Le journaliste Guy Mettan signe un livre à contre-courant
sur les relations entre l’Occident et la Russie. Selon lui, l’Occident déteste
la Russie. Il retrace les causes historiques de "cet acharnement", et
pointe du doigt le rôle des médias occidentaux, attiseurs de russophobie. "Européens et les Américains ont besoin de se
confronter à la Russie pour assurer leur cohésion et leur domination sur le
reste du monde"
Russie-Occident, une guerre de mille ans. La russophobie de Charlemagne à
la crise ukrainienne.
Dans cet essai, Guy Mettan part du constat que le
regard de l’Occident sur la Russie est déformé par la peur, l’ignorance et les
préjugés. Pourquoi tant de haine envers un pays pourtant si proche par la
géographie et la culture ? L’auteur va retracer la genèse religieuse,
idéologique et géopolitique, de Charlemagne jusqu’aux rivalités pour le
contrôle de l’Eurasie et de ses ressources.
Il montre que ces tensions ne sont pas près de
s’éteindre parce que les Européens et les Américains ont besoin de cette
confrontation pour assurer leur cohésion et leur domination sur le reste du
monde.
"J’ai écrit ce livre parce que j’avais la rage",
a t-il confié à l’un de ses confrères. Rage devant les préjugés antirusses et
l’ignorance de ceux qui les développent. Mais avec ce livre, Guy Mettan affirme
n’avoir qu’une ambition: "convaincre qu’il n’est pas nécessaire de haïr
la Russie pour en parler" tout en précisant que
"cet essai n’est en rien antioccidental".
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ENTRETIEN avec Guy Mettan, journaliste et homme politique suisse.
RUSSIE INFO : Quelle est la force des
lobbys russophobes ?
Guy METTAN :
Le chercheur américain Andrei Tsygankov a très bien démontré le
fonctionnement des deux grands lobbies russophobes américains, ceux de
l'industrie d'armement et du pétrole. Il existe aussi à Washington et à
Londres un puissant lobby polonais et balte, très antirusse. De son côté,
l'ancien soviétologue et journaliste Stephen Cohen a analysé leur
emprise sur les grands médias. Mais il faut aussi dire qu'il n'y a pas de
complot ni de conspiration antirusse, ni aux États-Unis ni en Europe. Ces gens,
comme le milliardaire américain Georges Soros ou « l'intellectuel »
français Bernard-Henri Lévy, ont pignon sur rue et s'expriment
publiquement. Ils ont accès à tous les grands médias et n'ont pas besoin de se
cacher…
RUSSIE INFO : Vous décrivez quasiment
un état de guerre médiatique entre la Russie et l’Occident, avec la
participation des rédactions occidentales. Sur la crise ukrainienne, je vous
cite : " les médias (occidentaux) ont renoncé à exposer les faits, à poser
les questions et à exprimer les points de vue qui ne cadraient pas avec la
version officielle."
Pourquoi les médias occidentaux
indépendants seraient-ils au service de la pensée dominante des États ?
Guy METTAN :
Je suis en effet assez sévère avec mes confrères. Beaucoup d’entre eux donnent
une version biaisée des faits, privilégiant un aspect et escamotant les autres,
ou citant exclusivement
des sources proches du gouvernement ukrainien ou des thinks tanks affiliés à
l’OTAN. En faisant cela, ils violent l’éthique journalistique. Je ne
sais pas ce qui s’est réellement passé en Ukraine. L’histoire le dira. Mais
rien n’empêche de poser les bonnes questions, de diversifier les sources et
d’appréhender les choses sans parti pris.
RUSSIE INFO : Vous écrivez encore sur
la Russie : "J’ai été saisi d’un vertige devant l’ampleur des préjugés,
les tombereaux de clichés et le parti pris systématiquement antirusse adopté
par la grande majorité des médias occidentaux."
Comment votre livre a t-il été accueilli
par vos collègues ?
Guy METTAN :
Il a fallu passer beaucoup de temps pour expliquer. Jusqu’ici, l’accueil a été
étonnamment favorable. Notamment dans le grand public. Mais nous sommes en
Suisse, qui est malgré tout un pays plus neutre et qui se méfie des proclamations
de guerre. On verra ce que ça donnera en France. Un boycott par le silence est
assez probable.
(C’est confirmé. Paru en 2015,
le livre n’a pas suscité l’intérêt des GMM, les Grands Médias Menteurs)
RUSSIE INFO : Avec cet essai, vous
êtes absolument contre le courant dominant. Vous révélez aussi avoir adopté une
petite fille russe et avoir la double nationalité, suisse et russe, suite à un
décret de l'administration Eltsine. Est-ce que cela a motivé votre livre ?
Guy METTAN :
Je suis résolument à contre-courant de la pensée unique. Mais ce n’est pas
grave. Il est clair que l’adoption de ma fille en 1994 dans un orphelinat de
Vladimir, au pire moment de la crise économique qui a suivi la fin de l’URSS, a
été le moment le plus émouvant de ma vie. Recevoir la nationalité russe
quelques années plus tard a aussi été une agréable surprise. Cela a changé mon
regard sur la Russie, en m’obligeant à m’y intéresser de beaucoup plus près.
RUSSIE INFO : Dans le cas de
l’annexion de la Crimée, que pensez-vous de la façon dont la Russie a
transgressé les règles internationales ?
Guy METTAN :
La Russie a certes transgressé une règle en organisant unilatéralement un
referendum sur le retour de la Crimée dans la mère patrie en mars 2014. Mais ce
geste s'appuyait sur un premier referendum organisé en janvier 1991 par le
nouveau régime ukrainien et qui avait déjà validé l'indépendance avant d'être
cassé par un brusque retournement de la Rada.
D'autre part cette entorse au droit international
n'est rien comparé à la violation du droit au Kosovo en 2008, à l’agression de
l’OTAN contre la Serbie en 1999, au détournement de la résolution sur la Libye
en 2011, à l'invasion de l'Irak à travers la fabrication de fausses preuves
d'armes de destruction massive en 2003, au bombardement du Yémen en 2015. Pour l’Occident, le droit
international est souvent la cristallisation du droit du plus fort selon le
principe "tout ce qui est à moi est à moi et tout ce qui est à toi est
négociable".
Russie-Occident, une guerre de mille ans. La
russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne
Aux Éditions des Syrtes
2015, environ 500 pages
Commentaire
Comme l'écrasante majorité des journalistes européens et américains, Guy METTAN s'autocensure: il "oublie" un facteur essentiel de la russophobie : le lobby juif. S'il avait parlé de ce lobby, il serait certainement en ce moment soit enfermé, soit vivant en exil.
Voici un aperçu du rôle du lobby judéo-russe dans la culture et la propagation de la russophobie en Amérique, écrit par Dmitri Orlov. Le cas de l'Europe, et en particulier de la France et de la G.B. est similaire.
Commentaire
Comme l'écrasante majorité des journalistes européens et américains, Guy METTAN s'autocensure: il "oublie" un facteur essentiel de la russophobie : le lobby juif. S'il avait parlé de ce lobby, il serait certainement en ce moment soit enfermé, soit vivant en exil.
Voici un aperçu du rôle du lobby judéo-russe dans la culture et la propagation de la russophobie en Amérique, écrit par Dmitri Orlov. Le cas de l'Europe, et en particulier de la France et de la G.B. est similaire.
H.G.
Addendum-1 : Juifs russes aux USA
En essayant de démêler l’état tendu actuel des
relations entre les États-Unis et la Russie, un groupe mérite un niveau
d’attention plus élevé, ce sont les juifs américains. C’est le groupe de
population le plus important que les deux pays ont en commun : sur les 5
ou 6 millions de juifs vivant actuellement aux États-Unis (les chiffres varient
selon la façon dont on mesure la « judéité »), environ un
million a immigré aux États-Unis depuis l’ancienne Union soviétique, soit
directement, soit après un séjour en Israël. Le gouvernement des États-Unis les
a acceptés volontiers, leur accordant le statut de réfugiés ; ainsi, ils sont
entrés dans la société américaine avec une identité politisée, nettement antirusse, et
leur attitude antirusse a eu un effet d’influence sur l’opinion de nombreux
juifs non-russes et aussi d’autres Américains.
Leur
expérience directe de la vie en Russie leur a permis de se positionner en tant
qu’experts sur tout ce qui concerne le russe et, dans une large mesure, a
permis à ce groupe relativement restreint d’influer négativement sur l’attitude
de 322 millions d’Américains envers 144 millions de Russes au sein de la
Fédération de Russie ainsi que sur la trentaine de millions de Russes résidant
à l’extérieur. C’est un
accident malheureux de l’histoire qu’un groupe d’environ un million de
personnes ait, plus ou moins par inadvertance, aigri les relations entre un
demi-milliard de personnes.
L’influence
étrangement disproportionnée des juifs israéliens, et des juifs en général, sur
la politique américaine est aussi un sujet brûlant de discussion, et donc ici,
je vais encore une fois résumer brièvement. D’abord l’évidence : Israël ne
fait pas partie des États-Unis ; c’est une nation souveraine séparée et un
membre de l’ONU. Et pourtant, les politiciens américains peuvent prêter
allégeance à Israël sans être arrêtés et jugés pour trahison. Beaucoup de
doubles citoyens américains et israéliens circulent à travers les institutions
américaines et israéliennes, et personne ne s’inquiète jamais de savoir
lesquels d’entre eux espionnent au nom de qui. Aux États-Unis, Israël et les
juifs en général reçoivent un traitement spécial : quiconque ose critiquer Israël
est plus ou moins automatiquement accusé d’antisémitisme et ostracisé.
En outre, il a été interdit de boycotter des produits ou des entreprises
israéliens, ce que certaines personnes veulent faire pour soutenir la cause
palestinienne. Israël a colonisé les États-Unis, tout comme la Grande-Bretagne avait
colonisé l’Inde, avec quelques milliers de Britanniques contrôlant
tout le sous-continent à leur propre avantage.
Israël est
le destinataire de plusieurs milliards de dollars d’aide militaire américaine
annuelle, ce qui en fait une partie intégrante du racket militaro-industriel
américain. Cela signifie que les juifs et/ou les Israéliens aux
États-Unis (la distinction entre juifs et Israéliens n’est pas particulièrement
utile, puisqu’il est facile pour un juif d’obtenir un passeport israélien) doivent parler de la « menace
russe » pour s’en mettre plein les poches aux côtés de l’armée
américaine, et c’est ce qu’ils font.
Très
opprimés sous le régime prérévolutionnaire, les juifs ont joué un rôle
déterminant pendant la Révolution russe de 1917, et leurs enfants et eux-mêmes
ont tiré énormément avantage de leur participation à la Révolution russe de
1917. En fait, les juifs ont
si bien réussi en URSS qu’ils ont évincé les Russes de nombreux emplois de haut
niveau : bien qu’ils n’aient plus représenté que 1,5% de la population
dans les années 1950, plus de la moitié des directeurs des nombreux instituts,
centres de recherche et laboratoires de l’Académie soviétique des sciences
étaient juifs. Les juifs constituaient un tiers de l’Union des écrivains
soviétiques ; un quart de tous les professeurs d’université ; etc.
Avec le
temps, les Russes ont commencé à réagir violemment contre la présence massive
des juifs dans les universités et les professions libérales.
Ceci
explique de manière évidente pourquoi, à leur arrivée aux États-Unis, les juifs
russes ont dépeint l’URSS et la Russie avec un large pinceau chargé de couleurs
sombres : oppression, antisémitisme, pogroms, plus un retard mental,
l’ivresse et l’horreur en général. S’ils avaient résisté à l’envie de jouer aux
victimes, leur récit aurait pu, par défaut, devenir quelque chose comme
ça : « Nous
avons détruit la Russie, nous l’avons réarrangée à notre avantage, fait des
affaires en or, puis coulé le navire, et maintenant nous sommes ici aux
États-Unis, avec nos biens précieux, des parents âgés et nos animaux de
compagnie, prétendant être des réfugiés, et prêts à recommencer. »
Vous ne les voyez plus comme de pauvres migrants maintenant, n’est-ce
pas ? Ajoutez à cela le fait qu’il y a beaucoup d’argent à faire aux
États-Unis en s’attaquant à la Russie, et l’envie forte de se laisser aller au « Russian
bashing » devient irrésistible.
Le but de
tout ceci est que, pour toutes les raisons mentionnées ci-dessus, vous ne
devriez jamais plus écouter ce que les juifs américains ont à dire sur la
Russie. Tout ce qu’ils ont à livrer dans ce domaine est frelaté, des produits
contaminés. Il est incroyablement autodestructeur d’utiliser les mensonges
répandus sur la Russie comme une excuse pour continuer à nourrir le monstre militaire
américano-israélien. Israël.
(Le 1er
février 2018, Club Orlov )
Addendum-2 . Roland Barthes et la profonde
altérité russe (en 1956)
Les délires
occidentaux en matière russe n’ont hélas rien de neuf. Relisons le début du
journal de Dostoïevski :
« Quand
il s’agit de la Russie, une imbécillité enfantine s’empare de ces mêmes hommes
qui ont inventé la poudre et su compter tant d’étoiles dans le ciel qu’ils
croient vraiment pouvoir les toucher. »
Dostoïevski
ajoute que ces russes extra-terrestres « tiennent à la fois de
l’Européen et du Barbare. On sait que notre peuple est assez ingénieux, mais
qu’il manque de génie propre ; qu’il est très beau ; qu’il vit dans des cabanes
de bois nommées isbas, mais que son développement intellectuel est retardé par
les paralysantes gelées hivernales. »
Le Russe est
resté l’être inférieur et l’automate qu’il était chez Custine :
« On
n’ignore pas que la Russie encaserne une armée très nombreuse, mais on se
figure que le soldat russe, simple mécanisme perfectionné, bois et ressort, ne
pense pas, ne sent pas, ce qui explique son involontaire bravoure dans le
combat ; que cet automate sans indépendance est à tous les points de vues à
cent piques au-dessous du troupier français… »
C’est que le
Russe est pire que la lune ; il est inconnaissable :
« La
Russie est ouverte à tous les Européens; les Russes sont là, à la portée des
investigations occidentales, et pourtant le caractère d’un Russe est peut-être
plus mal compris en Europe que le caractère d’un Chinois ou d’un Japonais. La
Russie est, pour le Vieux Monde, l’une des énigmes du Sphinx. On trouvera le
mouvement perpétuel avant d’avoir saisi, en Occident, l’esprit russe, sa nature
et son orientation. À ce point de vue là je crois que la Lune est explorée
presque aussi complètement que la Russie. On sait qu’il y a des habitants en Russie,
et voilà toute la différence. Mais quels hommes sont ces Russes ? C’est un
problème, c’en est encore un, bien que les Européens croient l’avoir depuis
longtemps résolu. »
Si l’auteur
de l’Idiot évoque la lune, c’est pour souligner cette altérité
extra-terrestre ; mais un siècle plus tard, Barthes évoquera en
riant Mars. C’est dans ses Mythologies où Barthes démonte les mécanismes de la pensée
médiocre, social-radicale et petite-bourgeoise française qui reprit son envol
avec Hollande :
A l’époque
le journaliste du Figaro décrit la rue (voyez le délirium durant la coupe du
monde de foot) :
« La
rue est devenue tout d'un coup un terrain neutre, où l'on peut noter, sans
prétendre conclure. Mais on devine de quelles notations il s'agit. Car cette
honnête réserve n’empêche nullement le touriste Macaigne de signaler dans la
vie immédiate quelques accidents disgracieux, propres à rappeler la vocation
barbare de la Russie soviétique : les locomotives russes font entendre un long
meuglement sans rapport avec le sifflet des nôtres ; le quai des gares est en
bois ; les hôtels sont mal tenus; il y a des inscriptions chinoises sur les
wagons (thème du péril jaune) ; enfin, fait qui révèle une civilisation
véritablement arriérée, on ne trouve pas de bistrots en Russie, rien que du jus
de poire ! »
L’important
pour le bourgeois français est de rester supérieur :
« D'une
manière générale, le voyage en URSS sert surtout à établir le palmarès
bourgeois de la civilisation occidentale : la robe parisienne, les locomotives
qui sifflent et ne meuglent pas, les bistrots, le jus de poire dépassé, et
surtout, le privilège français par excellence ; Paris, c'est-à-dire un
mixte de grands couturiers et de Folies-Bergères ; c'est ce trésor
inaccessible qui, paraît-il, fait rêver les Russes à travers les touristes du
Batory… »
C’était
avant les oligarques consommateurs… Et Barthes de conclure :
« C'est
donc une fois seulement qu'il a été illuminé par le soleil de la civilisation
capitaliste, que le peuple russe peut être reconnu spontané, affable, généreux.
Il n'y a plus alors que des avantages à dévoiler sa gentillesse
débordante : elle signifie toujours une déficience du régime soviétique,
une plénitude du bonheur occidental : la reconnaissance « indescriptible »
de la jeune guide de l'Intourist pour le médecin (de Passy) qui lui offre des
bas nylon, signale en fait l'arriération économique du régime communiste et la
prospérité enviable de la démocratie occidentale. »
Source :
Les Carnets de Nicolas Bonnal
Hannibal GENSÉRIC
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