L’Inde a virtuellement annulé son gigantesque contrat d’armement avec
la France pour l’achat et la construction en commun de 126 avions de
combat Rafale, après que le Premier ministre eut convenu d’acheter 36
tels avions lors de sa visite à Paris la semaine dernière, a indiqué
lundi un responsable gouvernemental. A la place, l’Inde va acquérir 127
chasseurs russes de 5ème génération.
Il s’agit là de la conséquence directe
de la politique antirusse du gouvernement socialiste français, aligné
sur Washington. Obéissant aux USA, le tandem Le Drian/Hollande avait
décidé de ne pas livrer les navires Mistral à la Russie. Ce volte-face
de l’Inde constitue un triomphe majeur pour Vladimir Poutine. Une
revanche de Moscou contre la France qui coûtera à Paris 20 milliards
d’euros.
L’Inde annule virtuellement sa commande
Le ministre de la Défense Manohar
Parrikar a indiqué que si l’Inde s’orientait vers l’achat d’avions
Rafale supplémentaires, ce serait également via des accords de
gouvernement à gouvernement.
En janvier 2012, l’Inde avait choisi les
Rafale dans le cadre de son plus important achat d’armes depuis des
décennies, pour un coût évalué à 20 milliards de dollars. Mais l’accord
avait été mis de côté suite à l’arrivée en place de M. Modi.
“Une voiture ne peut pas voyager sur deux routes à la fois. L’autre route avait de nombreux problèmes”,
a déclaré M. Parrikar, faisant allusion à l’ancien accord avec la
France au sujet des Rafale, signé par l’ancien gouvernement mené par le
Congrès.
Mais le ministre s’est également félicité de l’achat de 36 avions Rafale comme une bouffée d'”oxygène” pour l’Indian Air Force.
Il n’a pas spécifié le nombre de Rafale
supplémentaires qui seraient acquis après que les premiers Rafale auront
été livrés directement depuis la France au bout de deux ans.
Acheter jusqu’à 126 avions de combat “serait financièrement une côte très raide à gravir”, a-t-il conclu.
Conséquences du chantage lié à la livraison du Mistral
Le gouvernement socialiste paie là son
alignement sur la diplomatie américaine face à la Russie autour de la
livraison du navire de guerre Mistral. L’Inde, désormais gouvernée par
les nationalistes hindous, a en effet opéré un mouvement de conciliation
avec la Chine en s’appuyant sur la Russie. Et a déçu les espérances
américaines quant à la constitution d’un axe anti-russe et anti-chinois.
Dans cette perspective nouvelle,
commander des rafales français, c’est dépendre en partie de la livraison
régulière de pièces détachées produites en France. Mais aussi des
modernisations périodiques dont les chasseurs ont besoin, tant en
armement qu’en matériel de navigation, etc.
Suite au refus de la France de livrer le
Mistral à la Russie, l’Inde a craint de se retrouver face à une
pression des USA sur la France pour ralentir de telles livraisons ou de
n’en faire que de moindre qualité, en cas d’opposition géopolitique. En
somme, le crédit de la France comme fabricant d’armes est largement
entamé et le gouvernement indien ne veut prendre aucun risque quant à
son indépendance stratégique. La commande, marginale, de 36 appareils
n’est pas de nature à mettre en danger une aviation indienne qui serait
par ailleurs majoritairement équipée par un autre fabricant.
Partenariat des nationalistes hindous avec la Russie
Car si l’Inde évoque des “difficultés
budgétaires” pour boucler un contrat estimé à 20 milliards d’euros avec
la France, un rapide coup d’oeil sur ses discussions avec la Russie dans
le domaine de l’armement permet de confirmer l’évidence.
Le premier ministre indien Narendra Modi
avait rencontre Vladimir Poutine en décembre 2014, en pleine crise
autour de la livraison du Mistral sur fond de conflit ukrainien. Le chef
du gouvernement indien, déterminé à intégrer l’Organisation de
Coopération de Shanghaï aux côtés de la Chine, de la Russie et de l’Iran
afin de libérer l’Eurasie de la tutelle américaine, avait annoncé au
président russe vouloir maintenir la Russie comme “premier partenaire en matière de défense” (source).
Le gouvernement indien est donc entré
rapidement en négociation avec la Russie afin d’acquérir l’avion de 5ème
génération russe qui devrait sortir des usines en 2016. Le contrat
viserait à doter l’Inde de 127 chasseurs russes dont on sait que
l’industrie russe produit parmi les meilleurs du monde. La Russie s’est
engagé à accélérer la production pour livrer les premiers chasseurs
d’ici à 36 mois.
Coût d’un tel contrat ? 25 milliards d’euros. C’est à dire 5 milliards de plus que le contrat négocié avec la France (source).
En somme, les excuses budgétaires sont un moyen diplomatique de se
retourner vers le plus ancien et le plus important partenaire militaire
de l’Inde : la Russie.
Les deux pays ont une longue histoire de
coopération dans ce domaine et la volonté de résolument émanciper
l’Eurasie de l’emprise américaine, qui prévaut au sein du nouveau
gouvernement indien, accélère cette volte-face.
Echec du tandem Le Drian/Hollande
Cet échec de la politique antirusse
voulue par Le Drian et Hollande n’a pas fini d’avoir des conséquences
pour l’industrie de l’armement française. Le futur candidat aux
élections régionales de 2015 et actuel ministre de la Défense fera tout
pour éviter d’aborder la question du Mistral, qui a porté un coup
décisif aux chantiers navals de Saint-Nazaire.
Atlantiste, Le Drian a considérablement
porté atteinte aux intérêts industriels bretons comme français. Car le
coût de la non-livraison du Mistral s’élève à au moins 20 milliards
d’euros. Soit vingt fois le prix d’un Mistral. L’impact de la
contre-attaque russe est considérable pour la France qui, au surplus,
ruine ses intérêts à moyen et long terme.
La presse du régime, soucieuse de
ménager le gouvernement, préfère se féliciter depuis plusieurs jours de
la livraison de 36 Rafales à l’Inde. Histoire de ne pas évoquer les
effets désastreux de la diplomatie française, résolument alignée sur
Washington.