L'escalade verbale entre Donald Trump et
Kim Jong Un vient d'aboutir à un nouveau palier. La Corée du Nord
a
annoncé le 10 août préparer à partir de la
mi-août un essai de missiles particulièrement provocant, avec le tir de quatre
missiles balistiques à portée intermédiaire Hwasong-12 juste à côté de l'île
américaine de Guam dans le Pacifique ouest.
Décision surprenante et pari risqué, car c'est le système
de défense antimissile américain qui est visé, et les paramètres choisis par
Pyongyang pour cet essai lui sont défavorables. Le défi est en tout cas
éclatant - tout se passe comme si Kim Jong Un voulait forcer l'Amérique à
utiliser sa défense antibalistique, et était persuadé de la mettre en échec.
Donald Trump pourra-t-il éviter de relever ce défi ?
Pourquoi l'on parle de guerre
Suite aux essais
de missiles intercontinentaux réalisés par la Corée du Nord cette année, en
particulier l'essai le 4 juillet d'un missile Hwasong-14 capable de lancer une
charge de 500 à 600 kg suffisante pour une ogive nucléaire à une portée de 8.000 à
10.000 km - mettant donc sous le feu au minimum les États américains de
l'Alaska et de Hawaï ainsi que la ville de Seattle, au maximum toute la moitié
ouest du pays y compris la métropole de Los Angeles - le président américain a
réitéré sa politique fortement
exprimée en début d'année : la Corée du Nord parvenant à mettre au point
une arme nucléaire capable d'atteindre les États-Unis "Ça n'arrivera
pas !".
Le jeu des
pressions, notamment l'alourdissement des sanctions économiques, s'avérant
insuffisant pour convaincre Pyongyang de renoncer à étendre sa dissuasion
nucléaire au territoire américain, Donald Trump est passé aux menaces ouvertes,
annonçant "feu et
colère" ainsi que "une puissance que franchement le
monde n'a jamais vu jusqu'ici" si le dictateur nord-coréen ne faisait
que continuer ses menaces.
En réalité, il
serait très délicat pour les États-Unis de prendre l'initiative d'une attaque
sur la Corée du Nord, car elle dispose de toute une échelle de ripostes
possibles :
▪ depuis des
attaques voire un barrage d'artillerie qui
s’avérerait extrêmement destructeur sur Séoul la métropole sud-coréenne,
laquelle est toute proche de la frontière, ou
▪ des attaques
au missile à ogive classique sur les bases américaines en Corée du Sud ou au
Japon
▪ jusqu'à
l'utilisation de l'arsenal massif
d'armes chimiques, estimé entre 2 500 et 5 000 tonnes, y compris l'agent
militaire le plus dangereux le VX, lequel fut utilisé lors de l'assassinat par
Kim Jong Un de son frère
▪ de l'arsenal biologique,
qui pourrait se prêter à des attaques de type terroriste, même sur le
territoire américain
▪ et maintenant
nucléaire monté sur missile balistique, Pyongyang disposant suivant les
évaluations de 20
à 60 armes d'une puissance équivalente à celle qui bombarda Hiroshima
La solution la
plus raisonnable serait pour Washington d'accepter le fait de la dissuasion
nord-coréenne, de même qu'il a accepté en leur temps le fait de la dissuasion
soviétique puis russe et le fait de la dissuasion chinoise. Donald Trump
cependant, ayant plusieurs fois exprimé l'idée déjà entretenue par Nixon
qu'apparaître "fou" ou "incontrôlable" serait utile en cas
de crise internationale - car permettant d'obtenir davantage de concessions de
l'interlocuteur - a décidé de continuer d'appliquer cette posture. Ou cette
tactique, c'est toute la question, et le jeu tel que semble le concevoir le
président américain est de créer un vrai doute sur le fait qu'il
pourrait réellement être "fou". Donald Trump s'estime encore mieux
qualifié que le "grand dirigeant" nord-coréen pour maintenir
ce doute.
Le défi lancé par Kim Jong Un
La décision
annoncée par la Corée du Nord de faire des essais de missile balistique "à
30-40 kilomètres de Guam" est évidemment suprêmement provocatrice.
Légale en droit international - les missiles devant retomber hors des eaux
territoriales américaines – elle est comparable à un homme armé d'un fusil
lançant à un autre "Ne bouge pas... je vais tirer à dix centimètres de
ta main". Difficile d'imaginer message plus clair de Pyongyang comme
quoi il ne cédera pas aux pressions américaines pour lui faire limiter, sans
parler d'abandonner, sa dissuasion nucléaire.
Mais ce qui
frappe avant tout, c'est que ce projet de tirs ressemble à s'y méprendre à une invitation aux États-Unis à
réaliser un test en vraie grandeur de leurs systèmes antibalistiques.
Non seulement ils pourraient parfaitement le justifier devant leur opinion
comme devant les autres pays, arguant par exemple d'un risque que les missiles
nord-coréens ne frappent Guam par accident, ou simplement d'un risque pour la
navigation. Mais ils se trouvent encore dans les meilleures conditions techniques pour le faire
: ils connaissent précisément le lieu, ont une idée de la date ou du moins de
la période dans laquelle le test aura lieu, le nombre de missiles assaillants
n'est pas très élevé, et c'est précisément leur système antibalistique a priori
le plus fiable qui est déjà déployé sur place ! (1)
Le système
de défense antimissile américain THAAD - déjà déployé sur l'île de Guam, et
déjà testé contre un missile balistique de portée intermédiaire comme le
Hwasong-12 nord-coréen
Il est pour le
moins osé, pour ne pas dire très risqué, pour Kim Jong Un d'avoir lancé un tel
défi. Car enfin le THAAD est loin d'être dénué de capacités. En service depuis
2008, il a passé avec succès les 13
tests d'interception réalisés entre 2005 et 2017 avec la version finale.
Sans doute, sa
vitesse maximale de 2,8 km/s est inférieure à la vitesse finale d'un missile
balistique tel que le Hwasong-12 qui, en se basant sur l'estimation de sa
portée doit être de l'ordre de 6 km/s, mais cela n'empêche pas une interception
à partir du moment où l'ogive du missile assaillant n'est pas manœuvrante, ce
qui n'est presque certainement pas le cas des missiles nord-coréens à ce stade
de leur développement.
Sans doute, le
THAAD n'a été testé qu'une fois contre un missile de portée intermédiaire le 11
juillet dernier, étant à l'origine prévu pour parer des missiles de portée plus
courte. Cependant, ce
test fut un succès.
Ce test
signe une amélioration du système de défense, qui jusqu’à (ce jour) n’avait
intercepté que des missiles de portée plus courte. Quoique la simulation ait
été planifiée depuis des mois, elle arrive au moment d’une menace
internationale croissante de la part de la Corée du Nord, qui a testé son
premier missile intercontinental le 4 juillet.
Même si cet
essai unique laisse la porte ouverte à quelques doutes - il faudrait plusieurs
essais, dans une variété de conditions différentes, pour vraiment donner
confiance dans la capacité de défense contre l’attaque simultanée de plusieurs
balistiques intermédiaires - il reste bon signe s'agissant d'un système qui est
par ailleurs déjà au point. Et rien n'empêcherait les batteries de défense de
lancer deux intercepteurs sur chaque assaillant, afin de renforcer la
probabilité de succès.
Risque majeur pour la Corée du Nord
Le risque pour
Pyongyang, et il est grand, c'est que les États-Unis parviennent à intercepter
les quatre missiles. Ce serait pour la dissuasion nord-coréenne un revers
très grave et en fait réellement dangereux, avec l'impression que la Corée
du Nord est en fait impuissante, ses meilleures armes incapables de percer le
bouclier antimissile américain.
Même si elle
conserverait en tout état de cause sa capacité à frapper Séoul par barrage
d'artillerie, tout comme sa capacité à saturer les défenses antimissile
américaines et japonaises sous le nombre des missiles à courte portée,
Washington pourrait en conclure que ce n'est en tout état de cause pas son
territoire qui est sous le feu, du moins pour l'instant, et le calcul cynique
et halluciné "mieux vaut les Coréens voire les Japonais aujourd'hui
que nous demain" pourrait-il pousser Trump et son entourage à
déclencher une guerre pour empêcher Pyongyang de mettre en service le missile
intercontinental qu'il a testé le 4 juillet, acceptant les énormes pertes
civiles du fait que ce seraient des alliés qui les subiraient plutôt que les
Américains eux-mêmes ?
Certes, si
Washington ne réussit pas à intercepter plus d'un ou au maximum deux missiles,
ou s'il n'essaie même pas, Pyongyang aura donné une démonstration
impressionnante et créé l'impression - pour longtemps ? - que la défense
antimissile américaine n'est qu'un tigre de papier. Oui... mais à se baser sur
les informations en source ouverte, ce n'est pas l'issue qui paraît la plus
probable.
Sachant que la
dissuasion est avant tout un effet psychologique qui se construit dans la tête
de l'adversaire potentiel, il est surprenant que Kim Jong Un accepte de prendre
un tel risque. Faut-il imaginer que le jeune dictateur ait un caractère
téméraire ?
Il y a de quoi
s’interroger : les responsables du programme balistique nord-coréen
n'auraient-ils pas "bourré le mou" du jeune dictateur, en lui
décrivant un système plus avancé et imparable qu'il ne l'est en réalité ? Si
c'est le cas, ce serait très risqué pour les responsables concernés, Kim Jong
Un n’ayant pas le profil d’un dirigeant qui pardonne facilement – l'enjeu pour
les fautifs serait au minimum le camp de rééducation... Toutefois, ce ne serait
pas sans précédent, les dictateurs ayant tendance à créer autour d'eux une
bulle d'admirateurs et de sycophantes assurant leur position non seulement en
l'assurant de son génie, mais encore en ne lui donnant que les bonnes
nouvelles.
Ou bien
savent-ils quelque chose sur les performances de leur missile que les autres ne
savent pas, et qui resterait confidentiel ?
Enjeu pour les États-Unis - pourront-ils refuser le défi ?
Ce qui semble
clair, c'est que maintenant que le défi a été lancé, aussi publiquement et
aussi solennellement que possible, il serait difficile aux États-Unis de le
refuser, c'est-à-dire de ne pas faire tout leur possible pour intercepter les
missiles.
On pourrait
imaginer à première vue que les États-Unis se contentent de regarder les missiles
s'écraser en mer pas loin de chez eux dans les eaux internationales. Seulement
voilà, ils ont des alliés à rassurer, un système antimissile qui est
directement mis au défi, donc ils n'ont le choix qu'entre tenter l'interception – et
courir le risque semble-t-il assez petit de tout rater et d'être ridicule – et
ne pas la tenter – courant ainsi un risque majeur de convaincre le monde entier
qu'ils n'ont pas eux-mêmes confiance dans les performances de la défense
antimissile dont ils font tant de cas, et qu’ils proposent si bruyamment à
leurs alliés dans la région (Corée du Sud, Japon) comme dans le reste du monde.
Ce n'est vraiment pas le message que Washington souhaite envoyer.
D'autre part, le
président américain a pour le moins l’orgueil chatouilleux, et il est engagé
dans une compétition de provocations verbales avec son homologue nord-coréen.
Il lui serait très difficile de refuser de participer à cette sorte
d'explication et de duel technologique - missile contre missile, pas de
vie humaine en jeu - que tente de lui imposer Kim Jong Un, alors même qu'il
vante si volontiers la puissance américaine et la qualité de ses armes. Il
semble très probable qu'il choisira d'utiliser les THAAD... sauf si ses
généraux lui expliquaient qu'en fait ils seraient dépassés, mais rien dans les
informations en source ouverte ne permet de le penser.
Il est
surprenant que Kim Jong Un lance un tel défi avec son programme de missiles là
où il en est. Mais le vin est maintenant tiré, il faut le boire. Pour la Corée
du Nord, comme pour les États-Unis.
Ce sera le
tout premier test en vraie grandeur du résultat de plus de trente ans de
R&D américaine en défense antibalistique !
La réaction
américaine est pratiquement obligée...
Alexis Toulet
Note
1 -
L'interception d'un missile balistique est pensable lors de ses trois phases de
vol :
▪ Agir lors de
la phase ascensionnelle pose beaucoup de problèmes intrinsèques - le temps de
réaction, la possibilité même de rallier à temps l'endroit adéquat - il y a
lieu de douter que les États-Unis en aient vraiment la capacité
▪ Le seul
système capable de tenter une interception à mi-course est le GBI, lequel
est basé en Alaska et en Californie, ce qui ne convient évidemment pas au cas
d'un missile visant Guam depuis la Corée du Nord
▪ Mais quant à
l'interception en phase terminale - lorsque le missile se rapproche de sa cible
depuis l'espace - les États-Unis disposent de deux systèmes supposés en être
capables : le SM-3 basé sur croiseur Aegis et surtout le THAAD.
Or la base
militaire de Guam a
déjà son propre système THAAD
"Its components include what
the Army calls the "world's most-advanced mobile radar," three
truck-mounted launchers for the ballistic missile interceptors, a cooling and
fire control system, as well as a 1.3-megawatt power generator."
Trois lanceurs,
cela représente un total de 24 missiles, ce qui est bien assez pour lancer 2
intercepteurs sur chacun des quatre Hwasong-12 nord-coréens, afin de maximiser
la probabilité d'interception.
SOURCE : http://www.dedefensa.org/article/de-la-coree-du-nord-a-guam-pari-risque
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Donald Trump torpille le pouvoir de dissuasion des États-Unis
Par ses fanfaronnades non calculées contre la Corée du Nord, Trump vient de briser la doctrine américaine de dissuasion.
Croyant avoir affaire à un État arabe,
Trump commence par menacer Pyongyang d’une mesure militaire après son
énième essai balistique. Le leader coréen qui lui-même n’a pas froid aux
yeux rétorque qu’il bombardera l’ile de Guam, un gigantesque
porte-avion terrestre. Allant plus loin dans l’Action psycho-politique,
Kim Jong-Un n’hésite pas à menacer les USA de carrément utiliser ses
bombes nucléaires.
Les Coréens du nord ont appris par leurs
alliés chinois et autres que Trump projetait de bombarder leurs centres
balistiques. Dès lors et selon les lois de la dissuasion réciproque ce
sera au plus crédible dans le passage à l’action qui aura le dernier
mot.
Or le plus crédible, car n’ayant aucun
frein chez lui, c’est Kim Jong Un. Quant à Trump il ne fait que menacer
mais sans pouvoir agir. En conséquence Trump a brisé la capacité de
dissuasion élaborée durant la guerre froide par Kissinger et la Rand
Corporation.
D’ailleurs
le Pentagone a déjà fait marche arrière ce soir par la voix du Général
Mathis.
Une gifle de plus pour le Président Trump.
Les Américains ne
peuvent tout simplement pas attaquer de front la Corée du nord, sauf par
le biais de l’action asymétrique. Or le régime nord-coréen est
tellement hermétique que les services US, japonais et sud-coréens n’ont
pas pu le pénétrer. D’ailleurs les puissants services secrets chinois
sont là pour empêcher toute pénétration qui déstabiliserait le régime de
Pyongyang.
Source : le Dessous des Cartes
Attaque contre la Corée: riposte militaire chinoise possible
La Chine ripostera avec force et autorité à toute action hostile qui mettrait en danger ses intérêts.
Le journal chinois The Global Times proche du parti communiste au pouvoir affirme que dans tout conflit opposant les États-Unis à la Corée du Nord, la Chine devrait rester neutre. Cependant si les Américains cherchaient à renverser Kim Jung-un, la Chine ne restera pas les bras croisés.
Depuis mercredi, le monde assiste à une escalade de tensions dans la péninsule nord-coréenne provoquée par Washington, escalade qui a poussé Pékin à multiplier les appels à la retenue à l’adresse des États-Unis et de la Corée du Nord.
Le journal The Global Times reconnaît « l’incapacité » de Pékin à « convaincre les deux parties à cesser des provocations » : « La Chine devra faire comprendre aux États-Unis qu’elle n’hésiterait pas à réagir fermement si ses intérêts venaient à être remis en cause ».
En d’autres termes, si Pyongyang tire un missile contre le sol américain provoquant la riposte de Washington, Pékin restera neutre. Mais les choses se passeront différemment si Washington et Séoul déclenchent la guerre en cherchant à renverser le gouvernement nord-coréen. La péninsule coréenne est une région où se croisent les intérêts de toutes les parties. Aucune des parties ne devra avoir le dessus.
Le journal chinois The Global Times proche du parti communiste au pouvoir affirme que dans tout conflit opposant les États-Unis à la Corée du Nord, la Chine devrait rester neutre. Cependant si les Américains cherchaient à renverser Kim Jung-un, la Chine ne restera pas les bras croisés.
Depuis mercredi, le monde assiste à une escalade de tensions dans la péninsule nord-coréenne provoquée par Washington, escalade qui a poussé Pékin à multiplier les appels à la retenue à l’adresse des États-Unis et de la Corée du Nord.
Le journal The Global Times reconnaît « l’incapacité » de Pékin à « convaincre les deux parties à cesser des provocations » : « La Chine devra faire comprendre aux États-Unis qu’elle n’hésiterait pas à réagir fermement si ses intérêts venaient à être remis en cause ».
En d’autres termes, si Pyongyang tire un missile contre le sol américain provoquant la riposte de Washington, Pékin restera neutre. Mais les choses se passeront différemment si Washington et Séoul déclenchent la guerre en cherchant à renverser le gouvernement nord-coréen. La péninsule coréenne est une région où se croisent les intérêts de toutes les parties. Aucune des parties ne devra avoir le dessus.
La Russie en état d’alerte dans l’Extrême-Orient
Moscou a mis en état d’alerte ses systèmes de défense aérienne dans la région russe de l’Extrême-Orient sur fond d’aggravation de la situation après les récents essais de missiles par la Corée du Nord.« Les systèmes russes de défense aérienne dans la région de l’Extrême-Orient ont été améliorés et mis en état d’alerte », a déclaré le vendredi 11 août l’ex-président de la commission de la défense et de la sécurité de la chambre haute du Parlement russe Viktor Ozerov.
« Ce qui se passe maintenant concernant la Corée du Nord ne peut que susciter notre inquiétude. C’est pourquoi nous jugeons nécessaire de prendre des mesures supplémentaires pour protéger notre territoire. Les forces aériennes et aérospatiales ont été renforcées dans la région de l’Extrême-Orient », a-t-il ajouté.Selon le parlementaire russe, les systèmes de défense aérienne dans l’Extrême-Orient russe sont en état d’alerte.
« Nous surveillons toutes les évolutions liées à la Corée du Nord. Les zones possibles de lancement [de missiles nord-coréens] sont sous une surveillance particulière », a-t-il déclaré.
Corée du Nord : Feu, Fureur et Frayeur
Les sonnettes d’alarme
retentissent au moment où les spéculations vont bon train à propos des
«possibles» ogives nucléaires miniaturisées de Pyongyang
Méfiez-vous des chiens de guerre. Les
mêmes « personnes » des services de renseignement qui vous ont servi des
bébés sortis des incubateurs par de «méchants» Irakiens et les armes de
destruction massive inexistantes propagent maintenant l’idée selon
laquelle la Corée du Nord a produit une ogive nucléaire miniaturisée
capable de s’adapter à son ICBM qu’elle vient de tester.
C’est l’essentiel d’une analyse réalisée
en juillet par la Defense Intelligence Agency (DIA). De plus, le
renseignement américain pense que Pyongyang a maintenant accès jusqu’à
60 armes nucléaires. Sur le terrain, les renseignements américains sont
pratiquement inexistants en Corée du Nord, de sorte que ces évaluations
équivalent, au mieux, à des conjectures.
Mais lorsque nous rajoutons à ces conjectures le livre blanc
annuel de 500 pages publié un peu plus tôt cette semaine par le
ministère japonais de la Défense, les cloches d’alerte commencent à
sonner.
Le livre blanc met l’accent sur les «progrès significatifs» de Pyongyang dans la course nucléaire et sa capacité « éventuelle » à développer des ogives nucléaires miniaturisées capables de s’adapter à ses missiles.
Cette capacité « éventuelle » est noyée
dans une spéculation pure et simple. Comme l’indique le rapport, «Il est
concevable que le programme d’armes nucléaires de la Corée du Nord soit
déjà considérablement avancé et il est possible que la Corée du Nord
ait déjà réussi la miniaturisation des bombes nucléaires en ogives et
qu’elle ait acquis des ogives nucléaires».
Les grands médias occidentaux ne peuvent s’empêcher de répandre cette pure spéculation
en une hystérique « Corée du Nord ayant des armes nucléaires
miniaturisées » dans les gros titres des journaux et de la télévision.
Parler des cœurs et des esprits confortablement engourdis dans la peur.
Le livre blanc japonais, opportunément, a
également enfourché la condamnation de la Chine pour les agissements de
Pékin dans les mers de Chine de l’Est et du Sud.
Regardons maintenant les agendas en
cours. Le Parti de la guerre aux États-Unis, avec ses innombrables liens
avec le complexe industriel-militaire-média, de manière évidente veut
et a besoin d’une guerre pour que ses usines continuent à fonctionner.
Tokyo, pour sa part, apprécierait beaucoup une attaque militaire
préventive américaine – et tant pis pour les inévitables et immenses
pertes sud-coréennes qui résulteraient de la réaction de Pyongyang.
Il est tout à fait instructif de
constater que Tokyo, en fin de compte, considère la Chine comme une
«menace» aussi grave que la Corée du Nord; Le ministre de la Défense,
Itsunori Onodera, a déclaré: «Les missiles de la Corée du Nord
représentent une menace de plus en plus grave. En plus de cela, le
comportement menaçant et continu de la Chine dans la mer de Chine
orientale et la mer de Chine méridionale, est une préoccupation majeure
pour le Japon. « La réponse de Pékin est arrivée illico.
Kim Jong-Un, diabolisé ad infinitum, n’est pas un imbécile, et ne va pas se livrer à un seppuku
rituel en attaquant unilatéralement la Corée du Sud, le Japon ou le
territoire américain. L’arsenal nucléaire de Pyongyang représente un
moyen de dissuasion contre un changement de régime sur lequel Saddam
Hussein et Kadhafi n‘ont pas pu compter. Il n’y a qu’une seule façon de
faire face à la Corée du Nord, comme je l’ai déjà dit auparavant ; la diplomatie. Dites cela à Washington et à Tokyo.
Au même moment, il y a la Résolution
2371 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Elle cible les principales
exportations de la Corée du Nord: le charbon, le fer et les fruits de
mer. Le charbon représente 40% des exportations de Pyongyang et
peut-être 10% du PIB.
Pourtant, ce nouveau paquet de sanctions
ne touche pas les importations de pétrole et de produits pétroliers
raffinés en provenance de la Chine. C’est l’une des raisons pour
lesquelles Beijing a voté en faveur des sanctions.
La stratégie de Pékin est une tentative
très asiatique de trouver une solution qui permet de sauver la face, et
cela prend du temps. La résolution 2371 du CS de l’ONU achète du temps –
et peut dissuader l’administration Trump, pour l’instant, de faire du
heavy metal, avec des conséquences horribles.
Le ministre chinois des Affaires
étrangères, Wang Yi, a prudemment déclaré que les sanctions sont un
signe d’opposition internationale aux programmes de missiles et d’armes
nucléaires de la Corée du Nord. La dernière chose dont Pékin a besoin,
c’est d’une guerre juste sur ses frontières, qui entrave également
l’expansion des nouvelles routes de la soie, alias Belt and Road
Initiative (BRI).
Pékin a toujours eu la possibilité de
travailler pour rétablir la confiance entre Pyongyang et Washington.
C’est d’une évidence encore plus grande que l’Himalaya. Il faut
simplement se pencher sur le cadre de l’accord de 1994, signé pendant le premier mandat de Bill Clinton.
Le cadre était censé geler – et même
démanteler – le programme nucléaire de Pyongyang et devait normaliser
les relations entre les États-Unis et la Corée du Nord. Un consortium
dirigé par les États-Unis construirait deux réacteurs nucléaires à eau
légère pour compenser la perte d’énergie nucléaire de Pyongyang; Les
sanctions seraient levées; Les deux parties donneraient des « assurances
formelles » contre l’utilisation d’armes nucléaires.
Rien ne s’est passé. Le cadre s’est
effondré en 2002 – quand la Corée du Nord a été classée dans l’axe du
mal par le régime de Cheney. Sans oublier que la guerre de Corée est
toujours techniquement en vigueur; L’armistice de 1953 n’a jamais été
remplacé par un véritable traité de paix.
Alors, quelle sera la suite ? Trois rappels.
1) Méfiez-vous d’un false flag conçu pour être mis sur le dos de Pyongyang; Ce serait le prétexte idéal pour la guerre.
2) Le discours actuel est étrangement
semblable à celui des suspects habituels qui braillent depuis toujours
que l’Iran n’était qu’à un battement de cil de la «fabrication d’une
arme nucléaire».
3) La Corée du Nord détient des
milliards de dollars américains en richesse minérale inexplorée.
Observez le jeu d’ombre exécuté par les candidats qui veulent profiter
de ce butin juteux.