Le
Premier ministre, Youssef Chahed, a annoncé le 5 novembre la composition
de son nouveau cabinet ministériel, attendu depuis plus de six mois. La
nomination au Tourisme de René Trabelsi, tour-opérateur de confession juive,
n’a pas manqué de faire du bruit. Dans cette tribune, le nouveau ministre
répond à ses détracteurs.
A la faveur du dernier remaniement gouvernemental, j’ai été désigné
par monsieur Youssef Chahed, pour pallier à une vacance à la tête du ministère
du Tourisme.
Ma joie des premiers moments correspondit à un sentiment de
reconnaissance par mon pays, je ne dirais pas « enfin » car je
ne me suis jamais senti renié par la Tunisie mais être choisi parmi ses
concitoyens pour servir l’État à une échelle aussi grande me combla, je me
sentis honoré car enfin on allait me donner les moyens de mettre à exécution un
rêve que j’ai toujours nourri pour mon pays en matière de tourisme.
Depuis l’annonce de ma nomination j’ai accusé
réception de flèches plus ou moins vénéneuses, plus ou moins bien fondées.
J’accuse donc réception de récriminations fondées sur
ma judéité, d’autres fondées sur mon absence de diplômes, j’accuse réception de
charges relatives à mon statut d’expatrié et de binational, tuniso-français.
De tout cela, j’accuse réception, mais également du
reste : de ce formidable élan en ma faveur et du soutien populaire bien
présent et qui m’arrive via ces missives modernes que sont les mails et SMS.
L’élan favorable est d’ailleurs à ce point
prépondérant sur les misères, dont j’ai été l’objet depuis ma nomination, que
j’aurai pu les ignorer sauf que je tenais, moi qui ai toujours privilégié le
silence, ce silence du labeur, à ne pas me taire cette fois-ci…car en filigrane
de tout le débat autour de ma personne git la question embarrassante de la
judéité, ma judéité, moi René fils de Perez en terre musulmane…
Ma judéité traverse en filigrane les arguments des
deux camps, les « pour » et les « contre » sans parler
d’un troisième camp, très minoritaire, qui n’est pas dans le filigrane mais
dans les gros sabots de la haine décomplexée de toute altérité... mais sans
parler, aussi, d’un quatrième camp, lilliputien, qui rejette ma nomination pour
des motifs « objectifs » qui n’ont rien à voir avec ma judéité mais
avec mon niveau scolaire, mes activités dans le tourisme et ma qualité de
résident étranger...Un quatrième camp lilliputien mais inconscient d’avoir
fourni des armes aux anti-juifs primaires qui ne cherchent qu’à nourrir leur
haine et à la justifier …
Ma judéité, parlons-en ! Ne pas en parler serait
hypocrisie. Je ne remercierai jamais assez ces Tunisiens qui m’ont soutenu en
faisant réellement abstraction de ma religion pour ne tenir compte que de ma
citoyenneté et de mes compétences. Cependant, comme je n’aimerai pas que ma
judéité soit un motif de rejet, je n’aimerai pas qu’elle soit non plus un motif
folklorique de soutien. Soutenir ma nomination uniquement par ce que je suis
juif serait faire du tort à la Tunisie et me faire du tort. Ma judéité n’est ni
fardeau ni folklore …Elle est !
Éluder d’en parler par politesse, en ferait une tare,
éluder la question du livre saint sur lequel je prêterai serment est certes
signe de délicatesse mais quelque part de honte alors qu’il n’y a aucune raison
de l’être comme d’ailleurs aucune raison d’en retirer quelconque gloire. Ma
religion fait ordinairement part de mon domaine privé, les charges publiques
auxquelles je suis appelé m’astreignent à en parler en public...je comprends,
je le conçois dans un pays où nous, citoyens juifs, sommes minoritaires...
je conçois que cela puisse gêner aux entournures dans un climat international
qui vit depuis des décades le conflit israélo-palestinien …ce conflit est
tellement présent en Tunisie, et je comprends que l’on m’ait accusé, à tort, de
porter la nationalité israélienne, juste pour me discréditer !
Tout cela je peux le concevoir car l’acceptation de
l’autre, quel qu’il soit, bien entendu dans le respect des valeurs démocratiques
allant de l’avant, est un exercice ardu et l’un des challenges d’ailleurs, les
plus importants, de notre pays. Je suis cependant confiant mais aussi ému de la
reconnaissance que représente ma nomination, de l’apport que peut avoir la
minorité à laquelle j’appartiens à notre pays, je la vis comme une
reconnaissance posthume à Habiba Msika, à Young Perez, à Albert Scemmama
Chikli, à Jules Lelouch, à Guy Sitbon, à Georges Adda, à Elie Kakou, à Raoul
Journo, etc..
Mais comme je l’ai déjà dit ci-haut, je n’ai pas
accepté ce poste et je ne vous demande pas de me soutenir juste pour honorer ma
judéité et celle de mes coreligionnaires sus-cités.
J’ai accepté ce
poste car j’ai une vision pour le tourisme tunisien, en homme de terrain qui a
travaillé pendant des décennies sur la destination Tunisie, qui est conscient des points forts comme des
faiblesses de cette destination.
Je suis un homme de terrain, je n’ai pas étudié le
tourisme a l’école, on semble me le reprocher aussi. Il est vrai que je n’ai
pas fait de longues études et en cela nous sommes inégaux car nous ne sommes
pas tous faits pour en faire, les intelligences sont multiples. Je n’ai pas
chômé, je n’ai pas filé du mauvais coton mais compté sur moi-même et trouvé mon
propre chemin, appris sur le tas un métier, essayé et essaye encore d’y devenir
le meilleur. J’en vis depuis des années en en faisant vivre d’autres et en
faisant profiter mon pays de mon savoir-faire. Je n’ai certes pas atteint le
baccalauréat mais j’ai acquis les connaissances essentielles pour être une
personne productive et n’est-ce pas là le but ultime de l’instruction ? En
ce sens ma nomination, moi le "soit disant" bac-4, à ce poste, sur ma
compétence reconnue dans le domaine du tourisme pourrait être un message
d’espoir à ces jeunes qui quittent trop tôt les bancs scolaires et qui croient
ainsi leur vies finies et qui se croient réduits à jamais à un statut
d’assisté ! Bien entendu, il est plus facile de réussir le diplôme en
poche, et je fais tout pour que mes enfants aient les meilleurs diplômes mais
une autre voie est possible. Et au prix autrement fort !
Il m’a été reproche de vivre à l’étranger. Cette
dernière charge je la balayerai d’un revers de la main, comme je le ferai pour
celle afférente à cet impossible conflit d’intérêts entre ma compagnie et le
tourisme tunisien, impossible car contrôle, car transparence, car médias… car
nous sommes aujourd’hui en démocratie sans parler de ma moralité et de mon amour pour mon pays
qui ont fait que je privilégie toujours ses intérêts aux miens. Ces flèches là,
je les ignorerai volontiers car elle ne relèvent que d’arguties cherchant à
cacher le fond du problème que certains ne veulent pas (s’)avouer...l’altérite
et ses malaises car je n’ai pas vu ce qui m’est de la sorte reproché, l’être à
de très hauts responsables tunisiens non-juifs, même binationaux, comme moi.
Moi-même, ma Tunisie je l’ai quittée comme ce presque
un million et demi de nos concitoyens qui constituent la diaspora tunisienne.
Je l’ai quittée non par désamour ou par indifférence mais, comme eux, pour
travailler …Y a-t-il un mal à cela ? Aucun, sauf si on est dans une
situation de suspicion originelle comme cela est le cas pour ma communauté qui,
je le rappellerai toujours, n’a quitté son pays, la Tunisie, par vagues à
partir de 1967, qu’après qu’elle y fût victime d’actes de rejet. Ma communauté
a quitté meurtrie au point d’ériger une Tunisie là où elle va par la
perpétuation de toutes les traditions, les chants, les mets et la langue qui
nous lient nous Tunisiens d’une manière indifférenciée !
J’aurai aimé consacrer cet article à ma vision pour
notre tourisme mais il me tenait aussi à cœur de lever des quiproquos et
d’élucider des non-dits qui blessaient ma citoyenneté, et à vrai dire le sens
même du mot citoyenneté dans cette démocratie nouvelle.
De tourisme, nous parlerons sûrement mais surtout nous
ferons !
René Trabelsi
Source :Business News
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Jusqu’à
l’âge de 50 ans, j’étais le parfait Juif gauchiste, sioniste, féministe,
dysfonctionnel et endoctriné. Ma guérison débuta lorsque je me mis à remettre
en questions ces notions, afin d’obéir à mes propres instincts à la place. J’ai
découvert la conspiration des Illuminati et j’en ai fait mon travail.
Contrairement
aux Juifs cabbalistes, je pense exprimer l’authentique esprit Juif de la loi
mosaïque, qui est un engagement envers la vérité universelle et la morale. (Cet
esprit n’est pas exclusivement Juif) J’ai toujours senti qu’il existait un
ordre moral immanent ; c’est cette intuition qui a inspiré mon jeu.
Merci à Trabelsi!!! j aime la Tunisie mais tant que les cons qui essaient de la gouverner ne seront pas dégagés de là bas, il y a du souci à se faire!!!
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