mardi 14 octobre 2025

Cuba revient dans le collimateur des États-Unis

La campagne de peur coordonnée menée par les États-Unis et l’Ukraine au sujet des conséquences sur la sécurité régionale de la présence de Cubains combattant pour la Russie laisse penser que l’île sera bientôt soumise à une pression accrue.

Début octobre, Reuters a rapporté en exclusivité que le Département d'État avait envoyé un télégramme non classifié à des dizaines de missions américaines, demandant aux diplomates d'informer les pays que Cuba aurait envoyé jusqu'à 5.000 combattants pour soutenir la Russie contre l'Ukraine. Les services de renseignement ukrainiens ont ensuite relayé ces affirmations dans le New York Post , sans doute en coordination avec le Département d'État, ce qui a coïncidé avec la ratification par la Chambre haute russe d'un nouvel accord de coopération militaire avec Cuba, lui-même sujet à spéculations.

Certains soupçonnent qu'il s'agit d'officialiser le réseau de recrutement militaire russe à Cuba, qui avait suscité la colère de certains responsables à La Havane il y a deux ans, comme analysé ici à l'époque, et qui pourrait désormais inclure des troupes officielles sur le modèle d'un précédent accord avec la Corée du Nord. D'autres voient des plans plus ambitieux. Alexander Stepanov, expert militaire à l'Académie présidentielle russe d'économie nationale et d'administration publique, a déclaré à TASS que la Russie pourrait envoyer des Iskander et même des Oreshniks à Cuba dans le cadre de ce pacte.

Selon lui, cela « créerait une force de dissuasion efficace capable d'atteindre des cibles stratégiquement importantes sur le territoire américain, préservant ainsi l'équilibre des forces et la parité des capacités offensives », notamment dans le contexte d'un éventuel projet américain d'envoyer des missiles de croisière longue portée Tomahawk en Ukraine. Cette spéculation n'est pas nouvelle, puisque le vice-président de la commission de la Défense de la Douma, Alexeï Jouravlev, a proposé en janvier 2024 que la Russie installe des bases nucléaires là-bas et ailleurs dans la région.

Cela serait raisonnable en principe, mais peu probable en pratique, car Cuba ne veut probablement pas risquer d'inciter Trump à envisager une campagne de pression maximale à l'instar de celle menée contre l'Iran, surtout après qu'il vient d'ordonner un renforcement militaire régional sous prétexte de mettre fin au trafic de drogue . Les spéculations persistantes et médiatisées sur le scénario d'un nouvel envoi secret de missiles russes à Cuba, qu'elles émanent de l'agence TASS financée par des fonds publics ou d'un responsable de la Douma, pourraient néanmoins être exploitées à cette fin.

Il est cependant beaucoup plus probable que le câble du Département d'État faisant état du soutien de combattants cubains à la Russie contre l'Ukraine soit utilisé pour justifier progressivement une pression accrue sur l'île. À ce propos, cette affirmation pourrait être vraie (qu'il s'agisse de volontaires et/ou de troupes), tout comme les précédentes concernant le soutien nord-coréen ont été confirmées ultérieurement par la Russie. Cependant, Cuba serait légalement en droit d'autoriser ses citoyens à coopérer ainsi avec la Russie et/ou à lui apporter un soutien direct.

Même si c'est tout ce que contient leur pacte récemment ratifié, les propos alarmistes tenus par l'Ukraine auprès du New York Post – que Trump qualifiait autrefois de son « journal préféré » – pourraient suffire à ramener Cuba dans le collimateur des États-Unis. Selon eux, « l'expérience de combat acquise par les Cubains en Ukraine est un atout dangereux et transférable. Cette expérience pourrait servir à former des intermédiaires et à déstabiliser d'autres régions, notamment en Amérique latine, menaçant ainsi la sécurité des alliés et partenaires des États-Unis. »

Peu importe que ce qui précède ne soit que spéculation, car seul compte le fait que Trump, d'une manière ou d'une autre (de son propre chef ou sur l'insistance de ses proches conseillers), en vienne à croire à la crédibilité de ce scénario et autorise en conséquence une politique plus musclée contre Cuba. Cette politique pourrait même être motivée par des intérêts électoraux cyniques en vue des élections de mi-mandat de l'automne prochain, mais déguisée en intérêts de sécurité nationale des États-Unis. Les observateurs devraient donc surveiller de près l'évolution des relations américano-cubaines.

14 OCTOBRE 2025

 

4 commentaires:

  1. Deviendrait-il urgent et nécessaire que la Russie envoie quelques Oresnick et autres Kinzhal à Cuba ? (Sans oublier le Vénézuela)

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  2. Les mondialistes crient au loup parce que le monde s'organise... Qui peut croire que les bouffeurs de mangeaille restructurée pourront arrêter des nations jeunes et bien armées?

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  3. CUBA est SANCTUARISÉ depuis 1962 : La CRIMÉE ....NON!

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