Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, que l'on a connu moins intelligent, a déclaré
que les Etats-Unis s'opposent à une zone d'exclusion aérienne en Syrie,
dernier espoir d'Erdogan pour sauver ce qu'il peut du fiasco syrien et
empêcher la constitution d'un Rojava kurde sur sa frontière : "La
mise en place d'une zone d'exclusion aérienne ne nous rapproche pas du
règlement de ces problèmes. En réalité, cette zone ne ferait que diviser
la Syrie. Les Etats-Unis et d'autres pays qui se penchent sur les
problèmes syriens se fixent pour but de conserver les frontières
actuelles de cet Etat, même s'il subit aujourd'hui tant de
bouleversements"
La mise au point est claire et destinée
autant au sultan qu'à ses obligés européens qui, en bons Munichois,
s'alignent de plus en plus sur Ankara (ah le chantage aux réfugiés...)
Les dernières débilités en date de la part des eurocrates laissent rêveurs : la pathétique Merkel accepte la demande turque de poursuivre en justice le comédien auteur de la chanson parodique sur le sultan, Mogherini est "préoccupée" par la nouvelle offensive du régime sur Alep (oubliant allègrement que c'est Al Nosra qui a rompu la trêve). Le Vieux continent est-il jamais tombé aussi bas ?
Une partie de la direction états-unienne (administration, armée) semble s'être rangée peu ou prou à la position russe tandis que l'autre partie (CIA) continue sa politique de gribouille.
Sur le terrain, Daech fait preuve d'une étonnante résilience ces deux derniers jours, reprenant une partie du terrain perdu au nord d'Alep face au nouveau binôme à la mode (Al Qaeda+artillerie turque), et capturant quelques villages au sud-est de la ville sur les forces loyalistes afin de couper l'axe Homs-Alep.
Mais
la grande nouvelle est le début de la bataille d'Alep.
Elle était
imminente lorsque nous avons publié notre dernier billet ; nous y
sommes. Et d'entrée, les loyalistes ont frappé un grand coup, coupant une route d'approvisionnement cruciale et, surtout, réussissant presque à encercler entièrement les "terroristes modérés" de la ville.
On le voit sur la carte, les fermes al-Mallah ont été prises. Et
comme de l'autre côté, les YPG kurdes, maintenant alliés à Damas grâce
au patronage de Poutine, ont vaillamment défendu toute la semaine le
district Sheikh Maqsoud face aux copains de Fabius (Al Nosra) et aux attaques chimiques
de Jaysh al-Islam, l'étau se resserre dangereusement autour des
djihadistes d'Alep. Encore quelques kilomètres et l'encerclement sera
total. On comprend mieux que Mogherini pleure à chaudes larmes...
La nouvelle visite
à Moscou de l'Arsène Lupin du Moyen-Orient, le fameux général iranien
Soleimani, n'a sans doute pas pour but de parler de la pluie et du beau
temps ni des premiers S-300 qui ont été livrés,
Russes et Iraniens préparent déjà la suite. Conduite à suivre après
l'encerclement d'Alep ? Poussée vers Raqqah ? En attendant, les forces
aériennes russes ont méchamment pilonné Daech, notamment sur l'aéroport stratégique de Tabaqa
Ça bouge d'ailleurs partout. Notons sur l'agenda des prochains jours une probable offensive
des YPG sur Jarablous avec le soutien aérien de la coalition US
(nouvelle gifle à Erdogan qui avait juré ses grands dieux que jamais les
Kurdes ne dépasseraient l'Euphrate). Et aussi un nouveau voyage
de Bibi la terreur à Moscou. Décidément, Tel-Aviv a les yeux de Chimène
pour Vladimirovitch ; on se souvient du président Rivlin qui avait annulé
au dernier moment un voyage en Australie, humiliant Canberra, pour se
précipiter au Kremlin. Trois visites d'Etat en six mois ; c'est du
rarement (jamais ?) vu dans l'histoire d'Israël...
Rédigé par Observatus geopoliticus