samedi 7 janvier 2017

L'Arabie Saoudite en capilotade



C'est un fait insignifiant, mais qui additionné à d'autres passés pareillement inaperçus, laisse présager des bouleversements imminents au Moyen-Orient.

Le vice prince héritier d'Arabie, Mohamed Ben Salman, fils du roi, ministre de la défense et de l'économie a fait le pied de grue à Paris pour être reçu par François Fillon qui l'a impoliment éconduit. Il faut dire que les Saoud mal inspirés, avait ostensiblement soutenu Juppé et Sarkozy.
Pour autant, la posture du nouveau leader de la droite française n'est pas singulièrement vertueuse, elle est opportuniste et solidaire de la bronca internationale qui isole désormais le royaume salafiste du reste du monde. À l'aube de l'année nouvelle les vœux sincères d'éviction du roi Salman et de son fils Mohamed semblent faire l'unanimité.

Ce venin qui empoisonne le monde 

En l'espace de quelques mois, la cote diplomatique du royaume obscurantiste a chuté de façon vertigineuse. Ceux qui depuis des années dénoncent inlassablement l'indécence de ce régime féodal « source du venin qui empoisonne le monde » ne peuvent que se réjouir de cette prise de conscience collective tardive.
En septembre dernier, le fringant prince saoudien Ben Salman était encore l'un des hommes les plus puissants de la planète. Après une tournée aux États Unis où il avait multiplié les risettes et les emplettes, il avait recueillit en survolant l'Europe l'hommage de ses Chefs d'États. Puis il avait été reçu sur les tapis rouges de Chine. Enfin, consécration suprême, l'empereur du Japon en personne lui avait accordé l'honneur rarissime d'une audience. De retour à Riyad, Mohamed avait rassuré son roi de père qui s'inquiétait des velléités états-uniennes de faire payer à l'Arabie la plus gigantesque ardoise de tous les temps : celle des dommages du WTC du 11 septembre 2001. Le jeune Salman pensait alors avoir mis les USA et tout le G 20 dans sa poche.
À l'époque, il était acquis que Mme Clinton serait élue et l'Arabie ne ménageait pas ses contributions à la candidate, finançant avec générosité le parti démocrate et les associations d'électeurs arabes. Patatras ! Échec sur toute la ligne.
Obama n'est pas parvenu à empêcher le congrès de voter un droit de suite à l'indemnisation des victimes du 11/9, et c'est Trump qui a été élu. Les Saoudiens ont par conséquent courtisé les adversaires de leurs alliés historiques pour rien ou plutôt pour le pire ! Car les républicains ne sont pas près d'oublier cette forfaiture. Donald Trump a promis de faire bouffer aux Saoud leur kéfié. Entre suzerain et vassal la trahison appelle le jugement au choix du sabre ou du peloton d'exécution.

Une caste de 7000 altesses

L'Arabie, dont la famille Saoud s'est approprié le nom et la propriété, n'est qu'un confetti de 10 millions de sujets mâles, autant d'objets femelles et autant de serviteurs étrangers. Au total 30 millions d'âmes en recherche d'humanité et de justice qui vivent au quotidien la peur de transgresser les innombrables interdits dictés par une caste de 7000 altesses. 
L’Arabie est un État vulnérable qui ne dispose d’aucune alternative à la coopération US dans les domaines du pétrole, de la défense, de la sécurité, des transports, et même de l’eau…Sans les cadres occidentaux omniprésents dans tous les secteurs vitaux, le pays ne pourrait survivre trois semaines.

Au ban des nations

Au plan international, en dehors de quelques affinités d'intérêts éparpillés dont celle de la France à durée limitée, l'Arabie Saoudite n'a plus d'alliés politiques.
L'offensive génocidaire lancée il y a dix huit mois contre le Yémen a été la faute suprême commise par des Salman père et fils.
Les grandes nations musulmanes pourtant traditionnellement solidaires se sont détournées malgré les milliards donnés: ainsi les Pakistanais, puis les Égyptiens. Seuls les fragiles Émirats Arabes Unis voisins n'ont pas pu se défausser, alors que l'exemplaire petit le sultanat d'Oman restait à l'écart, proposant même sa médiation. Quant au Maroc et à l'Algérie, ils se sont évertués à ne pas mettre un pied dans le guêpier. En Europe, l'opinion scandalisée par l'ampleur des massacres s'est finalement mobilisée. Les Suédois, les Suisses, les Allemands ont annulé en cascade leurs ventes d'armements. En Amérique, les Canadiens ont tergiversé sans gloire pour honorer une commande de 15 milliards de blindés ; mais le mois dernier, les USA à leur tour, ont suspendu leurs livraisons de bombes et gelé l'assistance d'une centaine de coopérants militaires avec le commandement des opérations de l'armée aérienne saoudienne clouant au sol la plupart des F16 et des Tornado. Au train où vont les choses, il se pourrait bien qu'une miraculeuse contre offensive du Yémen réconcilié redessine la carte de l'Arabie !

La tornade Trump

Entre les milliardaires Trump et Saoud, le règlement de comptes sera titanesque, simpliste et inégal. Le pétrole m'appartient dira l'un. Sans ma protection tu n'es rien dira l'autre. Je répandrai sur tes terres la bactérie salafiste menacera l'Arabe, je te rendrai pécuniairement responsable de tous les attentats dans monde répliquera l'Américain.
Le New Saudi Deal qui amendera le Pacte Quincy ne sera pas négociable. Trump prendra le pétrole et limogera sans doute quelques gardiens de la concession. Chassera-t-il la dynastie tout entière ? Plus probablement, il exigera d'elle un roi nouveau, moins sectaire, plus moderne, moins dévoyé, plus présentable et cela va sans dire, totalement soumis. Ordonnera-t-il au surplus l'arrêt du prosélytisme de l'internationale salafiste dont les États Unis se sont si longtemps accommodés ? Là est toute la question.
On se souvient que quelques mois après son élection, le Président Barack Hussein Obama prononça en juin 2009 au Caire un discours mémorable sur l'islam. Dans la salle, un auditeur égyptien enthousiaste, qui pressentait peut-être l'espoir d'un printemps arabe, hurla : « je vous aime ! » Donald Trump lui, parlera sur un autre ton. Et la nation musulmane à l'unisson marmonnera « je vous hais ! »
Blog de Hedi Belhassine


Le rêve de l'Arabie Saoudite de devenir la principale puissance arabe et musulmane  est tombé en loques

La pression militaire de l'Arabie Saoudite sur Assad n'a servi qu'à lui faire chercher plus d'aide de la Russie, précipitant une intervention que les États-Unis n'étaient pas prêts à opposer
Prince et ministre de la Défense Prince Mohammed bin Salman est le personnage le plus puissant dans la prise de décision saoudienne Getty Images
Il y a deux ans, l'effort de l'Arabie saoudite pour s'établir comme le principal pouvoir des pays arabes et islamiques semblait avoir réussi. Un article du département d'État américain envoyé par l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton en 2014 et publié par Wikileaks a parlé des Saoudiens et des Qataris comme des rivaux concurrents «pour dominer le monde sunnite».
Un an plus tard, en décembre 2015, le service de renseignement allemand BND était tellement préoccupé par l'influence croissante de l'Arabie saoudite qu'il a pris la mesure extraordinaire de produire un mémo, en disant que "la précédente position diplomatique des membres plus âgés de la famille royale, qui était précautionneuse, est remplacé par une politique impulsive et interventionniste ».
Embarrassé, le gouvernement allemand a forcé la BND à retirer son mémo, mais au cours de la dernière année, ses craintes quant à l'impact déstabilisateur des politiques saoudiennes plus agressives ont été plus que satisfaites. Ce qu'il ne prévoyait pas, c'était la rapidité avec laquelle l'Arabie saoudite verrait ses grandes ambitions battues en brèche ou frustrées sur presque tous les fronts.
Mais l'année dernière, l'Arabie Saoudite a vu ses alliés dans la guerre civile syrienne perdre leur dernier grand centre urbain à Alep. Ici, au moins, l'intervention saoudienne était indirecte, mais au Yémen, l'engagement direct de la machine militaire saoudienne très coûteuse n'a pas réussi à produire une victoire. Au lieu que l'influence iranienne soit réduite par une politique saoudienne plus énergique, c'est exactement le contraire qui s'est produit. Lors de la dernière réunion de l'OPEP, les Saoudiens ont accepté de réduire la production de brut alors que l'Iran a augmenté sa production, quelque chose que Riyadh avait dit ne jamais accepter.
Aux États-Unis, garant final de la poursuite du règne des Saoud, on reproche beaucoup au  président de traiter l'Arabie saoudite comme un ami et allié. Au niveau populaire, l'hostilité croissante envers l'Arabie saoudite se reflète dans le vote presque unanime au Congrès pour permettre aux familles des victimes du 11 septembre de poursuivre le gouvernement saoudien comme responsable de l'attaque.
Sous la direction mercurielle du vice-prince héritier et ministre de la Défense, le prince Mohammed ben Salman, le personnage le plus puissant dans la prise de décision saoudienne, la politique étrangère saoudienne est devenue plus militariste et nationaliste après que son père Salman, âgé de 80 ans, devint roi le 23 janvier 2015.
Rien ne va bien pour les Saoudiens au Yémen et en Syrie. Les Saoudiens semblaient s'attendre à ce que les Houthis soient rapidement battus par les forces pro-saoudiennes, mais après quinze mois de bombardements, l'ancien président Saleh et ses alliés détiennent encore la capitale Sanaa et le nord du Yémen. Le bombardement prolongé du pays le plus pauvre du monde arabe par les plus riches a produit une catastrophe humanitaire dans laquelle au moins 60 pour cent des 25 millions de personnes yéménites n'ont pas assez pour manger ou pour boire.
L'implication saoudienne accrue en Syrie en 2015 du côté des insurgés a eu des conséquences aussi dommageables et inattendues. Les Saoudiens avaient succédé au Qatar en tant que principal partisan arabe de « l'insurrection syrienne » en 2013, croyant que leurs mercenaires en Syrie pouvaient vaincre le président Bashar al-Assad ou attirer les États-Unis à faire la guerre pour eux. En l'occurrence, une plus grande pression militaire sur Assad n'a servi qu'à lui demander plus d'aide de la Russie et de l'Iran et a précipité l'intervention militaire russe en septembre 2015, ce à quoi les États-Unis n'étaient pas disposés à s'opposer.
Le Prince Mohammed bin Salman est blâmé à l'intérieur et à l'extérieur du Royaume pour des jugements erronés impulsifs qui ont entraîné l'échec ou l'impasse. Sur le plan économique, son projet Vision 2030, par lequel l'Arabie Saoudite deviendra moins dépendante entièrement des recettes pétrolières et ressemblera davantage à un état normal non pétrolier, a attiré le scepticisme mélangé de dérision dès le début. Il est douteux qu'il y aura beaucoup de changement dans le système de parrainage selon lequel une forte proportion des recettes pétrolières est consacrée à l'emploi des Saoudiens, indépendamment de leurs qualifications ou de leur volonté de travailler.
Contrairement aux Saoudiens qui touchent de forts salaires tout étant fainéants comme leurs princes et rois, les dix millions de travailleurs étrangers (30% de la population) protestent de plus en plus contre la dégradation de leurs conditions, parce qu'ils n'ont pas été payés depuis des mois, et parce qu’ils peuvent être ignorés ou écrasés par les flagellations et l'emprisonnement.
Le danger pour les dirigeants de l'Arabie Saoudite, du Qatar et des autres pays du Golfe vient plus  de leur arrogance et de leur velléité de faire des choses bien au-delà de leurs possibilités. 
Ils pensent qu’avec les pétrodollars avec lesquels ils payent les félons islamistes qui déstabilisent tous les pays, le monde arabe leur appartiendra bientôt. 
Ils ne savent pas que ce sont les Hommes et les Femmes  et non le fric qui font les nations fortes.
Ils ne pensent pas que les peuples puissent avoir leur mot à dire, et que, comme le colonialisme occidental a été balayé, le colonialisme wahhabite islamiste sera jeté aux poubelles de l'Histoire. 
Il faut et suffit de juger et de condamner les terroristes islamistes partout où ils sévissent.

Hannibal GENSERIC