Ve siècle, alors que Constantinople résistait et continuait l'Empire romain, que ses écoles et sa culture prolongeaient celles de l'Antiquité. Byzance a toujours été soucieuse de la culture de ses laïcs et de ses fonctionnaires impériaux, tous lettrés. 
De leur côté, les Latins se méfient de la subtilité des Grecs qu'ils prennent pour de la perfidie.  Leur conception autoritaire et pyramidale du pouvoir se heurte à la collégialité qui prévaut dans la chrétienté grecque.
Faudra-t-il s'étonner d'entendre les chrétiens grecs, bulgares, serbes, libanais ou syriens - qui seront soumis pendant cinq siècles au joug ottoman - dire qu'ils ont toujours préféré le "turban turc" au "chapeau latin" ?

(2) Le mot russe « rodina » est intraduisible. Il évoque à la fois la terre natale, la Patrie.
Mais les Russes eux, accordent au mot « rodina » une charge symbolique encore plus forte et évocatrice. Car il s'agit bien de l'amour inconditionnel que le peuple russe voue à son pays. C'est ce qui dépasse, ce qui étonne, ce qui surprend, ce qui agace et rend furieux les Occidentaux, les Atlantistes de préférence, qui n'ont rien compris à « l'âme russe », qui est loin d'être une simple vue de l'esprit. Aveuglés qu'ils sont par la propagande acharnée anti-russe caricaturale à l'extrême.
Dans les années soixante, le journaliste américain Hedrick Smith, en reportage pour le New York Times, a parcouru en long, en large, la Russie soviétique. Il fut littéralement « ébranlé » par ce qu'il avait découvert de la mentalité russe, au cours de ses reportages, et particulièrement cet attachement viscéral et sans bornes, que voue à la patrie, chaque Russe.
Aussi écrivait-il « Les Russes sont peut-être les patriotes les plus passionnés du monde »... « Un amour tenace et profond... la force unificatrice ».
Après la chute du mur de Berlin et la tentative de l'Occident de dépiauter l'Ex URSS, les dirigeants américains se sont illusionnés de leur capacité à soumettre définitivement la Russie comme ils avaient pu la faire avec une Europe vassalisée. Même s'ils se sont essayés au petit jeu des marchés avec les oligarques corrompus et avec Boris Eltsine miné par l'alcool, et la « cinquième colonne Atlantiste » au cœur même du Kremlin, ils ont essuyé un retentissant échec avec la venue de Poutine.
Léonid Brejnev, en 1972 déclarait : « Nous ne bâtissons pas une nation d'oisifs où les rivières ruissellent de lait et de miel, mais la société la plus organisée et la plus industrieuse de l'histoire humaine. Et le peuple formant cette société sera le plus industrieux, le plus organisé, le plus politiquement conscient de l'Histoire ».
C'est cela qu'il faut retenir, à l'aube du troisième millénaire : le peuple russe parfaitement derrière Poutine, parfaitement conscient de la pérennité de la Russie, prêt à se lever. Un peuple conscient de son Histoire passée, présente et à venir dans ses débordements fusionnels avec la "Grande Russie".