Nous commencerons cette revue de presse par l’affaire dite de « l’initiative de la Mer Noire », « Black Sea grain deal » dans les médias anglophones. Nous allons expliquer cette histoire en détail car elle montre comment l’Occident l’a utilisé au mieux dans le cadre de sa guerre hybride contre la Russie.
Cet accord/initiative date de juillet 2022 et a été négocié par l’intermédiaire d’Erdogan :
« L’initiative céréalière de la mer Noire est un accord signé par la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations unies pour permettre l’exportation des céréales ukrainiennes malgré la guerre en Ukraine.
L’accord a été signé le 22 juillet 2022 à Istanbul puis prolongé à deux reprises. En juillet 2023, après un an d’application, l’accord a permis d’exporter environ 33 millions de tonnes de céréales et autres produits agricoles. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_céréalière_de_la_mer_Noire
Cet accord, qui est signé et supervisé par les Nations Unis, a deux volets, un favorable à l’Ukraine, l’autre à la Russie. Le premier permet à l’Ukraine d’exporter ces céréales par bateaux en traversant la Mer Noire en toute sécurité et le deuxième permet à la Russie d’exporter ses engrais en promettant, juste pour ses produits là, de lever les sanctions qui pénalisent ses banques en les empêchant d’être payés en dollars :
« Deux groupes de travail des Nations unies ont été créés parallèlement aux pourparlers : l’un, dirigé par Martin Griffiths, responsable des affaires humanitaires des Nations unies et chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, s’est penché sur l’acheminement des céréales ukrainiennes par la mer Noire ; l’autre, dirigé par Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la CNUCED, organisme des Nations unies chargé du commerce et du développement, s’est penché sur la facilitation des exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes. »
https://www.un.org/en/black-sea-grain-initiative
Ces deux volets ont été promus médiatiquement en disant qu’ils allaient permettre aux pays pauvres de pouvoir continuer à se nourrir, malgré la guerre, en achetant à la fois les céréales ukrainiennes et les engrais et céréales russes, la Russie étant un des principaux fournisseurs d’engrais au monde :
« Les 6 plus grands exportateurs d’engrais en 2022 étaient la Russie, le Canada, la Chine continentale, les États-Unis d’Amérique, le Maroc puis l’Arabie saoudite. Collectivement, ces principaux fournisseurs ont représenté plus de la moitié (51,6 %) des engrais exportés dans le monde en 2022, contre 52,6 % en 2021. »
https://www.worldstopexports.com/top-fertilizers-exports-by-country/
Neuf mois après la signature de l’accord, en mars 2023, la Russie a commencé à faire remarquer que les termes de l’Accord n’étaient pas respectés :
« L'”accord sur les céréales” de la mer Noire conclu en août dernier ne fonctionne pas comme prévu, car les céréales en provenance d’Ukraine ne sont pas acheminées vers les pays d’Afrique et d’Asie qui en ont besoin et l’Occident continue de bloquer toutes les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes, a annoncé jeudi le ministère russe des affaires étrangères…
Huit mois plus tard, seule la première partie de l’accord a été mise en œuvre, et ce “loin des objectifs humanitaires déclarés”, selon le ministère. Depuis le 1er août de l’année dernière, l’Ukraine a exporté plus de 23 millions de tonnes de céréales, dont 70 % étaient destinées à l’alimentation animale. Sur ce total, 47 % sont destinés à l’UE et 34 % aux “pays à revenu moyen supérieur”, selon Moscou, alors que seulement 2,6 % sont actuellement destinés aux pays qui ont le plus besoin de nourriture.
Dans le même temps, des progrès “proches de zéro” ont été réalisés dans le déblocage des livraisons de céréales ou d’engrais russes, dont d’autres pays ont cruellement besoin. Kiev continue de bloquer le pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa “pour des raisons purement politiques”, ce qui entraîne une pénurie de 2,5 millions de tonnes de matières premières qui pourraient produire 7 millions de tonnes d’engrais et nourrir 200 millions de personnes, selon le ministère.
Les États-Unis et leurs alliés ont déclaré que leurs sanctions ne concernaient pas les denrées alimentaires et les engrais russes, mais ils ont interdit à tous les navires russes d’accoster dans leurs ports ou d’accéder aux services d’assurance et de courtage, imposant ainsi un blocus total à la navigation commerciale, dans les faits, sinon dans les mots.
“Il est temps d’arrêter de jouer la carte de l’alimentation. La plus grande partie des céréales en provenance d’Ukraine est destinée à l’Union européenne en tant que fourrage à des prix de dumping, et non aux pays les plus pauvres”, note le ministère. “Les exportations agricoles russes sont entravées de manière flagrante, même si les Européens et les Américains, habitués aux mensonges, tentent de convaincre tout le monde du contraire.
À titre d’exemple, le ministère a indiqué que 262 000 tonnes d’engrais russes étaient bloquées dans les ports des Pays-Bas et des États baltes depuis des mois. Moscou a offert ces engrais aux pays africains à titre gracieux, mais seule une cargaison de 20 000 tonnes, destinée au Malawi, a réussi à partir jusqu’à présent. »
https://www.rt.com/russia/572359-ukraine-grain-deal-sabotage/
En mai, toujours pas de progrès mais Erdogan réussit à persuader la Russie d’attendre encore deux mois pour que les choses s’améliorent. L’accord est prolongé jusqu’au 17 juillet :
« Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé la prolongation de l’accord sur les céréales de la mer Noire pour deux mois supplémentaires. Moscou a ensuite confirmé cette prolongation.
L’accord sur les céréales a été prolongé jusqu’au 17 juillet inclus, sans aucune modification, a déclaré le ministère russe des affaires étrangères. Si tous les problèmes liés à l’accord ne sont pas résolus dans les deux mois, l’accord sera résilié après le 17 juillet, a précisé le ministère.
Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé la prolongation de l’accord sur les céréales pour une durée de deux mois. Il a indiqué “cinq” tâches systémiques “qui doivent être résolues dans le cadre de la mise en œuvre du mémorandum Russie-ONU et pour lesquelles il n’y a pas eu de progrès”, à savoir la reconnexion de la Banque agricole russe à SWIFT, la fourniture de pièces détachées, le déblocage de la logistique de transport et de l’assurance, la réouverture du pipeline d’ammoniac “Togliatti-Odessa” et le “déblocage” des actifs des sociétés russes. »
Mais rien ne bouge. Aucun des cinq points précédents n’est mise en place, alors, un mois avant l’expiration du 17 juillet la Russie annonce :
« La Russie se retirera de l’accord qui permet l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire le 18 juillet, a annoncé le vice-ministre des affaires étrangères Sergey Vershinin.
Toutefois, un nouveau cycle de consultations avec les Nations unies sur la sauvegarde de l’accord, initialement négocié par les Nations unies et la Turquie, n’est pas à exclure, a déclaré M. Vershinin à l’agence de presse RIA Novosti mardi.
La Russie reste en contact avec l’organisation mondiale sur cette question, mais “nous allons faire ce que nous avons dit. Nous nous préparons à ce que le 18 juillet devienne la date à laquelle les accords qui ne sont pas respectés prendront fin”, a-t-il ajouté.
Au cours des discussions qui ont eu lieu au début du mois, “l’ONU a essentiellement reconnu qu’elle “ne pouvait rien faire” pour fournir ce qui avait été promis à Moscou dans le cadre de l’accord, a déclaré le vice-ministre des affaires étrangères, ajoutant qu’il s’agissait d’une situation “triste”. »
https://www.rt.com/news/578380-grain-deal-ukraine-un/
« L’accord facilité par les Nations unies, officiellement connu sous le nom d’Initiative de la mer Noire, n’a pas atteint ses objectifs initiaux, qui étaient d’acheminer les céréales vers les pays pauvres, a déclaré le ministère. Au lieu de cela, il est devenu un programme “purement commercial” qui achemine des produits vers des pays riches, alors que les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes restent bloquées.
L’accord sur les céréales devant expirer à la fin du mois, l’Occident collectif, l’Ukraine et même les Nations unies ont intensifié leurs “activités de propagande” sur la question, a déclaré le ministère dans un communiqué.
“Les arguments se résument à affirmer que, sans le maïs fourrager ukrainien, le monde mourra de faim, alors que les sanctions unilatérales illégales imposées par l’Occident à la Russie ne s’appliquent pas à la nourriture et aux engrais”, a indiqué le ministère.
En réalité, l’accord sur les céréales est devenu un mécanisme “purement commercial” permettant d’exporter des produits ukrainiens vers des pays “bien nourris” plutôt que vers des pays souffrant d’insécurité alimentaire, a poursuivi le ministère. Quelque 81 % des produits expédiés par l’Ukraine dans le cadre de l’accord au cours de l’année écoulée ont abouti dans des pays “à revenu élevé ou moyen supérieur”, a indiqué le ministère, ajoutant que les pays les plus pauvres du monde, notamment l’Éthiopie, le Yémen, l’Afghanistan, le Soudan et la Somalie, ne représentaient que 2,6 % des produits exportés.
Par ailleurs, la situation concernant le blocage des exportations de produits alimentaires et d’engrais russes “continue de se dégrader”, a indiqué le ministère. Les cinq objectifs “systémiques” prévus par le mémorandum Russie-ONU n’ont toujours pas été atteints. »
https://www.rt.com/russia/579208-ukraine-grain-deal-prospects/
Pourtant des pays comme le Mexique seraient intéressés pour acheter des engrais russes sans être obligés de passer, pour éviter les sanctions, par des intermédiaires qui ne font qu’en faire monter le cout :
« Le Mexique étudie les moyens d’accroître le commerce bilatéral avec la Russie, a déclaré l’ambassadeur en Russie, Eduardo Villegas Megias, dans une interview publiée samedi par RIA Novosti.
Selon le diplomate, le Mexique souhaite augmenter les importations d’engrais russes, qu’il reçoit principalement par l’intermédiaire de pays tiers. “C’est une condition nécessaire au développement de l’agriculture. Le gouvernement consacre des sommes considérables aux engrais.
“L’exportation de ce produit depuis la Russie se faisait auparavant par le biais de certains intermédiaires, des entrepreneurs privés… mais le gouvernement mexicain souhaite envisager l’achat de grandes quantités d’engrais pour l’agriculture avec le soutien des autorités russes”, a déclaré M. Megias, ajoutant que son pays était également intéressé par l’augmentation des importations d’acier russe pour le développement du secteur manufacturier mexicain. »
https://www.rt.com/business/579377-mexico-russian-fertilizers-trade/
Au dernier moment, le 13 juillet, l’ONU, signataire garante de l’accord, fait une proposition à Poutine, alors qu’un mois auparavant elle déclarait qu’elle « ne pouvait rien faire » :
« Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a proposé au président russe Vladimir Poutine que Moscou accepte de prolonger l’accord sur le transport des céréales en échange d’un accès partiel au système de paiement international SWIFT, a rapporté Reuters mercredi, citant ses sources.
La Russie souhaitait que sa banque agricole, Rosselkhozbank, soit reconnectée à SWIFT, mais un porte-parole de l’UE a déclaré en mai que la levée des restrictions imposées aux banques du pays n’était pas à l’ordre du jour.
Les exportations russes de denrées alimentaires et d’engrais ne sont pas soumises aux sanctions occidentales. Moscou a toutefois souligné que les restrictions imposées aux paiements, à la logistique et à l’assurance constituaient en fait un obstacle aux expéditions.
Pour remédier à cette situation, l’UE envisage désormais de connecter une filiale de Rosselkhozbank à SWIFT afin de permettre spécifiquement les transactions de céréales et d’engrais, selon Reuters.
Selon les sources de l’agence, M. Guterres a suggéré au président Poutine que Moscou prolonge de plusieurs mois l’accord sur les céréales de la mer Noire, afin de donner à Bruxelles le temps de connecter la filiale de Rosselkhozbank à SWIFT.»
https://www.rt.com/business/579636-un-grain-deal-putin-swift/
Alors que l’ONU et l’UE n’ont pas fait un geste depuis un an, au dernier moment ils « envisagent » de se pencher sur le cas. Evidemment, la réponse de Poutine est des plus circonspects :
« La Russie envisage de suspendre sa participation à l’accord sur les céréales facilité par les Nations unies jusqu’à ce que ses exportations de denrées alimentaires et d’engrais soient débloquées, a déclaré jeudi le président Vladimir Poutine. Aucune des promesses faites à Moscou dans le cadre de l’accord n’a encore été tenue, a-t-il déclaré, ajoutant que l’accord n’était qu’une “affaire à sens unique”.
“Laissons-les d’abord tenir cette promesse, puis nous reviendrons immédiatement à l’accord“, a déclaré Poutine.
Moscou pourrait ne plus vouloir prolonger l’accord dans l’espoir que les pays occidentaux et les Nations unies remplissent leur part du marché, a déclaré le président. “Nous pouvons suspendre notre participation à cet accord”, a-t-il déclaré, ajoutant que “tout le monde nous dit une fois de plus que toutes les promesses faites seront tenues”.
Selon Poutine, aucun de ces objectifs n’a été atteint. “Rien – et je tiens à le souligner – n’a été fait. C’était un jeu unilatéral depuis le début. Pas un seul objectif lié aux intérêts de la Fédération de Russie n’a été atteint”, a-t-il déclaré, ajoutant que Moscou avait à plusieurs reprises prolongé l’accord de bonne foi malgré ce fait. »
https://www.rt.com/russia/579665-putin-future-grain-deal/
Alors, plutôt que de tenir cette promesse, Von der Leyen lance la première attaque diplomatique en disant que si Poutine ne renouvelle pas l’accord alors la « sécurité alimentaire mondiale » est en jeu, en évitant bien sûr de dire que le non renouvellement de cet accord est dû au fait que le second volet de cet accord n’a pas été respecté par l’Occident :
« « La balle est dans le camp du président Poutine », a pour sa part estimée le 13 juillet Ursula von der Leyen, faisant mine d’ignorer la cause du problème. « La Russie a une responsabilité de prolonger l’accord ou alors l’insécurité alimentaire mondiale en sera la conséquence », a poursuivi la présidente de la Commission européenne lors d’une conférence de presse au côté du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. »
https://francais.rt.com/international/106309-cereales-ukrainiennes-demandes-russes-poutine
On notera que Guterres, qui se tient au coté de Von Der Leyen, ne fait rien pour redresser le tir, mettant ainsi la neutralité de l’ONU en question, alors que l’organisation est un des signataires garantissant l’accord.
Moon of Alabama fait un résumé de l’histoire :
« Il s’est également avéré que le flux de céréales en provenance de l’Ukraine n’a pas été distribué aux personnes souffrant de la faim :
Une enquête récente menée par le média autrichien eXXpress indique toutefois que ce n’est pas le cas. Près de la moitié des exportations ukrainiennes de blé et de maïs vers l’Union européenne ont fini par nourrir les porcs espagnols qui produisent le célèbre jambon.
Selon eXXpress, seuls 15 % des exportations ont abouti dans les pays menacés par la famine, dont 167 000 tonnes en Éthiopie et 65 000 tonnes au Soudan. L’Espagne, quant à elle, a reçu 2,9 millions de tonnes de blé et de maïs en provenance d’Ukraine. »
https://lesakerfrancophone.fr/les-manigances-autour-de-laccord-sur-les-cereales
« Le total des exportations de céréales ukrainiennes vers les huit pays “les moins avancés“, dont sept sont également des “pays à faible revenu“, s’élevait à seulement 1 896 077 tonnes métriques, soit 6,8 % du total. À titre de comparaison, l’Espagne, un “pays développé” à “revenu élevé“, a importé un total de 5 980 657 tonnes de céréales d’Ukraine, soit 19,4 % du total.
Les 116 millions d’habitants de l’Éthiopie, un pays “en développement” à “faible revenu“, ont reçu un total de 282 760 tonnes, tandis que les 17,8 millions d’habitants des Pays-Bas, un pays “développé” à “revenu élevé“, ont acheté 1 920 649 tonnes d’aliments pour porcs, principalement à base de maïs. »
L’argument de la sécurité alimentaire utilisé par Von Der Leyen, ainsi que tous les médias et dirigeants occidentaux, ne tient donc pas la route. C’est juste un argument pour diaboliser la Russie.
D’autant plus qu’une bonne partie passe par les routes européennes et y reste :
« Il est également beaucoup moins nécessaire d’exporter des céréales d’Ukraine par voie maritime. Une partie de ses exportations de céréales est désormais acheminée par voie terrestre et fluviale vers la Roumanie et, de là, vers le reste du monde. »
https://lesakerfrancophone.fr/les-manigances-autour-de-laccord-sur-les-cereales
Déstabilisant ainsi le marché céréalier européen, sans que Von Der Leyen ne fasse le moindre geste :
« Le mécontentement des agriculteurs polonais grandit face à l’afflux de blé et de maïs d’Ukraine : ces céréales avaient vocation à être exportées sur les marchés mondiaux, mais la plupart se sont entassées en Pologne, participant à une baisse généralisée des prix. Le ministre s’était fendu d’une lettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, réclamant notamment la réintroduction de droits de douane pour les produits agricoles ukrainiens. Ces derniers entrent en effet sur le sol de l’Union en passant par la frontière polonaise. “Étant donné qu’il apparaît clair que les revendications des fermiers ne seront pas entendues par la Commission européenne, j’ai pris la décision de démissionner de mon poste de ministre de l’Agriculture et du Développement rural”, a annoncé Henryk Kowalczyk dans un communiqué. »
Cela n’empêche pourtant pas Von Der Leyen d’accuser Poutine d’être la cause de « l’insécurité alimentaire ».
Le 17 juillet donc, surprise dans les médias occidentaux, dont RFI :
« « L’accord de la mer Noire s’est de facto terminé aujourd’hui », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, ajoutant que « dès que la partie [des accords] concernant la Russie sera satisfaite, la Russie reviendra immédiatement à l’accord sur les céréales ».
Voyons maintenant comment RFI présente l’affaire :
« Cet accord, conclu en juillet 2022 par la Russie et l’Ukraine après médiation de l’ONU et de la Turquie, est destiné à éviter une crise alimentaire mondiale en permettant les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire en toute sécurité malgré le conflit en Ukraine. »
On a vu que cet argument utilisé par Von Der Leyen et repris en chœur par tous les médias occidentaux, dont RFI et l’ONU, est faux car une très petite partie des céréales ukrainiens atteint les pays en « insécurité alimentaire », la plus grande partie restant en Europe, au point de déstabiliser le marché céréalier européen.
« La Russie juge notamment que ses propres exportations de céréales et d’engrais sont entravées, même si elles ne sont pas directement visées par les sanctions occidentales prises en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 »
RFI ne précise pas que cela faisait partie de l’accord et présente cela comme une réaction émotive et sans fondement de la part de la Russie puisque les céréales russes ne font pas l’objet de sanctions directes, mais indirectes car la Russie ne peut pas se faire payer facilement par un pays décidant, ou étant obligé, de respecter les sanctions occidentales. Pour accentuer l’image d’un gouvernement émotif, donc peu raisonnable et d’autant plus dangereux, l’article ajoute :
« Les déclarations de Dmitri Peskov interviennent quelques heures après une attaque ukrainienne par drone naval qui a touché le crucial pont reliant la Russie à la péninsule annexée de Crimée, et tué deux civils. »
Celui qui suit l’affaire de près sait très bien que cela n’a rien à voir mais le lecteur de RFI ne le sait pas et aura donc tendance à retenir un tel lien.
Pour garder un minimum de qualité journalistique, le paragraphe se finit ainsi :
« Le porte-parole du Kremlin a toutefois assuré que la décision de non-reconduction de l’accord et l’attaque n’étaient pas « liés », expliquant qu’« avant même cette attaque, c’était la position du président Poutine ». »
Mais qui va croire le porte-parole de Kremlin dans une population à qui l’on rabâche depuis des mois de se méfier de « la propagande du Kremlin ».
« La Russie, qui traînait des pieds depuis de longs mois lorsqu’on évoquait le renouvellement de cet accord, a donc mis sa menace à exécution. Moscou renvoie la balle dans le camp de ce qu’on appelle, en Russie, « l’Occident collectif » : pour les Russes, c’est à lui qu’il revient désormais d’autoriser le transit des navires de grains et d’engrais russes dans les ports, de permettre d’assurer les cargaisons ou encore de rebrancher au système interbancaire Swift Rosselkohzbank, la banque agricole de Russie. »
L’article fait passer le non-respect d’un accord signé il y a un an, sous la garantie de l’ONU, pour un caprice de la part de la Russie. Le fait que « l’Occident collectif » n’a pas fait le moindre geste pour que cet accord soit perpétué est carrément balayé sous le tapis de la propagande de guerre.
Cerise sur le Bortsoky, la partie signataire n’ayant pas fait le début d’un effort pour respecter son engagement accuse rageusement celle ayant totalement respecté les siens :
« Les Occidentaux ont également réagit, mais avec fermeté. L’ONU a affirmé que des centaines de millions de personnes dans le monde « vont payer le prix » de la décision russe : « Des centaines de millions de personnes font face à la faim et les consommateurs sont confrontés à une crise mondiale du coût de la vie. Ils vont payer le prix », a dénoncé lundi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, estimant que la décision russe « portera un coup aux personnes dans le besoin partout dans le monde ».
« Je condamne fermement la décision cynique de la Russie de mettre fin à l’initiative céréalière de la mer Noire, malgré les efforts des Nations unies et de la Turquie. L’UE s’efforce de garantir la sécurité alimentaire des populations vulnérables de la planète », a tweeté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. »
Clou dans le cercueil diplomatique :
« L’ambassadrice américaine à l’ONU a dénoncé lundi un « acte de cruauté » de Moscou. « La Russie joue à des jeux politiques, et de vrais gens vont souffrir », a déclaré Linda Thomas-Greenfield à la presse, accusant la Russie de « prendre l’humanité en otage ».
C’est ce que l’on appelle se faire tailler un costard.
Mais l’objectif principal de cette manipulation est atteint pour l’Occident, le gouvernement russe, c’est-à-dire Poutine, va encore passer pour une entité soumise aux réactions émotionnelles donc peu raisonnable, « cruelle », « prenant l’humanité en otage »… Il est donc normal de chercher à destituer quelque chose d’aussi malfaisant. Une campagne de propagande d’autant plus nécessaire que la Russie est de plus en plus visiblement en train de mettre l’Ukraine en difficulté sur le terrain militaire.
Moon of Alabama a fait sa petite enquête pour voir si le cours du blé est si élevé qu’il risque de provoquer une « insécurité alimentaire » :
« Il y a ensuite le monde réel dans lequel le blé est produit et commercialisé à l’échelle internationale :
Le pic de l’été 2022 a été provoqué par la guerre en Ukraine et n’était pas naturel. Depuis lors, les prix ont évolué avec les hauts et les bas habituels vers un niveau plutôt normal. Lorsque l’accord sur les céréales de la mer Noire a pris fin, ils sont restés dans la normale. »
https://lesakerfrancophone.fr/beaucoup-de-bruit-pour-rien
Voilà donc un exemple typique de guerre hybride, une guerre dans laquelle la psychologie des foules, la propagande, les coups fourrés, tous les coups d’ailleurs, sont permis pour déstabiliser non seulement l’adversaire mais aussi et surtout sa propre population afin qu’elle continue à supporter des guerres qu’elle détesterait naturellement. Les médias et les services secrets sont en première ligne de cette forme de guerre hybride.
Mais attention aux retours de bâton car, pour l’instant c’est l’image de l’Occident qui se dégrade aux yeux du monde entier. Le 19 juillet, Reuters fait une annonce qui ne sera reprise par aucun média :
« L’Union européenne modifiera ses sanctions contre Moscou mercredi en autorisant le dégel de certains fonds de grandes banques russes qui pourraient être nécessaires pour réduire les goulets d’étranglement dans le commerce mondial des denrées alimentaires et des engrais, selon un projet de document.
Cette décision intervient alors que les dirigeants africains ont critiqué l’impact négatif des sanctions sur le commerce, qui pourraient avoir exacerbé les pénuries principalement causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et son blocage des ports de la mer Noire.
En vertu du nouveau règlement, qui devrait être adopté par les envoyés de l’UE mercredi, les pays de l’UE pourront débloquer les ressources économiques précédemment bloquées appartenant aux principaux prêteurs russes VTB (VTBR.MM), Sovcombank, Novikombank, Otkritie FC Bank, VEB, Promsvyazbank et Bank Rossiya, selon le document.
Dans le cadre des sanctions révisées, l’UE prévoit également de faciliter les exportations de denrées alimentaires à partir des ports russes, que les commerçants avaient cessé de desservir après les sanctions de l’UE, bien que les mesures exemptent explicitement les exportations de denrées alimentaires, a déclaré un fonctionnaire.
L’UE a jusqu’à présent nié que ses sanctions affectaient le commerce alimentaire. »
Retour de bâton pour l’Ukraine aussi qui subit la colère russe face à cette manipulation :
« La Russie a lancé d’intenses attaques de drones et de missiles dans la nuit de mercredi à jeudi, endommageant des infrastructures portuaires essentielles dans le sud de l’Ukraine, notamment des terminaux céréaliers et pétroliers, et blessant au moins 12 personnes, selon des responsables. »
https://news.yahoo.com/russia-launches-intense-night-attacks-063115493.html
MARTINS MARIANO KUMANGA, le représentant du Mozambique, a déclaré aux Nations Unies
Conseil de sécurité des Nations Unies le 21 juillet 2023, « La suspension de l'Initiative pour les céréales de la mer Noire exacerbe les tensions socio-économiques dans un monde déjà aux prises avec une perte de confiance dans la capacité collective à négocier et à adhérer à des solutions multilatérales. 3 pour cent des exportations dans le cadre de l'initiative vers les pays vont aux pays à faible revenu, environ 44 pour cent vont aux pays à revenu élevé - et le reste va aux pays à revenu intermédiaire. Une fois de plus, nous avons affaire à une autre leçon que les problèmes humanitaires nécessitent une solution politique, il doit donc y avoir une cessation immédiate des hostilités. » ( Conseil de sécurité de l'ONU – 9382e réunion (AM) SC/15362 – 21 juillet 2023)
Le principal facteur de la fin prochaine de l'hégémonie mondialiste anglo-saxonne dans le monde sera son gigantesque complexe de supériorité, dont, bien que l'Amérique soit le berceau de la psychanalyse et abrite des milliers de psychiatres, elle ne pourra jamais être guérie. Confirmant, entre autres, l'échec fondamental de la science créée par le juif Sigmund Freud, membre éminent du B'NAI B'RIT, la loge maçonnique la plus puissante du monde, strictement réservée aux juifs.
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