En Syrak, les États-Unis sont en train de
poursuivre plusieurs buts à la fois. Ils pensent piéger l’Iran d’une
façon ou d’une autre, et abandonnent le terrain syrien à ceux qu’ils
font passer pour des « opposants modérés » ; lesquels prétendus
opposants ne sont que le deuxième assortiment d’Al-Qaïda. D’ailleurs, les États-Unis sont en train de travailler à « vider » le terrain dans l’intérêt du premier assortiment d'Al-Qaïda, c'est à dire, Daech et du leur.
DE RAMADI À PALMYRE
À mon avis, ce qui s’est passé à Palmyre est la réplique de ce qui est arrivé à Ramadi, la capitale de la province irakienne Al-Anbar, et renvoie à la propagande hollywoodienne orchestrée par l’Administration US autour de Daech présenté comme une force invincible.
Sans revenir sur les détails de sa naissance,
souvenez-vous des déclarations d’Obama nous disant que la guerre contre
Daech sera longue [10, 20, 30 ans…] et des plus difficiles ; suivies par
l’annonce de la formation de la coalition d’une soixantaine de pays
dont des États de l’Union européenne, de l’OTAN et des pays du Golfe
rassemblés par John Kerry, puis des déclarations du Général M. Dempsey
nous expliquant que les frappes aériennes de cette Coalition
Internationale contre Daech resteraient inefficaces sans intervention
terrestre.
Souvenez-vous aussi de l’épisode de la ville d’Aïn
al-Arab [Kobané], laquelle, de l’aveu même de John Kerry, ne faisait pas
partie de la stratégie US [4] et où sans la volonté farouche de ses habitants de vaincre Daech, les USA n’auraient pas engagé leurs forces aériennes.
Nous
sommes donc face à un plan qui consiste à glorifier Daech en exagérant
sa puissance. Mais ce plan s’est heurté à sa défaite à Tikrit, devant
l’Armée irakienne et les Forces de mobilisation populaire [Al-Hachd
al-Cha’abi]. Ce qui ne correspondait pas aux projets des USA. Et pire
encore, ce qui a démontré que Daech n’est pas la force invincible qu’on
nous a décrite.
La mission pour laquelle Daech a été créé n’étant
pas encore terminée, les stratèges US devaient retravailler leur
scénario pour le regonfler et faire oublier Tikrit. D’où l’accent remis
sur les divisions sectaires par les donneurs de leçons tels Obama et
Ashton Carter [secrétaire à la Défense des États-Unis] condamnant le
gouvernement central irakien, jugé incapable de tenir ses troupes. D’où
l’exploitation de l’aide militaire fournie par l’Iran et ses conseillers
militaires pour creuser le fossé sunnites-chiites alors que l’Armée
irakienne n’a toujours pas reçu les avions militaires, les missiles
antichar et leurs munitions, dûment payés depuis neuf mois. D’où la
promesse d’armer directement les sunnites, comme les kurdes, en
contournant le gouvernement central, à condition que les Forces de
mobilisation populaire [essentiellement chiites, NdT] n’entrent pas dans
Ramadi [majorité de sunnites, NdT], auquel cas les USA ne les
appuieraient pas avec leur aviation et ne livreraient pas les avions
promis à l’armée irakienne.
Le gouvernement central irakien s’est
incliné sous la pression des USA et de certains parlementaires
d’Al-Anbar convaincus par leurs promesses illusoires, se contentant
d’exiger la liste des armes qui leur seraient fournies. Finalement,
quand Daech a lancé son attaque sur Ramadi, l’aviation militaire US
n’était pas au rendez-vous, la ville est tombée, Daech s’est renforcée,
et Tikrit a été oubliée !
Un scénario de faiblesse et d’illusions
identique à celui entretenu pour l’armée israélienne présentée comme
invincible. Sauf que la détermination de la Résistance libanaise a fait
que l’invasion du Liban en 2006 n’a pas réussi à faire oublier la
défaite israélienne de l’an 2000 face au Hezbollah, soutenu par l’Iran
et feu le Président syrien Hafez al-Assad. D’où la haine tenace contre
l’Axe de la Résistance et la rage destructrice à laquelle nous
assistons.
Mais revenons à la Syrie.
Le gouvernement syrien a accepté de fermer les yeux sur les frappes aériennes US sur son territoire tout en déclarant officiellement qu’elles étaient illégales et menées sans autorisation ni concertation avec l’État syrien, comme l’exige le droit international ; d’une part, pour éviter de gêner son allié russe qui lui a conseillé de ne pas s’y opposer ; d’autre part, parce que la Coalition internationale menée par les USA s’étant drapée du faux prétexte de combat du terrorisme, ses citoyens auraient mal compris qu’elle se lance dans une guerre supplémentaire alors qu’ils subissent une agression universelle depuis des années.
Le gouvernement syrien a accepté de fermer les yeux sur les frappes aériennes US sur son territoire tout en déclarant officiellement qu’elles étaient illégales et menées sans autorisation ni concertation avec l’État syrien, comme l’exige le droit international ; d’une part, pour éviter de gêner son allié russe qui lui a conseillé de ne pas s’y opposer ; d’autre part, parce que la Coalition internationale menée par les USA s’étant drapée du faux prétexte de combat du terrorisme, ses citoyens auraient mal compris qu’elle se lance dans une guerre supplémentaire alors qu’ils subissent une agression universelle depuis des années.
Les USA se
sont donc réservés 200 kilomètres de l’espace aérien syrien, leur
aviation couvrant les allers-retours de leur créature dans la zone. La
question est de savoir dans quel but ?
Pour y répondre, il suffit
de se rappeler qu’Obama, lui-même, a reconnu que compter sur
l’opposition syrienne pour renverser le Président Bachar al-Assad était
pure « fantasy » [5]. En réalité, les USA ont très tôt
compris que le pari sur la Coalition Nationale Syrienne [la CNS tenue
sur les fonds baptismaux par le gouvernement Sarkozy et confirmée par le
gouvernement Hollande, NdT] des prétendus opposants modérés était
illusoire. Et Joe Biden [vice-président des États-Unis] ment lorsqu’il
se contente de dire que la Turquie, l’Arabie saoudite et les Émirats
arabes unis, sont les seuls responsables du développement de l’infâme
Daech en Syrie [6], alors qu’il sait parfaitement que
les USA ont passé un accord avec Al-Qaïda : « Venez combattre à notre
place en Syrie et vous serez payés en retour ».
Et le prix demandé
par Al-Qaïda pour mener la guerre par procuration, des USA et de ses
alliés, est justement que l’entité Al-Nosra soit associée à la direction
de la « Syrie à venir » et qu’Al-Qaïda s’installe dans les montagnes du
Qalamoun. Telle est la promesse faite à Al-Zawahiri pour qu’Al-Qaïda
dirige ses combattants du monde entier vers la Syrie.
SEULE AL-NOSRA PEUT VAINCRE DAECH
Vous
me dites qu’il arrive qu’Al-Qaïda et Al-Nosra s’entretuent. Il
n’empêche qu’Al-Nosra est la branche syrienne d’Al-Qaïda tel que l’a
publiquement déclaré son chef, Al-Zawahiri, et que Daech en est la
branche dissidente dirigée par les Services du renseignement US, par
l’intermédiaire des Services du renseignement turc, pour engendrer le
couple cancer malin/cancer bénin. Autrement dit, les deux organisations
sont des filiales d’Al-Qaïda, Daech étant le groupe de terroristes
ensauvagés que seule Al-Nosra peut vaincre.
J’en veux pour preuve
les deux nouvelles consécutives retenues par CNN le jour de l’invasion
de Palmyre : « Daech, après avoir envahi la ville de Ramadi en Irak,
entre dans l’historique Palmyre en Syrie, mais Al-Nosra déloge Daech de
trois localités du Qalamoun ! ».
Ceci sans oublier les
gesticulations concernant l’échec de la Coalition internationale menée
par Obama dans sa guerre contre l’invincible Daech, les indignations
publiques de certains de nos politiciens libanais refusant qu’Al-Nosra
soit qualifiée d’organisation terroriste, les déclarations de Moché
Yaalon [ministre israélien de la Défense] disant qu’Al-Nosra ne menace
pas Israël…
De toute façon, quelle que soit l’appellation on
retombe toujours sur Al-Qaïda. Dernièrement, dix représentants de la
fameuse CNS se sont coalisés avec Al-Nosra, qui compte dix-mille
combattants, pour former dix factions regroupées sous la bannière «
Jaïch al-Fath » [Armée de la conquête]. Un nouveau nom pour Al-Nosra,
autrement dit, un nouveau nom pour Al-Qaïda.
POURQUOI LE QALAMOUN ?
Pourquoi
les montagnes du Qalamoun ? Parce que, depuis toujours, celui qui tient
cette région tient tout le moyen Orient. Parce qu’entre les montagnes
du Qalamoun et le mont Hermon il y a une ouverture de 40 Kilomètres qui
fait que celui qui occupe cet espace tient la Syrie et le Liban.
Ce
n’est pas la première fois qu’Al-Qaïda cherche à l’occuper. À la veille
du nouvel an 2000, 250 éléments d’Al-Qaïda avaient attaqué tous les
postes militaires de l’Armée libanaise à Al-Donniyé, massacrant et tuant
à tour de bras. Heureusement pour nous, que le Président de l’époque, M.
Émile Lahoud, n’avait pas laissé l’Armée entre les mains de Michel
Sleiman qui ne voulait pas se battre. Il a dirigé les opérations en
personne et je profite de cette occasion pour lui rendre hommage.
Les
documents saisis suite à cette bataille avaient révélé que le tracé
convoité par Al-Qaïda allait d’Al-Donniyé vers Arsal, Flita, Palmyre,
puis Al-Anbar chez Abou Moussab al-Zarqaoui [nommé par Ben Laden émir
d’Al-Qaïda en Irak à partir d’Octobre 2004, après la chute de Saddam
Hussein, NdT]. Aujourd’hui, c’est ce même tracé qui justifie qu’Al-Qaïda
sorte de Tora Bora pour déboucher sur la Méditerranée. Les Européens
sont gênés ? Sans doute. Mais ils sont en train de passer un accord avec
Al-Qaïda qui leur dit : « En 30 ans, nous n’avons jamais menacé Israël.
Donnez-nous Al-Qalamoun, nous vous promettons de ne jamais menacer
votre sécurité, de nous contenter de vendre le pétrole et le gaz, de
vous faire gagner de l’argent… Sinon… ».
Ce qui explique que
l’essentiel des forces d’Al-Nosra se soit concentré dans la région du
Qalamoun et que la priorité des priorités est de les empêcher d’arriver à
leur fin. Partout ailleurs, ses éléments s’appuient soit sur des
éléments locaux, soit sur la Turquie. Ainsi, à Jisr Al-Choghour, il n’y
avait que 1000 éléments environ, mais c’est l’armée turque qui a mené
l’opération avant de remettre la ville à Al-Nosra.
LE NOUVEAU SCÉNARIO
Mais
à ce stade, nous arrivons à la deuxième partie du film hollywoodien
dont le rôle principal sera tenu par Laurent Fabius pour défendre,
devant le Conseil Affaires étrangères de l’UE, un nouveau scénario qui
se résume comme suit :
- Al-Nosra et le Hamas sont deux organisations représentatives de leurs deux peuples, acculées au terrorisme devant la souffrance et le désespoir des leurs. Les Européens et la Communauté internationale doivent leur donner une chance…
- S’agissant d’Al-Nosra, nos services de renseignements sont entrés en contact avec ses représentants. Ce sont des opposants patriotes. Nous pouvons les restructurer, les sortir de leur condition de terroristes, les faire participer à la Conférence de Genève, les associer à la solution politique en Syrie contre leur engagement à ne plus recourir au terrorisme et à ne pas dépasser les limites de leur territoire. Ils nous l’ont promis…
- Quant au Hamas, nous devons revenir au dialogue, discuter de la reconstruction et de la gestion de Gaza…
Bref,
le blanchiment du Hamas, aux dépens de la question palestinienne,
entrainera celui d’Al-Nosra. Et une fois Al-Nosra blanchie, on lui
sellera un cheval blanc. On la propulsera sur le devant de la scène
politique et militaire. On l’aidera à déloger Daech région après région.
Puis les USA ordonneront à la Turquie de fermer le robinet et enverront
leur aviation exterminer l’infâme Daech qui aura rempli sa mission. Et
le monde entier sera ébloui !
Mais comme je l’ai déjà dit, le
pragmatisme US veut que d’ici le 30 juin, date de la signature de
l’accord sur le nucléaire iranien, leurs alliés ont toujours carte
blanche pour tenter, sans aucune restriction morale, tous les scénarios
susceptibles de dessiner leurs nouvelles cartes de la région. Leurs
alliés gagnent, ils en profiteront. Leurs alliés perdent, ils préparent
déjà leurs arrières en faisant dire à M. Bogdanov : « Nos collègues
américains ont compris qu’il n’y avait actuellement aucune alternative à
Bachar al-Assad et au gouvernement syrien actuel ».
Que
cet accord soit signé, reporté ou annulé, la Syrie n’est toujours pas
seule, et l’Axe de la Résistance est plus déterminé que jamais.
En Irak, l’armée, le peuple et les forces de mobilisation populaire se chargent d’écraser Daech à Ramadi. Au Qalamoun, l’Armée syrienne, le Hezbollah et les Forces de défense populaire, se chargent d’écraser Al-Nosra.
En Irak, l’armée, le peuple et les forces de mobilisation populaire se chargent d’écraser Daech à Ramadi. Au Qalamoun, l’Armée syrienne, le Hezbollah et les Forces de défense populaire, se chargent d’écraser Al-Nosra.
Ce que nous ne devons pas oublier, quelle que soit notre
tristesse devant les tragédies humaines qui frappent notre région,
c’est que ce sont nos armées qui sont visées autant que nos villes et
notre géographie. Ordonner un retrait à Palmyre ou ailleurs, ne signifie
pas que nous avons perdu la guerre et que leurs plans de partition ont
réussi…
Nasser Kandil
27/05/2015
27/05/2015
Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal
Dernières nouvelles 05/06/2015 : les chefs daéchistes fuient Ramadi pour Mossoul
Lors des opérations contre les villages de Zoubaa, dans le Sud-est de Fallouja, des dizaines de daechistes dont 2 chefs ont été tués, a annoncé une source policière, citée par le site an-Nahreïn. De même, des sources liées à la police dans la province d’al-Anbar ont fait part de la fuite des chefs daechistes du centre d’al-Ramadi, simultanément à l’avancée des forces de sécurité et des forces populaires vers cette ville. Les forces de sécurité et les forces populaires irakiennes ont réussi, ce jeudi dans la matinée, à réaliser de considérables avancées dans l’Est et le Sud d’al-Ramadi, ont ajouté ces sources.
Dernières nouvelles 05/06/2015 : les chefs daéchistes fuient Ramadi pour Mossoul
Lors des opérations contre les villages de Zoubaa, dans le Sud-est de Fallouja, des dizaines de daechistes dont 2 chefs ont été tués, a annoncé une source policière, citée par le site an-Nahreïn. De même, des sources liées à la police dans la province d’al-Anbar ont fait part de la fuite des chefs daechistes du centre d’al-Ramadi, simultanément à l’avancée des forces de sécurité et des forces populaires vers cette ville. Les forces de sécurité et les forces populaires irakiennes ont réussi, ce jeudi dans la matinée, à réaliser de considérables avancées dans l’Est et le Sud d’al-Ramadi, ont ajouté ces sources.