Dernier signe qu’au moins
certaines consciences commencent à se réveiller en Europe, l’Assemblée
nationale française a produit un remarquable rapport d’information de 153 pages
qui remet fondamentalement en question l’approche conflictuelle actuelle de l’Union
européenne, approche dirigée par les États-Unis, à l’égard de la Chine.
Le document, déposé par la
Commission des affaires européennes de l’Assemblée, représente peut-être la
critique institutionnelle la plus complète à ce jour de la stratégie de Bruxelles
consistant à traiter Pékin comme un « rival systémique« .
Avec 50 recommandations
détaillées couvrant tout, de la politique commerciale à la coopération
spatiale, le rapport appelle à un réalignement stratégique complet – un
réalignement qui permettrait à l’Europe de se libérer de ce qu’il appelle la « vassalisation » américaine et de forger une relation indépendante et
coopérative avec la Chine.
Jetons un coup d’œil à cet extraordinaire document.
Anatomie d’une stratégie ratée : la politique autodestructrice de l’Europe envers la Chine
Le rapport révèle comment
l’approche conflictuelle de Bruxelles a systématiquement sapé les intérêts
européens tout en renforçant les intérêts américains. La conclusion la plus
accablante du document est que la stratégie anti-Chinoise de l’Europe
représente une erreur de calcul stratégique fondamentale qui a accéléré le
déclin du continent en tant que puissance mondiale.
Le pivot fatal de 2019
Le rapport identifie 2019
comme le moment charnière où la stratégie européenne s’est égarée. Cette
année-là, l’UE a commis ce que les auteurs considèrent comme une erreur
historique : redéfinir la Chine autrefois un “partenaire de coopération” comme devenant à la fois un
“concurrent économique” et un “rival systémique« . Cette
formulation, soutient le rapport, fut “un changement brutal qui s’est cristallisé en obstacles à
l’établissement d’un partenariat qui était en train de se multiplier et de
s’intensifier”.
Ce qui a rendu ce pivot
stratégiquement désastreux, c’est son timing. L’Europe a choisi la
confrontation précisément au moment où la Chine était devenue trop puissante
pour être contenue et où elle-même connaissait un déclin de sa pertinence dans
un monde de plus en plus multipolaire.
En bref, juste au moment
où l’UE aurait pu et aurait dû se positionner stratégiquement comme un pont
entre l’Est et l’Ouest, entre l’ordre unipolaire en déclin dirigé par les
États-Unis et l’ordre multipolaire émergent, elle a décidé de mettre
effectivement tous ses œufs dans le même panier, le panier étasunien, perdant
ainsi son rôle potentiel d’intermédiaire indépendant dans le nouvel ordre
mondial.
Comme le note le rapport :
« Sous l’influence décisive de
Joe Biden, alors président des États-Unis, l’UE du G7+ a affiché ses convergences
face au ”défi systémique“ que représente la Chine, et visait à montrer
« une unité stratégique entre les démocraties libérales contre la Chine”. »
La rhétorique de l’UE n’a
fait que se durcir au fil des années, aboutissant à la doctrine de “réduction des risques” d’Ursula
von der Leyen en 2023, que le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang
a commentée de cette façon à l’époque : “Si l’Union européenne cherche à se dissocier de la Chine au nom de
la réduction des risques, elle se dissociera également des opportunités, de la
coopération, de la stabilité et du développement.”
Construire l’arsenal de l’échec
Poursuivant cette
stratégie consistant à considérer la Chine comme un « concurrent économique » et un
« rival systémique« ,
le rapport documente méticuleusement comment l’Europe a construit ce qu’elle
appelle un “arsenal
de défense commerciale” ciblant principalement la Chine.
Malgré les démentis
officiels « les
représentants du ministère de Bercy et du Quai d’Orsay auditionnés pour ce
rapport concèdent que les mesures défensives de l’économie européenne visent
principalement la Chine.”
Cela a commencé avec le
règlement de filtrage des investissements étrangers de 2019, « inspiré du modèle du CFIUS (Committee on
Foreign Investment in the US). » Cela a été suivi par
l’Instrument d’achat international de 2022 et le Règlement sur les subventions
étrangères de 2024. En 2024, l’UE a déployé “78 mesures de défense commerciale contre la Chine”,
dont des droits compensatoires qui “ont
abouti à augmenter les droits de douane (de 7,8% à 37,6%) sur les importations
de véhicules électriques fabriqués en Chine.”
Dernier ajout en date, le
groupe de travail ”Surveillance
des importations » lancé en avril 2025, qui « a identifié, au cours des deux premiers mois de
fonctionnement, 55 codes produits jugés suspects, du contreplaqué aux additifs
alimentaires en passant par les câbles à fibres optiques.” Le
rapport note que ce système de surveillance représente “une nouvelle forme de barrière technique au
commerce » conçue pour contenir “la compétitivité chinoise.”
En bref, la stratégie
commerciale de l’UE, depuis ces dernières années, repose en grande partie sur
le fait de suivre les manuels de jeu anti-chinois des Etats-Unis, au moment
même où la Chine consolide sa position de moteur économique mondial, un moment
où la sagesse stratégique aurait plutôt dicté de rompre avec l’influence
déclinante de Washington pour forger un partenariat indépendant avec le géant
économique ascendant.
Et le pire, c’est que
cette approche ne fonctionne pas du tout, même dans ses objectifs déclarés.
Comme l’a admis un responsable de l’UE dans le rapport « Les droits compensatoires européens n’ont pas
eu » le moindre « impact sur les exportations chinoises vers l’Europe.”
Pendant ce temps, « l’ambassadeur
de Chine Deng Li à Paris rappelait lors de son audition que toutes les
sanctions économiques et commerciales contre la Chine (télécommunications,
militaires…) ont finalement conduit à la renforcer. »
Marginalisation diplomatique
L’approche conflictuelle a
accéléré une perte d’influence mondiale pour l’Europe. Le rapport affirme que “depuis la fin de la guerre froide, les États
membres de l’UE se sont progressivement alignés sur la stratégie atlantiste
impulsée par Washington, notamment par leur intégration à l’OTAN.”
Cela a créé un carcan diplomatique où l’Europe s’est retrouvée piégée « exhibant ses » valeurs « contre les puissances émergentes, notamment
dans les relations avec la Chine, la Russie ou les pays du Sud, qui sont
systématiquement qualifiés de « régimes » ou de « menaces
systémiques » dans les textes officiels du G7+UE depuis 2021.”
Les conséquences sont
visibles sur tous les grands théâtres internationaux. « En Ukraine, les États européens sont
relégués au sous-sol des négociations, sans réelle capacité à influencer les
positions américaines ou russes ». « En mer de Chine méridionale, les États membres
se contentent de suivre la doctrine de la « liberté de navigation »
promue par les États-Unis, sans capacité autonome de proposition ou de
médiation». « Sur
le continent africain, les désengagements successifs des forces françaises, la
perte d’influence au Sahel, la marginalisation des Européens en Libye ou en
Centrafrique illustrent une perte croissante de crédibilité. »
L’impasse stratégique
Le rapport conclut que la
stratégie européenne pour la Chine représente un échec complet qui ne sert
aucun intérêt européen. Comme l’a averti un expert, « la stratégie pourrait conduire à structurer
les échanges autour de « blocs fermés » dont les conséquences
seraient « perdant-perdant » ». « L’Europe s’est mise dans une position où elle
ne peut pas atteindre ses objectifs déclarés tout en nuisant simultanément à sa
propre économie et à sa position mondiale ».
L’ironie ultime est que la
tentative de l’Europe de réduire l’influence chinoise a plutôt accéléré son
propre déclin tout en renforçant l’influence de la Chine. Comme le dit le
rapport « Toute
tentative d’intimidation ou de confinement contre [la Chine] est vouée à
l’échec et ne fait que saper la crédibilité et les intérêts de l’Union
européenne elle-même. »
Cet échec stratégique
global ouvre la voie à l’argument central du rapport : que l’Europe doit abandonner
son approche conflictuelle autodestructrice et tracer une voie indépendante
basée sur une coopération équilibrée avec la Chine. La trajectoire actuelle ne
sert ni les intérêts européens ni la stabilité mondiale.
Le prix de la loyauté : comment l’atlantisme sape les intérêts
européens
La politique de
confrontation de l’Europe avec la Chine n’est pas seulement un échec parce
qu’elle a mal interprété l’ascension de la Chine ou mal chronométré sa réponse,
mais parce qu’elle expose un problème structurel plus profond : la
subordination systématique de l’Europe aux priorités stratégiques étasuniennes.
Le rapport révèle comment
l’alignement atlantique est devenu un piège qui empêche l’Europe de défendre
ses propres intérêts, la contraint à des conflits qui servent des objectifs
étasuniens plutôt qu’européens et, finalement, marginalise l’Europe en tant que
puissance mondiale.
En d’autres termes, la
débâcle chinoise n’est pas une erreur politique isolée, mais le résultat
inévitable d’une relation où l’Europe a renoncé à son autonomie stratégique
pour devenir ce que le rapport appelle un “partenaire fonctionnel” de l’hégémonie étasunienne.
La violence de l’impérialisme étasunien
Le rapport détaille
comment les dirigeants européens ont normalisé le comportement impérial
étasunien tout en condamnant simultanément des actions beaucoup moins
agressives de la part d’autres puissances, faisant en fait du double standard
et de l’hypocrisie l’une des caractéristiques déterminantes de la diplomatie
européenne, avec toute la perte de crédibilité que cela implique.
Cela est d’autant plus
révélateur que « la
politique menée par l’administration Trump a marqué une rupture profonde avec
les fondements du multilatéralisme commercial et diplomatique »,
d’autant plus dommageable que ces politiques sont souvent menées contre l’UE ou
les pays de l’UE. Lorsque Trump a annoncé « des droits de douane de 50% sur les produits européens à compter
du 1er juin (280 milliards d’euros supplémentaires) », la
réponse de l’Europe a été d’une retenue révélatrice.
Le plus révélateur a été
la proposition publique et répétée de Trump « d’acheter le Groenland, un territoire danois autonome, proposition
fermement rejetée par Copenhague. » Cette remise en cause
directe de la souveraineté européenne « n’a pas fait l’objet d’une condamnation par l’Union européenne, ni
d’une expression officielle de solidarité envers le Danemark »,
démontrant « l’incapacité
de l’UE à se libérer de son ”atlantisme réflexe » », même
lorsque 98% du territoire de l’un de ses États membres est directement menacé.
Le rapport mentionne
également Gaza pour illustrer comment l’alignement atlantique de l’Europe a
systématiquement miné sa crédibilité mondiale. Alors que l’Europe a adopté « 5 résolutions entre 2019 et 2022 contre la politique
chinoise dans la région autonome du Xinjiang », elle n’a
réussi qu’à garder le silence sur « les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre perpétrés par
le gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahu dans la bande de Gaza où
il est désormais entendu qu’un génocide est en cours. »
Comme l’a admis un
responsable de l’UE « avec
la Chine, nous avons peut-être exagéré nos valeurs », tandis
que « les Chinois détestent notre
sélectivité ». Le résultat est que les ”valeurs européennes » sont
désormais considérées globalement comme « un prétexte pour adopter des sanctions économiques ou commerciales
dans la compétition mondiale ». Ce qui signifie qu’il ne
s’agit pas de véritables “valeurs”
selon lesquelles l’UE vit, mais simplement d’armes utilisées cyniquement et
souvent dans le but non pas de protéger les intérêts européens mais étasuniens.
L’incohérence des doubles standards
La contradiction
fondamentale est de traiter la Chine comme un « rival systémique » tout en
traitant les États-Unis comme un “allié
infaillible”, même lorsque les actions américaines nuisent
directement aux intérêts européens, plus que les actions chinoises ne l’ont
jamais fait. Comme l’a admis candidement un responsable de l’UE « nous n’allons quand même pas mettre les États-Unis
au même niveau que la Chine ».
L’ancien Premier ministre
français Jean-Pierre Raffarin est cité dans le rapport comme posant cette
question essentielle « Qui,
aujourd’hui, menace le plus notre souveraineté ? Notre allié ou notre
« rival systémique » ? Qui applique brutalement la législation
extraterritoriale contre nous? »
La Chine n’a jamais menacé
d’annexer un territoire européen, imposé une législation extraterritoriale aux
entreprises européennes ou exigé que les pays européens restructurent fondamentalement
leurs économies pour servir les intérêts chinois. Pourtant, c’est la Chine qui
est qualifiée de “rival
systémique” tandis que les Etats-Unis, qui font régulièrement
toutes ces choses, reste « l’allié
indispensable« .
Atlantisme : à quel prix ?
Le rapport détaille les
coûts énormes de l’atlantisme, le dernier exemple en date étant « le Plan « Réarmer l’Europe » qui
répond à l’injonction trumpiste faite aux États membres de consacrer plus de 5%
de leur PIB à la défense et d’équiper les Européens en armement américain ».
Très concrètement,
l’Europe s’engage à transférer une part très substantielle de son PIB (un
rappel qu’un étonnant 63% de toutes les commandes de défense de l’UE sont
passées à des entreprises américaines) aux entreprises de défense américaines,
au détriment de nombreux programmes sociaux nationaux, le tout pour se préparer
à une guerre contre la Russie dont, ironiquement, l’administration Trump
déclare publiquement et catégoriquement qu’elle ne veut pas.
En effet, l’Europe est dans
la situation absurde où elle paie des coûts économiques énormes pour se
préparer à un conflit avec la Russie que l’administration américaine exigeant
ces dépenses semble complètement réticente à payer, laissant l’Europe à la fois
économiquement affaiblie et stratégiquement isolée.
Ou regardez l’énergie.
Comme le note le rapport, « les
importations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain ont explosé depuis la
guerre en Ukraine… En 2024, près de 45% des importations totales de GNL de
l’Union européenne provenaient des États-Unis ». De toute
évidence, l’Europe est devenue un marché captif pour les intérêts américains,
obligée d’acheter de l’énergie américaine chère pour remplacer le gaz russe
moins cher.
Fait intéressant, le
rapport suggère également que les intérêts atlantiques empêchent l’UE de passer
à des solutions énergétiques propres, à la fois en forçant des “reculs législatifs” qui “mettent en péril la crédibilité de l’action
climatique de l’UE sur la scène internationale” et en bloquant la
coopération et les partenariats avec la Chine, qui est devenu “le leader mondial incontesté dans le domaine
des énergies renouvelables. » Comme le note le rapport : “on ne fait pas de transition écologique sans
la Chine.”
Même histoire avec la
technologie. Le rapport identifie comment l’Europe est « à la traîne dans des secteurs clés »
en raison de sa dépendance technologique vis-à-vis des plateformes
étasuniennes. Les entreprises européennes se voient interdire l’accès aux
partenariats technologiques chinois – par exemple avec Huawei – tout en étant
obligées d’appliquer systématiquement la législation extraterritoriale
américaine qui va à l’encontre de leurs intérêts et leur fait perdre l’accès au
marché chinois.
Par exemple, le rapport
détaille comment « Donald
Trump a annoncé fin mai 2025 des mesures d’embargo avec l’interdiction pour les
entreprises américaines de vendre des logiciels de conception de
semi-conducteurs à la Chine. D’autres produits sensibles sont également
concernés comme les outils de fabrication, les produits chimiques spécifiques
et les équipements aéronautiques. Ces mesures correspondent à la logique
américaine de « découplage » et ont pour conséquence d’impacter les
entreprises européennes qui peuvent être empêchées d’exporter vers la Chine si
leurs produits utilisent des outils ou des technologies américaines ».
Il note en outre que « des
pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas ont admis que leur politique de contrôle
des exportations était coordonnée avec Washington sur les semi-conducteurs
critiques ».
Enfin et surtout, le coût
le plus important de l’atlantisme est probablement la destruction presque
complète de la crédibilité et de la voix de l’Europe sur la scène mondiale.
Piégée dans ce que le rapport appelle “l’atlantisme réflexe« , l’Europe est devenue
structurellement incapable d’agir de manière indépendante. « Militairement dépendante des États-Unis,
politiquement divisée et structurellement embryonnaire »,
l’Europe « n’est
pas en mesure d’offrir un abri aux États » ni de présenter de
véritables alternatives aux vues américaines. C’est particulièrement visible en
ce qui concerne l’Ukraine où « les
États européens sont relégués au sous-sol des négociations, sans réelle
capacité d’influencer les positions américaines ou russes ».
L’illusion atlantique
Le rapport conclut que « maintenir le cap du multilatéralisme fondé sur
le dialogue et la coopération suppose que l’espace européen se libère de ses
illusions atlantistes ». La relation actuelle ne représente
pas une alliance mais une subordination, où l’Europe donne une légitimité aux
vues étasuniennes tout en sacrifiant ses propres intérêts et son influence
mondiale.
Ce n’est qu’en obtenant
une véritable indépendance stratégique que l’Europe pourra se positionner comme
le courtier indépendant qu’elle pourrait et devrait être dans un monde
multipolaire émergent. Cela nécessite non seulement des changements de
politique, mais une réorientation fondamentale de la subordination atlantique
vers une véritable souveraineté européenne.
Le projet de souveraineté européenne
En substance, le rapport
recommande de s’éloigner de la stratégie actuelle de subordination atlantique
de l’Europe provoquant une rivalité contre la Chine, pour une autonomie
stratégique permise par un partenariat avec la Chine ; ce qui ne serait rien de
moins qu’un réalignement stratégique complet.
Abandonner le cadre défaillant : Au-delà du piège tripartite de 2019
Le point de départ de la
souveraineté européenne nécessite d’abandonner ce que le rapport appelle “la tripartite européenne de 2019”
qui divisait artificiellement la Chine en « partenaire/concurrent/rival systémique« . Comme
l’ont souligné les responsables chinois aux auteurs du rapport : « Nous souhaitons être considérés comme un véritable
partenaire, nous n’avons pas besoin d’un rival. La Chine et l’Europe sont deux
forces majeures du multilatéralisme, deux des principaux marchés et deux
grandes civilisations ».
Le cadre actuel, soutient
le rapport « place
l’UE dans une ambiguïté qui se retourne contre elle » en
créant une confrontation artificielle là où il n’y en a pas besoin.
Le rapport recommande de « mettre fin à la tripartite européenne de 2019
et de laisser derrière elle l’ambiguïté stratégique » car « loin d’être un adversaire systémique, [la
Chine] partage avec l’UE des responsabilités majeures dans la gestion des défis
mondiaux ». Au lieu de l’approche concurrentielle ratée,
l’Europe devrait “définir
des objectifs clairs” et “abandonner la posture strictement conflictuelle pour renouer un
esprit de dialogue exigeant.”
La diplomatie climatique comme fondement : L’impératif du
partenariat écologique
Le rapport positionne la
coopération climatique comme un fondement stratégique clé de la nouvelle
relation, soulignant que « la
lutte contre le changement climatique et la transition écologique doivent être
un pilier du partenariat euro-chinois : la Chine est un acteur indispensable
pour relever les défis environnementaux mondiaux ».
Contrairement aux États-Unis, qui se sont retirés des accords climatiques, « la Chine reste constante dans son engagement,
et a même pris des mesures qui dépassent ses obligations formelles ».
Les implications
stratégiques sont profondes. La Chine s’est positionnée comme le partenaire
permettant une action climatique collective, tandis que l’Amérique apparaît de
plus en plus comme l’obstacle qui l’empêche. Pour que l’Europe atteigne la
souveraineté énergétique – qui est fondamentale pour toute indépendance
significative – elle doit travailler avec plutôt que contre l’arsenal mondial
des énergies renouvelables.
Comme je l’ai moi-même
soutenu dans un autre article, l’énergie propre offre les deux
avantages dont l’Europe a urgemment besoin : une véritable souveraineté grâce à
l’indépendance énergétique (le soleil ou le vent sont les ressources de chacun)
et d’énormes avantages économiques grâce à des coûts 2 à 3 fois inférieurs à
ceux des combustibles fossiles. Alors que les achats de combustibles fossiles
piègent les pays dans des cycles d’importation interminables et coûteux, les
technologies renouvelables représentent un investissement ponctuel qui élimine
la dépendance future tout en fournissant des décennies d’électricité bon
marché. Pour l’Europe – qui paie actuellement des prix élevés pour le GNL
américain tout en regardant sa base industrielle décliner – l’arsenal renouvelable
de la Chine offre l’une des voies les plus réalisables pour se libérer des
cycles de dépendance coûteux qui sapent à la fois la souveraineté et la
compétitivité.
Enfin, le rapport
recommande également de transformer le Mécanisme d’ajustement carbone aux
frontières, qui pénalise actuellement les pays du Sud – souvent les moins
polluants historiquement – sans proposer d’alternatives. Le mécanisme réformé
fournirait plutôt « des
financements et des transferts de technologie bénéficiant aux pays du Sud »
et soutiendrait « la
création d’un fonds mondial de compensation climatique financé par une taxe sur
les transactions financières ou les bénéfices de l’industrie des combustibles
fossiles ».
Cette approche
encouragerait les transitions vers une énergie propre par le biais d’un soutien
plutôt que d’une punition, alignant l’Europe sur l’approche chinoise axée sur
le développement de la coopération climatique avec les pays du Sud. Plutôt que
l’Europe agisse unilatéralement avec des mesures punitives pendant que la Chine
poursuit des partenariats d’infrastructure distincts, les deux puissances
créeraient conjointement des mécanismes de soutien que les pays du Sud
adopteraient réellement – les positionnant en tant que codirigeants d’un
programme climatique inclusif et basé sur le développement.
Mettre fin à la vassalisation heureuse : la déclaration
d’indépendance de l’Europe
La rupture la plus
décisive concerne ce que le président italien Sergio Mattarella a appelé la fin
de la “vassalisation heureuse”
avec les États-Unis. Le rapport affirme « qu’il est devenu essentiel de s’émanciper de la relation
transatlantique, désormais marquée par une ambiguïté croissante et des effets
clairement préjudiciables sur les intérêts européens ».
« L’évolution récente des États-Unis, dont la
politique étrangère est basée sur des relations de pouvoir et une conception
hiérarchique du monde, représente une menace directe pour la stabilité et la
paix internationales », indique le rapport. L’Europe doit
choisir « être
protégée ou être protagoniste. L’Europe a-t-elle l’intention d’être un objet de
dispute internationale, un espace d’influence pour les autres, ou au contraire
de devenir un sujet dans la politique internationale ? »
Concrètement, cela
signifie plusieurs ruptures décisives par rapport aux priorités stratégiques
étasuniennes. Premièrement, l’Europe doit « respecter le droit international de l’ONU et refuser toute
instrumentalisation », y compris au sujet de « la question de Taiwan »,
plutôt que de suivre les provocations américaines qui ne servent aucun intérêt
européen. Le rapport recommande de « remplacer la stratégie de l’Union dans la région indo-Pacifique,
adoptée par le Conseil en avril 2021, par une approche coopérative incluant la
Chine et fondée sur l’objectif d’une stabilité durable ».
Deuxièmement, l’Europe a
besoin de souveraineté technologique en « créant un service public d’hébergement de données dans des
infrastructures françaises hors de portée des lois extraterritoriales
américaines » et « en négociant un accord bilatéral euro-chinois visant à sécuriser
les transferts de données des consommateurs ou utilisateurs de plateformes
numériques ».
Troisièmement, l’Europe
doit mettre fin à sa subordination militaire en refusant l’expansion de l’OTAN
en Asie, où « les
États-Unis cherchent la confrontation avec la Chine » malgré
le fait que « Pékin
ne menace ni militairement l’Europe ni directement l’Atlantique Nord ».
L’objectif n’est pas
l’hostilité envers les Etats-Unis mais l’indépendance européenne : établir « un repositionnement lucide qui ne signifie pas
la fin du dialogue transatlantique » tout en veillant à ce que
l’Europe puisse poursuivre ses propres intérêts plutôt que de suivre
automatiquement les priorités stratégiques américaines qui contredisent souvent
les besoins européens.
Reconstruire la gouvernance mondiale : une Alliance sino-européenne
pour le multilatéralisme
Le rapport envisage l’Europe
et la Chine comme co-architectes d’une gouvernance mondiale réformée. « La Chine et l’UE doivent renforcer ensemble un
cadre mondial au service de la paix et du développement solidaire »
en « défendant le multilatéralisme
et l’ordre international comme axes communs des politiques étrangères
européennes et chinoises ».
Parmi les réformes clés
figurent la création « d’un
mécanisme multilatéral de restructuration de la dette souveraine, au sein
duquel créanciers et débiteurs, pays du Nord et du Sud, seraient également
représentés » et « l’engagement d’un processus multilatéral pour créer, à terme, une
monnaie mondiale commune, qui ne serait pas un instrument au service de
quelques États mais un outil de financement d’une économie durable au service
des peuples ».
Sur la gouvernance
numérique, le rapport appelle à « promouvoir un traité multilatéral contraignant sur les données
numériques » et à « soutenir, avec la Chine, la création d’une agence de supervision
numérique des Nations Unies indépendante des entreprises, avec un mandat clair
d’audit, de contrôle et de réglementation des infrastructures stratégiques ».
Ces initiatives
remodèleraient fondamentalement les structures du pouvoir mondial, passant de
la domination occidentale à une véritable gouvernance multilatérale –
exactement ce que la Chine et une grande partie des pays du Sud préconisent.
La France bâtisseuse de ponts : tirer parti des liens historiques
Enfin, le rapport
positionne la France comme le seul pays européen le plus à même de jouer un
rôle moteur dans cette transformation, compte tenu de son « héritage gaulliste-chiraquien d’amitié
franco-chinoise » et du fait qu’elle est « le seul État membre de l’UE à disposer d’un
siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies ».
De fait, le rapport estime
que la France peut être l’impulsion de ce pivot stratégique en « renouvelant sa diplomatie historiquement non
alignée » qui lui permet « à la fois de mieux assurer sa propre souveraineté et
de préserver son rôle dans l’évolution de l’ordre mondial ».
Tout comme de Gaulle a rompu avec la conformité atlantique pour reconnaître la
Chine en 1964, la France doit aujourd’hui à nouveau choisir l’indépendance
plutôt que la subordination pour tracer une nouvelle voie pour les relations
sino-européennes.
Certes, il est peu
probable que cela se produise sous Macron, mais maintenant que Dominique De
Villepin, l’ancien Premier ministre de Chirac qui a dit “non” à la guerre des États-Unis
contre l’Irak à l’ONU, semble être dans la course pour la prochaine élection
présidentielle française, il pourrait enfin y avoir une véritable opportunité
de restaurer la tradition d’indépendance stratégique de la France et de
conduire l’Europe vers la souveraineté dont elle a désespérément besoin.
L’aube du réveil européen
Le plus encourageant de
tous est peut-être ce que représente ce rapport : la preuve qu’une nouvelle
génération de pensée stratégique européenne émerge, une génération désireuse de
voir le monde tel qu’il est réellement plutôt que tel que les atlantistes
idéologiques le souhaitent.
Pendant trop longtemps, la
subordination stratégique de l’Europe aux intérêts américains a été considérée
comme naturelle et inévitable – un prix à payer pour la « sécurité » qui a plutôt
entraîné de l’insécurité, le déclin économique et la marginalisation mondiale. Aujourd’hui, pour la première fois, une grande institution européenne a
systématiquement exposé cette relation comme le piège stratégique qu’elle est
vraiment, tout en offrant une voie alternative concrète vers une indépendance
et une prospérité authentiques.
Dans un monde en course
vers la multipolarité, l’Europe peut soit poursuivre son déclin en tant que « partenaire fonctionnel » des
Etats-Unis, soit saisir ce moment pour se réapproprier son destin de
civilisation autonome. Ce rapport montre qu’au moins certains dirigeants
européens comprennent ce choix et sont assez courageux pour plaider en faveur
du bon. Et ceci, mes amis, est le début du changement.
Voici ce rapport de l’Assemblée nationale.
Par
Arnaud Bertrand
– Le 11 juillet 2025 – Source Blog de l’auteur
Via
le
Saker Francophone.
Je me poses des questions sur les énergies renouvelables qui n'en sont pas réellement, les moulins à vents et les panneaux solaires ne sont pas la solutions et pourquoi vouloir remplacer les énergies qui ne sont pas "fossiles", une arnaque de Rockfeller pour augmenter le prix du pétrole, qui n'est pas une denrée rare, de plus le GNL américain est polluant et détruit tout les sols, environnement, du gaz de schiste sale, le GLN russe est propre, comme le pétrole russe, les russes et les chinois construisent des centrales nucléaires flottantes, le nucléaire civile français a plus de 30 ans d'avance, avec 1000 ans de réserve enfouie, car les ingénieurs français avaient innovés en créant des réacteurs utilisant les déchets nucléaires enfouis dans les sols, et avec les barrages hydroélectriques, la France n'a pas besoin d'éoliennes, ni de panneaux solaire, au contraire, la France produit de l'électricité en plus et peut le revendre......il faut savoir que les capacités des centrales nucléaires sont économiques, rentables et décarboné. les USA sont responsables et l'Allemagne avec Dominique Voynet, les "socialistes" ont saccagé notre souveraineté énergétique, elle devrait être jugée et punie pour haute trahison, car elle était en poste et aurait du faire l'inverse, elle a trahit tout les français et la France ! les allemands font semblant d'avoir peur du nucléaire civil, depuis des décennies, ils fabriquent des projectiles, obus, munitions à l'uranium radioactif, il n'est pas neutralisé comme dans le domaine du nucléaire civile, les soldats qui utilisent ces projectiles, sont devenus leucémiques, les zones sont contaminées, car les obus, munitions une fois lancés, une poudre s'envole, absorbée par les eaux, terres, humains, animaux, tout est contaminé, ils sont utilisés pour les chars léopards allemands envoyés en Ukraine pilotés par des allemands, l'Europe est atteinte par les bombes à l'uranium appauvrie de Londres ! Alors que l'Ukraine c'est la terre noire des cultures céréales, tournesol.....les anglais, allemands, américains, macron, se foutent de l'agriculture de l'Europe, il faudrait qu'ils regardent des cartes topographiques et climatiques pour comprendre qu'il faut préserver nos terres en Europe, nous devons être autonome, il n'y a pas beaucoup de terres cultivables sur terre car dans les zones froides très répandues car nous sommes encore en période inter-glaciaire, le réchauffement est naturel et très léger et n'est pas anthropique mais naturel mais il y a une manipulation du climat chez nous en Europe pratiqué par les avions de l'OTAN qui répandent des tonnes de produits chimiques depuis des décennies, ils ont intensifié la géo-ingénierie qui détruit nos sols, faune, flore, pollue nos eaux, nos corps, insectes, abeilles, de plus en plus, c'est un crime et ce n'est pas déclaré, des aérosols d'aluminium, strontium, baryum, parfois du soufre comme hier, ils envoient des micro-onde de basse fréquence réchauffant l'atmosphère à plus de 40°, le vent disparait, il y a moins d'oxygène, une lourdeur s'installe, dès qu'il y a du soleil, c'est rapidement une canicule pas naturelle !
RépondreSupprimerEt pour ce qui est de l'électricité produite par l'énergie nucléaire, économique, rentables et décarbonée, on devrait sans tarder lui adjoint en complément, une filière Thorium. Nos politiciens et escrologistes pastèquisés (financés par les Open Society du sinistre Soros - dont le fils Alexandre est très proche de Macron) sont bien trop ignorants de la vrai physique nucléaire ou trop liés aux forces de l'argent international.
RépondreSupprimerPour les curieux sur la filière Thorium : https://www.uarga.org/nucleaire/cycle_thorium.php.
Ce blog a publié sur le sujet il y a déjà quelque temps....
Pour une fois, une Commission aura fait un bon travail. Cette Commission fût-elle à majorité de gauche LFI. Mais...qui la lira et en tirera les conclusions nécessaires. Les hommes en charge de la diplomatie et politique étrangère qui sont Macron , Barrot ?
RépondreSupprimerIls sont à la diplomatie ce que Dracula est à la transfusion sanguine.
BOFFFF !!!! Ce SURSAUT et son RAPPORT n'existent QUE parce qu’il y a TRUMP à la MAISON BLANCHE......
RépondreSupprimerTOUT ce qui a été relaté dans ce rapport EXISTE depuis au moins VINGT ANS! Pourquoi aujourd'hui ? Voynet/Jospin c' plus de 25 ans.....(*** Katarina plaisir à te lire quand tu ne pleurniche pas sur tes commentaires qui ne passent pas...)
Encore une branlette d' IMPUISSANTS......un rapport....Ca ne mange pas de pain!!!! Il est plus SIMPLE, EFFICACE car RADICAL pour la FRANCE de se mettre en CONGÉ ILLIMITÉ de cette EUROPE: S'ASSEOIR ROYALEMENT sur les normes, réglementations et directives Eurovanderlaiennes....;
RépondreSupprimerReprendre LE CONTRÔLE de ses Frontières, de SA MONNAIE...ÉNERGIE et AGRICULTURE.....J'en passe....
Et ensuite seulement de choisir librement SES partenaires économiques selon SES intérêts donc/dont la Chine et SURTOUT la RUSSIE....!
Autrement "il ne servira à rien de sauter comme un cabri " Dixit Charles D. G:
Oui, sortir de l'UE et retrouver sa souveraineté. Là encore, patience. La capitulation de l'Ukraine va créer des ondes de choc sur l'OTAN, puis sur l'UE qui se disloquera en 2/3 ans (ou plus), mais la construction et direction par le politburo e cette UE n'est plus viable. La Hongrie, la Slovaquie meneront les coups de butoirs et l'édifice s'effondrera sous le poids de ces mensonges, comme l'Urss.
SupprimerSi tu compte sur l'improbable capitulation de l'Ukraine tu va devoir attendre.......longtemps! L'Otan ne l'acceptera jamais et elle a les moyens de faire durer cette guerre encore 3 ans si nécessaire....Moscou est fatigué aussi. Ce sera surtout une négociation qui pourrait aboutir en quelques mois, et au moins la boucherie s’arrêtera faute de chairs à canons!
SupprimerLe parlement français... C'est qui eux ?
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