L’historienne Anne Morelli a résumé ainsi le livre classique d’Arthur Ponsonby, Falsehood in War-Time :
- Nous ne voulons pas la guerre.
- La partie adverse est seule coupable de la guerre.
- L’ennemi est intrinsèquement mauvais et ressemble au diable.
- Nous défendons une noble cause, et non nos propres intérêts.
- L’ennemi commet des atrocités à dessein ; nos dommages collatéraux sont involontaires.
- L’ennemi utilise des armes interdites.
- Nous subissons de petites pertes, celles de l’ennemi sont énormes.
- Des artistes et des intellectuels célèbres soutiennent notre cause.
- Notre cause est sacrée.
- Tous ceux qui doutent de notre propagande sont des traîtres.
- h/t Bernd Neuner
À titre d’exemple, je vous propose la déclaration politique, faite hier, d’Olaf Scholz, chancelier de la République fédérale d’Allemagne
Ce qui précède est ce que vous entendez et voyez dans les nouvelles « occidentales » actuelles. Mais ce n’est pas la réalité.
Les États-Unis et leurs mandataires de l’UE et d’ailleurs ont imposé des sanctions très sévères à la Russie pour nuire à son économie.
L’objectif final de cette guerre économique est un changement de régime en Russie.
La conséquence probable sera un changement de régime dans de nombreux autres pays.
Cette guerre est menée à une échelle financière sans précédent. Les conséquences sur tous les marchés seront très importantes, voire extrêmes. Mais l’expérience de l’Iran montre que de telles guerres financières ont leurs limites, car le pays visé apprend à survivre. De plus, la Russie est dans une position beaucoup plus forte que ne l’a jamais été l’Iran et est mieux préparée aux conséquences.
Le rouble a chuté d’environ 30 % aujourd’hui, mais la banque centrale russe a immédiatement plus que doublé son taux d’intérêt, le portant à 20 %. Elle est prête à combattre l’inflation avant qu’elle ne s’installe réellement. Quelle est la part des investissements et de la consommation en Russie qui dépend des importations en provenance de l’« Ouest » ? La majeure partie ne peut-elle pas être remplacée par des importations en provenance de Chine ?
Toute la consommation d’énergie aux États-Unis et dans l’UE sera désormais payée au prix fort. Cela entraînera l’UE et les États-Unis dans une récession. Comme la Russie augmentera les prix des exportations de biens pour lesquels elle a un pouvoir sur le marché – gaz, pétrole, blé, potassium, titane, aluminium, palladium, néon, etc – la hausse de l’inflation dans le monde entier deviendra significative.
Les banques centrales « occidentales » ont toujours des taux d’intérêt pratiquement nuls et seront réticentes à les augmenter, car cela entraînerait une récession plus profonde. Il est donc probable que l’inflation dans le monde « occidental » augmentera à un rythme plus élevé qu’en Russie.
La décision folle de l’Allemagne d’augmenter de 120 milliards de dollars ses dépenses de défense (sur un budget de 40 milliards par an) créera en quelques années un fort déséquilibre militaire en Europe, car l’Allemagne dominera alors tous ses voisins. C’est inutile et historiquement très dangereux. La rupture des relations économiques avec la Russie et la Chine signifie que l’Allemagne et son nouveau chancelier Olaf Scholz se sont laissés prendre au piège des États-Unis, qui veulent créer une nouvelle guerre froide. L’économie allemande va maintenant devenir l’une des victimes.
Le 4 février, la Russie et la Chine ont déclaré un monde multipolaire dans lequel elles constituent deux pôles partenaires qui s’opposeront au pôle américain. L’entrée de la Russie en Ukraine en est la démonstration.
Cela montre également que les États-Unis ne sont pas disposés à renoncer à leurs pulsions suprématistes sans un grand combat. Mais alors que les États-Unis ont dépensé leur argent au cours des 20 dernières années pour semer la pagaille au Moyen-Orient, la Russie et la Chine ont utilisé ce temps là pour se préparer à un large conflit. Elles ont consacré plus de temps de réflexion à cette question que les États-Unis.
Les Européens auraient dû le reconnaître au lieu d’aider les États-Unis à conserver l’image d’une puissance unipolaire.
Il faudra un certain temps pour que les nouvelles réalités économiques s’installent. Elles changeront probablement la vision actuelle des véritables intérêts stratégiques de l’Europe.
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Quelques observations tactiques :
Cette carte montre le terrain conquis par les militaires russes au cours des premiers jours.
Cette carte montre l’intention actuelle probable des forces russes.
- Il y a 12 à 15 brigades des forces ukrainiennes (en bleu) sur le front du Donbass. Si les Russes (en rouge) se déplacent assez rapidement, ils peuvent les isoler du reste du pays ou les bombarder pendant qu’ils tentent de s’échapper par la seule grande route existante entre ces deux flèches en tenaille.
- Après une accalmie, la Russie a réintroduit des chasseurs Su-34 en Ukraine. Ils vont attaquer les concentrations de troupes ukrainiennes.
- Les Russes situés au nord de la Crimée ont pris deux ponts importants et traversé le Dniepr vers l’ouest. Cela ouvre le chemin pour Odessa plus à l’ouest ainsi qu’à une marche vers le nord, en direction de Kiev, sur la rive ouest du Dniepr.
Par Moon of Alabama – Le 28 février 2022
Via le Saker Francophone
La première victime de ce conflit sera l'Europe. La haine qui aveugle les politiciens de Bruxelles, va secouer la monnaie euro. Soit il faudra remonter les taux, donc fini la planche à billets. Soit continuer à "photocopier" de l'argent qui n'existe pas. Sur la table des soumis au système mafieux la gamelle vide va torturer l'estomac. La violence pourrait bientôt ne plus être seulement à Kiev.
RépondreSupprimerAnne Morelli n'est pas une référence,gauchiste et proche des milieux maçonniques sinon sur le principe je suis du mème avis.
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