Note du
Saker Francophone : La mauvaise foi évidente des arguments de Washington
envers l’attaque russe contre les terroristes islamistes sévissant en Syrie est
en train de rendre totalement transparente la manipulation politico-médiatique
que subissent les peuples occidentaux de la part de leurs élites. Robert Parry nous aide à y voir plus clair.
La
Communication stratégique, ou Stratcom, est une technique de propagande, de
manipulation psychologique qui traite l’information comme un outil de soft
power [pouvoir exercé de manière douce, donc non conscient pour celui qui
le subit, NdT] et même comme une arme dirigée contre ses adversaires.
Tel est le nouveau cri de ralliement d’un Washington hypnotisé par le pouvoir
qui émane de la création de narratives [Nous reprendrons le
terme anglais narrative dans son sens d’histoire créée pour donner une vision
déformée de la situation sur le terrain, NdT].
Dans cette
époque où les médias sont omniprésents, la première méthode de contrôle social
est la création de narratives livrées au public par les journaux, la télé, la
radio, les ordinateurs, les cellulaires et tout gadget électronique pouvant
relayer une information. Cela a donc entrainé une véritable obsession, pour
l’élite au pouvoir, de contrôler autant que possible cette information.
Ainsi, en ce
qui concerne les relations internationales des États Unis, nous voyons le
Département d’État, la Maison Blanche, le Pentagone, l’Otan et
d’autres agences mettre en avant différentes narratives pour suggérer au peuple
américain, ainsi qu’aux autres peuples, la manière dont ils doivent percevoir
la stratégie américaine, contre ses rivaux et envers ses alliés. Le mot branché
pour désigner cette pratique est communication stratégique
ou Stratcom, mélangeant opérations psychologique, propagande et relations
publique en un cocktail de persuasion.
J’observe ce
processus depuis le début des années 1980, moment où l’administration Reagan
cherchait à contrebalancer le syndrome vietnamien, qui se traduisait par une
aversion publique pour les interventions militaires à l’étranger, conséquence
de la guerre du Vietnam. Pour pousser les Américains à se débarrasser de ce
syndrome, les équipes de Reagan ont développé des thèmes à
propos d’évènements outre-mer pouvant déclencher une ferveur américaine.
S’inspirant
des expériences de psy-ops [opérations de manipulation psychologique de
masse, NdT] de la CIA, alors dirigées contre un public étranger, le
président Reagan et le directeur de la CIA William Casey ont mis en place, au
sein de la Maison Blanche, une équipe dirigée par un spécialiste de propagande
de la CIA, Walter Raymond Jr.
Depuis sa
nouvelle position au National Security Council, Raymond supervisait une équipe
chargée de vendre les politiques interventionnistes en Amérique centrale et
dans d’autres points chauds de la planète. Le truc, comme l’explique Raymond
dans des mémos à son personnel, est de coller une étiquette bien noire sur ses
adversaires et une étiquette bien blanche sur ses alliés, quelle que soit la
réalité sur le terrain.
Le fait que
de nombreux groupes armés soutenus par les États-Unis, des Contras du Nicaragua
aux militaires guatémaltèques, n’étaient guère plus que des escadrons de la
mort ne pouvait être vrai, en tous cas selon la doctrine psy-op. Ils devaient
être présentés au public américain avec une étiquette blanche. Ainsi, les
Contras devinrent les équivalents moraux de nos pères fondateurs et
les accusations de violations des droits de l’homme contre le criminel
dirigeant du Guatemala, Efrain Rios Montt, furent présentés comme de la diffamation par
l’équipe du président Reagan.
Un autre
truc était que quiconque, un journaliste, un activiste des droits de l’homme ou
un enquêteur du Congrès, contredisait l’étiquette blanche des alliés devait
être discrédité, marginalisé ou même détruit, et cela devint une habitude de
tuer tout messager honnête.
Mais,
finalement, la tactique principale de cette propagande fut de coller des
étiquettes noires sur les adversaires. Comme la plupart des dirigeants
étrangers avaient de sérieuses failles, il s’est avéré plus facile de les
discréditer, pour transformer le peuple américain en un peuple avide de guerre,
que d’essayer de le convaincre que les dirigeants alliés à Washington étaient
des parangons de vertu.
Une étiquette qui vous colle à la peau
Une fois
l’étiquette noire bien collée sur le front d’un dirigeant étranger, vous
pouviez dire ce que vous vouliez à son propos et discréditer tout Américain
pouvant remettre en question cette assertion extrême en le traitant
d’apologiste de dictateur, de complice de tyran, ou tout autre qualificatif
pouvant discréditer celui voulant remettre en question la narrative, et le
placer ainsi d’entrée en dehors des limites d’un débat acceptable.
Étant donné
l’ambiance de conformisme carriériste régnant à Washington, tout le monde est
rentré dans le rang, mêmes les journaux et les ONG. Si vous désiriez conserver
votre respectabilité et votre influence, vous deviez acquiescer à la sagesse
conventionnelle. Ainsi, pour chaque controverse concernant la politique
étrangère, nous avions une pensée conformiste concernant le nouvel ennemi. Les
limites établies pour chaque débat étaient décidées essentiellement par les
néoconservateurs (néocons) et leurs équivalents libéraux interventionnistes.
Que cette
conformité n’ait pas profité aux intérêts du pays est une évidence. Prenez, par
exemple, la désastreuse guerre d’Irak qui a couté aux contribuables environ
mille milliards de dollars, entrainé la mort de 4 500 soldats américains,
tué des centaines de milliers d’irakiens, provoqué le chaos dans un
Moyen-Orient pourtant stratégique et même jusqu’en Europe.
La majorité
des Américains sont d’accord sur le fait que la guerre d’Irak n’en valait pas le
coût. Mais il s’avère que ce catastrophique conformisme de pensée washingtonien
ne disparait pas comme il le devrait. Comme un virus mutant, il change de forme
pour s’adapter aux nouvelles conditions extérieures et survivre sous sa
nouvelle forme.
Et donc,
quand le public a commencé à s’apercevoir de l’échec de la guerre d’Irak, les
faucons néocons/interventionnistes libéraux sont réapparus avec une nouvelle
histoire pour dissimuler leur stratégie foireuse en Irak, celle du successful
surge (assaut réussi), l’envoi de 30 000 militaires supplémentaires dans
la bataille. Cette histoire était aussi bidon que celle des armes de
destruction massive mais elle fut adoptée comme le scénario d’un nouveau
conformisme de pensée en 2007 – 2008.
Ce
successful surge était un mythe en partie à cause du fait que beaucoup de ses
réussites étaient antérieures à l’assaut. Le fait de rémunérer les sunnites
pour qu’ils cessent de tirer sur les américains et le meurtre du dirigeant
d’al-Qaida en Irak, Abu Musad al-Zarqawi, se sont passés en 2006, bien avant
que l’assaut ne commence. Et son objectif principal, qui était d’arrêter les
conflits sectaires entre sunnites et chiites, ne fut jamais atteint.
Puis
Washington a emballé cet assaut dans un sanguinolent drapeau, celui d’honorer
les troupes que l’on a félicitées d’avoir finalement réussi à diminuer le
niveau de violence en Irak grâce a cette héroïque stratégie de l’assaut, comme
le président Bush l’avait ordonné, conseillé par les néocons. Et quiconque
remarquait les failles de cette histoire était mis à l’index pour manque de
respect aux troupes.
Pourtant,
ironie cruelle de l’histoire, les pontes néocons qui ont fait la promotion de
la guerre d’Irak et caché leur échec en vantant ce successful surge n’en ont
rien à faire des troupes qui, pour la plupart, viennent des basses classes
sociales et qui ne sont qu’abstraction pour les experts bien habillés et bien
payés qui peuplent les groupes de réflexion et remplissent les médias de leurs
analyses.
Confortablement
retranchés derrière leur mythe du successful surge, les partisans de la guerre
d’Irak ont échappé à toute responsabilité pour le chaos et le bain de sang
qu’ils ont aidé à provoquer. Et donc, les mêmes malins étaient en place sous la
présidence Obama, prêts à promouvoir de nouvelles narratives interventionnistes
en collant de nouvelles étiquettes bien noires sur de nouveaux ou anciens
ennemis tels que Kadhafi, Assad et même Poutine.
Provoquer le chaos
En 2011,
sous la menée cette fois des interventionnistes libéraux comme Hillary Clinton
ou Samantha Power, les militaires américains et quelques uns de leurs alliés de
l’Otan s’en prirent à la Libye, se moquant des avertissements de Kadhafi disant
que son pays était menacé par les terroristes islamistes. Ce n’est que lorsque
l’armée de Kadhafi fut complètement détruite par les bombardements occidentaux
(et que lui-même fut torturé et tué) qu’il devint évident qu’il n’avait pas
tout à fait tort au sujet des extrémistes islamistes.
Les
djihadistes se sont emparé de larges pans du territoire libyen, ont tué
l’ambassadeur américain et trois membres du personnel diplomatique à Benghazi
et forcé la fermeture des ambassades américaines et occidentales à Tripoli.
Pour impressionner un peu plus, des terroristes d’État islamique ont forcé des
chrétiens coptes à s’agenouiller sur une plage de Libye avant de les décapiter.
A cause de
cette anarchie régnante, la Libye est un des points d’origine des centaines de
milliers de migrants essayant d’atteindre l’Europe en bateau. Des milliers se
sont noyés au cours du trajet. Mais, encore une fois, les dirigeants
interventionnistes n’ont eu aucun compte à rendre. Clinton est aux premières
loges démocrates pour la présidentielle et Power est maintenant ambassadrice
américaine aux Nations Unies.
De même, en
2011, la Syrie a connu un soulèvement populaire contre le régime séculaire du
président Assad pour lequel les reportages utilisaient les mêmes systèmes
d’étiquettes : bien blanches pour l’opposition et bien noires pour le
gouvernement. Pourtant, même si beaucoup de manifestants semblaient bien
intentionné dans leur opposition à Assad, des terroristes sunnites s’étaient
infiltrés dès le début des manifestations.
Cette
réalité moins manichéenne fut complètement ignorée par la presse occidentale
qui a unanimement blâmé le gouvernement lorsqu’il a riposté contre les forces
de l’opposition qui commençaient à tuer policiers et soldats. L’Occident
continue à représenter l’action du gouvernement syrien comme une attaque non
provoquée contre des manifestants pacifiques. (Voir Les origines cachées de la guerre
civile syrienne)
Cette
nouvelle narrative a entrainé l’armée américaine au bord d’une autre
intervention, le 21 août 2013, lorsqu’une mystérieuse attaque au gaz sarin a
tué des centaines de personnes dans une banlieue de Damas. Les néocons de
Washington et les pro-interventionnistes du Département d’État ont
immédiatement accusé les forces d’Assad pour cette atrocité et demandé une
campagne de bombardement.
Pourtant,
quelques analystes des renseignements américains ont suspecté une provocation
sous fausse bannière faite par les islamistes pour que l’armée de l’air
américaine détruise l’armée d’Assad pour leur compte. A la dernière minute, le
président Obama a effectué un virage pour éviter ce piège et, avec l’aide du
président Poutine, a obtenu qu’Assad livre toutes ses armes chimiques. Ce
dernier continue à nier tout rôle dans cette attaque au sarin. (Voir L’affaire du sarin syrien s’écroule)
Contrariés par l’Iran
Poutine a
aidé Obama sur un autre front, face à un autre ennemi diabolisé, l’Iran. Fin
2013, les deux dirigeants ont collaboré pour pousser l’Iran à faire des
concessions importantes sur son programme nucléaire, ouvrant la voie à des
négociations qui ont finalement abouti à de stricts contrôles internationaux.
Ces
initiatives diplomatiques ont alarmé les néocons et leurs amis israéliens
d’extrême-droite. Depuis le milieu des années 1990 les néocons ont travaillé en
étroite collaboration avec le premier ministre Benjamin Netanyahou pour provoquer des changements de régime
dans les pays considérés comme problématiques pour Israël, tels que l’Irak, la
Syrie et l’Iran en tète de liste.
Mais Poutine
a bousculé cet agenda en empêchant la campagne de bombardements américaine
contre la Syrie et l’Iran, ce qui fut considéré comme une menace pour la
stratégie des néocons/israéliens. Ils craignaient aussi que la collaboration
Obama – Poutine fasse pression sur Israël pour reconnaitre un État palestinien.
Cette collaboration devait donc être détruite.
Et cette
destruction eut lieu début 2014 quand un coup d’État orchestré par les
néocons renversa le président ukrainien Victor Ianoukovitch et le remplaça par
un régime totalement antirusse, intégrant des néonazi, des ultranationalistes
et des extrémistes du marché libre.
L’Ukraine
était dans la ligne de mire néocon depuis au moins septembre 2013, juste après
que Poutine évite que la Syrie soit bombardée. Le néocon Carl Gershman,
président de la N.E.D. (la National Endowment for Democracy, financée par le
gouvernement), a écrit une analyse pour le Washington Post présentant l’Ukraine
comme le plus gros lot et une
base essentielle pour un changement de régime à Moscou, c’est-à-dire pour faire
sauter Poutine l’enquiquineur.
L’article de
Gershman fut suivi d’autres écrits par des néocons notoires comme le sénateur
John McCain et la secrétaire d’État Victoria Nuland, poussant à de violentes
manifestations au cours desquelles la police fut maltraitée. Mais le département
d’État et les médias n’en collèrent pas moins des étiquettes blanches sur les
manifestants et des noires sur la police et le gouvernement.
Puis, le 20
février 2014, une mystérieuse attaque de snipers tua à la fois des policiers et
des manifestants, entrainant plus de violences et la mort de dizaines de gens.
Le gouvernement américain et la presse accusèrent Ianoukovitch et, malgré
l’accord du 21 février pour des élections anticipées, les forces d’autodéfense
du Maidan, menées par des néonazis, s’emparèrent des bâtiments gouvernementaux
et y installèrent un nouveau régime, immédiatement reconnu comme légitime par
le département d’État.
Même si l’on
a jamais su qui était derrière cette attaque de snipers, car le nouveau
gouvernement a montré peu d’empressement à tirer cela au clair, quelques
enquêtes indépendantes coïncidaient pour montrer une provocation par des
tireurs ultra nationalistes qui, en visant à la fois la police et les
manifestants, espéraient faire monter la pression et accuser Ianoukovitch, ce
qui est exactement ce qui s’est passé.
Les
reportages faits sur place, dont un de la BBC, montre que les snipers étaient
plutôt du coté de la mouvance du Maidan que de celui du gouvernement
Ianoukovitch. (Un autre document intéressant sur ce mystérieux massacre du Maidan.)
Des articles de presse biaisés
Là encore,
pendant le coup d’État ukrainien, le New York Times et les autres médias de
masse ont joué le même rôle qu’au moment de la guerre d’Irak en diffusant des
histoires fausses ou déformées. En 2014, la presse américaine ne semblait déjà
plus capable d’interrompre son incessant rôle de propagandiste.
Et donc,
après le renversement de Ianoukovitch, quand les ethnies russes de Crimée et
d’Ukraine orientale se soulevèrent contre le mouvement antirusse de Kiev, le
seul scénario possible pour les médias américains fut d’incriminer Poutine pour
cette résistance. Cela ne pouvait donc qu’être une agression russe ou même une
invasion russe.
Comme le
référendum de Crimée fut largement en faveur d’une sécession avec l’Ukraine
pour rejoindre la Russie, les médias ont considéré ce résultat, 96% de oui,
comme un trucage provoqué par la menace des fusils russes. De même, la
résistance en Ukraine orientale ne pouvait pas être le résultat d’un sentiment
populaire et ne pouvait être due qu’à une manipulation des masses par la
propagande russe.
Pendant ce
temps, les preuves de la manipulation américaine, comme l’interception d’un coup de fil entre Victoria
Nuland et l’ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt sur comment
arranger le coup, qui installer au nouveau gouvernement (Yats est notre homme),
disparurent dans un trou de mémoire, car gênant trop la narrative en place.
(Voir Le NYT prétend toujours qu’il n’y pas eu de coup d’État en
Ukraine)
Quand, le 17
juillet 2014, le vol MH 17 de la Malaysia Airlines volant au dessus de
l’Ukraine orientale fut descendu, la machine à accuser fut immédiatement mise
en route, accusant Poutine et les rebelles du Donbass. Mais il n’a pas échappé
à quelques analystes américains que les preuves pointaient dans une autre
direction, vers quelques éléments incontrôlables du régime ukrainien.
De nouveau,
les médias de masse n’ont fait preuve d’aucun scepticisme envers la version
officielle accusant Poutine, même si les gouvernements occidentaux ont refusé
de rendre publique toute preuve soutenant la thèse accusant Poutine, et qu’il
en est toujours ainsi plus d’un an après ces évènements. (Voir Le mystère MH17, un nouveau Golfe du
Tonkin).
On retrouve
toujours ce même schéma, une fois que la propagande atteint un ennemi des
néocons/faucons libéraux, le fait qu’aucune preuve ne soit jamais produite
n’est pas considéré comme suspect, tout au moins pour les médias de masse qui
s’en tiennent à répéter en boucle la même narrative, que ce soit contre Poutine
pour le MH17, Ianoukovitch pour l’attaque de snipers, ou Assad pour l’attaque
au gaz sarin.
En guise de
scepticisme, c’est plutôt le même conformisme de pensée que l’on rencontre,
aucune leçon n’ayant été tirée du désastre de la guerre d’Irak car aucun
dirigeant n’a été mis face à ses responsabilités.
La répression par Obama
Pourtant,
même si on peut blâmer la presse américaine pour son incapacité à enquêter sur
des sujets sensibles de manières indépendantes, cela ne doit pas nous faire
oublier que c’est le président Obama et son administration qui furent la force
motrice de cette manipulation du public durant les six années précédentes. A la
place du gouvernement transparent qu’il nous avait promis, il a dirigé
l’administration la plus opaque, voir la plus secrète de l’histoire américaine.
Il a non
seulement refusé de rendre publiques les preuves concernant ces crises
internationales mais il a poursuivi en justice plus de lanceurs d’alerte que
tous les présidents précédents réunis.
Cette
répression, contre Manning emprisonné pour 35 ans ou contre Snowden en exil
forcé, a intimidé les actuels analystes du renseignement qui en connaissent
pourtant un rayon sur la manipulation du public mais n’osent pas parler aux
journalistes par peur.
La plupart
des informations fuitées [livrées par un officiel sous couvert de
l’anonymat, NdT] que vous lisez dans les médias ont été approuvées
par Obama ou ses principaux assistants pour servir leurs intérêts. En d’autres
termes, ces fuites font partie de la propagande, faites pour sembler plus
crédibles car provenant d’une source non identifiée plutôt que d’un porte-parole
officiel du gouvernement.
Dans cette
période finale de la présidence Obama, son administration semble droguée par le
pouvoir du management de la perception avec ce nouveau terme à la mode,
communication stratégique/Stratcom, qui mélange opération psychologique,
propagande et relation publique pour en faire un breuvage narcotique.
La
manipulation de l’information est vue comme une arme de puissance douce (soft
power) efficace, par des personnages allant du général Philip Breedlove de
l’Otan jusqu’au sous secrétaire pour la diplomatie publique du secrétariat
d’État Richard Stengel. C’est une méthode pour isoler et abimer un ennemi,
comme Poutine et la Russie.
Cette
diabolisation de Poutine rend toute coopération entre Obama et lui difficile à
propos de la récente intervention militaire russe en Syrie, dans un effort pour
empêcher une victoire d’EI et d’al-Qaida. Alors que l’on pouvait s’attendre à
ce que l’aide russe pour combattre le terrorisme soit bien accueillie, le
bureau de Nuland au Département d’État y a répondu par une étrange et futile tentative
d’empêcher l’aide russe de survoler l’Europe de l’Est pour atteindre la Syrie
[en faisant pression sur la Bulgarie et la Grèce pour interdire leur espace
aérien aux avions russes, NdT].
Il semble
donc que Nuland et les autres néocons préfèrent voir le drapeau noir du
terrorisme sunnite flotter sur Damas plutôt que de travailler avec Poutine pour
empêcher une telle catastrophe. L’hystérie à propos de l’aide russe à la Syrie
est un cas d’école montrant comment ces gens croient en leur propre propagande
et comment celle-ci les entraîne à prendre de déplorables décisions.
Ce mardi, la
Maison Blanche est encore tombée plus bas avec son porte-parole, Josh
Earnest, décrivant Poutine comme cherchant désespérément à obtenir un
rendez-vous avec Obama. Puis Earnest s’est moqué de l’apparence de Poutine en
réunion avec Netanyahou à Moscou, en disant : «Le président Poutine prenait sa
pose habituelle, une position pas très correcte, une veste déboutonnée et, en
plus, les jambes bien écartées pour donner une image particulière.»
Mais les
photos de la réunion montrent en fait que les deux hommes avaient leurs vestes
ouvertes et les jambes écartées, au moins pendant un moment. Répondant aux
insultes d’Earnest. les Russes ont nié que Poutine était désespéré dans
l’attente d’une réunion avec Obama et précisé que l’administration Obama avait
déjà proposé qu’une réunion se passe pendant l’assemblée générale des Nations
Unis ce lundi.
«Nous ne
refusons pas les rencontres que l’on nous propose», a précisé Yuri Ushakov,
conseiller de Poutine sur la politique étrangère.
«Nous voulons maintenir un dialogue constant aux plus hauts niveaux.»
Cependant,
Washington semble peu conscient du fait que déformer, mentir et ridiculiser
sans arrêt puisse dangereusement éroder la démocratie américaine et retirer le
peu de confiance restant au public mondial pour les paroles du
gouvernement. Il semble plutôt que Washington ait toute confiance en ses
propagandistes expérimentés pour discréditer quiconque ose faire remarquer que
si l’Empire n’est pas encore totalement nu, il n’est enveloppé que d’un voile
transparent de tromperies.
Par Robert
Parry – le 28 septembre 2015 – Source consortiumnews
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