Les artilleurs ukrainiens signalent une baisse de 60 à 80 pour cent des cadences de tir en raison d'une pénurie paralysante de munitions

Les unités d’artillerie ukrainiennes ont été contraintes de réduire leurs dépenses en munitions de 80 à 90 %, à seulement 10 à 20 obus par jour. Alors qu’auparavant, il s'agissait, en standard de 50 et de pics de près de 90 avant le début d'une grave pénurie de munitions, selon le personnel cité par le Washington Post.

Obusiers américains M777 de 155 mm en Ukraine

Un membre de la 148e brigade d'artillerie de l'armée ukrainienne, qui exploite des obusiers de 155 mm fournis par l'Occident, a été cité par le Post,  commentant à propos des pénuries : « Que peut-on faire avec 10 obus par jour ? C’est à peine suffisant pour répondre à leurs avancées – nous ne parlons même pas d’attaquer leurs positions.» Les soldats ukrainiens interrogés par le journal ont déclaré à plusieurs reprises qu'ils ne voyaient pas les forces russes souffrir d'une pénurie de munitions similaire. Un soldat cité a souligné que les artilleurs recevaient actuellement un nombre très limité d’obus pour atteindre une cible donnée et que les troupes de première ligne étaient « très fatiguées », ce qui a aggravé le problème. « Vous devriez avoir une sorte d’avantage numérique… Cela ne fait qu’empirer », a-t-il déploré, soulignant qu’« on ne peut pas gagner une guerre en se basant uniquement sur la motivation ».

Obus de 155 mm
et  M777

Le taux de dépenses en munitions en Ukraine a largement dépassé les capacités productives des pays occidentaux, et même si les services de renseignement occidentaux ont réussi à parcourir les marchés noirs à la recherche de nouvelles fournitures, l'épuisement critique des stocks de munitions dans les États membres de l'OTAN a créé des défis très sérieux. Le détournement de munitions américaines vers Israël depuis début octobre, dont beaucoup étaient destinées à être expédiées en Ukraine, n'a fait qu'exacerber la situation, l'armée américaine elle-même étant confrontée à des pénuries de plus en plus graves dans plusieurs catégories importantes en raison des dons à Kiev. En revanche, de nombreuses indications indiquent que les unités russes de première ligne sont devenues mieux équipées qu'au début de la guerre, le pays acquérant non seulement des approvisionnements considérables de la Corée du Nord et de l'Iran, mais augmentant également considérablement la production des secteurs de sa propre défense  qui fonctionnait auparavant à une très petite fraction des niveaux de l’ère soviétique.

47e brigade de l'armée ukrainienne avec des véhicules
Bradley américains récemment livrés

Les pénuries extrêmes de munitions ont été soulignées pour la première fois fin 2022 comme étant un problème grave menaçant le réseau de missiles sol-air de l'Ukraine, les moyens de défense aérienne au sol et les capacités de production très limités des membres de l'OTAN signifiant que l’Ukraine ne pouvait même pas reconstituer son vaste système de défense aérienne construit par l'Union soviétique. À cette époque, cela limitait déjà la manière dont les unités de défense aérienne pouvaient engager des cibles russes. Plus tôt ce mois-ci, des entretiens avec des membres de la 47e brigade mécanisée d'élite de l'armée ukrainienne ont corroboré les déclarations recueillies par le Washington Post concernant la mesure dans laquelle la pénurie de munitions entravait la capacité des forces terrestres ukrainiennes à combattre, le personnel rapportant que non seulement les munitions étaient disponibles dans seulement un dixième des quantités qu'ils avaient en été, mais aussi que la qualité était nettement inférieure à cause de la livraison de lots remplis de ratés. Même s'il reste incertain si et quand l'impasse actuelle dans laquelle se trouve le Sénat américain concernant l'approbation de nouveaux financements pour l'Ukraine pourra être résolue, même avec le financement disponible, les options permettant de l'utiliser pour acheter des munitions restent limitées en raison de l'épuisement des approvisionnements au cours des deux dernières années. .

Military Watch Magazine

23 décembre 2023