Hier, le directeur américain du Renseignement
national, la CIA, la NSA et le FBI ont publié un rapport
sur le piratage présumé du Conseil national démocratique par les Russes et sur
les manœuvres des Russes pour influencer les élections présidentielles
américaines. Le rapport n’a convaincu personne. C’est un désastre pour la
communauté du renseignement, au niveau de la communication.
John Harwood couvre
« l’économie et la politique nationale pour CNBC et le New York
Times. » Plus de 100.000 personnes le suivent sur Twitter. Il est connu
comme un supporter d’Hillary Clinton et c’est un copain
de John Podesta qui a dirigé la campagne électorale de Clinton.
Harwood a fait un petit sondage.
Il n’est pas représentatif statistiquement mais il donne un aperçu du sentiment
général.
Qui crois-tu, Amérique ?
Réponses : 83%
Wikileaks et 17% les officiels du renseignement étasunien.
Ce résultat montre bien les limites de pouvoir de la
soi-disant Communauté du Renseignement. Mais il y a pire : les allégations de
« hacking russe » d’hier n’ont même pas réussi à convaincre ses
partisans anti-russes les plus ardents.
The Daily Beast : Le
rapport américain sur l’espionnage accuse Poutine de piratage, mais ne fournit
aucune preuve.
Kevin
Rothrock (Moscow Times):
Je n‘en crois pas mes yeux. Est-ce là le dossier du
Renseignement du gouvernement américain sur cette affaire?
Il faut bien le dire : le rapport déclassifié du
gouvernement des USA intitulé « Évaluation des activités et intentions russes
lors des dernières élections aux États-Unis » embarrasse tout le monde.
Susan
Hennessey (Lawfare, Brookings):
Le rapport non classifié est pour le moins décevant.
Il n’y a pas de nouvelles informations pour ceux qui ont suivi l’affaire.
Bill Neely
(NBCNews):
Beaucoup de jugements de valeur, mais peu de faits et aucune
preuve tangible dans le rapport du renseignement étasunien sur le prétendu
piratage russe.
Stephen
Hayes (Weekly Standard):
Le rapport des Renseignements sur la Russie n’est guère
plus qu’une suite d’allégtions. Je comprends qu’on protège les
sources/procédures, mais le rapport est faible.
Julia Ioffe
(The Atlantic):
Il est difficile de dire si la minceur du
rapport sur le #hacking vient de ce que la preuve est classifiée ou qu’elle n’existe
pas.
@JeffreyGoldberg Je dois dire, cependant, que beaucoup
d’observateurs russes que je connais sont très sceptiques à propos du
rapport. Aucun d’eux n’aime Poutine/Trump.
Lorsque vous avez perdu jusqu’à Julia Ioffe dans votre
guéguerre contre les Russes …
Clapper, le directeur du Renseignement national, et
Brennan, celui de la CIA, auraient dû être licenciés il y a des années. Ils
seront tous les deux partis le 20 janvier. La communauté du Renseignement se
souviendra d’eux comme les principaux responsables de cet échec ravageur.
Moon of Alabama | 7 janvier 2017
Traduction : Dominique Muselet
Analyse du document
Dans
un document de 25 pages créé par le directeur du Bureau américain du
renseignement national (ODNI)
intitulé “Assessing Russian
Activities and Intentions in Recent US Elections” «Évaluation des
activités et intentions russes aux récentes élections américaines», la CIA et
le FBI disent qu’il y a un niveau de «confiance élevée» que le piratage russe a
interféré avec l'élection présidentielle américaine de 2016, mais en même temps
avertit les lecteurs, vers la fin de ce document que : " La confiance
élevée indique généralement que les jugements sont basés sur des
informations de haute qualité provenant de sources multiples. Une confiance élevée dans un jugement n'implique pas que
l'évaluation soit un fait ou une certitude; de tels jugements pourraient être
faux"
La
seule façon dont ce document ODNI peut être qualifié est qu’il est «orwellien», c'est-à-dire
un adjectif décrivant une situation, une idée ou une condition sociétale que
George Orwell a identifiée comme étant destructrice pour le bien-être d’une
société libre et ouverte, et que ce laïus du régime Obama contre le président
élu Trump est clairement orwellien.
La
thèse centrale de ce document est que le président Poutine a personnellement
dirigé le piratage des ordinateurs du Comité national démocratique (DNC) afin
d'assurer la défaite d’Hillary Clinton. Mais on nous dit qu’il serait
impossible pour la CIA ou le FBI de s'assurer de la réalité de ce piratage car la
DNC a refusé de donner ces ordinateurs au FBI afin qu’il puisse les examiner.
Cela a conduit le président élu Trump à demander à ses dizaines de millions de
followers sur Twitter: “Le Democratic National
Committee ne permettrait pas au FBI d'étudier ou de voir son équipement
informatique après qu'il a été censément piraté par la Russie. Alors, comment
et pourquoi sont-ils si sûrs du piratage s’ils n’ont même pas demandé un examen
des serveurs informatiques? Que se passe-t-il?"
De
leur côté, les médias américains de propagande et de "fausses
nouvelles" utilisent ce document ODNI anti-Trump pour générer des titres tels
que : Poutine
a dirigé un schéma complexe de cyberattaque pour aider Trump, le rapport
déclassifié dit que Poutine a «ordonné» un effort pour miner la foi dans les
élections américaines et Le
Report dit que Poutine a ciblé l’Élection présidentielle pour «nuire» à Hillary
Clinton , et aucun de ces sycophantes d’Obama ne dira la vérité. À
savoir que ce document n'a absolument rien à voir avec le piratage russe, par
contre, il constitue une attaque en règle contre la chaîne russe RT
(anciennement Russia Today) pour laquelle ce document
consacre presque la moitié de ses pages.
RT
est une organisation autonome à but non lucratif financée par l'État et dont la
chaîne de télévision internationale multilingue fournit des bulletins
d'information, des documentaires, des talk-shows, des débats, des nouvelles
sportives et des programmes culturels autour de la Russie. Son budget est de
300 millions de dollars (2016). . Aux États-Unis, RT est la seconde chaîne
d'information étrangère la plus regardée.
Elle
rivalise pour les téléspectateurs mondiaux avec l'agence fédérale américaine
Broadcasting Board of Governors (BBG) qui
finance les réseaux anti-russes Radio Free Europe/Radio Liberty
and Voice of America (dont le
budget annuel Le réseau anti-russe BBC World Service du
Royaume-Uni (dont le budget annuel est de 375 millions de dollars) et le réseau
allemand anti-russe Deutsche Welle (dont le
budget annuel est de 332 millions de dollars).
Des hackers russes attrapés par les "007" de la CIA en train de pirater les emails du Parti Démocrate |
En
dépit du fait qu'ils ont dépensé près de 1,5 milliard de dollars de leurs
contribuables chaque année pour faire avancer leur programme anti-russe et
anti-Poutine (sans parler des dizaines de milliards dépensés sur la propagande
anti russe par les réseaux commerciaux occidentaux), les peuples du monde
veulent que la vérité leur soit
racontée
"En
2014, la recherche Nielsen a constaté que 2,8 millions de personnes dans sept
grandes zones urbaines des États-Unis (Washington, New York, San Francisco, Los
Angeles, Chicago, Philadelphie et San Diego) regardent RT hebdomadaire. C'est
plus que le public d'Euronews, Deutsche Welle, NHK ou France 24.
Selon
une étude différente de Nielsen en 2014, la chaîne RT en langue arabe a une
audience quotidienne plus importante dans six pays MENA que BBC Arabic et Sky
News Arabia, US Al Hurr ou la chinoise CCTV en arabe, ce qui place RT parmi les
trois premières chaînes de nouvelles dans les six États interrogés.
En
Égypte, au Maroc, en Arabie saoudite, en Jordanie, aux Émirats arabes unis et
en Irak, RT Arabic est suivie chaque jour par 6,7 millions de téléspectateurs.
Au Royaume-Uni, RT a environ un demi-million de téléspectateurs par semaine (
selon BARB) soit plus de 3 fois plus que le public de Fox News et environ le
double de celui d'Euronews (janvier 2014).
En
raison des "crimes" de RT, ce document
déclare que «le public de la
télévision dans le monde perd confiance dans les émissions et les stations de
télévision traditionnelles, alors que la popularité des « canaux alternatifs »,
comme RT, croît» ce qui n’est pas surprenant parce que les gens ont
toujours préféré qu’on leur dise la vérité.
- L'Establishment de Washington a été totalement surpris par la victoire de Donald Trump et a compris qu'un grand ménage allait avoir lieu dans lequel beaucoup de ses membres perdraient leurs positions politiques et les retombées économiques liées à leurs alliances internationales.
- Aussitôt élu, le futur président a clairement manifesté son extrême méfiance à l'égard de la communauté du renseignement et plus particulièrement de la CIA, qu'il soupçonne d'avoir eu une forte et néfaste influence sur la politique de ses deux prédécesseurs.
- Aussitôt désigné comme futur Conseiller à la Sécurité nationale, le général Michael Flynn[8] a annoncé qu'il allait recentrer l'Agence - dont il critique ouvertement les performances - sur la recherche et l'analyse du renseignement et a désigné un nouveau directeur chargé de la remettre au pas[9]. Flynn a déclaré qu'il allait confier à l'avenir l'ensemble des opérations clandestines au Commandement des opérations spéciales (USSOCOM[10]/JSOC[11]) - donc au Pentagone -, ce à quoi la CIA est déterminée à s'opposer à tout prix.
- Donald Trump, Mike Flynn, mais aussi le futur secrétaire d'Etat, Rex Tillerson - actuel président d'Exxon-Mobil - n'ont pas fait mystère de leur volonté de renouer des relations de confiance et de partenariat avec la Russie de Poutine, ce qui va à l'encontre des positions de l'administration actuelle et de ses intérêts.
Nous sommes donc là de manière évidente dans une affaire américano-américaine ou deux clans s'affrontent pour rénover ou conserver le pouvoir... avant le 20 janvier, date de prise de fonction de Donald Trump. Ainsi, Barack Obama et son administration s'emploient clairement à :
- pourrir la situation pour le début de la présidence Trump, à défaut de pouvoir remettre en cause son élection,
- saboter le rapprochement américano-russe.
Rappelons également que l'expulsion des officiels russes intervient quelques jours après la libération d'Alep par la coalition russo-syrienne et l'accord de cessez-le-feu conclu entre Russes, Syriens, Iraniens et Turcs sans la participation de Washington. Ce sont là deux déconvenues majeures de la politique étrangère américaine. Enfin, rappelons qu'Edward Snowden, la bête noire du renseignement américain, est toujours à Moscou. Dès lors, rien d'étonnant à ce que Washington multiplie les provocations vengeresses à l'encontre de la Russie.
Les enjeux véritables de la crise pour l'administration Obama
par Eric Denécé
01-01-2017
Cette affaire survient dans un contexte très particulier, dont il importe de rappeler les nombreux paramètres.- L'Establishment de Washington a été totalement surpris par la victoire de Donald Trump et a compris qu'un grand ménage allait avoir lieu dans lequel beaucoup de ses membres perdraient leurs positions politiques et les retombées économiques liées à leurs alliances internationales.
- Aussitôt élu, le futur président a clairement manifesté son extrême méfiance à l'égard de la communauté du renseignement et plus particulièrement de la CIA, qu'il soupçonne d'avoir eu une forte et néfaste influence sur la politique de ses deux prédécesseurs.
- Aussitôt désigné comme futur Conseiller à la Sécurité nationale, le général Michael Flynn[8] a annoncé qu'il allait recentrer l'Agence - dont il critique ouvertement les performances - sur la recherche et l'analyse du renseignement et a désigné un nouveau directeur chargé de la remettre au pas[9]. Flynn a déclaré qu'il allait confier à l'avenir l'ensemble des opérations clandestines au Commandement des opérations spéciales (USSOCOM[10]/JSOC[11]) - donc au Pentagone -, ce à quoi la CIA est déterminée à s'opposer à tout prix.
- Donald Trump, Mike Flynn, mais aussi le futur secrétaire d'Etat, Rex Tillerson - actuel président d'Exxon-Mobil - n'ont pas fait mystère de leur volonté de renouer des relations de confiance et de partenariat avec la Russie de Poutine, ce qui va à l'encontre des positions de l'administration actuelle et de ses intérêts.
Nous sommes donc là de manière évidente dans une affaire américano-américaine ou deux clans s'affrontent pour rénover ou conserver le pouvoir... avant le 20 janvier, date de prise de fonction de Donald Trump. Ainsi, Barack Obama et son administration s'emploient clairement à :
- pourrir la situation pour le début de la présidence Trump, à défaut de pouvoir remettre en cause son élection,
- saboter le rapprochement américano-russe.
Rappelons également que l'expulsion des officiels russes intervient quelques jours après la libération d'Alep par la coalition russo-syrienne et l'accord de cessez-le-feu conclu entre Russes, Syriens, Iraniens et Turcs sans la participation de Washington. Ce sont là deux déconvenues majeures de la politique étrangère américaine. Enfin, rappelons qu'Edward Snowden, la bête noire du renseignement américain, est toujours à Moscou. Dès lors, rien d'étonnant à ce que Washington multiplie les provocations vengeresses à l'encontre de la Russie.
- [8] Ancien officier des forces spéciales et ex directeur du renseignement militaire (DIA).
- [9] Il lui reproche notammment d'avoir envoyé les analystes sur le terrain, ce qui leur a fait perdre tout recul, altérant considérablement les capacités d'analyse de l'Agence. Il est par ailleurs déterminé à restreindre son autonomie, considérant qu'elle est devenue une véritable « armée privée » imposant régulièrement sa vision de la situation internationale à la Maison-Blanche.
- [10] United States Special Operations Command.
- [11] Joint Special Operations Command.
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Hannibal GENSERIC
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