Spécialistes ès berceuses maniérées,
les cigales occidentales ont chanté tout l'été. Un été qui dure depuis près de
trente ans et la fin officielle de la Guerre froide, décennies durant
lesquelles le camp autoproclamé du Bien se réservait, chaque jour de manière
plus acrobatique il est vrai, la légitimité morale. L'hiver coronavirusien vient
de balayer ce château de cartes, provoquant une monstrueuse débandade qui
restera longtemps dans les mémoires.
L'hystérie de la presse impériale
est à la mesure du bouleversement qu'est en train de connaître le monde, dont
nous nous faisions l'écho il y a peu :
Quelques
jours après notre billet sur la montée en puissance du soft power
humanitaire chinois en ces temps pandémiques, la revue néo-impériale Foreign
Policy a publié un article qui fera peut-être date, intitulé "Le
coronavirus pourrait remodeler l'ordre mondial". Le chapeau - "La
Chine manœuvre vers le leadership mondial pendant que les États-Unis
fléchissent" - annonce clairement la couleur et les auteurs se lamentent
(...)
Des
dizaines de pays bénéficient maintenant de l'aide chinoise et les euronouilles,
totalement perdus par le reflux du suzerain US, ne savent plus à quel saint se
vouer (...) Un article de The Intercept résume parfaitement la
situation : "Pendant que les États-Unis incriminent la Chine pour la
pandémie du coronavirus, le reste du monde lui demande son aide" Le renversement de paradigme
est en effet saisissant. L'hyperpuissance américaine n'est plus que l'ombre
d'elle-même et se claquemure pour contenir une épidémie dont la courbe prend
une dangereuse tangente (...)
Fidèle
à elle-même, l'inénarrable Union européenne brille, quant à elle, par sa
mollesse impuissante. Même ses thuriféraires habituels ne peuvent cacher le fiasco monumental. Comme le dit un
autre article de Foreign Policy, le virus a réduit en cendres
l'héritage de Merkel. Quatorze années d'européisme acharné, de péroraisons sur
la "solidarité européenne" ou l'austérité financière parties en fumée
en quelques jours (...)
La
Russie,
bien que de manière moins spectaculaire que Pékin, aide aussi son (proche)
prochain. Des dizaines de milliers de kits de dépistage ont été fournis à
tous les membres de l'Union économique eurasienne (où la solidarité semble
mieux fonctionner que chez sa consœur européenne) et de l'Organisation du
traité de sécurité collective, regroupant plusieurs ex-républiques de l'URSS.
D'autres alliés/pays amis ont bénéficié ou bénéficieront dans les prochains
jours de l'aide de Moscou : Iran, Serbie, Venezuela, Mongolie, Égypte, Italie (...)
Ce vieux fond de sagesse russe, ou
chinoise, contraste avec le spectacle de dirigeants occidentaux sautant en tout
sens comme de petites puces
affolées tentant de se raccrocher aux branches. Le temps long face à
l'esclavage de l'immédiateté, encore et toujours...
Spécialistes ès berceuses maniérées,
les cigales occidentales ont chanté tout l'été. Un été qui dure depuis près de
trente ans et la fin officielle de la Guerre froide, décennies durant
lesquelles le camp autoproclamé du Bien se réservait, chaque jour de manière
plus acrobatique il est vrai, la légitimité morale. L'hiver coronavirien vient
de balayer ce château de cartes, provoquant une monstrueuse débandade qui
restera longtemps dans les mémoires.
Déjà engagée depuis quelques années,
l'implosion du système impérial, patiemment mis en place au lendemain de la
Seconde Guerre Mondiale, s'accélère. Laissés à eux-mêmes, sans direction claire
du suzerain américain, ses membres se laissent maintenant aller aux coups bas
les plus mesquins. Les
Tchèques volent 700.000 masques destinés à l'Italie, la France fait de même en plus fort :
Quatre
millions de masques ont été saisis le 5 mars dernier à Lyon. Le stock, envoyé
par une société suédoise, transitait par la plateforme de l'entreprise nordique
basée à Lyon, et devait être redirigé en partie vers l'Espagne et l'Italie,
deux pays durement touchés par l'épidémie de coronovirus. Mais ces quatre
millions de masques ont été saisis d'office au nom de la réquisition des stocks
de matériels médicaux, décidée deux jours plus tôt par la France.
Il
a fallu l'intervention du gouvernement suédois pour que le Secrétariat général
de la Défense et de la Sécurité nationale accepte de céder la moitié du stock à
l'Italie et l'Espagne.
Bien mal acquis ne profite jamais...
Nos chers "amis" américains ont
débarqué sur le tarmac d'un aéroport chinois et payé en espèces sonnantes
et trébuchantes des millions de masques destinés à la France. Direction, les États-Unis.
Jamais en reste, le Mossad
israélien détourne quant à lui sans vergogne des respirateurs
artificiels déjà achetés par d'autres pays.
Ces méthodes de gangsters
entre "alliés"
se déroulent presque au grand jour et font exploser le magistère moral de l'Empire
et de ses composantes. Malgré l'inertie propre au système, nul doute que ces
avanies se paieront très cher le moment venu...
Face à cet indicible sauve-qui-peut,
les puissances de la multipolarité voient se dérouler devant elles un tapis
rouge. Certes, l'aide de la Russie ou de la Chine, point fourmis dans cette
histoire, n'est pas totalement inintéressée ; c'est une occasion en or de capitaliser sur la débâcle
occidentale pour acquérir la légitimité morale internationale qui doit
accompagner toute montée en puissance géopolitique.
Les officines de presse impériales
ne s'y trompent pas. Incapables de cacher la déliquescence de leur propre camp,
elles tentent a minima
de discréditer les réalisations de l'adversaire. Le Deep State a actionné ses relais d'opinion
et l'on voit s'allumer depuis quelques jours les contre-feux. En Italie, La Stampa ne craint
pas de se ridiculiser en affirmant, faussement, que 80% du matériel envoyé par Moscou est
inutile, ce qui n'empêche pas les Italiens de
continuer à retirer les drapeaux de l'UE pour les remplacer par des drapeaux
russes ou chinois. Aux États-Unis, les habituels suspects,
impuissants, s'étranglent évidemment de rage devant l'avion bourré de matériel
médical que le Kremlin a envoyé à New York. La première victime de cette
pathétique guerre de l'information semble être la revue Foreign Policy, qui
multiplie les attaques dignes d'un tabloïd (ici, ici ou ici).
Son hystérie est à la mesure de la
dégringolade du système impérial, constatée avec force tristesse par le Centre
d'Analyse, de Prévision et de Stratégie, think
tank néo-conservateur du Quai d'Orsay, qui s'inquiète ouvertement de la montée en puissance chinoise
et russe, et de la perte du leadership américain. Pour la cigale, le tube de
l'été est devenu lamentation hivernale...
Source :
chroniques
du Grand Jeu
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