« Grâce à la justice américaine », affirme sans ambages le journal "20 Minutes", « les révélations s’enchaînent depuis une semaine ». Une procureur étasunienne explique ainsi benoîtement que « ces gens »
avaient pour mission de construire des terrains de foot pour les
enfants et en ont profité pour s’enrichir. C’est un véritable scandale
qui secoue le monde du football.
La FIFA est une organisation à but non
lucratif. Elle est à ce titre exonérée d’impôts. Association de droit
suisse, elle est également, c’est le moins qu’on puisse dire, liée « aux milieux d’affaires internationaux ».
Rappelons que le football professionnel (dont les clubs et les joueurs
appartiennent tous à des entreprises capitalistes dont le but n’est pas
le sport, mais le profit) est financé par des droits télé et la pub
(poliment rebaptisée « sponsoring »). Il devrait en principe être exempt
de corruption. Découvrir que la corruption y existe, c’est pourtant
découvrir que l’eau, ça mouille !
Encore qu’aucune preuve de cette
corruption, aurez-vous remarqué, ne soit positivement établie : on nous
met sous le nez de supposés corrompus, sans avoir identifié ni les
corrupteurs (ceux qui payent), ni les avantages espérés. On est ainsi
censé croire que la « justice » étasunienne soit porteuse de morale… ce
qui n’est pas tout à fait certain.
Mais il y a plus grave. La Russie dénonce la volonté étasunienne d’imposer ses normes juridiques en dehors de son territoire.
En effet, Washington a exigé de la police suisse qu’elle arrête des
ressortissants, pour l’essentiel d’Amérique Latine, pour de présumés
faits qui ne se sont même pas produit aux États-Unis. L’IRIB (Iran) partage cet avis, relevant que « les États-Unis se comportent de facto en gouvernement mondial, sanctionnant ici, récompensant là ».
Et il semble bien que la haine que les
Étasuniens portent à la FIFA, et à son ex-président Sepp Blatter, tient
au fait que, malgré leur candidature, ils n’ont pas été retenus pour
organiser le mondial en 2018 et en 2022. Pis, c’est la Russie qui
accueillera la coupe du monde de football en 2018.
Les arrestations opérées en Suisse
(pauvre Suisse qui n’arrête pas d’avaler des couleuvres étasuniennes) à
deux jours du Congrès de la FIFA avaient bien pour but d’empêcher la
réélection de Sepp Blatter afin de remettre en cause l’attribution du
mondial à la Russie en 2018. La réaction du Congrès a été assez claire :
contre Blatter, l’Occident (États-Unis et Europe réunis) ; pour
Blatter, le reste du monde, à commencer par l’Afrique…
Des pressions ultérieures ont fini par
avoir raison du président de la FIFA, sans toutefois pouvoir remettre en
cause l’attribution du mondial à la Russie. Ceci montre que la lutte
entre l’impérialisme et l’anti-impérialisme est partout. Les conflits
autour du football montrent décidément une extension assez imprévue de
la lutte de classe.
D.R.