Chose promise, chose due, même si les sondages des derniers jours laissaient planer le doute suite à la récupération sordide du meurtre de Jo Cox. Les menaces toutes plus sombres les unes que les autres de la part du système - la palme revient à l’inénarrable Donald Tusk qui évoquait sans rire "la fin de la civilisation occidentale" - n'y auront pas suffi. See EU later...
Les oligarques non élus de Bruxelles sont en émoi, la mafia
médiatique est assommée, les banksters paniquent et les marchés
dévissent. Rien que pour ce spectacle, un grand merci aux Britanniques
s'impose. En passant, l'on est quand même rêveur devant le mouvement de
panique mondiale causée par ce simple vote sur un sujet qui ne devrait
surprendre personne. Que les bourses s'effondrent, que les monnaies
s'écroulent montre à quel degré d'avancement et de déconnexion de la
réalité est arrivé le monde parallèle de la finance, gigantesque bulle
virtuelle. Nigel Farage, l'un des tenants du Brexit, l'a assez bien
résumé dans son discours : "C'est la victoire des petites gens, des gens
honnêtes, de la réalité face aux multinationales et au système établi".
Cette journée historique aura d'importantes répercussions
géopolitiques, même si celles-ci se feront plutôt sentir à long terme.
Tout ne changera pas du jour au lendemain, bien que certains éléments
puissent survenir plus vite que prévu.
Pour le Royaume-Uni même, la reprise en main de son destin (qu'il
n'avait jamais vraiment abandonné aux mains des europloucs) pourrait
s'accompagner, ô ironie, de certaines difficultés. L’Écosse et l'Irlande
du nord, qui ont voté en faveur du maintien, seront tentées de prendre
leur distance de l'Angleterre et du Pays de Galles. Déjà, les leaders
indépendantistes écossais réclament un nouveau référendum de même que le Sinn Fein pour la verte Erin. L'Espagne s'y met aussi, qui demande le retour de Gibraltar après 300 de présence britannique sur l'îlot.
A l'échelle continentale, les eurocrates sont paniqués devant le possible effet domino.
Car tout l'anti-système s'y met : Wildeers réclame un référendum aux
Pays-Bas, Le Pen et Mélenchon en France, le Mouvement 5 étoiles en
Italie ; l'Autriche, la Hongrie, la République tchèque font également la
queue. Nexit, Frexit, Itaxit, Auxit, Tchèxit, Honxit etc. - les
eurolâtres sont affolés et feront tout pour bloquer les revendications
des peuples. Si l'UE était démocratique, ça se saurait n'est-ce pas...
Mais derrière, c'est évidemment l'affrontement entre les deux grands
qui se profile. L'ombre du méchant ogre russe, accusé de toutes les
turpitudes, plane sur le Brexit. La corporation médiatique nous avait
déjà prévenus avec des trémolos dans la voix. A peine vaincu, Cameron n'a pu s'empêcher un commentaire
désabusé - "Poutine doit être content" - s'attirant une réponse
ironique du maître du Kremlin. L'ancien ambassadeur US à Moscou, Michael
Mc Faul, va plus loin : "C'est une gigantesque victoire pour Poutine. Je le félicite pour sa victoire ce soir." (!)
Qu'il mette dans le camp des perdants du Brexit les États-Unis est
une forme d'aveu. Le lecteur de ce blog ne sera pas surpris, qui sait
que la construction européenne fut dès le départ un projet américain
visant à mettre la main sur le Vieux continent. Les avertissements
d'Obama à son vassal n'avaient guère étonné, même s'il avaient
finalement eu l'effet inverse de celui escompté.
Le maître de l'empire se voit aujourd'hui obligé de déclarer qu'il
"respecte le vote britannique" (manquerait plus que ça !) mais les
stratèges US l'ont mauvaise. "Le Royaume-Uni et l'Union européenne
resteront des partenaires indispensables" a-t-il ajouté. Mais voilà le
problème : deux au lieu d'un, et peut-être bientôt trois, quatre, cinq,
qui commenceront à partir dans tous les sens, n'écouteront plus que
d'une oreille les recommandations de tonton Sam, au lieu d'une structure
européenne centralisée noyautée par les Américains. Voilà le souci
européen de Washington...
Soyons honnête, la Russie bénéficie évidemment du Brexit. Le bras
européen de l'empire se fissure, l'intense lobbying anti-russe de la
Grande-Bretagne au sein des instances eurocratiques ne sera bientôt plus
qu'un souvenir, le vent de révolte gagne le Vieux continent tout entier
où les partis europhobes sont en même temps russophiles.
A Moscou, on préfère la jouer modeste, Medvedev versant même une larme de crocodile
sur les possibles conséquences économiques négatives du Brexit. Mais
dans les couloirs du Kremlin, on doit jubiler. Le système impérial US en
Europe se lézarde au moment même où la construction eurasienne ne cesse
d'avancer.
24 Juin 2016 , Rédigé par Observatus geopoliticus