mercredi 27 mai 2015

Les Américains avouent avoir créé Daesh en 2012, et qu'ils le soutiennent toujours



L’Occident a facilité la création d’État islamique «afin d’isoler le régime syrien», lit-on dans un document de la Defense Intelligence Agency de 2012. Le lundi 18 mai, Judicial Watch, le groupe conservateur de vigilance du gouvernement, a publié une sélection de documents, autrefois classifiés, obtenus du Département américain de la Défense et du Département d’État grâce à un procès fédéral.


Le rapport est (en anglais).


Alors que les grands médias se concentraient sur le traitement par la Maison Blanche de l’attaque du consulat de Benghazi, un bien plus grand tableau se dégage de la lecture d’un document de la Defense Intelligence Agency rédigé en 2012 : à savoir que l’avènement d’un «État islamique» dans l’est de la Syrie est souhaitable pour que l’Occident puisse arriver à ses fins dans la région.
De manière surprenante, le rapport récemment déclassifié stipule que pour
«l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie [qui] soutiennent l’opposition [syrienne]… il y a la possibilité d’établir une principauté salafiste, officielle ou pas, dans l’est de la Syrie (Hasaka et der Zor), et c’est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien …».
Le rapport de la DIA, anciennement classé SECRET // NOFORN 1 et daté du 12 août 2012, a été largement diffusé dans les divers organes gouvernementaux, y compris CENTCOM, la CIA, le FBI, le DHS, NGA, le Département d’État et beaucoup d’autres.
Le document montre que, dès 2012, le renseignement américain avait prédit la montée d’État Islamique en Irak et au Levant (ISIL ou ISIS ou DAESH), mais au lieu de désigner clairement le groupe comme un ennemi, le rapport considère le groupe terroriste DAESH comme un atout stratégique américain.
Bien qu’un certain nombre d’analystes et de journalistes documentent depuis longtemps le rôle des agences de renseignement occidentales dans la formation et l’entrainement de l’opposition armée en Syrie, ce document constitue la confirmation par les plus hautes sphères du Renseignement étasunien de l’idée que les gouvernements occidentaux voient essentiellement DAESH comme le meilleur moyen de parvenir à un changement de régime en Syrie. Non seulement ce document le dit clairement mais il le dit comme si c’était la chose la plus naturelle qui soit.
Des preuves matérielles, des vidéos, ainsi que les récents aveux de hauts fonctionnaires impliqués (voir l’aveu de l’ancien ambassadeur de la Syrie, Robert Ford, ici et ici), ont, depuis, prouvé que le soutien matériel des terroristes d’ISIS sur le champ de bataille syrien par le Département d’État et la CIA remonte à au moins 2012 et 2013 (pour un exemple clair de preuves matérielles: voir le rapport de l’organisation anglaise, Conflict Armement Research, qui, en remontant la trace des roquettes anti-chars croates récupérées auprès de combattants ISIS, est arrivée à un programme conjoint CIA /Arabie saoudite via des numéros de série identifiables).
On peut résumer ainsi les points clés du rapport de la DIA, concernant «ISI» (en 2012 : État islamique en Irak) et son futur compère ISIS, qui vient d’être déclassifié :
  • Al-Qaïda conduit l’opposition en Syrie
  • L’Occident s’identifie avec l’opposition
  • L’établissement d’un État islamique naissant n’est devenu réalité qu’avec la montée de l’insurrection syrienne (il n’y a aucune raison de penser que le retrait des troupes américaines d’Irak ait joué le rôle de catalyseur dans l’essor d’État islamique, comme l’affirment d’innombrables politiciens et experts ; voir la section 4 .D. ci-dessous)
  • La mise en place d’une principauté salafiste en Syrie orientale est exactement ce que veulent les puissances extérieures qui soutiennent l’opposition (identifiées comme l’Occident, les pays du Golfe, et la Turquie) pour affaiblir le gouvernement d’Assad
  • Il est suggéré de créer des lieux de refuge sûrs dans les zones conquises par les insurgés islamistes, comme cela a été fait en Libye (ce qui dans les faits, se traduit par une prétendue zone d’exclusion aérienne comme premier acte d’une guerre humanitaire; voir 7.B.)
  • L’Irak est identifié à l’expansion chiite (de 8.C)
  • Un État islamique sunnite pourrait empêcher l’unification de l’Irak et pourrait «faciliter à nouveau l’entrée d’éléments terroristes de tout le monde arabe dans l’arène irakienne.» (Voir la dernière ligne du PDF.)
  Brad Hoff – Le 19 mai 2015 – Levant Report

Pendant que l’Isis (Daesh) occupe Ramadi, la deuxième ville d’Irak, et le jour suivant Palmyre dans le centre de la Syrie, en tuant des milliers de civils et en en contraignant des dizaines de milliers d’autres à la fuite, la Maison Blanche déclare « Nous ne pouvons pas nous arracher les cheveux à chaque fois qu’il y a un obstacle dans la campagne contre l’Isis » (The New York Times, 20 mai). La campagne militaire, « Inherent Resolve », a été lancée en Irak et Syrie il y a plus de neuf mois, le 8 août 2014, par les USA et leurs alliés : France, Grande-Bretagne, Canada, Australie, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Bahreïn et autres. S’ils avaient utilisé leurs chasseurs-bombardiers comme ils l’avaient fait en Libye en 2011, les forces de Daesh, opérant dans des espaces ouverts, auraient été une cible facile. Celles-ci ont au contraire pu attaquer Ramadi avec des colonnes de véhicules blindés chargés d’hommes et d’explosifs. Les USA sont-ils devenus impuissants ? Non : si Daesh avance en Irak et en Syrie, c’est parce qu’à Washington on veut justement cela.
C’est ce que confirme le document officiel ci-dessus de l’Agence d’intelligence du Pentagone (DIA), daté du 12 août 2012, déclassifié le 18 mai 2015 par initiative du groupe conservateur « Judicial Watch » dans la compétition pour les présidentielles. 
Le document de 2012 confirme que l’Isis (Daesh), dont les premiers noyaux viennent de la guerre en Libye, s’est formé en Syrie, en recrutant surtout des militants salafistes sunnites qui, financés par l’Arabie Saoudite et d’autres monarchies, ont été approvisionnés en armes à travers un réseau de la CIA (documenté, en plus du New York Times, par un rapport de « Conflict Armament Research »).
la photo du sénateur étasunien John McCain, en mission en Syrie pour le compte de la Maison Blanche, qui rencontre en mai 2013 Ibrahim al-Badri, le « calife » à la tête de l’EI.


la photo du sénateur étasunien John McCain, en mission en Syrie
pour le compte de la Maison Blanche. Il rencontre en mai 2013
l'agent du Mossad, "Ibrahim al-Badri" , nommé
« calife » des sunnites par Israël.
Cela explique la rencontre en mai 2013 (document photographique ci-dessus) entre le sénateur étasunien John McCain, en mission en Syrie pour le compte de la Maison Blanche, et Ibrahim Al-Badri, le « calife » à la tête de Daesh. Cela explique aussi pourquoi Daesh a déclenché l’offensive en Irak au moment où le gouvernement d'al-Maliki prenait ses distances de Washington, en se rapprochant de Pékin et Moscou.
Washington, en déchargeant la responsabilité de la chute de Ramadi sur l’armée irakienne, annonce maintenant vouloir accélérer en Irak l’entraînement et l’armement des « tribus sunnites ».

Quand la diplomatie US forme les daechistes...

Le Département d'Etat américain s'est mis à la tâche de former les terroristes de Daech, a révélé dimanche 30/05/2015 CNN.
Le reportage indique comment un certain nombre d'éléments du groupe terroriste Daech ont été entraînés par le Département d'Etat américain. Dans la plus récente vidéo, diffusée sur le web, le colonel Gulmurod Khalimov, l'ancien chef de la police du Tadjikistan et membre actuel de Daech affirme avoir participé à trois reprises dans les programmes d'entraînements militaires sur le sol américain dont l'un s'est déroulé en Louisiane aux Etats-Unis, ce qui a été, d'ailleurs, confirmé par la diplomatie américaine, elle-même. A ce propos, un porte-parole du Département d'Etat, Pooja Jhunjhunwala a dit au journaliste de CNN que Khalimov a participé, entre 2003-2014, à cinq cours de formation pour la lutte contre le terrorisme aux Etats-Unis et au Tadjikistan, ce stage a été tenu dans le cadre du projet organisé et mis en exécution par le ministère américain des Affaires étrangères. la révélation de ce rapport s'ajoute aux autres accusations portées contre le gouvernement américain pour le rôle qu'il a joué dans la formation et l'extension du groupe Daech. Il est vrai qu'après la propagation des opérations de Daech en Irak dont ce groupe a occupé certaines provinces avec l'assistance de ses alliés, Washington a mis sur pied une coalition anti-Daech; son bilan et son action montrent, toutefois, que ce pays n'est pas honnête dans ce "soi-disant" combat anti-terrorisme. C'est en effet, l'échec des Etats-Unis et de leurs alliés dans la réalisation de leurs objectifs tels que le renversement du gouvernement syrien et l'affaiblissement du pouvoir des Chiites en Irak, qui a poussé Washington à lancer un autre projet sous le nom de la lutte contre Daech, en formant une coalition internationale. Parmi les objectifs de ce projet, on peut évoquer le nouveau retour des Etats-Unis dans la région pour y consolider leurs assises militaires.

Pourquoi donc cette soudaine impatience de la part de l’Occident et ses alliés de renforcer son aide à al-Qaïda/Daesh ?

A cause de la répulsion grandissante face aux activités de ces escadrons de la mort que sont Daesh, Al-Nosra et autres tueurs islamistes. Ne correspondant plus à l’image de vaillants résistants contre l’oppression du "dictateur" Assad tels qu’ils étaient décrits en 2011, leur rôle de troupes de choc dans la stratégie du diviser et ruiner ne promettant plus que violence et nettoyage ethnique, était devenu de plus en plus visible.
Pendant ce temps, en Libye, le parti des escadrons de la mort avait perdu les élections pour la chambre des députés de juin 2014. Leur refus d’accepter cet échec entraina un nouveau chapitre dans le désastre de la Libye post-Kadhafi car ils mirent en place un pseudo gouvernement rival à Tripoli et lancèrent une guerre contre le parlement légitime. 

Les Européens de Daesh






"Le réseau international des groupes liés à Al-Qaïda, dont l'Etat islamique qui s'en est dissocié, compte aujourd'hui plus de 25.000 ressortissants de plus de 100 pays membres de l'Onu", lit-on dans une lettre adressée au Conseil de sécurité.
La plupart des combattants étrangers qui rejoignent les groupes terroristes en Syrie et en Irak sont des hommes âgés de 15 à 35 ans, principalement motivés par l'idéologie extrémiste. Les autres raisons qui les poussent à se joindre aux djihadistes sont la rémunération ainsi que la lassitude liée à la vie quotidienne dans leurs pays d'origine. Il existe de nombreuses filières permettant de recruter de nouveaux combattants. Selon le document, des centres de recrutement ont été repérés dans les écoles de Grande-Bretagne, dans les prisons et dans les lieux de culte en France. En 2015, les militants de l’État islamique ont tenté de créer leur propre réseau social baptisé Khelafabook.

Perdant du terrain au Yémen, en Libye, en Égypte et en Syrie, toute la stratégie occidentale d’utilisation de salafistes armés comme outil de déstabilisation commence à perdre de son efficacité. L'Occident a aussi échoué à nous vendre ses "islamistes modérés", car tout le monde a compris qu'il n'y pas guère de différence entre Daesh, Al-Qaïda, Al-Nosra, Frères Musulmans, Ennahdha, FIS, etc. Tout cela, c'est "turban noir " et "noir turban".
Hannibal GENSERIC

VOIR AUSSI : 

T. Meyssan : Nouveau Plan de partage du Moyen-Orient 

Les cinq armes de persuasion de Daesh