Ilias Kaguirov, étudiant de l’université
navale technique de Saint-Pétersbourg, est soupçonné de recruter des
étudiants pour le compte de l’Etat islamique. La semaine dernière, une
étudiante russe débauchée par Daesh avait été interpelée en Turquie.
Le recruteur
présumé est âgé de 24 ans, il était sur les radars de la police depuis
environ un an. D’après les enquêteurs, il est un leader présumé de tout
un groupe de recruteurs qui opère dans l’université. Les enquêteurs
disent qu’ils étaient au courant qu’Ilias et les autres membres du
groupe n’étaient pas de simples étudiants. La police ne l’a pas arrêté
plus tôt afin de remonter son réseau, ce qui l’a amené à des contacts
situés en Syrie. Ses parents et ses enseignants n’avaient rien remarqué
d’étrange dans son comportement.
Ilias Kaguirov,
L’arrestation intervient après le retour en Russie de Varia
Karaoulova, 19 ans, étudiante modèle d’une prestigieuse université
moscovite recrutée elle aussi par Daesh, un terrible choc pour ses
parents. Karaoulova a été interpelée puis déportée par les autorités
turques à son arrivée à Istanbul. 14 autres femmes russes ont également
été détenues à la frontière turco-syrienne, dont quatre avaient pris
leurs enfants avec elles. A en juger par les publications des personnes
concernées sur les réseaux sociaux, les femmes, une fois mariées, ont
été endoctrinées par leurs maris. Les experts du terrorisme, non sans
ironie, appellent ce processus le «recrutement de miel».
Varia Karaoulova
Autre cas récent : la disparition de Fatima Djamalova, partie à l’âge
de 18 ans de Saint-Pétersbourg pour Istanbul, où sa trace a été perdue.
Peu d’informations existent sur la jeune fille, son activité sur les
réseaux sociaux témoignait d'un vif intérêt pour la religion et ses
pages contenaient beaucoup de vidéos de l’Etat islamique. Un utilisateur
appelé «le combattant d’Allah» est mentionné comme son mari sur son
profil VK (réseau social russe).
Le recrutement de Karaoulova et d’autres jeunes femmes dans les rangs
de Daesh ainsi que l’arrestation d’Ilias Kaguirov ont provoqué un vrai
choc dans la société russe, qui avait connaissance de l’Etat islamique
par le seul biais de lointaines actualités. Qu’est-ce qui provoque une
telle transformation dans les vies des personnes? Il ressort des
témoignages publiés que tous ces jeunes ont mené pendant plusieurs mois
une double vie inconnue même de leurs parents et de leurs amis, les
sources de leur transformation sont dans la plupart des cas invisibles.
Les départs d'Européens apprentis djihadistes pour l'Irak ou la Syrie
a défrayé la chronique ces derniers mois. D’après un rapport des
Nations Unis, l’organisation terroriste emploie près de 25 000
combattants étrangers sur ses principaux théâtres d’opérations au
Moyen-Orient, plus de 100 pays différents sont touchés par ses
opérations de séduction.
Daesh recrute en Israël
En mars, deux jeunes hommes ont quitté
la ville de Jaljulia pour rejoindre Daesh alors qu’Israël avait déclaré
avoir démantelé une cellule de Daesh sur son territoire. La
correspondante de RT Paula Slier a décidé de mener son enquête sur ce
sujet.
Au début de
l’année, le gouvernement israélien a annoncé avoir démantelé un réseau
d’islamistes radicaux appartenant à Daesh. Le maire de la ville
israélienne de Jaljulia, Fayek Auda, estime pour sa part qu’il ne faut
pas prêter attention au petit nombre de partisans de l’Etat islamique
(EI) qui habitent sa ville.
«Sur un million et demi d’habitants, vous ne trouverez pas plus de 20
partisans de Daesh. Ce sont de mauvaises graines. Ils ne font pas
partie de la majorité, ce sont des parias», a-t-il expliqué dans devant
la caméra de RT.
Toutefois, deux jeunes hommes, Muhammad Said Ismail Musallam et Mudar
Abu Hijli, ont récemment quitté Israël pour la Syrie afin de rejoindre
Daesh, preuve que l’organisation terroriste continue de recruter sur le
territoire israélien.
La correspondante de RT, Paula Slier a essayé de parler à la famille
Abu Hijli mais il s’est avéré que la vérité pourrait lui coûter cher,
raison pour laquelle elle a refusé de témoigner.
«Si vous voulez parler de Daesh, vous devriez leur parler directement
et pas avec nous. Mon frère est en Syrie. Je crois que je l’ai dit», a
expliqué une femme de la famille d’Abu Hijli.
Paula Slier n’a donc pas eu d’autre choix que de parler au père de Muhammad Saïd Ismail Musallam.
Ce jeune arabe Israélien de 19 ans, a été accusé par Daesh
d’espionnage pour le compte du Mossad, les services secrets israéliens.
Le 10 avril, le groupe terroriste a diffusé une vidéo de son assassinat.
Mais dans l’interview de son père, Paula Slier a toutefois réussi à lui
faire reconnaitre que son fils avait suivi la formation de Daesh sans
en parler avec ses parents.
«Pendant qu’il était en Syrie, Daesh lui a enseigné beaucoup de
choses. Il s’est entraîné avec eux pendant un mois sans nous parler», a
précisé Saïd Musallam. «Quand il a terminé sa formation, Daesh l’a
transféré de Deir El Zour à la ville de Raqqa», a encore expliqué le
père de l’islamiste radical qui a répété que son fils était innocent et
que Daesh l’avait exécuté pour la simple et bonne raison qu’il avait
essayé de s’enfuir.
«Mohammed m’a dit qu’il y avait des militants de Daesh à Tel-Aviv. Je
lui ai dit de n’en parler à personne», a encore déploré le père
inconsolé.
Daesh essaye de recruter des milliers de nouveaux adhérents chaque
années dans le monde entier. Les aspirants au combat sont envoyés dans
des centres de formation où on leur apprend à devenir d’excellents
soldats. Il n’y a pas longtemps, Daesh a décidé de recruter des enfants.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), au cours des
trois derniers mois au moins 400 enfants ont été engagés au sein du
groupe terroriste.
Motivation : le djihad sexuel
Les mercenaires de Daesh achètent des
enfants et des adolescents comme esclaves sexuels, les forcent à "se
marier" (selon leur code islamique, qui leur "permet d'épouser, pour une heure, un jour, ou plus" si nécessaire) et, le cas échéant, à passer des opérations de reconstitution de
virginité, afin de les revendre plus cher au marché des esclaves, a révélé un rapport de l'ONU sur l'organisation terroriste.
Si on en
croit le rapport, un certain nombre de jeunes filles d’Irak et de Syrie
auraient été déshabillées, vendues et forcées de subir une dizaine
d’opérations de reconstitution de leur virginité.
«Les filles sont littéralement déshabillées et examinées dans les
marchés d’esclaves [par les combattants de Daesh]» , a précisé Zainab
Bangura, représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence
sexuelle dans les conflits armés.
Zainab Bangura a survolé le Moyen-Orient entre le 16 avril et le 29
avril et rencontré différentes victimes de viols dans le cadre des
conflits armés. La représentante s’est arrêtée en Syrie, en Irak, en
Turquie, au Liban et en Jordanie. Bangura s'est entretenue avec des
réfugiées et d'autres femmes en fuite qui ont été agressées sexuellement
par les djihadistes.
Des femmes de la minorité de Yazidi qui ont survécu la violence de Daesh |
Les femmes et les enfants sont traitées comme du bétail, a-t-elle
raconté. Ils sont «catégorisés, déshabillés et envoyés à Dahuk, Mossoul
ou dans d’autres villes pour être répartis entre les dirigeants et les
combattants de Daesh».
Une des femmes évoquées dans le rapport a été mariée de force plus de
vingt fois et a dû subir une opération de reconstitution d’hymen après
chaque séparation.
«Les femmes et les jeunes filles [exposées aux djihadistes] sont en
danger et sujettes aux abus à chaque instant de leur vie», a dit
Bangura, ajoutant que les mauvais traitements envers les femmes sont
encouragés par la doctrine djihadiste.
«Daesh a institutionnalisé la violence sexuelle et la brutalisation
des femmes, en faisant un aspect central de son idéologie et de son mode
opératoire basé sur la terreur pour atteindre ses objectifs clés».
«L’horreur et la violence ont suivi les jeunes filles à chaque
carrefour : au cœur du conflit, dans les régions sous le contrôle de
telle ou telle formation armée, aux postes de contrôle et au passage des
frontières, sans oublier les lieux de détention», a ajouté Bangura.
Le trafic sexuel, le proxénétisme et les rançons, selon la
responsable onusienne, sont des sources de revenu pour l’organisation.
Les femmes de la minorité de Yazidi qui ont survécu la violence de Daesh
La violence sexuelle est utilisée par Daesh comme tactique de
punition, d’humiliation et de démoralisation de la population locale
afin d’obtenir plus facilement des informations et de procéder des
déplacements forcés.
Les enfants victimes de viols et d’autres atrocités deviendraient en
conséquence une «génération d’enfants apatrides» vulnérable aux
tactiques de recrutement de Daesh.
Des jeunes filles enceintes à l’âge de neuf ans, selon le rapport, auraient été avortées de force.
Beaucoup de victimes proviennent de la minorité religieuse yazidi en
Irak. Environ 40.000 d’entre eux auraient été enlevés par les
combattants de Daesh en août dernier. Les autres minorités sont en péril
y compris les chrétiens, les turcs irakiens et les Shabaks.
Une vidéo apparue sur Youtube en novembre dernier montre des
combattants de Daesh riant et se moquant tandis qu'ils achètent des
esclaves yazidi.
La plupart des femmes interrogées ont honte et se sentent incapables
de retrouver une vie normale après avoir été agressées d'une manière
aussi brutale et humiliante.
Daesh exporte des stupéfiants en Europe et en Afrique
« Le groupe terroriste Daesh est un grand fournisseur de
drogue en Europe et en Afrique », a affirmé, Viktor Ivanov, le chef du
Service fédéral russe pour le contrôle du narcotrafic.
« Les daeshistes prospectent de nouveaux marchés pour les drogues
produites en Afghanistan. En outre en Asie, ils introduisent également
de stupéfiant en Europe et en Afrique. Les daeshistes utilisent les
revenus obtenus du trafic de la drogue pour financer leurs activités », a
indiqué, à Kamercent Viktor Ivanov.
« Daesh exporte chaque
année environ 1 milliards de dollars de drogue », a-t-il ajoutant
critiquant l’approche de l’OTAN et de l’Occident envers la question de
la drogue en Afghanistan. Depuis le début des opérations des occidentaux, en Afghanistan, la production d’héroïne dans ce pays s'est quadruplée.
La campagne américaine contre Daesh est vouée à l’échec
Un des officiers du renseignement américain, structure la plus proche du président Obama a conclu que la situation en Irak est un «bourbier». Pire, que l’action américaine est même vouée à l’échec. Il s’apprête à rendre public son témoignage au Capitol, selon Fox news.Le Major général Vincent R. Stewart |
Des documents internes tirés du Defense
Intelligence Agency (DIA) et que Fox News a pu consulter démontrent que
le Major général Vincent R. Stewart, ce Marine à la tête de l’agence,
est en accord avec ses analystes postés au Moyen-Orient et qui utilisent
le terme de «bourbier» pour décrire l’état des lieux face aux efforts
américains dans la lutte contre Daesh. Il a toute fois annoncé que le
terme « bourbier » est «trop politique» et ne doit pas être utilisé dans
des remarques préparées à l’intention de l’opinion publique.
Les documents montrent en outre que les
meilleurs analystes du DIA, l’une des 17 agences d’espionnage
américaines et principal fournisseur de renseignements classifiés sur
les capacités militaires étrangères ont conclu que la campagne contre
Daesh sombrait principalement parce qu’il n’y a pas de réconciliation
politique en Irak, et que les forces sunnites que le président Obama
espère former et équiper, sorte d’armée anti-terroriste « ne font pas
confiance » aux États-Unis.
Hannibal GENSERIC