Les Européens de l’Ouest ne veulent rien savoir de la Russie.
L’Occident et la Russie ne font que jouer les prolongations, à l’infini,
du conflit Rome-Byzance en l’étendant aux continents voisins voire à
l’espace interplanétaire. La vraie guerre des civilisations, la seule,
est là. Barbare comme le sac de Constantinople (1), apocalyptique comme sa
chute, ancienne et sournoise comme les schismes théologiques masquant de
perfides prises de pouvoir. Tapie dans les replis du temps, mais prête à
bondir et à mordre comme un piège à loups. C’est le seul piège, du
reste, que l’empire occidental n’ait pas posé tout seul et qu’il ne
puisse donc désamorcer. (Étant entendu que la menace islamique n’est que
le produit des manœuvres coloniales anglo-saxonnes, de la cupidité
pétrolière et de l’action de services d’État occupés à cultiver des
épouvantails pour effrayer leurs propres sujets, puis à les abattre pour
les convaincre de leur propre puissance et de leur nécessité.)
Cette nation qui a donné Pouchkine et Guerre et Paix, Nijinsky et le Lac des Cygnes,
qui a l’une des plus riches traditions picturales au monde, qui a
classé les éléments de la nature, envoyé le premier homme dans l’espace
(et le dernier à ce jour), qui a produit des pelletées de génies du
cinéma, de la poésie, de l’architecture, de la théologie, des sciences,
qui a vaincu Napoléon et Hitler, qui édite les meilleurs manuels de
physique, de mathématiques et de chimie, qui a su trouver un modus vivendi
séculaire et pacifique, sur fond de respect et de compréhension
mutuelle, avec ses Tatars et ses indénombrables musulmans, khazars,
bouddhistes, Tchouktches, Bouriates et Toungouzes, qui a bâti la plus
longue voie de chemin de fer au monde et l’utilise encore (à la
différence des USA où les rails légendaires finissent en rouille), qui a
minutieusement exploré et cartographié les terres, usages, ethnies et
langues de l’espace eurasien, qui construit des avions de combat
redoutables et des sous-marins géants, qui a reconstitué une classe
moyenne en moins de quinze ans après la tiers-mondisation
gorbatcho-eltsinienne, cette immense nation, donc, qui gouverne le
sixième des terres émergées, est soudain traitée, du jour au lendemain,
comme un ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur
dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la «
vraie » civilisation !
L’Occident ressort la même guignolerie haineuse à chaque crise,
depuis Ivan le Terrible à « Putler »-Poutine, en passant par le tsar
Paul, la guerre de Crimée, le pauvre et tragique Nicolas II, et même
l’URSS où tout succès était dit « soviétique » et tout échec dénigré
comme « russe ».
Des nations serviles qui accordent aux Américains un crédit
illimité de forfaiture et de brigandage «
parce-qu’ils-nous-ont-libérés-en-45 » n’ont pas un mot, pas une pensée
de gratitude pour la nation qui a le plus contribué à vaincre l’hydre
national-socialiste… et qui en a payé le prix le plus lourd. Ses élus
sont traités en importuns, son président caricaturé avec une haine
obsessionnelle, la liberté de mouvement et de commerce de ses citoyens,
savants, universitaires et hommes d’affaires est suspendue au bon
vouloir d’obscures commissions européennes dont les peuples qu’elles
prétendent représenter ne connaissent pas le nom d’un seul membre, ni
pourquoi il y siège plutôt qu’un autre larbin des multinationales.
Mais tout ceci n’est encore rien. C’est dans l’ordre des choses.
Tolstoï et Dostoïevski |
La menace russe, elle, est d’une autre nature
Voici une
civilisation quasi-jumelle, ancrée sur ses terres, consciente
d’elle-même et totalement ouverte aux trois océans, à l’Arctique comme à
l’Himalaya, aux forêts de Finlande comme aux steppes de Mongolie. Voici
des souverains qui — depuis la bataille de Kazan remportée par ce même
Ivan qui nous sert de Père Fouettard — portent le titre de Khans tatars
en même temps que d’Empereurs chrétiens siégeant dans l’ultime Rome, la
troisième, Moscou, qui fleurit au moment où Byzance gémissait sous
l’Ottoman et le pape sous la verge de ses mignons.
Voici une terre aux
horizons infinis, mais dont les contours sont gravés dans l’histoire du
monde, inviolables bien que diffus.
Voici des gens, enfin, et surtout,
aussi divers qu’on peut l’imaginer, mêlant au sein d’un même peuple le
poil blond des Vikings aux yeux obliques et aux peaux tannées de l’Asie.
Ils n’ont pas attendu le coup de départ du métissage obligé, les
Russes, ils l’ont dans leur sang, si bien assimilé qu’ils n’y pensent
plus. Les obsédés de la race au crâne rasé qu’on exhibe sur les chaînes
anglo-saxonnes ont la même fonction que les coucous suisses : des
articles pour touristes.
Cela ressemble tellement à l’Europe
Et c’en est tellement loin !
Tellement loin que les infatigables arpenteurs des mers — génois,
anglais, néerlandais, espagnols —, qui connaissent l’odeur de la fève de
tonka et la variété des bois de Sumatra, ne savent rien de la
composition d’un borchtch. Ni même de la manière dont on prononce le nom
de cette soupe. Ce n’est pas qu’ils ne pourraient pas l’apprendre.
C’est qu’ils n’en ont pas envie. Pas plus qu’ils ne veulent connaître, vraiment,
l’esprit, les coutumes et la mentalité des immigrants exotiques qu’ils
accueillent désormais par millions et qu’ils laissent s’agglutiner en
ghettos parce qu’ils ne savent comment leur parler.
J’ai dû, moi, petit Serbe, apprendre deux langues et deux alphabets
pour entamer ma vie d’immigré. J’en ai appris d’autres pour mieux
connaître le monde où je vis. Je m’étonne sincèrement de voir que mes
compatriotes suisses ne savent pas, pour la plupart, les deux autres
grandes langues de leur pays. Comment connaître autrui si vous ne savez
rien de la langue qu’il parle ? C’est le minimum de la courtoisie. Et
cette courtoisie, désormais, se réduit de plus en plus à des rudiments
d’anglais d’aéroport.
De même font les Russes, dont l’éducation intègre la culture ouest-européenne en sus
de la leur propre. Où voit-on la réciproque, à l’ouest du Dniepr ?
Depuis Pierre le Grand, ils se considéraient européens à part entière.
Les artistes de la Renaissance et les penseurs des Lumières sont les leurs. Leontiev, le père Serge Boulgakov, Répine, Bounine, Prokofiev et Chestov sont-ils pour autant les nôtres
? Non, bien entendu. Parler français fut deux siècles durant la règle
dans les bonnes maisons — et le reste encore parfois. Ils se sont
intensément crus européens, mais l’Europe s’est acharnée à leur dissiper
cette illusion. Quand les jeunes Russes vous chantent Brassens par
cœur, vous leur répondez en évoquant « Tolstoïevsky ».
L’Europe de Lisbonne à Vladivostok ! Imagine-t-on la puissance, la
continuité, le rayonnement, les ressources d’un tel ensemble ? Non. On
préfère definitely se mirer dans l’Atlantique. Un monde vieillissant et ses propres outlaws
mal dégrossis s’étreignant désespérément par-dessus la mer vide et
refusant de voir dans le monde extérieur autre chose qu’un miroir ou un
butin. Leur derniers échanges chaleureux avec la Russie remontent à
Gorbatchev. Normal : le cocu zélé avait entrepris de démonter son empire
sans autre contrepartie qu’une paire de santiags au ranch de Reagan.
Vingt ans plus tard, les soudards de l’OTAN occupaient toutes les
terres, de Vienne à Lviv, qu’ils avaient juré de ne jamais toucher ! Au
plus fort de la Gorbymania, Alexandre Zinoviev lançait son
axiome que tous les Russes devraient apprendre au berceau : « Ils
n’aimeront le tsar que tant qu’il détruira la Russie ! »
*
«Ah, vous les Slaves ! » — ouïs-je souvent dire — « Quel don pour
les langues ! » Je me suis longtemps rengorgé, prenant le compliment
pour argent comptant. Puis, ayant voyagé, j’ai fini par comprendre. Ce
n’est pas « nous les Slaves » qui avons de l’aisance pour les langues :
c’est vous, les « Européens » qui n’en avez pas. Qui n’en avez pas
besoin, estimant depuis des siècles que votre package
linguistique (anglais, français, allemand, espagnol) gouverne le monde.
Pourquoi s’escrimer à parler bantou ? Votre langue, étendard de votre
civilisation, vous suffit amplement, puisqu’au-delà de votre
civilisation, c’est le limes (comme au temps de César), et qu’au-delà du limes,
mon Dieu… Ce sont les terres des Scythes, des Sarmates, des Marcheurs
Blancs, bref de la barbarie. Voire, carrément, le bord du monde où les
navires dévalent dans l’abîme infini.
Voilà pourquoi le russe, pour vous, c’est du chinois. Et le chinois de l’arabe, et l’arabe de l’ennemi.
Vous n’avez plus même, dans votre
nombrilisme, les outils cognitifs pour saisir ce que les autres — qui soudain commencent à compter — pensent et disent, réellement,
de vous. Ah ! Frémiriez-vous, si vous pigiez l’arabe des prédicateurs
de banlieue ! Ah ! Railleriez-vous si vous entraviez des miettes de ce
que les serveurs chinois du XIIIe dégoisent sur vous. Ah ! Ririez-vous
s’il vous était donné de saisir la finesse de l’humour noir des Russes,
plutôt que de vous persuader à chacun de leurs haussements de sourcil
que leurs chenilles sont au bord de votre gazon.
Mais vous ne riez pas. Vous ne riez plus jamais. Même vos
vaudevilles présidentiels sont désormais commentés avec des mines de
fesse-mathieu. Vous êtes graves comme des chats qui caquent dans votre
quiétude de couvre-feu, alors qu’eux, là-bas, rient, pleurent et
festoient dans leurs appartements miniatures, leur métro somptueux, sur
leur banquise, dans leurs isbas et jusque sous les pluies d’obus.
Tout ceci n’est rien, disais-je, parlant du malentendu historique
qui nous oppose. La partie grave, elle arrive maintenant. Vous ne leur
en voulez pas pour trois bouts d’Ukraine dont vous ignoriez jusqu’à
l’existence.
Vous leur en voulez d’être ce qu’ils sont, et de ne pas en démordre !
Vous leur en voulez de leur respect de la tradition, de la
famille, des icônes et de l’héroïsme — bref, de toutes les valeurs qu’on
vous a dressés à vomir. Vous leur en voulez de ne pas organiser pour
l’amour de l’Autre la haine du Soi. Vous les enviez d’avoir résolu le
dilemme qui vous mine et qui vous transforme en hypocrites congénitaux :
Jusqu’à quand défendrons-nous des couleurs qui ne sont pas les nôtres ?
Vous leur en voulez de tout ce que vous avez manqué d’être !
Ce qui impressionne le plus, c’est la quantité d’ignorance et de
bêtise qu’il vous faut déployer désormais pour entretenir votre
guignolerie du ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de
leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la «
vraie » civilisation. Car tout la dément : et les excellentes
relations de la Russie avec les nations qui comptent et se tiennent
debout (BRICS), et le dynamisme réel de ce peuple, et l’habileté de ses
stratèges, et la culture générale du premier Russe venu, par opposition à
l’inculture spécialisée du « chercheur » universitaire parisien qui
prétend nous expliquer son obscurantisme et son arriération. C’est que
ce ramassis de brutes croit encore à l’instruction et au savoir
quand l’école européenne produit de l’ignorance socialisée ; croit
encore en ses institutions quand celles de l’UE prêtent à rire ; croit
encore en son destin quand les vieilles nations d’Europe confient le
leur au cours de la Bourse et aux banquiers de Wall Street.
Du coup, la propagande a tout envahi, jusqu’à l’air qu’on respire.
Le gouvernement d’Obama prend des sanctions contre le régime
de Poutine : tout est dit !
- D’un côté, Guantanamo, les assassinats par
drones aux quatre coins du monde, la suspension des droits élémentaires
et le permis de tuer sans procès ses propres citoyens — et, surtout,
vingt-cinq ans de guerres coloniales calamiteuses, sales et ratées qui
ont fait du Moyen-Orient, de la Bosnie à Kandahar, un enfer sur terre.
- De l’autre, une puissance qui essaie, pas à pas, de faire le ménage à ses
propres frontières, celles justement dont on s’était engagé à ne jamais
s’approcher. Votre gouvernement contre leur régime…
Savez-vous de quoi vous vous privez en vous coupant ainsi, deux
fois par siècle, de la Russie ?
- Du refuge ultime des vos dissidents, en
premier lieu du témoin capital Snowden.
- Des sources d’une part
considérable de votre science, de votre art, de votre musique, et même,
ces jours-ci, du dernier transporteur capable d’emmener vos gens dans
l’espace.
Mais qu’importe, puisque vous avez soumis votre science, votre
art, votre musique et votre quête spatiale à la loi suicidaire du
rendement et de la spéculation. Et qu’être traqués et épiés à chaque
pas, comme Snowden vous l’a prouvé, ne vous dérange au fond pas plus que
ça. A quoi bon implanter une puce GPS à des chiens déjà solidement
tenus en laisse ? Quant à la dissidence… Elle n’est bonne que pour saper
la Russie. Tout est bon pour saper la Russie. Y compris les nazis
enragés de Kiev que vous soutenez sans gêne et n’hésitez pas à
houspiller contre leurs propres concitoyens. Quelle que soit l’issue, cela fera toujours quelques milliers de Slaves en moins…
Que vous a-t-il donc fait, ce pays, pour que vous en arriviez à
pousser contre lui les forces les plus sanguinaires enfantées par la
malice humaine : les nazis et les djihadistes ?
Comment pouvez-vous
vouloir contourner un peuple étendu sur onze fuseaux horaires ?
Destituer de l’extérieur un chef d’État plus populaire que tous vos
polichinelles réunis ? Êtes-vous déments ? Ou la Terre est-elle trop
petite, à vos yeux, pour que l’« Occident » puisse y cohabiter avec un
État russe ?
La Russie est
l’avant-poste, aujourd’hui, d’un monde nouveau, de la première
décolonisation véritable. Celle des idées, des échanges, des monnaies,
des mentalités.
A moins que vous, atlantistes et eurocrates, ne
parveniez à entraîner la nappe dans votre chute en provoquant une guerre
atomique, le banquet de demain sera multipolaire. Vous n’y aurez que la
place qui vous revient. Ce sera une première dans votre histoire :
mieux vaut vous y préparer.
Source : Slobodan Despot, 11/9/2014, Despotica
Slobodan Despot est directeur des éditions suisses Xenia
COMMENTIRES D'Hannibal GENSERIC
(1) Le sac de Constantinople par les Croisés Francs : l'or de Byzance
Une prostituée, assise en posture triomphante, pousse des cris obscènes sur
le trône patriarcal d'Hagia Sophia, Sainte-Sophie, coeur religieux
de Byzance. D'autres filles de joie reçoivent l'hommage des croisés francs en
train de briser
la grande iconostase. A l'intérieur du sanctuaire, pour assouvir
leur soif de butin, les profanateurs hissent leurs mules, qu'ils chargent de
reliques d'or. Ce 13 avril 1204, les flammes s'élèvent déjà
sur une bonne moitié de la ville sainte. Andrea Dandolo, le doge de Venise
presque aveugle depuis une rixe lointaine avec des Byzantins, et les princes de
la quatrième croisade - Baudouin, comte de Flandre, Boniface, marquis de
Montferrat, Louis, comte de Blois - viennent de prendre
possession du palais. Hommage aux vainqueurs : ils donnent trois jours aux
soldats pour piller
Constantinople.
Une ivresse
d'or et de sang leur monte alors à la tête. Au son des trompettes, derrière une
litanie de prêtres en ornements, les croisés se ruent dans la ville sainte des
Grecs, tuent tout sur leur passage, massacrent les nouveau-nés, outragent des
femmes, rouent de coups de vieux moines. Aucune église n'est épargnée. Ils
brisent les icônes et répandent par terre "le corps et le sang du
Sauveur". Témoin des atrocités, Jean Masaritès, métropolite d'Ephèse,
raconte qu'"ils versent du sang sur les saintes tables et, à la place
de l'Agneau de Dieu sacrifié, traînent des gens comme des moutons pour leur trancher
la tête". Si fière de sa culture,
Byzance voit s'envoler
en fumée des tonnes de manuscrits de l'Antiquité. Car les croisés dépouillent
aussi les bibliothèques, les palais et hôtels particuliers, les places et
édifices publics de trésors que neuf siècles d'histoire ont entassés. ...
Les clercs de l'expédition
ne sont pas les derniers à participer à la curée. Jamais ils n'avaient osé rêver
à pareille manne. Les collections de reliques de Byzance sont les plus belles
de l'histoire de la chrétienté. Martin de Pairis, abbé cistercien, et Pierre de
Capoue, cardinal et légat du pape,
puisent à pleines mains dans des chefs-d'oeuvre qui finiront dans les églises
de France.
"Le sac
de Constantinople, écrira Steven Runciman, auteur moderne d'une magistrale Histoire des
croisades, est l'un des événements les plus révoltants de
l'histoire."
Pour les
Grecs, les Latins sont des brutes sans culture. L'Occident n'a-t-il pas été
submergé par les barbares dès le Ve siècle, alors que Constantinople résistait
et continuait l'Empire romain, que ses écoles et sa culture prolongeaient
celles de l'Antiquité. Byzance a toujours été soucieuse de la culture de ses
laïcs et de ses fonctionnaires impériaux, tous lettrés.
De leur côté,
les Latins se méfient de la subtilité des Grecs qu'ils prennent pour de la
perfidie. Leur conception autoritaire et
pyramidale du pouvoir
se heurte à la collégialité qui prévaut dans la chrétienté grecque.
Faudra-t-il s'étonner
d'entendre
les chrétiens grecs, bulgares, serbes, libanais ou syriens - qui seront soumis
pendant cinq siècles au joug ottoman - dire
qu'ils ont toujours préféré le "turban turc" au "chapeau
latin" ?
(2) Le mot russe « rodina » est intraduisible. Il évoque à la fois la terre natale, la Patrie.
Mais les Russes eux, accordent au mot « rodina » une charge
symbolique encore plus forte et évocatrice. Car il s'agit bien de
l'amour inconditionnel que le peuple russe voue à son pays. C'est ce qui dépasse, ce qui étonne, ce qui surprend, ce qui agace et rend
furieux les Occidentaux, les Atlantistes de préférence, qui n'ont rien
compris à « l'âme russe », qui est loin d'être une simple vue de l'esprit.
Aveuglés qu'ils sont par la propagande acharnée anti-russe caricaturale à
l'extrême.
Dans les années soixante, le journaliste américain Hedrick Smith, en
reportage pour le New York Times, a parcouru en long, en large, la
Russie soviétique. Il fut littéralement « ébranlé » par ce qu'il avait découvert de la
mentalité russe, au cours de ses reportages, et particulièrement cet
attachement viscéral et sans bornes, que voue à la patrie, chaque Russe.
Aussi écrivait-il « Les Russes sont peut-être les patriotes les plus
passionnés du monde »... « Un amour tenace et profond... la force
unificatrice ».
Après la chute du mur de Berlin et la tentative de l'Occident de
dépiauter l'Ex URSS, les dirigeants américains se sont illusionnés de
leur capacité à soumettre définitivement la Russie comme ils avaient pu
la faire avec une Europe vassalisée. Même s'ils se sont essayés au petit
jeu des marchés avec les oligarques corrompus et avec Boris Eltsine miné
par l'alcool, et la « cinquième colonne Atlantiste » au cœur même du
Kremlin, ils ont essuyé un retentissant échec avec la venue de Poutine.
Léonid Brejnev, en 1972 déclarait : « Nous ne bâtissons pas une
nation d'oisifs où les rivières ruissellent de lait et de miel, mais la
société la plus organisée et la plus industrieuse de l'histoire humaine.
Et le peuple formant cette société sera le plus industrieux, le plus
organisé, le plus politiquement conscient de l'Histoire ».
C'est cela qu'il faut retenir, à l'aube du troisième millénaire : le
peuple russe parfaitement derrière Poutine, parfaitement conscient de la
pérennité de la Russie, prêt à se lever. Un peuple conscient de son
Histoire passée, présente et à venir dans ses débordements fusionnels
avec la "Grande Russie".