Après l’échec de sa tentative
de coup d’Etat au Venezuela, l’administration Trump a lancé un autre plan dingue :
On s'attend à ce que les États-Unis
désignent l'élite du Corps des gardiens de la révolution iranien comme une
organisation terroriste étrangère, ont déclaré trois responsables américains à
Reuters, marquant ainsi la première fois que Washington qualifie officiellement
les militaires d'un autre pays de groupe terroriste.
La Maison-Blanche vient de faire
cette déclaration (pas encore de lien).
Le Corps des gardiens de la
révolution islamique fait partie de l’armée iranienne. Il a été fondé
après la révolution iranienne de 1979 pour protéger l’État d’un coup d’État
mené par l’armée régulière iranienne qui avait servi sous le Shah.
Avec environ 125.000 hommes en temps
de paix, le Corps des gardiens de la révolution islamique ne représente
qu’environ un tiers de l’effectif militaire régulier de l’Iran. Il a une
structure similaire, avec une force terrestre, une branche de la marine et une
branche de l’aérospatiale. L’IRCG compte deux autres petites directions
générales qui présentent un intérêt en matière de politique étrangère. L’une
est la force de missiles qui contrôle les missiles à moyenne portée de l’Iran.
L’autre est la Force de Al-Qouds, une unité de la taille d’une brigade
d’environ 4.000 hommes entraînés pour des opérations spéciales à l’étranger.
En temps de guerre, la taille du
Corps des gardiens de la révolution islamique est environ le triple de celle en
temps de paix. Comme l’armée régulière de l’Iran, son personnel est composé de
professionnels, de conscrits et de réservistes. La force volontaire Basadji,
des paramilitaires locaux qui peuvent être appelés pour des questions de
sécurité intérieure, est rattachée au Corps des gardiens de la révolution
islamique. Il existe plusieurs fonds de dotation et fiducies de bienfaisance
(bonyads) ayant des liens étroits avec les IRGC. Ils possèdent des entreprises
commerciales, mais leurs profits sont distribués aux anciens combattants du
Corps des gardiens de la révolution islamique, aux veuves et orphelins des
soldats décédés.
En 2007, le Trésor américain avait
déjà dénoncé la Force d’al-Qouds pour son « soutien au
terrorisme ». Il a également sanctionné plusieurs entreprises liées à
l’IRGC. Ce que la désignation de l’IRCG dans son ensemble est censé réaliser
n’est pas du tout clair. Il pourrait s’agir d’un geste symbolique ou, comme
certains le supposent, d’un pas vers une guerre contre l’Iran :
L'ancienne sous-secrétaire d'État et
négociatrice en chef pour l'Iran, Wendy Sherman, s'est dite préoccupée par les
implications pour les forces américaines.
« On pourrait même se demander,
puisqu'il est difficile de voir en quoi c'est dans notre intérêt, si le président ne cherche pas un
alibi pour un conflit », a déclaré Sherman, qui est directrice du Center for
Public Leadership à la Harvard Kennedy School. « Le Corps des gardiens
de la révolution islamique est déjà pleinement sanctionné et cette escalade met
en danger nos troupes dans la région. »
Mohammad al Shabani énumère d’autres
raisons :
Mohammad Ali Shabani @mashabani - 14:36 utc - 8
avr 2019
INFO. Les suspects habituels ont
poussé Trump à désigner l’#IRGC comme OTE. Pourquoi ?
- Fait partie de l'instinct de
négociation de Trump
- Pour coincer le prochain président
américain sur l'Iran (les démocrates disent qu'ils rejoindront la JCPOA)
- Pour forcer le Liban et l'Irak à
choisir entre l'Iran et les États-Unis
- Pour forcer l'Europe à réduire
encore ses maigres relations avec l’Iran
- Pour provoquer l'Iran à se
débarrasser de la JCPOA
- et, idéalement, pour lancer une
confrontation militaire.
Le colonel Pat Lang présume
également qu’il s’agit d’une tentative
pour provoquer une guerre :
La loi sur le terrorisme (AUMF) a
été utilisée à grande échelle comme un permis de chasse pour attaquer tout
groupe armé que l'on pourrait même considérer de loin comme un ennemi
terroriste. Cette loi antiterroriste rend de telles attaques légales du point
de vue étasunien.
L’autorisation d’utilisation de la
force militaire (AUMF) est une loi adoptée après l’attaque du 11 septembre 2001
qui autorise le président :
À employer toute « la
force nécessaire et appropriée » contre ceux qu'il a déterminé comme
ayant « planifié, autorisé, commis ou aidé » les attaques du
11 septembre, ou qui ont hébergé ces personnes ou groupes.
Dans un
discours prononcé en octobre 2017, le président Trump a accusé l’Iran
d’avoir soutenu et hébergé Al-Qaïda :
Des mandataires iraniens ont formé
des agents qui ont ensuite participé à l'attentat à la bombe perpétré par
Al-Qaïda contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, et deux ans
plus tard, tuant 224 personnes et en blessant plus de 4.000 autres.
Le régime a hébergé des terroristes
de haut niveau à la suite des attentats du 11 septembre, dont le fils d'Oussama
ben Laden. En Irak et en Afghanistan, des groupes soutenus par l'Iran ont tué
des centaines de militaires américains.
L’Iran n’a rien à voir avec
l’attentat à la bombe au Kenya. Après l’invasion de l’Afghanistan par les
États-Unis, des membres de la famille de dirigeants d’Al-Qaïda ont fui en Iran.
Ils ont été assignés à résidence et retenus en otages pour empêcher toutes
opérations d’Al-Qaïda contre l’Iran.
Mais les faits n’auront pas
d’importance. La désignation de l’IRGC comme « terroriste
étranger » rendra probablement l’AUMF pertinente, du moins en
vertu du droit américain.
Pat Lang continue
:
La désignation officielle de de
l'IRGC comme « terroriste », pour une armée de 125.000 hommes
dotée de sa propre marine et de sa propre force aérienne, permet aux forces
armées américaines d'attaquer l'IRGC et ses hommes
où qu'ils se trouvent et dans toutes les circonstances qui peuvent survenir.
C'est une déclaration de guerre.
Les imbéciles néoconservateurs (Pompeo, Bolton, Hannah, etc.) peuvent penser que la
réaction de l'Iran à cette déclaration de guerre sera de se soumettre à leur
volonté, mais je pense que c’est très peu probable. Il est plus probable que le
Corps des gardiens de la révolution islamique s’adaptera à la nouvelle réalité
et se préparera à une guerre contre les États-Unis.
L’Iran et ses militaires se sont
préparés depuis longtemps à une guerre contre les États-Unis. Les militaires ne
changeront rien.
La première et probablement la seule
mesure de représailles que l’Iran prendra
est de désigner l’armée américaine comme une entité terroriste :
« Si les Gardiens de la
révolution sont inscrits sur la liste des groupes terroristes aux États-Unis,
nous mettrons les militaires de ce pays sur la liste noire du terrorisme à côté
de Daesh (État islamique) », a déclaré Heshmatollah Falahatpisheh, le chef du
Comité de sécurité nationale du Parlement, sur Twitter.
Jusqu’à présent, l’Iran a fait
preuve de retenue chaque fois que les États-Unis ont tenté de l’entraîner dans
un combat. Il n’a pas touché aux forces américaines en Syrie et en Irak, même
si les États-Unis et Israël ont attaqué des éléments iraniens. Il ne réagira
pas militairement à la dernière provocation de Trump.
La désignation du Corps des gardiens
de la révolution islamique et la contre-désignation de l’armée américaine
pourraient avoir des conséquences juridiques délicates. Les marins d’un navire
de la marine américaine qui pénètre involontairement dans les eaux iraniennes
du golfe Persique et se font prendre seront-ils détenus comme terroristes ? Les
anciens appelés du Corps des gardiens de la révolution islamique qui souhaitent
se rendre aux États-Unis recevront-ils un visa ?
Si les États-Unis attaquent les
forces du Corps des gardiens de la révolution islamique à l’étranger, l’Iran
répondra probablement en demandant à ses forces étrangères, comme les milices
Hashd al-Shahbi en Irak, d’attaquer les forces américaines à l’étranger.
Si les États-Unis attaquent les
forces de l’IRGC à l’intérieur des frontières iraniennes, tous les paris sont
ouverts. Il y a beaucoup de bases et d’installations américaines au
Moyen-Orient qui peuvent être atteintes par des missiles iraniens.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par jj
pour le Saker
Francophone.
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