Le règne du dollar américain touche à sa fin

Un événement important a été à peine couvert par les médias occidentaux la semaine dernière : le président russe Vladimir Poutine a effectué une visite de deux jours en Chine pour rencontrer son homologue chinois Xi Jinping.

Une grande partie de la couverture médiatique occidentale semblait fascinée par le fait qu'ils se soient tous deux embrassés en public, ce qui serait sans précédent, et cela a donné naissance à des dizaines d'articles de théories du complot dans les grands médias  sur ce qui les rendait si heureux l'un avec l'autre.

Mais les détails de la réunion commencent maintenant à émerger, d’autant plus que certaines sources ont commencé à traduire en anglais les versions russe et chinoise des descriptions de ce qui s’est passé lors des réunions.

Et si ces rapports anglais sont exacts, il n'est pas étonnant que les deux hommes soient si heureux, car il semble que la suprématie du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale est en voie de disparition, alors que le reste du monde non occidental s’oriente rapidement vers l'abandon du dollar américain, ce qui signifie la fin des États-Unis et la fin ultime de l'empire américain en tant que nation la plus puissante du monde.

Et maintenant, ajoutez à cela la nouvelle de la mort suspecte du président iranien survenue ce week-end après que j'ai commencé à écrire cet article, et peut-être pouvons-nous maintenant voir plus clairement l'avenir pour comprendre ce qui va se passer ensuite.

Ce n’est pas un joli tableau, du moins pas pour les Américains.

Visite de Poutine en Chine

Eric Peters, CIO de One River Asset Management , a écrit aujourd'hui ce qui suit à propos d' un article publié sur ZeroHedge News :

La déclaration conjointe sino-russe se lit comme un manuel sur la manière de créer une zone politique et économique totalement indépendante.

• Pour l'industrie –  développer la construction d'avions civils, la construction navale, les constructions automobiles, l'industrie des machines-outils, l'industrie électronique, la métallurgie, l'extraction du minerai de fer, l'industrie chimique et la foresterie.
• Pour l’agriculture  – élargir l’accès mutuel aux produits agricoles, augmenter le volume des échanges de soja, d’élevage porcin, de production d’eau, de céréales, de graisses et d’huiles, de fruits et légumes, de noix et d’autres produits.
• Pour l’énergie  – œuvrer pour la stabilité et la durabilité du marché mondial de l’énergie, en renforçant les chaînes de valeur dans le complexe des combustibles et de l’énergie. Développer la coopération basée sur le marché dans les domaines du pétrole, du gaz naturel, du GNL, du charbon et de l'électricité, assurer le fonctionnement stable des infrastructures transfrontalières pertinentes et créer les conditions d'un transport sans entrave des ressources énergétiques.
• Pour l’énergie nucléaire  – approfondir le partenariat dans le domaine de l’énergie nucléaire pacifique, y compris la fusion thermonucléaire, les réacteurs à neutrons rapides et le cycle fermé du combustible nucléaire.
• Pour Taiwan  – La Russie réaffirme son attachement au principe d’« une seule Chine », reconnaît que Taiwan fait partie intégrante de la Chine, s’oppose à l’indépendance de Taiwan sous quelque forme que ce soit et soutient fermement les actions de la partie chinoise pour protéger sa propre souveraineté et son intégrité territoriale, ainsi que l'unification du pays.
• Pour l'Ukraine  – La partie russe évalue positivement la position objective et impartiale de la Chine sur la question ukrainienne. La Chine soutient les efforts de la partie russe pour assurer la sécurité et la stabilité, le développement et la prospérité nationaux, la souveraineté et l'intégrité territoriale, et s'oppose à toute ingérence extérieure dans les affaires intérieures de la Russie.
• Pour la technologie  – développer la coopération dans les technologies de l’information et de la communication, notamment l’intelligence artificielle, les communications, les logiciels, l’Internet des objets, l’open source, la sécurité des réseaux et des données, les jeux vidéo, la coordination des fréquences radio, l’enseignement spécialisé et les activités de recherche industrielle.
• Pour les marchés  – accroître la part des monnaies nationales dans le commerce bilatéral ; encourager l'émission de titres de créance sur les deux marchés ; développer les marchés d’assurance et financiers. Ce processus est clairement déjà en cours. Il en va de même pour leur retrait des marchés américains.

Désengagement 

L’Occident a gelé plus de 300 milliards de dollars de réserves russes suite à l’invasion de l’Ukraine.

Moscou n’achètera plus nos obligations. 

La Chine réduit ses avoirs en obligations du Trésor américain et des agences depuis 2022.

La Chine a vendu 53,3 milliards de dollars supplémentaires au premier trimestre. 

Les avoirs sont tombés à 767 milliards de dollars, un niveau observé pour la dernière fois en 2009.

En effet, depuis que les États-Unis ont exclu la Russie du système bancaire SWIFT soutenu par l’Occident après le déclenchement de la guerre en Ukraine, puis ont saisi leurs actifs en dollars américains plus récemment, que pensaient-ils que le reste du monde ferait ?

Les pays non occidentaux du reste du monde se précipitent aussi vite que possible pour réduire et éliminer leur dépendance à l’égard du dollar américain.

Et cela ne s'est pas produit comme une réaction subite qui a surpris les mondialistes aux États-Unis, que certaines puissances étrangères appellent désormais les « oligarques américains », comme l'a affirmé un économiste américain qui a travaillé pour Joe Biden depuis qu'il était vice-président. Le président d'Obama avait prédit depuis des années cette fuite loin du dollar et a essayé de l'orienter dans une direction positive.

Mettre plus de pression sur le dollar

Au cours du week-end, le Département d'État américain a annoncé la saisie des avoirs souverains de la Russie aux États-Unis et a encouragé les autres membres du G7 à faire de même.

Les inconvénients d’une telle démarche par les États-Unis, alors qu’ils connaissent des déficits budgétaires et commerciaux persistants, semblent évidents, mais ils ne le sont apparemment pas pour les décideurs concernés.

D'autres pays qui ne sont pas alliés ou soumis aux États-Unis seront moins à l'aise de détenir des actifs en dollars américains, de peur que leurs actifs ne soient également sommairement saisis, sous n’importe quel prétexte, un jour ou l’autre (exemples : critique ou condamnation du génocide israélien ; rejet des politiques du genre et de la dictature LGBT ; liens politique, commerciaux ou militaires avec la Russie ou la Chine, ou l’Iran ; rejet de la politique des sanctions ; rejet de la politique des deux poids deux mesures,  etc…) .

En fait, cela semble déjà être le cas, puisque la Chine vient de vendre un montant record de bons du Trésor américain.

Vladimir Poutine envisage une dédollarisation

Vers la fin de la visite d'État du président Poutine en Chine, il a répondu aux questions des médias russes à Harbin.

En réponse à une question sur le règlement des paiements entre la Russie et la Chine, Poutine a parlé des avantages extraordinaires que l'Amérique a tirés de l'émission de la monnaie de réserve mondiale et de la façon dont la récente politique américaine a miné la confiance dans le dollar.

Il a conclu que le processus par lequel les pays s'éloignent des règlements en dollars avait commencé et ne pouvait pas être arrêté (texte via  le Kremlin , traduit par Google) :

Tous les pays du monde font confiance à l’économie américaine, à sa puissance et à sa stabilité et acceptent ces bouts de papier.
Mais cela confère un avantage énorme, apparemment inexplicable, à l’économie et au système financier américains. Ils peuvent également être évalués directement, en certains nombres.
Selon nos experts, il s’agit de plus de 10.000 milliards de dollars, de l’argent non gagné (par un quelconque effort) mais simplement tombé du ciel en raison de l’utilisation du dollar comme monnaie de réserve mondiale.
grosso modo, les obligations du système monétaire américain envers le reste du monde s’élèvent à environ 53.400 milliards de dollars.
Mais comme, pour des raisons politiques, les autorités américaines sapent la confiance dans le dollar, elles affaiblissent leur principal instrument de pouvoir, le dollar lui-même.
Elles causent à elles-mêmes des dommages irréparables. Autrement dit, pour le dire trivialement, elles scient la branche sur laquelle elles sont assises .
C'est une terrible bêtise. Mais elles ne peuvent pas s'arrêter.
Nous avons subi des inconvénients dans la mesure où nous sommes obligés de chercher d’autres opportunités.
Mais il y a aussi des avantages, car une situation dans laquelle une partie dicte sa volonté au reste du monde, y compris dans le domaine politique, en utilisant des instruments financiers et économiques, est inacceptable.
Et dans tous les pays du monde, je vous l'assure, il suffit de regarder le volume des réserves et leur diminution en dollars.
Le monde entier réagit à cela. Je pense que ce processus est inévitable.
Nous sommes bien sûr en transition, et c’est le bon processus.
Cela est associé à certains coûts et difficultés, mais dans l'ensemble, c'est positif car cela nous oblige à passer aux monnaies nationales dans les règlements ou de créer d'autres instruments de règlement avec d'autres pays.
Ce processus est en cours, il a commencé, on ne peut plus l’arrêter. 

Peut-être que l’administration Biden veut que cela se produise

Dimanche, Balaji Srinivasan, ingénieur titulaire d'un doctorat de Stanford devenu entrepreneur (en génétique et cryptographie) a partagé un article sur X qui comprenait de captures d'écran des articles d'opinion de Jared Bernstein au cours des dix dernières années appelant à détrôner Le Roi Dollar.

Jared Bernstein était alors économiste en chef du vice-président Biden et est actuellement à la tête du Conseil des conseillers économiques du président Biden. Voici le texte intégral du message de Srinivasan :

DÉDOLLARISATION → RÉ-INDUSTRIALISATION ?

En théorie, la dédollarisation permet la ré-industrialisation. Parce que si l’on peut exporter des dollars, pourquoi construire autre chose ? Vous gagnez plus de 99,99 cents par dollar pour un nouveau dollar. C'est un bien à très forte marge, fabriqué sans effort et sans pollution. Pourquoi fabriquer des vis, des boulons, des avions ou des trains si vous pouvez littéralement imprimer de l'argent ? Laissez quelqu’un faire ça à l’étranger.

C’était la logique de l’ère 1971-2021. Mais le problème surgit lorsque les gens au pays et à l’étranger commencent à se rendre compte qu’ils se diluent pour soutenir le dollar. Ou lorsque vous êtes dans une impasse militaire avec la Chine et que les monnaies fiduciaires ont soudainement moins de valeur que les véritables usines.

Dans ce cas, si vous voulez construire des choses en Amérique, vous devez arrêter d’imprimer des choses en Amérique. Et c’est pourquoi tout le monde, des analystes financiers sobres comme Luke Gromen aux conseillers de Biden comme Jared Bernstein, ont parlé de détrôner le dollar, comme le montre le gif ci-dessous.

Le problème est qu’il est beaucoup plus facile de lancer des devises que de construire des usines. Source.

La Chine a passé les 45 dernières années à transformer son économie en une puissance industrielle, tandis que les États-Unis ont passé ces décennies à désindustrialiser, réglementer et délocaliser.

Comme les États-Unis, la Chine a une culture de haute technologie, mais elle a également une culture de basse et moyenne technologie – une culture d’ouvriers qualifiés et d’ouvriers d’usine.

Il n’est pas trivial de ramener cela aux États-Unis. Le meilleur des cas pourrait être de faire un bond en avant avec la robotique. Vous feriez donc mieux de prier pour  @elonmusk  ,  @adcock_brett  et  @kvogt  pour que les robots humanoïdes fonctionnent. Bien sûr, Washington DC a combattu l’IA et la conduite autonome à chaque étape, donc ils combattront probablement aussi les robots.

Et si cela ne se produit pas – si le saut en avant robotique se heurte à un obstacle, comme le fait que de nombreux éléments de la chaîne d’approvisionnement de la robotique sont encore fabriqués en Chine – nous nous dirigeons vers une situation difficile.

C'est une situation dans laquelle DC perd d'abord sa puissance physique, puis sa puissance financière, peut-être du jour au lendemain.  Parce qu'on ne récupère pas instantanément les usines lorsque le monde détrône la monnaie de réserve .

Comme je l'ai écrit à plusieurs reprises depuis le 4ème trimestre 2022, la technologie aux États-Unis est en CRASH et continue de saigner des emplois, alors qu'ils continuent d'investir des milliards de dollars dans une technologie qui NE PRODUIT RIEN, comme l'IA, qui permet simplement d'accéder aux données à un moment donné, à une vitesse plus rapide, mais ne produit rien de nouveau .

TOUS les investissements dans la technologie actuelle sont basés sur un battage médiatique et une foi mal guidée, comme le mythe selon lequel les robots peuvent remplacer les humains.

L’économie américaine va s’effondrer, et il ne s’agira pas d’un « atterrissage en douceur ».

Une fois que le dollar américain sera détrôné en tant que monnaie économique mondiale, la vie aux États-Unis ne sera plus jamais la même.

Regardez autour de vous les personnes et les choses que vous chérissez et soyez prêt à les perdre, car les États-Unis vivent actuellement en sursis.

21 mai 2024 Blog Algora

par Brian Shilhavy
Rédacteur en chef, Health Impact News

Les rajouts de cette couleur sont de H. Genséric