mardi 13 mai 2025

Riz mutant et rats de laboratoire de Bill Gates : expériences grandioses dans les champs indiens

Fin 2024, Bill Gates a suscité l’indignation en Inde après avoir décrit le pays comme « une sorte de laboratoire pour expérimenter » lors d’un podcast avec Reid Hoffman. Gates a souligné la stabilité du pays comme un « terrain d’essai » pour les initiatives mondiales.

Ses propos ont été largement condamnés. Les réseaux sociaux se sont enflammés, de nombreux Indiens accusant Gates de réduire leur pays à un simple terrain d’expérimentation pour les intérêts occidentaux. Les utilisateurs des réseaux sociaux ont qualifié les Indiens de « cobayes » dans le laboratoire de Gates et ont remis en question l’éthique et les motivations de ces expérimentations.


Une réaction largement relayée sur X a exprimé ce sentiment :

« L’Inde est un laboratoire, et nous, Indiens, sommes les cobayes de Bill Gates. Cet homme a dirigé tout le monde, du gouvernement aux partis d’opposition en passant par les médias. Son bureau fonctionne ici sans FCRA, et notre système éducatif a fait de lui un héros ! Je ne sais pas quand nous nous réveillerons !»

(FCRA fait référence à la loi qui réglemente les contributions étrangères afin de garantir qu’elles ne portent pas atteinte à l’intérêt national.)

La controverse a refait surface avec l’annonce, le 5 mai 2025, que l’Inde était devenue le premier pays à commercialiser officiellement deux variétés de riz à génome modifié : Kamala (DRR Dhan 100 Kamala) et Pusa DST Rice 1. Ces variétés ne sont pas classées comme cultures génétiquement modifiées (OGM). Contrairement aux cultures génétiquement modifiées traditionnelles, qui introduisent de l’ADN étranger, ces variétés à génome modifié utilisent les technologies CRISPR-Cas SDN-1 et SDN-2 pour modifier les gènes existants.

Cette distinction est fortement promue par l'industrie agro-biotechnologique afin de garantir que les cultures génétiquement modifiées contournent les réglementations strictes en matière de biosécurité et les essais en champ pluriannuels requis pour les cultures OGM. En 2022, le gouvernement indien a exempté ces plantes des règles relatives aux substances dangereuses en vertu de la loi sur la protection de l'environnement.

Exempter les cultures génétiquement modifiées des évaluations rigoureuses de biosécurité suscite des inquiétudes quant aux risques potentiels pour la santé et l'environnement. Bien que cette technologie soit saluée par l'industrie pour sa « précision », cela relève davantage de la communication que de la science. Même de petites modifications génétiques peuvent avoir des effets imprévisibles. George Church, biotechnologue à Harvard, a d'ailleurs qualifié CRISPR de « hache émoussée », mettant en garde contre de graves conséquences et risques imprévus.

Les critiques affirment que des tests transparents et indépendants sont essentiels avant l'adoption généralisée des cultures génétiquement modifiées. L'exemption réglementaire actuelle en Inde est jugée prématurée et potentiellement illégale, d'autant plus que la Cour suprême continue de surveiller de près l'édition génétique agricole. Les militants affirment que les agences de réglementation subissent des pressions de la part des intérêts biotechnologiques pour contourner les protocoles de sécurité et marginaliser le contrôle public et scientifique.

Bien que ces variétés aient été développées par l'ICAR (Conseil indien pour la recherche agricole), des groupes de la société civile, notamment la Coalition pour une Inde sans OGM, soulignent que les outils d'édition génétique comme CRISPR/Cas9 sont des technologies propriétaires, ce qui suscite des inquiétudes quant à la souveraineté semencière et aux droits des agriculteurs. Les brevets sous-jacents pourraient accroître le contrôle des entreprises sur l'agriculture indienne et porter atteinte aux droits traditionnels des agriculteurs à conserver et à échanger leurs semences.

Les préoccupations relatives aux droits de propriété intellectuelle et aux DPI sont au cœur des critiques du riz génétiquement modifié en Inde. Le débat dépasse la biosécurité et les risques environnementaux pour s'étendre à des questions plus larges telles que l'autonomie des agriculteurs, la souveraineté semencière et le transfert du contrôle des institutions publiques aux détenteurs de brevets privés.

Les critiques exigent la transparence concernant le statut de propriété intellectuelle de ces nouvelles variétés de riz et remettent en question l'utilisation de ressources publiques, via l'ICAR, pour développer des cultures qui pourraient principalement profiter aux intérêts des entreprises. L'absence de divulgation publique du processus de développement, des données de sécurité et des détails de la propriété intellectuelle de ces variétés est profondément problématique.

Aruna Rodrigues, militante chevronnée qui s'oppose depuis longtemps à la commercialisation des cultures OGM en Inde, prévient que le gouvernement répète les erreurs du passé (comme l'échec du coton Bt dans le pays ; voir « Le coton Bt en Inde est un modèle OGM pour une catastrophe monumentale et irréversible ») en promouvant des technologies insuffisamment testées sans surveillance adéquate. Elle a dénoncé des défaillances réglementaires, notamment la commercialisation de riz basmati tolérant aux herbicides (HT) sans autorisation appropriée, qualifiant ces actions d'illégales et de violation des règles régissant les organismes dangereux et génétiquement modifiés (voir l'article « Bayer adore le basmati »).

Elle a également averti que les actions de l'ICAR compromettent le lucratif marché d'exportation du riz biologique indien et bafouent une recommandation du Comité technique d'experts (CTE) nommé par la Cour suprême en faveur d'une interdiction totale des cultures HT en raison de leurs risques environnementaux.

Rodrigues soutient que les organismes de réglementation sont confrontés à de graves conflits d'intérêts, les organismes gouvernementaux promouvant et supervisant à la fois les cultures OGM et génétiquement modifiées, ce qui entraîne la mainmise réglementaire des entreprises. Le ministère des Sciences et des Technologies, le ministère de l'Agriculture et l'ICAR promeuvent activement les cultures alimentaires génétiquement modifiées, et désormais les cultures issues de l'édition génétique, tout en étant simultanément chargés de leur surveillance.

Aruna Rodrigues affirme qu'il y a eu une mainmise massive de l'appareil réglementaire par les entreprises, les agences gouvernementales servant l'industrie biotechnologique.

La Coalition pour une Inde sans OGM et Rodrigues ont dénoncé à plusieurs reprises les défaillances et les conflits d'intérêts au sein des autorités indiennes de biosécurité. La TEC susmentionnée a constaté d'importantes lacunes dans l'évaluation de la biosécurité et a appelé à une refonte réglementaire, mais ces problèmes restent sans réponse de nombreuses années plus tard.

Les partisans du riz génétiquement modifié répètent les arguments avancés en faveur des cultures génétiquement modifiées : augmentation des rendements, alimentation des personnes souffrant de la faim, aide aux agriculteurs et lutte contre les problèmes climatiques. Ces discours sont délibérément trompeurs et servent d’arguments pour ouvrir le système agroalimentaire indien au contrôle des entreprises. La détresse des agriculteurs indiens trouve son origine dans les échecs des politiques publiques, et non dans une faible productivité. Or, les systèmes agroécologiques, basés sur les petits exploitants, présentent des avantages avérés (voir « Contester les prémisses erronées derrière l'introduction des OGM dans l'agriculture indienne ») en termes de résilience au climat et au stress, ainsi que de rendement.

Les affirmations d'augmentation des rendements grâce au riz génétiquement modifié font écho aux promesses non tenues des cultures OGM, négligeant les variétés indigènes à haut rendement existantes qui ont déjà contribué à une production rizicole substantielle.

La Coalition pour une Inde sans OGM et les représentants des agriculteurs contestent les affirmations selon lesquelles les deux variétés de riz génétiquement modifiées entraîneraient des augmentations de rendement de 25 à 30 %, invoquant le manque de données d'essais en champ transparentes et accessibles au public. Ils exigent des comptes et des tests en conditions réelles, soulignant que l'Inde dispose déjà d'une production rizicole excédentaire et que des affirmations de rendement non vérifiées ne peuvent justifier l'introduction de cultures génétiquement modifiées à risque. La déréglementation des techniques d'édition génétique sans tests de biosécurité est jugée illégale et non scientifique, ce qui jette le doute sur la crédibilité des allégations d'amélioration des rendements.

Nous avons déjà entendu des affirmations extravagantes concernant des augmentations de rendement en Inde. Les développeurs de moutarde génétiquement modifiée de l'Université de Delhi ont formulé des affirmations similaires, qui ont été démenties par une série de déclarations sous serment soumises par Aruna Rodrigues à la Cour suprême. Les opposants accusent le gouvernement de céder au lobbying des entreprises et de présenter l'édition génétique comme précise et sûre, malgré une abondante littérature scientifique soulignant les risques et les incertitudes (détaillée en détail sur le site web GMWatch.org). L'adoption par l'Inde des cultures génétiquement modifiées, encouragée par des personnalités comme Bill Gates et facilitée par des autorités réglementaires compromises, est un exemple d'emprise des entreprises et de subversion réglementaire.

Bill Gates, défenseur de longue date des cultures génétiquement modifiées, a rencontré le Premier ministre Modi en mars 2025, peu avant l'annonce par le gouvernement de l'utilisation du riz génétiquement modifié. Si la séquence des événements peut être fortuite, l'influence de Gates sur la biotechnologie agricole est bien établie. La sécurité alimentaire et la santé écologique futures de l'Inde dépendent de sa capacité à résister aux technologies non éprouvées et à restaurer l'intégrité réglementaire, libérée de l'influence des entreprises et des philanthropes ploutocratiques.

Gates est souvent traité comme un roi par les médias et les politiciens en raison de sa richesse, mais son idéologie techno-solutionniste réduit les problèmes sociaux, politiques et économiques complexes à des solutions techniques. Trop souvent, cette ignorance volontaire conduit à des « terrains d’essai » pour des interventions facilitées par des gouvernements et des régulateurs cooptés qui servent en fin de compte à concentrer le pouvoir entre les mains des intérêts des entreprises. Pendant ce temps, les véritables solutions sont mises de côté et dénigrées.

De nombreuses questions abordées dans l'article ci-dessus sont abordées dans l'ouvrage en libre accès de l'auteur, Power Play: The Future of Food. Bagha Books distribue actuellement des exemplaires imprimés (en hindi et en anglais) aux groupes de la société civile, aux établissements d'enseignement et aux lecteurs intéressés en Inde.

Par Colin Todhunter – Off-Guardian 12 mai 2025

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Colin Todhunter est spécialisé dans l'alimentation, l'agriculture et le développement et est chercheur associé au Centre de recherche sur la mondialisation de Montréal. Vous pouvez lire ICI gratuitement ses deux ouvrages, Food, Dependency and Dispossession: Resisting the New World Order et Sickening Profits: The Global Food System’s Poisoned Food and Toxic Wealth.

9 commentaires:

  1. "...notre système éducatif a fait de lui un héros !..." L'Inde est quand même le pays des pots-de-vin et de la corruption indécente généralisées.

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  2. Souhaitons bonne chance aux cobayes qui mangeront du riz saboté avec CRISPR.

    Il faut savoir que la technique de génie génétique CRISPR, appelée « ciseaux génétiques de précision » par les eugénistes Attali et Alexandre, merde à bloc. Cette technique laisse des trous autour des parties modifiées du génome et même supprime parfois complètement des gènes entiers.

    Des dizaines d’études le prouvent, mais il semble que les charlatans ne sont pas au courant.

    Cette simple recherche sur le site GM Watch, permet de voir les études qui montrent que CRISPR merde à bloc :
    https://www.google.fr/search?hl=fr&as_q=CRISPR&as_epq=&as_oq=&as_eq=&as_nlo=&as_nhi=&lr=&cr=&as_qdr=all&as_sitesearch=https%3A%2F%2Fwww.gmwatch.org%2Fen%2F&as_occt=any&as_filetype=&tbs=&sei=zI4jaMKBFPaF7M8PvvbJkAQ

    Machin

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  3. Bill Gates sale juif de merde

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  4. Je me demande si Modi n'est pas une serpillère....?

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    1. Allié N1 d'Israël...donc balais serpillère et brosse a chiotte en prime...

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  5. Modi, traitre, vendu, collabo, très fort avec les minorités chrétienne, musulmane mais une vraie serpillière face à Gate empoisonneur de l'humanité avec son vaccin anti covid en 2020-21! Honte à ce suprémaciste hindouiste, à plat ventre face aux sionistes et allié peu fiable pour Poutine au sein du Bric!

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