Flynn, le conseiller à la sécurité nationale de Trump, continue de démontrer les limites de ses capacités intellectuelles et stratégiques. Il est allé devant les caméras pour émettre cette vaine menace :
« La communauté internationale a trop toléré le mauvais
comportement de l’Iran. Le rituel consistant à convoquer le Conseil de
sécurité des Nations Unies pour une réunion d’urgence et à publier une
déclaration forte ne suffit pas. L’Administration Trump ne tolérera plus
les provocations iraniennes qui menacent nos intérêts.
Nous ne ferons plus semblant de ne pas voir les actions hostiles
et belliqueuses de l’Iran envers les États-Unis et la communauté
mondiale. »
Quel est l’objectif d’une pareille sortie ?
Il est intéressant de noter que la déclaration a été publiée une heure seulement après que Donald Rumsfeld a quitté la Maison Blanche où il avait discuté de « processus » avec Flynn et le personnel du Conseil de sécurité nationale.
Les néo-conservateurs sont bien sûr très heureux d’entendre de pareilles sottises. Obama devrait remercier Trump pour avoir mis en garde l’Iran, écrit Eli Lake. Et James Rubin s’exclame à l’unisson : « Le président a, enfin, fait quelque chose d’intelligent en matière de politique étrangère.» Pour la toute première fois, les rédacteurs néocons du Washington Post félicitent Trump et mettent en exergue la sortie puérile de Flynn.
Mais les États-Unis n’ont aucun moyen de contraindre en quoi que ce
soit les 80 millions d’Iraniens. L’administration Bush l’a compris
(c’était une des raisons pour laquelle Rumsfeld a été renvoyé),
l’administration Obama l’a admis et l’administration Trump devra aussi
l’accepter.
L’Iran est sanctionné par les États-Unis depuis 1979. Quelques années
de sanctions unilatérales américaines de plus ne changeront pas ses
positions d’un iota. La « communauté internationale » soutient
l’accord nucléaire et souhaite la levée des sanctions internationales.
Elle n’acceptera pas de nouvelles sanctions simplement parce qu’un
larbin de Trump l’a décidé.
On a besoin de l’Iran pour parvenir à la paix et combattre le
terrorisme islamique au Liban, en Syrie, en Irak, en Afghanistan et
ailleurs. Pour ne serait-ce que tenter d’atteindre ces objectifs sans
l’Iran, il faudrait des centaines de milliers de soldats américains. Et
ils ne serviraient sans doute à rien, si l’Iran décidait de ne pas les
soutenir. Car, en réalité, on ne peut rien faire au Moyen-Orient sans
l’Iran. Bien que ce pays ne soit pas vraiment en mesure d’intervenir
activement dans d’autres pays, il peut dresser partout des obstacles de
nature à bloquer les solutions que les États-Unis essaient de mettre en
œuvre.
L’Iran répondrait à de plus petites attaques directes des États-Unis
par des attaques de ses forces par procuration ailleurs. Les troupes
américaines en Irak et en Afghanistan, en particulier, et leur
ravitaillement, seraient en grand danger. Une attaque massive contre
l’Iran lui-même entraînerait la destruction de bases militaires
américaines au Koweït, au Bahreïn, au Qatar, en Oman et en Arabie
saoudite. Les navires américains empruntant le détroit d’Ormuz
deviendraient des cibles faciles.
Un quelconque mouvement des États-Unis contre l’Iran ne recevrait pas
vraiment d’appui international. Envoyer le destroyer lance-missiles USS
Cole sur la côte yéménite tout en fantasmant sur le minage Houthi des
eaux territoriales apparaitrait comme un replay trop évident de
l’incident du « Golfe du Tonkin ».
Un mouvement militaire significatif contre l’Iran serait une faute
stratégique désastreuse de politique étrangère, aussi grave que
l’attaque de l’administration Bush contre l’Irak. Cette attaque a
renforcé la position de l’Iran sur le long terme. Une attaque contre le
pays lui-même aurait le même résultat, dans de plus grandes proportions
encore.
Les membres les plus adultes de l’administration Trump savent tout
cela. Mattis, le secrétaire à la Défense, qui n’est pas un ami de
l’Iran, a tiré le tapis sous la vaine menace de Flynn :
Le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, a déclaré samedi que la
menace du programme de missiles de l’Iran n’exigeait pas actuellement de
réalignement des forces américaines au Moyen-Orient, une déclaration
qui revenait quelque peu sur la forte mise en garde que la Maison
Blanche vient de prononcer contre Téhéran.
Le commandement central américain pour le Moyen-Orient n’a même pas été informé de la menace que Flynn allait lancer contre l’Iran. Ses paroles n’ont apparemment pas reçu l’aval de l’Administration.
Serait-ce pour prouver qu’il est capable de faire partie de
l’Administration que Flynn s’est lancé en franc-tireur dans de telles
menaces ? Ou a-t-il été poussé par d’autres personnes à dire ces
sottises ?
Le 4 février 2017 – Source Moon of Alabama
Traduction : Dominique Muselet