Les
organisations juives conservatrices et républicaines menacent de mener
des campagnes diffamatoires à l’encontre des démocrates qui
n’assisteront pas au discours du Premier ministre israélien, Benjamin
Netanyahou, lors de la session conjointe au Congrès des États-Unis le
mois prochain. Le fait-même de mentionner la possibilité de ne pas y
assister revient, selon eux, à négliger honteusement les relations entre
les États-Unis et Israël.
Joe Biden
n’est semble-t-il pas inquiet. Le porte-parole du vice-président a
déclaré vendredi dernier que Biden ne serait pas présent le 3 mars
prochain à cause d’un voyage prévu à l’étranger.
La
colère concernant ce discours, qui contraint selon les démocrates à
choisir entre sa loyauté envers Israël et celle envers leur parti,
reflète une transformation lente. Bien que l’énorme majorité de
l’électorat juif des États-Unis vote pour les démocrates, les juifs
républicains ont vu leur nombre augmenter et ont glané davantage
d’influence. C’est une tendance que les politiciens conservateurs
israéliens, emmenés par Netanyahou, tentent d’instrumentaliser à leur
avantage, et qu’une petite partie de richissimes juifs américains de
droite semblent disposés à exploiter.
Le
conflit naît d’un accord entre le président de la Chambre, John
Boehner, et l’ambassadeur israélien, Ron Dermer, qui prévoit que
Netanyahou effectuera un discours au congrès afin d’aborder ce qu’il
considère comme un danger : le rapprochement entre les États-Unis et
l’Iran. L’administration Obama, qui est en pleine négociation avec la
République islamique afin de fixer le cadre du programme nucléaire
iranien, considère ce discours comme une tentative de rendre plus
difficile la tâche des législateurs étasuniens qui soutiennent cette
initiative diplomatique, en faisant la paraître comme une menace directe
contre Israël. Netanyahou affirme ne pas avoir confiance en l’Iran,
quel que soit l’accord obtenu, et pense que les diplomates étasuniens
font preuve de naïveté. Les démocrates, eux, considèrent qu’un accord
supervisé qui éliminerait les têtes nucléaires de l’Iran sont bénéfiques
pour la sécurité d’Israël.
Le fait
que ni Boehner ni Dermer n’aient abordé ce discours avec la Maison
Blanche au préalable et qu’il se produise deux semaines avant les
élections israéliennes est perçu par l’administration Obama et les hauts
responsables du camp démocrate comme particulièrement manipulateur. Une
vidéo de Netanyahou applaudie par le congrès étasunien et se fendant de
déclarations contre l’Iran ne peut qu’améliorer son image juste avant
que les électeurs se rendent aux urnes pour réélire le parti du Likoud,
selon eux.
Les deux camps accusent
l’autre d’avoir une attitude partisane excessive. Les démocrates
affirment que Boehner a politisé le discours en invitant Netanyahou sans
en avertir la Maison Blanche. Les républicains affirment quant à eux
que les démocrates ont empiré les choses en menaçant de ne pas y
assister pour soutenir un allié-clé, uniquement pour rendre la monnaie
de sa pièce à Boehner.
Dans les deux
cas, la plupart des observateurs des relations américano-israéliennes
déclarent que Netanyahou et son équipe de campagne semblent avoir mal
compris la politique de Washington, ou encore plus mal comprise qu’en
2012, lorsque Netanyahou appelait presque ouvertement et sans fausse
subtilité à voter pour Mitt Romney lors de l’élection présidentielle.
Dans les coulisses, les diplomates et démocrates du congrès évoquaient
de manière sarcastique la déclaration du gouvernement israélien, qui
affirmait avoir été pris au dépourvu par une situation devenue si
partisane. Les leaders démocrates tentent d’encourager Netanyahou à
reconsidérer sa décision de faire un discours, ou à l’annuler purement
et simplement.
Mais en l’état actuel
des choses, le discours devrait plus que probablement avoir lieu, et la
coalition juive républicaine y assistera.
C’est, je crois, une visite cruciale du Premier ministre. Si les démocrates préfèrent faire passer leur politique partisane avant leurs principes, et sortir lorsque le Premier ministre israélien fera son entrée, alors nous avons l’obligation de rendre publique toutes ces choses.
Brooks
n’a pas spécifié quelles méthodes seraient employées dans cette
campagne diffamatoire, mais il a promis que son groupe politique ferait
son possible. Et puisqu’il est soutenu en partie par le milliardaire
Sheldon Adelson, qui a chapeauté les initiatives visant à connecter les
politiciens républicains aux soutiens d’Israël, il s’agit tout du moins
d’une menace implicite d’utiliser ses fonds afin d’attirer l’attention,
dans tous les quartiers et États d’où proviennent les membres de la
Chambre qui n’assisteront pas au discours de Netanyahou au Congrès le 3
mars prochain, sur la désertion de ces derniers. Les assistants
d’Adelson n’ont pas souhaité faire de commentaires.
Nous ferons tout ce qui est nécessaire afin de nous assurer que les gens soient au courant de ces faits, et qu’étant donné le choix de soutenir Israël et son Premier ministre Netanyahou contre le nucléaire iranien, ils ont choisi leurs intérêts partisans et d’être aux côtés du président Obama.
Les autres groupes politiques envoient des messages similaires :
Bien évidemment, nous condamnerons publiquement tous les démocrates qui n’assisteront pas à ce discours, sauf s’ils ont un certificat du médecin. C’est une position véritablement anti-américaine et antipatriotique.
L’AIPAC, le plus grand lobby
pro-Israël des États-Unis et officiellement non partisan (mais souvent
décrit comme de droite), encourage les membres du Congrès à assister au
discours. Mais le groupe ne s’est pas encore exprimé concernant cette
controverse.
Un porte-parole de
l’AIPAC a refusé de commenter les dispositions vis-à-vis de ce discours.
Netanyahou devrait également prononcer un discours distinct à la
conférence annuelle de l’AIPAC, à Washington, au cours de ce même
voyage.
« Le Congrès peut
tergiverser sur le fait que Boehner et Netanyahou ont violé le
protocole, mais les démocrates n’ont pas d’autre choix que d’y assister.
Que cela soit vrai ou pas, quelle différence ? Désormais, le Premier
ministre vient. Vous allez vraiment le boycotter ? », demande Ari Fleischer, autrefois porte-parole de l’ancien président George W. Bush.
Fleischer
a prédit qu’en fin de compte, la plupart des démocrates seront présents
lors du discours. S’ils ne sont pas présents, d’après lui, ils
succomberont aux pressions politiques de leur base gauchiste, ce qui va
mener à davantage de discorde partisane dans les relations
américano-israéliennes.
S’ils boycottent le discours, ils rejoindront la base plus gauchiste de leur parti, qui n’est pas pro-Israël, et cela pourrait provoquer des conséquences choquantes. Ce serait une rupture radicale.
Le
représentant Lee Zeldin, le petit nouveau de New York qui est
actuellement le seul juif républicain du Congrès, pense que la seule
raison pour laquelle les démocrates font part de leur inquiétude
vis-à-vis de ce discours est leur soutien au président Barack Obama.
Il n’y a pas véritablement de débat, c’est la bonne décision. Israël est notre allié le plus fort, et dans une zone du monde qui doit faire face à une montée de l’islam radical extrémiste et aux États qui soutiennent le terrorisme et poursuivent un programme nucléaire, on ne devrait même pas réfléchir et embrasser chaleureusement le leader d’Israël, peu importe qui est cette personne, et sans fausse note aucune.
Des commentaires de la sorte enflamment un peu plus le Capitol Hill, déjà très tendu. « Les républicains accusent désormais les démocrates de politiser la visite de Netanyahou »,
affirme Steve Israel, représentant démocrate de New York qui a hébergé
un colloque entre l’ambassadeur israélien Ron Dermer et sept
législateurs démocrates juifs, mercredi dernier, au cours duquel tous
ont affirmé qu’ils ne boycotteraient pas le discours, mais voulaient une
issue à cette situation, qualifiée d’instrumentalisation ridicule de la
part des républicains.
Le piratage partisan de ce genre ne mérite pas de réponse, et n’est pas digne de la nature bipartisane des relations entre les États-Unis et Israël.
Les
menaces de punition ne semblent pas inquiéter énormément les
démocrates. Bien que certains leaders juifs de gauche aient averti de
l’issue politique imprévisible en cas de non assistance au discours, les
démocrates du capitole affirment être confiants du fait que la plupart
des gens y verront un stratagème évident de la part de Boehner et
Netanyahou.
Et bien qu’ils soient
conscients de l’énorme probabilité selon laquelle les pro-républicains
et pro-Netanyahou vont tout faire pour leur nuire, ils ne sont pas
inquiets du soutien des démocrates, des indépendants ou de la plupart
des juifs américains.
« Nos membres
fermement pro-Israël, qui y vont tous les jours et parlent de cette
affaire, sont contre cela », explique un haut responsable démocrate de
la chambre.
Ce dernier prédit que
bien qu’un certain nombre de démocrates n’assistera pas au discours
(soit en guise de protestation, soit en prévision de conflits), tous les
démocrates potentiellement vulnérables à une campagne de punition
publique assisteront probablement au discours.
Je ne sais pas sur quoi on se base pour appeler à une offensive diffamatoire de ce type. Il doit s’agir de personnes qui sont déjà d’accord avec eux, c’est-à-dire un petit nombre de personnes dans chaque district… C’est de l’argent jeté par la fenêtre, mais bon… Qu’ils le fassent.
Traduction : Fabio Coelho pour Quenel+
Ananalyse de Quenel+
Un constat intéressant que celui-ci :
Aux
États-Unis, les politiciens sont traqués comme des juifs dans "
l'Europe nazie des heures les plus sombres" s’ils refusent d’assister
au discours de Netanyahou au congrès le 3 mars prochain.
Brève synthèse des faits :
- Netanyahou est invité par Boehner pour effectuer un discours au Congrès contre l’Iran et son programme nucléaire. Le but de Netanyahou est de torpiller les négociations entre Obama et l’Iran sur le nucléaire iranien, et d’utiliser cette tribune pour gagner des votes aux prochaines élections en Israël, deux semaines plus tard. Le but de Boehner (républicain) est de torpiller le camp démocrate. Il n’en a pas averti la Maison Blanche, sans doute contraire à cette invitation.
- L’opinion publique américaine soutient Obama sur ce coup, et n’a pas envie que les États-Unis entrent dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient.
- La classe politique s’en fout totalement. La seule allégeance des deux camps, c’est l’argent sioniste
- Certains politiciens, les plus consciencieux, ont déclaré qu’ils n’assisteront pas à cette mascarade. Ils en avaient visiblement marre de leur carrière politique, ou ont parié sur leur allégeance à Obama plutôt que sur l’allégeance à Israël. Faute grave !
- Les lobbies sionistes menacent de relever les noms des absents et de les traîner dans la boue.
Un dicton résume bien la posture politique des personnes soumises au lobby sioniste :
Il n’y a pas plus pauvre que celui qui se laisse acheter
On
peut se poser de nombreuses questions concernant telle ou telle prise
de position de la part du monde politique. On peut les critiquer, les
accepter, se révolter ou faire l’autruche… Mais comment ne pas être
atterré en lisant que soutenir son propre président et ses propres
intérêts nationaux, c’est faire preuve d’anti-américanisme et
d’anti-patriotisme ? Laissons de côté quelques instants le fait qu’Obama
soit un pantin aux mains des lobbies sionistes, comme l’ont
été la plupart de ses prédécesseurs. Laissons de côté également le fait
que les intérêts de l’élite américaine ne soient pas le bien du peuple
américain, bien au contraire… Dans ce cas précis, les politiciens sont
mis au pied du mur, devant un choix cornélien : vers quel pays leur
allégeance doit-elle se porter ? Le leur ou un autre ?
Rajoutons
désormais les ingrédients omis volontairement quelques instants : le
peuple américain est donc dirigé par des courtisans du lobby
sioniste qui prennent des décisions qui vont à l’encontre des intérêts
de ceux qui leur offrent ce mandat via le vote. Et ce par pure logique
carriériste et partisane. Le rôle du politicien, élu par le peuple,
c’est de représenter ce dernier, d’agir en son nom et de rendre des
comptes. Pas de trahir son pays pour une poignée de billets.
Heureusement qu’en France, on n’a pas de politiciens vendus… Pas vrai ?
En France, une telle « Liste de Schindler 2″ est impensable… Il faut drôlement bien chercher pour trouver des infidèles au lobby sioniste dans la classe politique. Le sionisme, un mouvement fondé par Theodor Herzl, un antisémite notoire pour rappel…