Daech
achète en secret des terrains entourés de forêt près du village d’Osve
en Bosnie. Les agences de renseignement bosniaques sont persuadées que
l’EI cherche à créer une base à partir de laquelle l’organisation
terroriste attaquera l’UE.
Les terrains achetés par l’EI ont un
atout sans précèdent : leur proximité avec la mer Méditerranée. Cela
signifie que les terroristes peuvent facilement y arriver depuis la
Syrie, l’Irak et l’Afrique du Nord en traversant illégalement la Grèce,
la Turquie, la Macédoine et la Serbie.
Le village d’Osve est situé
sur une colline à 96 kilomètres de Sarajevo. On ne peut pas trouver ce
village sur les cartes GPS et il est plus commode d’y arriver à pied car
les routes sont trop sinueuses et étroites pour les voitures. Les
services de sécurité de la Bosnie croient que Daech utilise ces
territoires pour y entraîner ses nouvelles recrues loin des yeux de la
communauté internationale.
Un autre atout de la Bosnie pour Daech, c’est la vente illégale d’armes qui dure depuis le conflit des années 1990.
L'Etat islamique appelle au djihad dans les Balkans
Il
y a cinq mois, les forces anti-terroristes bosniaques ont aperçu pour
la première fois le drapeau de Daesh sur les maisons d’un autre village,
celui de Gornja Maoca.
Le signe représentant l'Etat islamique à l'entrée du village bosnien de Gornja Maoca. |
Dans une vidéo relayée, début juin 2015, par la
presse locale, des combattants se revendiquant du califat islamique
appellent au djihad dans les Balkans. Ils annoncent "des jours
terribles" pour les "mécréants".
Un style très
soigné pour une vidéo de 21 minutes. C’est le nouvel instrument de
propagande de l’Etat islamique pour appeler à la guerre sainte dans les
Balkans. Relayée vendredi par la presse, elle porte le logo d’une
société de production en lien avec le groupe djihadiste.
L’extrémisme a toujours été un sujet
sensible pour les Bosniaques. Selon les estimations des services de
renseignements, depuis 2012, environ 200 de ses ressortissants sont
partis rejoindre les rangs de Daech en Syrie et en Irak. Une trentaine
seraient morts et quarante environ, rentrés en Bosnie.
En
septembre dernier, la police fédérale bosniaque (SIPA), a procédé à
l’arrestation de deux leaders salafistes Bilal Husein Bosnić et Nusret
Imamović. Mais malgré ces arrestations, des centaines de fidèles à
travers le pays se sont ralliés à trois autres dirigeants. Il s’agit de
Harun Mehicevic, qui était parti en Australie dans les années 1990 mais
qui poursuit aujourd’hui ses activités en Bosnie, Jasin Rizvic et Osman
Kekic, qui, selon les rumeurs, se battent maintenant en Syrie et Irak.
Ils sont soupçonnés d’avoir acheté ces terrains.
Selon l’enquête menée par le Mirror,
les résidents des villages voisins entendent régulièrement des tirs et
voudraient bien quitter la région le plus rapidement possible.
«Je
m’inquiète pour l’éducation de mes enfants ici. Il vaudrait mieux
partir maintenant mais il n’est pas si facile de vendre la maison», a
déclaré un habitant interrogé par le journal britannique.