«Aussi déplorable que cela puisse paraître, ce
sont les types au-dessus du président qui prennent les décisions. Ils
pourraient avoir choisi Trump. Ces choses-là n’arrivent pas par accident.»
C’est ainsi
que s’est exprimé un gros bonnet du milieu des affaires aux USA, qui a le rare
privilège d’avoir accès aux cercles proches des Maîtres de l’Univers, au milieu
de tout ce chaos politique provoqué par la toute dernière bombe lancée par le
chef du FBI, James Comey.
Il est
pratiquement établi maintenant que Loretta Lynch, la procureure générale des
USA, a demandé à Comey de ne pas transmettre sa lettre au Congrès. Mais Comey
l’a fait tout de même. S’il s’en était gardé, quand l’inévitable scandale
éclatera après les élections présidentielles, c’est lui qui se serait retrouvé
dans la ligne de mire et non pas Lynch, qui pourra facilement nier qu’elle
savait quoi que ce soit.
Lynch est un
atout dans le jeu de la machine Clinton. En 1999, le président en titre, Bill
Clinton, l’a nommée pour diriger le bureau du procureur des USA à Brooklyn.
Elle a quitté son poste en 2002 pour exercer en pratique privée. La porte
tournante l’a ramenée au bureau de Brooklyn en 2010, à la demande pressante
d’Obama. Cinq ans plus tard, elle est devenue le 83e procureur
général des USA, en remplacement d’Eric Holder, au comportement douteux.
Il est bien possible
que Comey ait pris sa décision fatale en réponse à une sérieuse révolte interne
au FBI, menée par des personnes clés en qui il a confiance, et aux
encouragements de sa femme.
Une question
majeure demeure toutefois sans réponse : Comment se fait-il que le FBI ait
attendu jusqu’à onze jours avant les élections présidentielles américaines
pour trouver un trésor de courriels dans le portable de l’accroc
aux sextos certifié Anthony Weiner ?
Un accord
avec Donald ?
La source du
monde des affaires, qui n’est pas favorable à la machine Clinton, surtout en
matière de politique étrangère, est davantage un adepte de la realpolitik qu’un
théoricien du complot. Il est convaincu que «le revirement du FBI ne se
serait pas produit sans un ordre en ce sens provenant d’au-dessus de la
présidence. Si les Maîtres [de l’Univers] ont changé d’idée, ils vont détruire
Hillary».
Il poursuit
ainsi : «Ils peuvent s’entendre avec Donald comme avec n’importe qui
d’autre. Donald gagne, les Maîtres gagnent, les gens ont l’impression d’avoir
été entendus. Puis il y aura un certain changement (contrôlé).»
Ce qui
ressort de tout ce feuilleton, c’est la foi dans le système politique des USA,
aussi corrompu qu’il puisse être. C’est comme la foi dans le dollar US. Si elle
s’estompe, le pouvoir financier hégémonique des USA cesse d’exister.
La source
affirme tout aussi catégoriquement qu’un «camouflage de l’ampleur de celui
d’Hillary est presque sans précédent : d’abord une réunion secrète entre
Bill Clinton et la procureure-générale, ensuite le FBI qui ignore toutes les
preuves et disculpe au départ Hillary, ce qui déclenche pratiquement une
rébellion dans l’ensemble du FBI, attestée par Rudolf Giuliani dont la
réputation comme procureur fédéral est incontestée, enfin la Fondation « payer
pour jouer » des Clinton. Les Maîtres s’inquiètent que les choses
deviennent incontrôlables».
L’expérience
montre que «les Maîtres ne déploient pas habituellement autant d’efforts
pour protéger les leurs. Ils sont parvenus à sauver Bill Clinton de son parjure
dans l’affaire Monica Lewinski et à le maintenir comme président. Personne n’a
blâmé les Maîtres à ce moment-là. Ils ont même réussi à se tirer du krach de
1987 dû au règlement en espèces 1
et du vol associé à la débâcle de Lehman. Dans toutes ces affaires, leur
contrôle n’a jamais été sérieusement mis en doute, pas de la façon dont Trump
le fait aujourd’hui devant la population. Ils s’en sont pris au mauvais gars».
Tout le
monde à bord de l’express Huma
Ce n’est pas
tant Hillary Clinton qui est au cœur de la méga-surprise d’octobre de Comey que
son bras droit et ersatz de famille Huma Abedin. Cet article
sur Huma Abedin publié au début janvier contient toutes sortes d’éléments
intéressants, dont certains ont de quoi étonner.
Si Hillary
Clinton accède à la présidence des États-Unis, Abedin, appelée aussi la
princesse saoudienne, deviendra probablement chef de cabinet d’Hillary, celle
qui tiendra les rênes pour tout ce qui a trait aux opérations de la
Maison-Blanche.
Un aperçu du
lien entre le FBI et Huma est fourni ici.
Abedin a obtenu une cote de sécurité très secret pour la première fois en 2009,
quand Hillary en a fait sa directrice adjointe de cabinet chargée des
opérations. Abedin a par la suite déclaré qu’elle «ne se souvenait pas»
d’avoir lu quoi que ce soit à propos de programmes d’accès spécial.
Il est
fondamental de garder à l’esprit que l’une des adresses courriel d’Abedin était
huma@clintonemail.com. Ce qui veut dire qu’elle était la seule adjointe de haut
niveau au département d’État dont les courriels étaient hébergés dans le fameux
serveur de messagerie privée de Clinton, dont elle a nié connaître l’existence
jusqu’à ce qu’elle en entende parler aux actualités.
Abedin a
déclaré sous serment dans une poursuite intentée contre le département d’État
par Judicial Watch qu’elle
a remis tous ses portables et téléphones intelligents pouvant contenir des
courriels pertinents à l’enquête sur le serveur de messagerie privée.
Mais ce
n’est pas certain. Le portable au cœur de la bombe lancée par Comey, Abedin et
son mari Wiener se le partageaient avant leur séparation. Si Abedin a menti,
elle est passible d’une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement pour
parjure. Comme si toute la saga des sextos et courriels illégaux n’était pas
assez sordide, l’apothéose semble s’être transformée en partie de
catch impliquant les deux anciens tourtereaux, dont le grand prix serait
un séjour en prison.
Le FBI a
fini par obtenir un mandat et a entrepris une recherche frénétique parmi rien
moins que 650 000 courriels d’Abedin contenus dans le portable de l’accroc
aux sextos Wiener. Sa tâche consiste à établir quels sont ceux qui proviennent
du serveur de messagerie privée.
Comme si
cela n’était pas assez humiliant, le FBI poursuit son enquête sur la Fondation
Clinton. Tom Fuentes, un ancien directeur adjoint du FBI, a dit que «le FBI a une
enquête exhaustive en cours portant sur la Fondation Clinton (…), l’enquête
devrait aller de l’avant et être coordonnée dans le cadre d’une stratégie
unifiée et globale. L’enquête se poursuit donc, et le rôle d’Huma Abedin, les
activités entourant la secrétaire d’État, la nature de la Fondation et la
question du ‘payer pour jouer’, tout cela continue d’être examiné en ce
moment même».
Peu importe
ce qui arrivera le jour des élections, les électeurs américains devront tenir
compte de la possibilité alarmante d’élire à la présidence des États-Unis une
personne qui fait l’objet d’une enquête d’envergure «exhaustive unifiée»
par le FBI.
Un système
pourri et truqué ?
Un ancien
procureur fédéral de la lutte contre la corruption publique propose une
hypothèse plausible
concernant l’initiative de Comey. Pour résumer, les agents du FBI qui
diligentent l’enquête sur les sextos de Weiner, qui ne sont pas les mêmes
que ceux chargés d’enquêter sur le Emailgate, ont relevé des preuves de
la présence de courriels du département d’État dans le portable de Wiener.
Comey savait qu’il lui fallait un mandat de perquisition pour pouvoir fouiller
dans l’ordinateur de Wiener. Il a donc court-circuité le battage médiatique qui
n’allait pas manquer de suivre en «envoyant une lettre vague au Capitole»,
qui n’a fait que confondre davantage tout le monde.
Cette
interprétation ne pourrait qu’effleurer les choses. En creusant davantage, on
dirait que la décision de Comey a été vraiment précipitée par l’insurrection
des hauts dirigeants du FBI, dégoûtés par le camouflage «extrêmement
négligent» d’Hillary. Ils ont sûrement en leur possession des preuves
infaillibles sur la (cash) machine Clinton qui n’ont jamais vu le jour.
Comey aurait
pu choisir de parler après les élections. Après tout, le FBI soutient avoir
vérifié tous les courriels de Clinton, y compris ceux qui ont été effacés, sans
oublier les courriels de Podesta. Les courriels contenus dans le portable de
l’accroc aux sextos Wiener doivent assurément avoir plus qu’une portée limitée.
Une
explication beaucoup plus plausible est que Comey n’a pas agi de la sorte
uniquement en réponse à la révolte interne au sein du FBI (ou parce qu’il avait
une soudaine envie de voler la vedette à Wikileaks). Il a fait ce qu’il a fait
parce que la gangrène s’étend bien au-delà du racket «payer pour jouer»
des Clinton et qu’elle a envahi pratiquement l’ensemble du système, aussi bien
au cœur de l’administration Obama et de cette escroquerie qu’est le parti de la
guerre qu’au sein du département de la Justice, de la CIA et du FBI comme tel.
Qu’est-ce
qui suivra ? Attendez-vous à un choc. Ce pourrait être la véritable
surprise de novembre.
Par
Pepe Escobar – 31 octobre 2016 – Source : Sputnik
Traduit par
Daniel, édité par jj et relu par Cat pour le
Saker Francophone
Notes
1. La
différence entre la livraison physique et le règlement en espèces est que, lors
de la livraison physique, des sous-jacents correspondant à la valeur
contractuelle totale doivent être livrés, alors qu’avec le règlement en
espèces, seule la différence entre le prix agréé et la valeur du marché
doit être payée.