Trump, qui a sanctionné le gazoduc
russo-allemand Nord-Stream
II tout en demandant à l’Allemagne d’acheter du gaz de schiste
américain, est maintenant dans une assez mauvaise position de négociation. La
Russie n’a pas besoin d’un nouvel accord de l’OPEP en ce moment. Elle dispose
de nombreuses réserves financières et peut vivre avec des prix du pétrole bas
pendant beaucoup plus longtemps que les
Saoudiens et les autres pays producteurs de pétrole. Trump devra faire une
offre stratégique à laquelle la Russie ne pourra pas résister pour obtenir une
certaine coopération sur les prix du pétrole.
Il y a trois semaines, lorsque la
Russie et l’Arabie Saoudite ont entamé leur guerre contre le pétrole de schiste
étatsunien, nous
écrivions :
Au
cours de la première semaine de janvier, le pétrole brut était à 69$/bl mais il
est tombé depuis à 45$/bl, la crise du coronavirus ayant détruit la demande
mondiale. Les Saoudiens ont essayé de conclure un accord avec la Russie, le
deuxième exportateur après l'Arabie Saoudite, pour réduire ensemble la
production de pétrole afin de maintenir le prix à un niveau élevé. Mais la
Russie a
rejeté toute nouvelle réduction de l'OPEP. Elle veut maintenir sa
production à un niveau élevé et elle utilisera cette crise pour saper davantage
la production américaine de pétrole. Comme le boom de cette production est basé sur
la fraude, cette initiative pourrait bien être couronnée de succès.
La
Russie n'a pas de déficit budgétaire et est bien placée pour survivre sans trop
de dommages à une baisse des prix du pétrole brut. Ce n’est pas le cas de
l'Arabie Saoudite.
A peine une semaine plus tard, le
pétrole était déjà à 30 dollars le baril et nous avions
prédit qu’il allait descendre à 20 dollars le baril.
Lundi,
l’indice américain WTI des prix du pétrole a atteint ce niveau. Les prix du
pétrole dans d’autres endroits ont chuté encore
plus :
Le
pétrole brut canadien est devenu si bon marché que le coût de son transport
vers les raffineries dépasse la valeur du pétrole lui-même, une situation qui
pourrait entraîner la fermeture d'un nombre encore plus important de
producteurs.
Le
brut Western Canadian Select d’Alberta est tombé à un niveau record de
5,06 dollars le baril vendredi, selon des données Bloomberg qui remontent jusqu’à 2008 ...
La crise du virus corona a entraîné
une baisse de la demande mondiale de quelque 20%. En temps normal, la
production et la consommation mondiales étaient d’environ 100 millions de
barils par jour. La consommation est maintenant inférieure à 80 millions
de bl/j. Mais après l’échec de l’accord OPEP+, l’Arabie saoudite et la Russie
ont toutes deux commencé à pomper autant qu’elles le pouvaient pour regagner
des parts de marché. Ensemble, ils augmentent leur production de quelque 3 à 4
millions de barils par jour. Tout ce pétrole doit être vendu quelque part.
Trump a annoncé qu’il profiterait
des prix bon marché pour remplir la réserve stratégique de pétrole américaine.
Mais cette réserve ne peut stocker qu’environ 150 millions de barils.
Comme elle ne peut être remplie qu’à raison de 2 millions de barils par
jour, remplir cette réserve n’aura qu’un effet insignifiant sur le marché
actuel.
Au début, les producteurs ont stocké
leur pétrole dans des réservoirs pour le vendre plus tard. Une fois ces
réservoirs remplis, ils ont loué des superpétroliers pour stocker le pétrole en
mer. Mais les supertankers vides se font de plus en plus rares et leur
prix augmente :
Le
PDG du plus grand armateur de pétroliers au monde, Frontline
Ltd, a déclaré vendredi qu'il n'avait jamais connu une telle
demande de location de navires pour le stockage à long terme. Les négociants
ont réservé des navires pour stocker 100 millions de barils en mer rien
que cette semaine, a-t-il estimé, mais même cela pourrait représenter moins
d'une semaine d'offre excédentaire.
La seule solution sera de fermer les
champs de pétrole les plus coûteux. Le Canada et le Brésil le font déjà. Les
producteurs de schiste américains qui perdent de l’argent devront maintenant
suivre.
C’est clairement ce que veut
la Russie :
Dès
que le schiste américain quittera le marché, les prix remonteront et pourraient
atteindre 60 dollars le baril, a récemment déclaré Igor Sechin de Rosneft.
Alors que nombreux sont ceux qui considéraient jusqu'à récemment ce scénario
impossible, beaucoup de producteurs de pétrole américains pourraient
effectivement fermer.
Le
seuil de rentabilité des bassins de schiste américains se situe entre 39 et
48 dollars le baril, selon les données compilées par Reuters. Alors que le
West Texas Intermediate (WTI) se négocie en dessous de 25 dollars, et ce
depuis plus d'une semaine maintenant.
L’administration Trump a demandé
aux Saoudiens de produire moins de pétrole, mais comme l’industrie touristique
saoudienne est également morte, le prince héritier saoudien a besoin de chaque
dollar qu’il peut gratter. Les Saoudiens continueront à pomper et à vendre leur
pétrole à n’importe quel prix.
La Maison Blanche craint maintenant
de perdre complètement son industrie du schiste bien-aimée et tous les emplois
qui y sont liés.
La Russie le sait bien et a fait une
offre intéressante il y a quelques jours :
Un
nouvel accord OPEP+ pour équilibrer les marchés du pétrole serait possible si
d'autres pays se joignent à nous, a déclaré Kirill Dmitriev, responsable du
fonds souverain russe, ajoutant que les pays devraient également coopérer pour
amortir les retombées économiques du coronavirus. ...
"Des actions
communes des pays sont nécessaires pour restaurer l'économie (mondiale)...
Elles (les actions conjointes) sont également possibles dans le cadre de
l'accord OPEP+",
a déclaré M. Dmitriev, directeur du Fonds russe d'investissement direct (FIRD),
lors d'un entretien téléphonique avec Reuters. ...
"Nous sommes en
contact avec l'Arabie Saoudite et un certain nombre d'autres pays. Sur la base
de ces contacts, nous constatons que si le nombre de membres de l'OPEP+
augmente et que d'autres pays y adhèrent, il est possible de conclure un accord
commun pour équilibrer les marchés pétroliers".
Dmitriev
a refusé de dire qui devrait, ou pourrait, être le membre du nouvel accord. Le
président américain Donald Trump a déclaré la semaine dernière qu'il
s'impliquerait dans la guerre des prix du pétrole entre l'Arabie Saoudite et la
Russie au moment opportun.
Logiquement, un des nouveaux membres
de ce cartel du pétrole serait l’un des plus grands producteurs mondiaux qui,
jusqu’à présent, n’était pas membre de ce club – à savoir, les États-Unis
d’Amérique.
Nous apprenons maintenant que Trump
est prêt
à parler de ce concept, et même d’autres choses :
Comme
le rapporte Ria (en russe), les sujets des prochains appels téléphoniques
[entre Poutine et Trump] seront le Covid-19, le commerce ( ???) et, vous l'avez
deviné, les prix du pétrole.
Trump, qui a sanctionné le gazoduc
russo-allemand Nord-Stream
II tout en demandant à l’Allemagne d’acheter du gaz de schiste
américain, est maintenant dans une assez mauvaise position de négociation. La
Russie n’a pas besoin d’un nouvel accord de l’OPEP en ce moment. Elle dispose
de nombreuses réserves financières et peut vivre avec des prix du pétrole bas
pendant beaucoup plus longtemps que les
Saoudiens et les autres pays producteurs de pétrole. Trump devra faire une
offre stratégique à laquelle la Russie ne pourra pas résister pour obtenir une
certaine coopération sur les prix du pétrole.
Mais quelle offre stratégique
Trump pourrait-il faire qui pousserait Poutine à accepter un nouvel
accord ?
L’Ukraine ? La Russie n’est pas
intéressée par cette entité indisciplinée,
en faillite et infestée de fascistes.
La Syrie ? Les milliardaires
sionistes cesseraient leurs dons à Trump s’il renonçait à la détruire.
S’associer à un accord de l’OPEP++
et limiter la production de pétrole américain ? Ce serait une intervention
anti-américaine allant contre la loi du libre marché et le Congrès ne
l’acceptera jamais. [La
levée des sanctions contre la Russie ? de même le Congrès ne l’acceptera
jamais, NdT]
Et quelle raison la Russie
aurait-elle de croire que Trump ou son successeur tiendrait parole ? Comme
les États-Unis ne tiennent jamais parole, elle n’a aucune raison de le croire.
Il y a donc de grandes chances pour
que cet appel téléphonique ne débouche sur aucun accord.
Le carnage sur les marchés du
pétrole va continuer et va ravager les pays producteurs qui ont besoin de chaque
centime alors que le virus corona s’attaque à leur population. Pendant ce
temps, le marché américain du schiste fera
faillite.
Par
Moon
of Alabama – Le 30 mars 2020
Via le Saker
Francophone
Washington refuse l'offre de l'alliance pétrolière saoudienne
La "vache à lait" vient
d'être décapitée : le 25 mars les Etats-Unis ont nommé la pro-Rumsfeldiste
Victoria Coates comme leur envoyé spécial pour l'énergie, l'envoyant à
Riyad prendre le contrôle d'Aramco que Ben Salmane, dans son excès de cécité
stratégique a privatisé à hauteur de 1.5 pourcent en décembre dernier.
L'intéressée a pour mission d'achever le processus de privation du peuple
saoudien et du trône, de leur unique source de revenu qu'est le pétrole et
de s'emparer totalement d'Aramco.
La guerre pétrolière que Riyad a
lancée contre la Russie et qu'il est en train de perdre fera le reste. Les USA
viennent en effet de décliner l'offre d'alliance que Riyad a faite à leur
adresse, arguant que le sujet ne se pose même pas en ces temps de tension avec
la Russie. Il y a deux jours Trump s'est entretenu avec Poutine du pétrole et
de la Covid-19 et on parie que la teneur des discussions ne plairait guère à
Ben Salmane.
En effet , selon la Maison Blanche,
la formation d’une alliance pétrolière avec l'Arabie saoudite est peut-être
envisageable mais la nécessité ne s'en pose pas pour l'heure puisqu'il faut
d'abord gérer le marché mondial du pétrole ! La proposition a été donc
présentée aux conseillers à la sécurité nationale de la Maison Blanche mais a
été classée sans suite. L'idée d'une alternative américano-saoudienne à
l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, (OPEP) dont l'Arabie saoudite
est le chef de facto, "a été lancée sans être prise au sérieux, et ce,
bien que Trump ait nourri les relations avec l'Arabie saoudite avec en toile de
fond des centaines de milliards de dollars d'armes américaines vendues à
Riyad qui a perfidement compensé les cargaisons de brut perdues de
l'Iran, 2ème producteur de l'OPEP, et ce, dans la foulée des sanctions US de
2018.
Maintenant que le prix du baril de
pétrole tombe à son plus bas niveau depuis 18 ans en raison d'un excès de
l'offre mondiale pour une demande réduite du fait de la pandémie de coronavirus
et du différend russo-saoudien, pourquoi alors faire dans la dentelle et
ménager les Saoudiens? Les
analystes tendent trop à accentuer la chute des cours affectant les
producteurs du schiste américain dans cette histoire. Mais depuis deux ans déjà
on savait que le pétrole du schiste US, c'est fini : Déplétion trop rapide des
puits, rentabilité problématique, raréfaction des meilleurs gisements, besoin
permanent de financements et une offre qui ne correspond pas forcément à la
demande...
L'Arabie saoudite a annoncé le lundi
30 mars son intention de porter en mai, ses exportations pétrolières au
niveau record de 10,6 millions de barils par jour (mbj). Le
géant Saudi Aramco a même annoncé qu'il allait «fournir à ses clients 12,3
millions de barils par jour de brut en avril», faisant état d'une
augmentation de la production. Cela représente 300.000 barils par jour de plus
que la capacité maximale actuelle d'Aramco. L'ennui, c'est que les
puissances asiatiques, principales clients du pétrole saoudien n'en veulent
pas. Pire, alors que les responsables de l'administration Trump commencent
à parler avec précaution de la relation avec Riyad, les législateurs
américains ont adopté une approche bien significative, montrant les types
de menaces législatives auxquelles le royaume est confronté s'il ne lâche pas
Aramco. Un projet de loi
présenté ce mois-ci par les sénateurs républicains Dan Sullivan et Kevin Cramer
envisage le retrait des troupes américaines du royaume.
L'avertissement est ainsi lancé au prince héritier, Ben Salmane : « Les
États-Unis doivent sérieusement reconsidérer le niveau du soutien
américain - y compris le soutien militaire - pour de tels partenariats qui eux
ne nous supportent pas à leur tour », a déclaré Sullivan.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.