12 jours, et après ?

Donald Trump a franchi une nouvelle étape dans son jeu d' échecs mondial insensé aujourd'hui en Écosse, en annonçant qu'il accordait à la Russie un nouveau délai, beaucoup plus court – de 10 à 12 jours – pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Trump a averti que si le président Vladimir Poutine ne parvenait pas à un accord d'ici les 7-9 août, les États-Unis imposeraient de nouvelles sanctions et des « droits de douane sévères » à la Russie et aux pays qui soutiennent son effort de guerre. Ce nouveau délai a suscité un bâillement collectif à Moscou.

Depuis le début de l'Opération militaire spéciale ( OMS ), les échanges commerciaux entre les États-Unis et la Russie ont considérablement diminué. En 2021, les exportations américaines vers la Russie ont totalisé environ 6,4 milliards de dollars, et les importations américaines en provenance de Russie, environ 29,7 milliards de dollars. Il en résulte un déficit commercial des États-Unis avec la Russie d'environ 23,3 milliards de dollars pour cette année-là.

En 2024, le total des échanges de biens entre les États-Unis et la Russie a fortement diminué en raison des sanctions en vigueur, des restrictions liées à la guerre et d'autres mesures politiques. Exportations américaines vers la Russie en 2024 :

Environ 526 millions de dollars, soit une baisse de plus de 12 % par rapport à 2023. Les principales exportations américaines comprenaient des équipements médicaux/techniques, des produits pharmaceutiques, des machines et certains produits alimentaires et chimiques.

Importations américaines en provenance de Russie en 2024 :

Environ 3,0 à 3,27 milliards de dollars, soit une baisse de plus de 34 % par rapport à 2023 et de plus de 75 % par rapport aux niveaux d'avant-guerre en 2021-2022. Les principales exportations russes vers les États-Unis étaient les engrais (environ 1,3 milliard de dollars), les métaux précieux (environ 878 millions de dollars) et les produits chimiques inorganiques (environ 683 millions de dollars). Les importations d'énergie ont presque entièrement cessé.

La menace de nouvelles sanctions de Trump n'est qu'une vantardise … L'arrêt des livraisons d'engrais et de métaux précieux ne nuira en rien à l'économie russe. Grâce aux sanctions imposées par Biden en 2022, l'économie russe est devenue la quatrième économie mondiale en parité de pouvoir d'achat. La propagande occidentale, qui affirme que l'économie russe est en difficulté – avec une croissance actuelle de 1,4 % –, ignore les politiques budgétaires mises en place par la banque centrale russe en 2024 pour freiner l'inflation. Mais ces mesures n'étaient que temporaires, la banque centrale ayant annoncé une baisse de 2 % des taux d'intérêt en fin de semaine dernière.

Cela signifie que Trump, s'il est sérieux, imposera des droits de douane exorbitants à la Chine et à l'Inde. Ces deux pays ne semblent pas perturbés par les fanfaronnades de Trump. La Chine, en particulier, détient des atouts majeurs… des terres rares dont le complexe militaro-industriel américain a désespérément besoin. Je pense que ce sera encore une fois un échec cuisant pour Trump .

Alors pourquoi Trump a-t-il raccourci le délai ? Une explication possible réside dans la rapide détérioration de la situation militaire en Ukraine. La Russie progresse rapidement tout au long de la ligne de contact, et même les médias et réseaux sociaux ukrainiens expriment leur inquiétude. Est-ce ce qui a motivé la décision de Trump de raccourcir le délai imparti à la Russie pour accepter un cessez-le-feu ? 50 jours ou 12 jours, peu importe. Trump n'a aucun moyen de pression pour contraindre la Russie à accepter le cessez-le-feu que les États-Unis et l'Europe souhaitent imposer.

La Russie va poursuivre son offensive et conquérir de nouveaux territoires dans les semaines à venir. Les troupes russes progressent vers le nord à Zaporhyjia, vers le sud en passant par Soumy et Kharkiv, et progressent vers l'ouest, après avoir déjà conquis des territoires à Dniepropetrovsk. Aucune pression de Washington ou de l'Europe ne changera cette réalité.

J'ai discuté de cette question, ainsi que de l'évolution de la situation en Asie occidentale, avec Nima et Pepe Vidéo-1. 

Après ce podcast, j'ai souhaité la bienvenue au juge, de retour de vacances bien méritées : Vidéo-2

Source

28 juillet 2025            par Larry C. Johnson 

Larry C. Johnson est un ancien agent de la CIA et analyste du renseignement, ainsi que planificateur et conseiller au Bureau de lutte contre le terrorisme du Département d'État américain. En tant que travailleur indépendant, il forme la communauté des opérations spéciales de l'armée américaine depuis 24 ans.

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Commentaire

Donald Trump a donc considérablement réduit le délai de 50 jours accordé au président russe Vladimir Poutine pour accepter un accord de cessez-le-feu avec l'Ukraine. Trump a déclaré que les 50 jours initiaux, désormais réduits à environ 40 jours, seraient réduits à « 10 à 12 jours ».

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réagi lundi en déclarant que la situation en Ukraine reflétait l'objectif plus large de l'Occident d'infliger une « défaite stratégique à la Russie ».

Se pose ici la question de la souveraineté nationale.

Que se serait-il passé si Poutine avait donné aux États-Unis un délai arbitraire pour mettre fin à chacune de leurs nombreuses guerres d'agression des 25 dernières années et menacé d'un blocus économique si les États-Unis n'obéissaient pas à ses ordres ? Comment le gouvernement américain aurait-il perçu cela ?

Poutine est le président d'une nation souveraine : la Russie. De ce fait, le gouvernement russe est chargé de protéger les intérêts et la sécurité nationale du peuple russe.

Cela semble tellement évident et pourtant cela n’a apparemment jamais effleuré l’esprit des présidents américains ou de leurs sbires à Washington. Poutine n’a aucune obligation de recevoir des ordres de Joe Biden, Donald Trump, Lindsey Graham ou de qui que ce soit d’autre à Washington.

Trump ferait mieux de se réveiller et de comprendre à qui il a affaire. La Russie n'est pas l'Irak. Ce n'est pas l'Iran. Ce n'est pas la Libye. Ce n'est pas la Syrie. Ce n'est pas l'Afghanistan. Ce n'est pas l'UE.

La Russie est une superpuissance nucléaire dotée de missiles hypersoniques capables de frapper l'Europe ou les États-Unis en quelques minutes. Lors de sa guerre contre l'Ukraine, elle a démontré sa capacité à atteindre des cibles avec une précision extrême grâce à ses missiles hypersoniques ultra-rapides et ultra-manœuvrables.

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