À la fin de chaque année, le président russe Vladimir Poutine organise une séance de questions-réponses extrêmement longue et diffusée en direct avec le public et avec les appelants et autres interlocuteurs de tout le pays. Cette année, celle-ci a eu lieu le 19 décembre. Elle a duré 4 heures et 26 minutes. (Évidemment, il n’existe pas de texte préparé pour un tel événement. Il n’en a pas besoin ; sa mémoire totale fiable est en partie la raison pour laquelle il est capable de répondre à des questions même détaillées – et certaines d’entre elles l’étaient – sans en avoir une.) L’une des questions était : « Pourriez-vous accorder l’asile politique à Zelensky ? ».
Sa réponse a été :
Je
ne sais pas, je ne pense pas que ce soit nécessaire. Je pense que c’est tout à
fait possible, je ne sais pas ce qu’il fera, mais il est tout à fait possible
qu’il parte, comme certains membres de la haute direction politique ukrainienne
– ils sont partis à l’étranger –. Il sera soutenu par les personnes dont il
sert les intérêts aujourd’hui.
Si, excusez-moi, il apparaissait soudainement, comme un diable sorti d'une boîte,
quelque part et disait : j’ai besoin de l’asile politique, la Russie ne refuse
personne.
J’ai alors fait une recherche sur Internet avec l’expression «refus de l’asile par la Russie ». Aucune des réponses obtenues ne faisait référence à une telle personne ; de plus, le site Web de l’agence compétente de l’ONU, le HCR, a une page « Procédure de demande d’asile » pour la Russie, qui s’ouvre ainsi : « Votre demande d’asile et votre demande d’asile temporaire (TA) doivent être acceptées quel que soit votre statut juridique dans la Fédération de Russie ou votre capacité à présenter des documents d’identité. » Cette page comprend également un diagramme détaillé, « Diagramme de procédure – statut de réfugié », et si le demandeur se voit refuser ce statut permanent, il peut faire appel de cette décision auprès d’une cour d’appel spécifique qui traite de tels appels. Rien n’est indiqué pour « Décision négative (rejet). » Étant donné que ma recherche sur le Web n’a indiqué personne qui « s’est vu refuser l’asile par la Russie », rien n’indique que quiconque ait jamais été expulsé de force de Russie après y avoir demandé l’asile. La probabilité, par conséquent, que Zelensky soit le premier, semble être faible, voire nulle. Je n’ai pas pu trouver de contre-preuve contre la déclaration de Poutine selon laquelle « la Russie ne refuse personne ».
Il continue ainsi :
Le
« Certificat de considération sur le fond du demandeur d’asile » est valable
trois mois, et dans ce délai, une décision devrait être prise sur votre cas.
Exceptionnellement, le délai de traitement peut être prolongé de 3 mois
supplémentaires, auquel cas le certificat du demandeur d’asile sera prolongé.
Ce certificat sert également de document d’identité et de preuve de votre
séjour légal en Russie.
Pendant que votre demande d’asile est en cours d’examen, vous êtes protégé
contre le retour forcé dans votre pays d’origine. Toute tentative d’expulsion
ou de déportation pendant cette période constituerait une violation grave de la
La législation russe et la Convention de 1951.
Après examen de votre demande, une décision sera prise pour vous reconnaître
comme réfugié ou pour rejeter votre demande. Si vous êtes reconnu comme
réfugié, vous recevrez un certificat de réfugié. Le statut de réfugié n’est pas
limité dans le temps, mais vous devez vous adresser chaque année à la branche
territoriale du département des migrations du ministère de l’Intérieur pour
vous réinscrire.
La Pravda russe titrait le 19 décembre : « Poutine : la Russie ne refuserait pas l’asile politique à Zelensky s’il le demandait : Poutine n’a pas d’objection à accorder l’asile politique à Zelensky en Russie », et commençait ainsi : « La Russie ne refuse l’asile à personne et pourrait envisager de l’accorder au président ukrainien Volodymyr Zelensky, a déclaré le dirigeant russe Vladimir Poutine [lors de] sa conférence de questions-réponses du 19 décembre. » Je m’attends à ce que même si une demande de statut de réfugié permanent de Zelensky était refusée, la Russie refuserait de se conformer à une demande d’extradition le concernant de la part de n’importe quel pays. Bien que Zelensky soit probablement largement méprisé en Russie, il y serait en sécurité et aurait probablement de nombreuses occasions de s’adresser au public russe pour lui faire part de ses opinions sur la question. Bien que de nombreuses personnes ne lui fassent pas confiance, il y aurait un public qui voudrait beaucoup entendre sa version des faits.
Un autre exemple de la présentation de Poutine au peuple russe a fait l’objet de mon article du 3 mars 2024 « Le discours sur l’état de l’Union de Poutine, à comparer avec celui de Biden le 7 mars ». Il commençait ainsi :
Le 7 mars, le président américain Biden prononcera son discours sur l’état de l’Union devant le peuple américain ; c’est pourquoi je propose ici un extrait représentatif de 55 % du discours sur l’état de l’Union que le président russe Poutine a prononcé le 29 février devant le peuple russe (l’intégralité se trouve sur http://en.kremlin.ru/events/president/news/73585) …
20 décembre 2024
On peut apprécier ou non M.Poutine, on doit, en tout cas, observer que c'est un fin diplomate qui refuse d'insulter l'avenir.
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