Les premiers Romains qui ont rencontré des Arabes avant l'Islam les décrivent comme des Bédouins aux cheveux longs, moustachus et imberbes. Ce dernier détail les avait particulièrement frappés : rares étaient les peuples qui se rasaient la barbe comme le faisaient les Arabes !
Alors pourquoi a-t-on inventé la "barbe du prophète" si chère aux islamistes ?
Ne serait-ce par mimétisme avec d'autres religions ?
Lesislamistes, en pauvres incultes, croient que l'Islam c'est le voile + la barbe. Or le voile n'est arabe ni islamique, la barbe non plus.
De nos jours, on débat sur des questions de signes religieux, ostensibles ou non, et on s'interroge sur le meilleur habit pour les prêtres (soutane ou pas soutane ?). Ce qu'on oublie, c'est que les polémiques autour de l'apparence religieuse ont longtemps tourné, dans le christianisme, autour d'un autre type d'attribut : la barbe. Car si Dieu est réputé en porter une et si le Christ est généralement représenté avec, le débat est nettement moins tranché en ce qui concerne les disciples de Jésus. Fin août, le magazine évangélique américain Christianity Today s'est penché sur cette question piquante, et en a tiré une synthèse historique (en anglais) au poil.
« La barbe – particulièrement au sein du clergé – fut jadis une affaire aussi sérieuse que symbolique. Elle distingua l'Orient de l'Occident durant le Grand Schisme de 1054, puis les prêtres des laïcs au Moyen-Âge, et les protestants des catholiques lors de la Réforme. Certains chefs religieux l'exigèrent, d'autres la bannirent. Pour les théologiens médiévaux, elle a représenté aussi bien la sainteté que le péché. »
Le sujet est effectivement loin de se révéler rasoir. Différentes anecdotes pieuses et pileuses sont ainsi compilées au fil des siècles, comme par exemple ces propos de Clément d'Alexandrie, à la fin du IIe siècle, qualifiant la barbe de « signe des hommes » et ajoutant que serait « un geste impie que de porter atteinte au symbole de la virilité ».
Vers la fin du Ve siècle, une règle précise est édictée à ce sujet, précisant qu'« aucun prêtre ne doit se laisser pousser les cheveux ou se raser la barbe ». Assez peu dans l'air du temps, cette règle aurait tout simplement été transformée par certains copistes en : « Aucun prêtre ne doit se laisser pousser les cheveux ou la barbe », et elle semble avoir été globalement ignorée jusqu'au XIIe et XIIIe siècles.
Signe des tensions croissantes entre l'Orient et l'Occident, une lettre du pape Nicolas Ier aux évêques français atteste de profondes divergences sur la question du poil au menton : il souligne ainsi que certains, parmi les futurs orthodoxes, critiquent vertement le fait que certains prêtres occidentaux « ne refusent pas de se raser la barbe ». Quelques années avant le Schisme, le divorce entre les deux pôles de la chrétienté sera d'ailleurs, sur ce sujet, consommé lors du concile de Bourges, en 1031, qui recommande en Europe « une barbe rasée » à « tous ceux qui exercent un ministère dans la Sainte Église ». Cette différence de vue, aujourd'hui encore, semble demeurer entre les religieux romains et ceux de l'orthodoxie, à la barbe au moins aussi caractéristique que leur habit.
Tandis que les orientaux adoptent donc la barbe, les occidentaux vont continuer de tergiverser pendant quelques siècles. L'usage du rasoir semble, à Rome et dans les diocèses, davantage osciller en fonction des modes que des règles en vigueur.
Finalement, il faudra attendre les années 1970 pour que la barbe retrouve, dans les Églises, toute sa valeur politique – à l'image de ce qu'elle a pu représenter d'ailleurs dans les syndicats et le reste de la société.
Et qu'en est-il, pendant tout ce temps, des papes ? Un article publié sur le site Fait Religieux aborde ce point plus précis et s'interroge par ailleurs sur les distances relatives entretenues par les grandes religions à l'égard du rasoir. On y apprend ainsi que le dernier pontife à avoir affiché fièrement sa pilosité faciale (si l'on disqualifie Innocent XII qui, au XVIIe siècle, se contentait d'un petit bouc) serait Jules II, pape de 1503 à 1513. Au dernier conclave, parmi les favoris, seul l'archevêque de Boston, Sean O'Malley, a pu laisser espérer une évolution nouvelle de la papauté à ce sujet. Sans doute faudra-t-il donc attendre le prochain. Ou une surprise de François, ce qui n'est jamais à exclure...
C'est clair : « Tu ne couperas pas les coins de ta barbe » (Lévitique,
19, 27). Les Hébreux en effet la chérissaient au point de lui confier
leur honneur. C'est pourquoi le roi David, dont les émissaires avaient
eu la barbe coupée à moitié par le roi des Ammonites qui craignait
qu'ils ne soient des espions, refusa de les recevoir tant que leurs
poils n'auraient pas repoussé. On ne plaisante pas avec le protocole !
Difficile de savoir précisément quelle était la mode de l’époque faute de représentation iconographique de l’Homme, interdite par les textes. On sait par contre à quoi ressemble Dieu ! L’Homme n’a-t-il pas été formé à son image ? Barbu, donc… tout comme sera représenté le Christ.
Cela n’a pourtant pas toujours été le cas : à l’origine, on le trouve très souvent imberbe sous les traits du Bon Pasteur.
Mais alors, pourquoi cette barbe qui nous est si familière ? Il semble qu’elle soit apparue à Byzance après la crise iconoclaste qui avait vu disparaître pendant plus de 100 ans (723-843) les images divines.
Pour représenter de nouveau Jésus, les peintres se seraient simplement inspiré du modèle parfait du croyant : le moine.
Par opposition aux eunuques et aux jeunes hommes glabres, considérés comme attirants, les religieux avaient choisi de laisser disparaître leur visage sous une énorme barbe.
Un peu plus loin à la même époque, en terres d’islam, le prophète Mahomet, comme les juifs et les chrétiens, l’aurait lui aussi adoptée, encourageant dans un hadith (communication orale) ses fidèles à faire de même.
Notons que, même si le culte des reliques est interdit dans le monde musulman, on conserve au palais de Topkapi à Istanbul des poils qui seraient issus de la barbe du Prophète. Aujourd’hui la barbe est pour beaucoup d’Occidentaux perçue comme un des premiers signes de radicalisation et d’appartenance à l’islam radical, au point d’avoir donné naissance au surnom de « barbus » pour désigner les extrémistes musulmans.
La tension des doigts ne suffit pas toujours quand on a des trous, des rides ou des cicatrices au visage ; il faut alors repousser avec la langue les joues par dedans la bouche, afin de faire faire une saillie suffisante au trou, pour en raser facilement la place.
En d'autres circonstances, il faut pincer la peau avec deux doigts, pour en faire l'élévation, principalement aux rides et cicatrices.
Lorsqu'on se regarde au miroir, et que l'on voit ou que l'on sent sous les doigts quelques poils qui ne sont pas coupés, ce sont […] des espèces de poils follets ou des poils qui se croisent, et qui ont résisté au tranchant en fauchant de haut en bas, et de bas en haut ; alors il faut en chercher le sens, et les raser horizontalement, ou latéralement, ou enfin verticalement ; c'est ainsi que le poil cède à l'adresse de la main, et se rase de près » (Encyclopédie méthodique, « Arts et métiers mécaniques », tome 6, 1789).
Alors pourquoi a-t-on inventé la "barbe du prophète" si chère aux islamistes ?
Ne serait-ce par mimétisme avec d'autres religions ?
Il suffit
de se promener dans les rues des pays infectés par l'islamisme (maladie sénile
de l'islam) pour le remarquer : le poil est de retour ! Ce
nouveau béguin n'est qu'une étape de plus dans une histoire longue et
particulièrement touffue. Montre-moi ta barbe, je te dirai qui tu es.
Le journaliste Ashraf Khalil, basé au
Caire, explique sur la BBC combien il est utile, dans le monde arabe, de
savoir décrypter le sens de la pilosité faciale.
Le journaliste, qui explique que la barbe fait un grand retour dans l’Égypte , la Tunisie, et d'autres pays, y compris les pays européens, dresse une rapide typologie de la pilosité
égyptienne, que l'on peut résumer ainsi:
- Les Frères musulmans ont tendance à porter la barbe, et la moustache, bien entretenues.
- Les salafistes se laissent pousser la barbe très en longueur, lèvre supérieure rasée (un clin d’œil au prophète Mahomet, selon lui).
- Parmi les salafistes, certains se teignent la barbe au henné (une teinte allant du rouge foncé à l'orange «citrouille lumineux»).
- Les prêtres et moines coptes portent aussi la barbe longue (à tel point qu'un observateur non aguerri ne verrait pas la différence physique entre le patriarche copte Tawadros II, ou Théodore II d'Alexandrie, et le salafiste Emad Abdel-Ghafour.)
Le journaliste explique:
«Dans le monde arabe et musulman, les poils du visage sont bien plus qu'une histoire de style ou d'entretien. Cela a une signification sociologique, un raccourci qui vous dit souvent à qui vous avez affaire avant même d'avoir engagé la discussion.»
Comme nous vous l'expliquions dans un article intitulé «Pourquoi tant de leaders arabes portent-ils la moustache?», c'est un signe de virilité. Aisha Harris rapportait la même anecdote qu'Ashraf Khalil:
«A cause de la fierté tirée de sa présence, la moustache est une cible politique de choix, et raser la moustache d’un opposant n’est pas si rare que cela. En 2003, un assistant de Saddam Hussein a insulté le ministre d’État koweitien en s’exclamant:
“Que votre moustache soit maudite!”»
Aisha Harris relevait:
«Mais tout le monde n’associe pas la moustache au pouvoir. Certains islamistes pensent que Mahomet a demandé aux musulmans de se laisser pousser la barbe pour qu’ils se distinguent de leurs ennemis, les Perses, qui portaient la moustache.
“Agis contre les polythéistes, aurait dit le prophète Mahomet. Taille soigneusement ta moustache et laisse-toi pousser la barbe.”
Si la pilosité faciale n’est pas une preuve infaillible de l’appartenance politique d’un homme dans le monde arabe, elle peut en donner une indication. De nombreux islamistes portent la barbe, les membres du parti Baas ont souvent des moustaches et les libéraux tendent à opter pour l’absence totale de pilosité sur le visage.»
Une histoire chrétienne de la barbe
De nos jours, on débat sur des questions de signes religieux, ostensibles ou non, et on s'interroge sur le meilleur habit pour les prêtres (soutane ou pas soutane ?). Ce qu'on oublie, c'est que les polémiques autour de l'apparence religieuse ont longtemps tourné, dans le christianisme, autour d'un autre type d'attribut : la barbe. Car si Dieu est réputé en porter une et si le Christ est généralement représenté avec, le débat est nettement moins tranché en ce qui concerne les disciples de Jésus. Fin août, le magazine évangélique américain Christianity Today s'est penché sur cette question piquante, et en a tiré une synthèse historique (en anglais) au poil.
« La barbe – particulièrement au sein du clergé – fut jadis une affaire aussi sérieuse que symbolique. Elle distingua l'Orient de l'Occident durant le Grand Schisme de 1054, puis les prêtres des laïcs au Moyen-Âge, et les protestants des catholiques lors de la Réforme. Certains chefs religieux l'exigèrent, d'autres la bannirent. Pour les théologiens médiévaux, elle a représenté aussi bien la sainteté que le péché. »
Le sujet est effectivement loin de se révéler rasoir. Différentes anecdotes pieuses et pileuses sont ainsi compilées au fil des siècles, comme par exemple ces propos de Clément d'Alexandrie, à la fin du IIe siècle, qualifiant la barbe de « signe des hommes » et ajoutant que serait « un geste impie que de porter atteinte au symbole de la virilité ».
Vers la fin du Ve siècle, une règle précise est édictée à ce sujet, précisant qu'« aucun prêtre ne doit se laisser pousser les cheveux ou se raser la barbe ». Assez peu dans l'air du temps, cette règle aurait tout simplement été transformée par certains copistes en : « Aucun prêtre ne doit se laisser pousser les cheveux ou la barbe », et elle semble avoir été globalement ignorée jusqu'au XIIe et XIIIe siècles.
Signe des tensions croissantes entre l'Orient et l'Occident, une lettre du pape Nicolas Ier aux évêques français atteste de profondes divergences sur la question du poil au menton : il souligne ainsi que certains, parmi les futurs orthodoxes, critiquent vertement le fait que certains prêtres occidentaux « ne refusent pas de se raser la barbe ». Quelques années avant le Schisme, le divorce entre les deux pôles de la chrétienté sera d'ailleurs, sur ce sujet, consommé lors du concile de Bourges, en 1031, qui recommande en Europe « une barbe rasée » à « tous ceux qui exercent un ministère dans la Sainte Église ». Cette différence de vue, aujourd'hui encore, semble demeurer entre les religieux romains et ceux de l'orthodoxie, à la barbe au moins aussi caractéristique que leur habit.
Tandis que les orientaux adoptent donc la barbe, les occidentaux vont continuer de tergiverser pendant quelques siècles. L'usage du rasoir semble, à Rome et dans les diocèses, davantage osciller en fonction des modes que des règles en vigueur.
Finalement, il faudra attendre les années 1970 pour que la barbe retrouve, dans les Églises, toute sa valeur politique – à l'image de ce qu'elle a pu représenter d'ailleurs dans les syndicats et le reste de la société.
Et qu'en est-il, pendant tout ce temps, des papes ? Un article publié sur le site Fait Religieux aborde ce point plus précis et s'interroge par ailleurs sur les distances relatives entretenues par les grandes religions à l'égard du rasoir. On y apprend ainsi que le dernier pontife à avoir affiché fièrement sa pilosité faciale (si l'on disqualifie Innocent XII qui, au XVIIe siècle, se contentait d'un petit bouc) serait Jules II, pape de 1503 à 1513. Au dernier conclave, parmi les favoris, seul l'archevêque de Boston, Sean O'Malley, a pu laisser espérer une évolution nouvelle de la papauté à ce sujet. Sans doute faudra-t-il donc attendre le prochain. Ou une surprise de François, ce qui n'est jamais à exclure...
Dis-moi combien tu as de poils...
Le poil a alimenté nombre de thèses plus ou moins racistes lorsque
les explorateurs et les scientifiques se sont aperçus que les groupes
humains étaient plus ou moins velus.
La découverte de l'Amérique et de ses habitants imberbes, en particulier, les a plongés dans une grande perplexité. Voici l'explication de Georges Buffon, au XVIIIe s. : « Le Sauvage est faible et petit par les organes de la génération ; il n'a ni poils, ni barbe, ni nulle ardeur pour sa femelle […]. » Le faible peuplement de l'Amérique serait donc dû à l'absence de poils, révélateur d'une vigueur sexuelle défaillante...
Un siècle plus tard, Charles Darwin avance l'hypothèse d'un retour à un stade inférieur : « [ …] il ne faut pas supposer que les races les plus velues, telles que celle des Européens, ont conservé leur condition primordiale d’une façon plus complète que les races nues, tels que les Kalmouks ou les Américains. Il est plus probable que la pilosité des premiers soit due à un retour partiel […]. Nous avons vu que les idiots sont souvent très velus et qu’ils ont tendance à faire retour, pour d’autres caractères, à un type animal inférieur » (La Filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe, 1877).
Aujourd’hui on met en avant un mélange de génétique et de climat pour expliquer les différences de pilosité à travers le monde. Plus d’harmonie aurait-il bouleversé le cours de l’Histoire ? On peut se le demander quand on sait, comme l’explique Montaigne, que les habitants du Nouveau Monde ont été terrifiés « de voir arriver aussi inopinément des gens barbus, différents d'eux par le langage, la religion, par l'aspect extérieur et le comportement » (Essais, 1580). Si Colomb avait eu un rasoir, la face du monde en aurait peut-être été changée !
La découverte de l'Amérique et de ses habitants imberbes, en particulier, les a plongés dans une grande perplexité. Voici l'explication de Georges Buffon, au XVIIIe s. : « Le Sauvage est faible et petit par les organes de la génération ; il n'a ni poils, ni barbe, ni nulle ardeur pour sa femelle […]. » Le faible peuplement de l'Amérique serait donc dû à l'absence de poils, révélateur d'une vigueur sexuelle défaillante...
Un siècle plus tard, Charles Darwin avance l'hypothèse d'un retour à un stade inférieur : « [ …] il ne faut pas supposer que les races les plus velues, telles que celle des Européens, ont conservé leur condition primordiale d’une façon plus complète que les races nues, tels que les Kalmouks ou les Américains. Il est plus probable que la pilosité des premiers soit due à un retour partiel […]. Nous avons vu que les idiots sont souvent très velus et qu’ils ont tendance à faire retour, pour d’autres caractères, à un type animal inférieur » (La Filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe, 1877).
Aujourd’hui on met en avant un mélange de génétique et de climat pour expliquer les différences de pilosité à travers le monde. Plus d’harmonie aurait-il bouleversé le cours de l’Histoire ? On peut se le demander quand on sait, comme l’explique Montaigne, que les habitants du Nouveau Monde ont été terrifiés « de voir arriver aussi inopinément des gens barbus, différents d'eux par le langage, la religion, par l'aspect extérieur et le comportement » (Essais, 1580). Si Colomb avait eu un rasoir, la face du monde en aurait peut-être été changée !
Barbes, bouclettes et balayettes
Une chose est sûre : dès l'arrivée des premières civilisations, le
poil commence à en voir de toutes les couleurs. Il rappelle en effet
l'animal en nous, qu'il faut apprivoiser à force de tresses et de coups
de rasoirs.
À Babylone, le roi se doit lors de son couronnement d'être pur, c'est-à-dire parfaitement imberbe : le mot « rasé »
est d'ailleurs utilisé pour indiquer sa consécration en tant que
souverain. Cet exemple rappelle la phobie du poil dans le monde
sacerdotal, toujours d'actualité dans certaines religions, notamment
dans l'Asie bouddhiste.
Pour les nobles, la barbe fait office de carte de visite : bichonnée
pendant des heures, elle est disposée en de multiples boucles sur une
grande partie du visage et peut descendre au milieu de la poitrine dans
de savants entrelacs.
Les Assyriens vont suivre cette mode en portant une attention toute
particulière à la moustache, qu'ils n'hésitent pas à collectionner comme
trophée de guerre.
Mais pas de pitié pour les vaincus : ils doivent balayer le sol avec
leur barbe, en signe de total respect. On ne plaisante pas en effet avec
la portée symbolique des poils du visage : ne sont-ils pas symboles de
virilité et de puissance ?
Les poils entrent en religion
Difficile de savoir précisément quelle était la mode de l’époque faute de représentation iconographique de l’Homme, interdite par les textes. On sait par contre à quoi ressemble Dieu ! L’Homme n’a-t-il pas été formé à son image ? Barbu, donc… tout comme sera représenté le Christ.
Cela n’a pourtant pas toujours été le cas : à l’origine, on le trouve très souvent imberbe sous les traits du Bon Pasteur.
Mais alors, pourquoi cette barbe qui nous est si familière ? Il semble qu’elle soit apparue à Byzance après la crise iconoclaste qui avait vu disparaître pendant plus de 100 ans (723-843) les images divines.
Pour représenter de nouveau Jésus, les peintres se seraient simplement inspiré du modèle parfait du croyant : le moine.
Par opposition aux eunuques et aux jeunes hommes glabres, considérés comme attirants, les religieux avaient choisi de laisser disparaître leur visage sous une énorme barbe.
Un peu plus loin à la même époque, en terres d’islam, le prophète Mahomet, comme les juifs et les chrétiens, l’aurait lui aussi adoptée, encourageant dans un hadith (communication orale) ses fidèles à faire de même.
Notons que, même si le culte des reliques est interdit dans le monde musulman, on conserve au palais de Topkapi à Istanbul des poils qui seraient issus de la barbe du Prophète. Aujourd’hui la barbe est pour beaucoup d’Occidentaux perçue comme un des premiers signes de radicalisation et d’appartenance à l’islam radical, au point d’avoir donné naissance au surnom de « barbus » pour désigner les extrémistes musulmans.
Autoportrait d'un empereur poilu
« Et
d'abord commençons par le visage. La nature, j'en conviens, ne me
l'avait donné ni trop beau, ni agréable, ni séduisant, et moi, par une
humeur sauvage et quinteuse, j'y ai ajouté cette énorme barbe, pour
punir, ce semble, la nature de ne m'avoir pas fait plus beau. J'y laisse
courir les poux, comme des bêtes dans une forêt : je n'ai pas la
liberté de manger avidement ni de boire la bouche bien ouverte : il
faut, voyez-vous, que je prenne garde d'avaler, à mon insu, des poils
avec mon pain. Quant à recevoir ou à donner des baisers , point de
nouvelles : car une telle barbe joint à d'autres inconvénients celui de
ne pouvoir, en appliquant une partie nette sur une partie lisse,
cueillir d'une lèvre collée à une autre lèvre cette suavité dont parle
un des poètes inspirés de Pan et de Calliope, un chantre de Daphnis.
Vous dites qu'il en faudrait faire des cordes : j'y consens de bon cœur,
si toutefois vous pouvez l'arracher et si sa rudesse ne donne pas trop
de mal à vos mains tendres et délicates. Que personne de vous ne se
figure que je suis chagriné de vos brocards : j'y prête moi-même le
flanc, avec mon menton de bouc, lorsque je pourrais, ce me semble,
l'avoir doux et poli comme les jolis garçons et comme toutes les femmes à
qui la nature a fait don de l'amabilité. [...] Mais pour moi ce n'est
pas assez de cette longue barbe, ma tête aussi n'est pas bien ajustée :
il est rare que je me fasse couper les cheveux ou rogner les ongles, et
mes doigts sont presque toujours noircis d'encre. Voulez-vous entrer
dans les secrets ? J'ai la poitrine poilue et velue, comme les lions,
rois des animaux, et je ne l'ai jamais rendue lisse, soit bizarrerie,
soit petitesse d'esprit. II en est de même du reste de mon corps ; rien
n'en est délicat et doux. Je vous dirais bien s'il s'y trouvait quelque
verrue, comme en avait Cimon ; mais c'en est assez ; parlons d'autre
chose » (Julien, Misopogon, 363).
On rase gratis
Louis XIII, semble-t-il, n'avait cure de ce signe de distinction qu'il va bannir de son royaume, au grand dam de ses sujets :
« Hélas, ma pauvre barbe !
Qu'est-ce qui t'a faite ainsi ?
C'est le grand roi Louis,
Treizième de ce nom,
Qui a tout esbarbé sa maison » (cité par Jean-Claude Bologne).
Qu'est-ce qui t'a faite ainsi ?
C'est le grand roi Louis,
Treizième de ce nom,
Qui a tout esbarbé sa maison » (cité par Jean-Claude Bologne).
Ce massacre, auquel échappent la fameuse barbiche du cardinal de Richelieu et celle de ses mousquetaires, entraîne la création du corps des barbiers dits « barbants », pour se différencier de leurs collègues chirurgiens.
À l’autre bout du monde, le pirate Barbe-Noire
sème la terreur en illuminant sa barbe crasseuse de mèches de soufre.
Mais c'est à la fin du siècle que le tranchant connaît son apothéose,
associé à quelques planches en bois et une bascule...
Comme pour répondre au succès du Barbier de Séville de Beaumarchais (1775), le « grand rasoir national » du bon docteur Guillotin va réduire quelques anatomies révolutionnaires qui auraient dû suivre ce conseil : « Il faut savoir sacrifier la barbe pour sauver la tête » (proverbe turc).
L'art du rasage au XVIIIe siècle : tout un sport !
« Il n'est pas toujours commode, ni même possible, de faucher de
toute la longueur du tranchant ; alors il faut faire avec la pointe du
rasoir le tour des boutons en cherchant la position des doigts la plus
commode ; et il faut même, dans ce cas, ne donner que des coups bien
légers.La tension des doigts ne suffit pas toujours quand on a des trous, des rides ou des cicatrices au visage ; il faut alors repousser avec la langue les joues par dedans la bouche, afin de faire faire une saillie suffisante au trou, pour en raser facilement la place.
En d'autres circonstances, il faut pincer la peau avec deux doigts, pour en faire l'élévation, principalement aux rides et cicatrices.
Lorsqu'on se regarde au miroir, et que l'on voit ou que l'on sent sous les doigts quelques poils qui ne sont pas coupés, ce sont […] des espèces de poils follets ou des poils qui se croisent, et qui ont résisté au tranchant en fauchant de haut en bas, et de bas en haut ; alors il faut en chercher le sens, et les raser horizontalement, ou latéralement, ou enfin verticalement ; c'est ainsi que le poil cède à l'adresse de la main, et se rase de près » (Encyclopédie méthodique, « Arts et métiers mécaniques », tome 6, 1789).
source : Suite et fin de cette histoire (du XIXe siècle à nos jours)
L’étude menée par le microbiologiste américain, John
Golobis, et relayée par une chaîne de télévision du nouveau Mexique,
pourrait bien vous faire changer de regard sur les hommes barbus.
Après avoir frotté avec un coton tige les barbes de plusieurs volontaires choisis au hasard dans la rue, le chercheur à analysé ce qu’elles contenaient. Résultat : elles sont de véritable nid à microbes ! D’après le scientifique, les barbes contiennent les mêmes types de bactéries que l’on peut trouver dans les toilettes publiques. Dans certains échantillons, il s’agit de celles que l’on trouve dans la matière fécale.
« Si ce taux de microbes était détecté dans l’eau, il faudrait ordonner une désinfection » ajoute-t-il.
Dans la barbe, autant de microbes que dans les toilettes
Après avoir frotté avec un coton tige les barbes de plusieurs volontaires choisis au hasard dans la rue, le chercheur à analysé ce qu’elles contenaient. Résultat : elles sont de véritable nid à microbes ! D’après le scientifique, les barbes contiennent les mêmes types de bactéries que l’on peut trouver dans les toilettes publiques. Dans certains échantillons, il s’agit de celles que l’on trouve dans la matière fécale.
« Si ce taux de microbes était détecté dans l’eau, il faudrait ordonner une désinfection » ajoute-t-il.
Hannibal GENSERIC
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