jeudi 2 octobre 2025

Le meurtre de Charlie Kirk est-il le prélude à une guerre civile américaine ?

Le raid de John Brown à Harpers Ferry, en Virginie, en 1859, puis son arrestation et son exécution préparèrent le terrain pour la Première Guerre de Sécession. Brown, militant chrétien antiesclavagiste, attaqua une armurerie fédérale, s'empara d'armes et tenta d'inciter à une révolte d'esclaves. La violence de son raid (sept morts et dix blessés), suivi de son exécution, choqua et radicalisa les camps pro-esclavagistes et antiesclavagistes. Seize mois après la pendaison de Brown, le Nord et le Sud étaient officiellement en guerre.

Le coup de feu qui a abattu Charlie Kirk, quel qu'en soit l'auteur, a déclenché une vague d'émotion cataclysmique au sein de la droite politique pro-Trump.


La Première Guerre de Sécession américaine a eu une dimension indéniablement tragique. Elle a vu la participation de grands dirigeants comme Abraham Lincoln et Robert E. Lee, et a été menée pour des causes nobles : mettre fin à l’esclavage d’un côté, préserver les droits des États de l’autre, et, en fin de compte, forger l’avenir politique de l’Amérique du Nord – un avenir au potentiel apparemment illimité, un avenir dont la trajectoire semblait promise à une ascension fulgurante.

Karl Marx a dit avec justesse que l'histoire se répète, d'abord sous forme de tragédie, puis de farce. Et si la Première Guerre de Sécession américaine fut tragique, celle qui se prépare actuellement sera une farce. Les dirigeants des deux camps – l'imbécile Donald Trump, l'endormi Joe Biden, la loufoque Kamala Harris – sont des clowns génocidaires dépourvus même  d'un gramme de sérieux. Et le martyr Charlie Kirk, l'animateur et militant républicain dont le martyre rappelle vaguement celui de Brown, était peut-être destiné à ce qui est aujourd'hui considéré comme de la grandeur – il se serait probablement présenté à la présidence, peut-être dès 2028 – mais n'aurait jamais pu dissimuler son trait dominant : la médiocrité.

Le coup de feu qui a abattu Charlie Kirk, quel qu'en soit l'auteur, a déclenché une vague d'émotion cataclysmique au sein de la droite politique pro-Trump. Les dénonciations hystériques de tous ceux qui n'ont pas participé à leurs éloges ont été rapidement suivies d'appels à réduire au silence ceux perçus comme des « ennemis de Charlie ». Des dizaines d'Américains ordinaires ont été licenciés pour avoir publié des commentaires irrévérencieux sur les réseaux sociaux, suite à la chasse aux sorcières numérique lancée par des fanatiques d'extrême droite, tandis que des figures des médias grand public comme Matthew Dowd, Karen Attiah et Jimmy Kimmel ont également été licenciées ou chassés des plates-formes.

Bien que Kirk ne soit pas John Brown et que Trump ne soit pas Abe Lincoln, le parallèle Kirk-Brown mérite d'être exploré. Les deux affaires ont radicalisé les Rouges comme les Bleus en créant des martyrs héroïques et des méchants de bande dessinée. Pour les Rouges, les victimes du raid de John Brown à l'époque, et de la fusillade de Charlie Kirk aujourd'hui, sont des martyrs héroïques, tandis que John Brown, « radical fou amoureux des nègres », et Tyler Robinson, « radical fou amoureux des trans », sont des méchants de bande dessinée.

Il faut bien admettre que les Bleus étaient bien plus enflammés par John Brown en 1859 que par Tyler Robinson en 2025. La tentative de Brown de libérer les esclaves était sincèrement soutenue par une minorité substantielle du camp antiesclavagiste, même si la majorité la déplorait. En revanche, rares sont les Bleus d'aujourd'hui qui ont exprimé un soutien sans réserve au meurtre présumé de Charlie Kirk par Tyler Robinson.

En effet, l'effet principal des affaires John Brown et Charlie Kirk fut de radicaliser les Rouges, et non les Bleus. En 1859, les dirigeants esclavagistes du Sud furent horrifiés par le carnage provoqué par le raid de Brown, tout aussi horrifiés par la poignée de voix radicales qui le soutenaient, et terrifiés à l'idée que les Bleus les pourchassent et détruisent leur mode de vie. Se sentant poussés à bout, les dirigeants sudistes furent poussés à faire sécession de l'Union.

Les Rouges d'aujourd'hui ont également le sentiment que leur mode de vie est menacé. À l'instar des Blancs du Sud de 1859, effrayés par la population sans cesse croissante de quatre millions de Noirs réduits en esclavage (soit 33 % de la population du Sud), les conservateurs blancs racistes d'aujourd'hui craignent que l'immigration ne les réduise bientôt à une minorité dans leur propre pays. De plus, les progrès technologiques, la destruction délibérée des emplois ouvriers et l'effondrement des valeurs familiales fondées sur la religion (et, avec elles, de la famille procréatrice) se sont combinés pour rendre les États-Unis d'aujourd'hui presque méconnaissables pour ceux qui se souviennent de ce qu'était l'Amérique avant la révolution sexuelle, la délocalisation de l'industrie, l'immigration de masse et la prolifération d'idéologies féministes, pro-déviances sexuelles et pro-minorités, qui les ont transformés en quelque chose d'aussi méconnaissable que déplaisant.

Les Rouges d'aujourd'hui, comme ceux de 1859, se sentent acculés au pied du mur. La violence spectaculaire de l'affaire Charlie Kirk, comme celle de John Brown avant elle, pourrait les pousser à tenter de rompre les liens avec la vieille Union, dominée par les Bleus. Mais plutôt qu'une sécession État par État, on pourrait assister à une démolition de l'intérieur de l'ordre constitutionnel fédéral américain. Puisque les Rouges détiennent actuellement la Maison Blanche et le Congrès, mais qu'ils perdront presque certainement ce dernier aux élections de mi-mandat de 2026 et probablement la présidence aux élections présidentielles de 2028, leur seul moyen de conserver le pouvoir et d'accélérer leur tentative désespérée de recréer la « grandeur » américaine des années 1950 serait de reporter ou d'annuler définitivement ces élections. L'assassinat de Charlie Kirk pourrait être le premier d'une série d'événements violents qui serviront à justifier des mesures aussi extrêmes.


Si les « rouges » trumpiens accélèrent leurs violations des normes institutionnelles et se voient proposer de nouveaux incidents, comme la fusillade de Kirk, pour les utiliser comme prétextes afin de détruire ce qui tient lieu d'ordre constitutionnel, leurs adversaires, les « bleus », auront eux aussi de plus en plus le sentiment d'être acculés au pied du mur et que l'action politique non violente n'est plus envisageable. L'annulation des élections pourrait en être le déclencheur. Les soulèvements « bleus » seront alors réprimés par la violence « rouge », Trump déchaînant l'armée (ainsi que des milices privées, des sociétés de sécurité et des mercenaires) contre ses adversaires. La violence d'État se nourrira de la violence anti-étatique et inversement, et le résultat sera probablement un mélange de révolution et de guerre civile.

Si les historiens du futur se penchent sur la fusillade de Charlie Kirk comme catalyseur de la guerre civile et la comparent à l'affaire John Brown, ils souligneront probablement deux différences flagrantes. Premièrement, contrairement à John Brown, le tireur présumé de Charlie Kirk, Tyler Robinson, ne peut en aucun cas être présenté comme un héros. Si la tentative de Brown de libérer les esclaves par la violence vers 1859 était peut-être malavisée, les révoltes d'esclaves ont quelque chose de noble, comme nous le reconnaîtrions tous si nous étions nous-mêmes esclaves. Mais tuer un expert parce que l'on n'est pas d'accord avec ses opinions, aussi néfastes soient-elles, est un acte qu'aucune personne sensée ne cautionnerait.*

Une différence encore plus flagrante et importante entre les affaires Brown et Kirk réside dans la fiabilité de leurs récits officiels mythiques respectifs. John Brown, tout le monde s'accorde à dire, était un véritable combattant antiesclavagiste qui a bel et bien attaqué Harpers Ferry et a été sincèrement pendu pour ses efforts. Tyler Robinson, en revanche, est, comme l'a dit un jour Tommy Lee Jones, « un mystère enveloppé d'une énigme au cœur d'une énigme ». Et la version officielle de la fusillade de Kirk comporte plus de trous qu’un gruyère lors d'une convention de souris.

Seul un article encyclopédique pourrait répondre pleinement à la longue liste d'absurdités, parmi lesquelles : l'énorme balle à haute vélocité qui a simplement piqué le cou de Kirk puis a disparu, pour être plus tard soi-disant retrouvée dans le cou de Kirk mort après avoir été arrêtée – de manière impossible - parce que Kirk était un « homme d'acier » (le médecin qui aurait fait cette affirmation a qualifié l'arrêt de la balle de « miraculeux ») ; la non-existence du prétendu fusil sur toutes les photos du suspect ; l'impossibilité pour le fusil de passer du toit où il aurait été utilisé à l'endroit où il a été retrouvé emballé, dans les bois ; les vidéos de membres apparents de l'équipe de sécurité de Kirk faisant des signes de la main immédiatement avant la fusillade, puis détruisant des preuves après celle-ci ; les vidéos de sécurité de Robinson mangeant nonchalamment un hamburger peu après avoir soi-disant tué Kirk ; la « confession par SMS » la plus ridiculement fausse qu'on puisse imaginer ; et bien plus encore.

Mais de tous les indices révélateurs de l'assassinat de Kirk, le plus important est peut-être l'annonce prématurée du gouvernement selon laquelle le mobile de la fusillade était le transgendérisme. Quelques heures seulement après la fusillade, les médias grand public ont rapporté que des sources gouvernementales avaient annoncé la découverte de « douilles portant des messages pro-transgenres ». Mais ce n'est qu'au moins 33 heures après la fusillade que Tyler Robinson, qui aurait entretenu une relation avec une personne transgenre, a été identifié comme suspect – et il s'est avéré que les douilles ne faisaient aucune référence au transgendrisme ! Comme le résume Ron Unz : « Ainsi, avant même d'identifier le suspect, le gouvernement avait correctement déterminé le mobile très inhabituel de son crime, en se fondant sur des preuves qui se sont finalement avérées inexistantes. »

Si l'assassinat de Kirk était une opération professionnelle, elle fut bâclée. Et le dirigeant du pays qui assassine bien plus de journalistes que toutes les autres nations du monde réunies, un certain Benjamin Netanyahou, fut tout aussi abracadabrantesque  dans ses étranges réactions à la fusillade de Kirk. Quelques minutes seulement après la fusillade, Netanyahou a publié son message de condoléances, apparemment sans prendre le temps de le vérifier comme le sont habituellement les messages officiels, suggérant une connaissance préalable de l'événement. Il a ensuite poursuivi cette apparente erreur par une série de vidéos affirmant avec colère que lui et sa nation n'avaient pas tué Charlie Kirk. Dans ces vidéos, Netanyahou, telle Lady Macbeth dans la pièce de Shakespeare, semble « protester plus qu’il n’en faut ».

Ceux qui s'intéressent à la question de savoir qui a réellement tiré sur Charlie Kirk disposent de nombreuses ressources. Les articles de Max Blumenthal pour The Grayzone , ceux de Ron Unz pour The Unz Review , ainsi que les vidéos de Candace Owens amie de Kirk , de John Mearsheimerexpert en affaires internationales , et des anciens analystes de la CIA Ray McGovern et Larry Johnson, tous pointent du doigt Israël. Kirk, soulignent ces observateurs, s'était rebellé contre les milliardaires sionistes qui l'avaient créé, et était peut-être devenu, pour ces milliardaires juifs, plus précieux mort que vivant.

Ainsi, la version officielle de la fusillade de Charlie Kirk, contrairement à celle de l'affaire John Brown, est une farce totale. Le motif affiché – la vengeance contre un militant qui avait dénigré les droits des personnes transgenres – est tout aussi absurde, contrairement à la tentative noble, quoique malavisée, de Brown de renverser l'esclavage. Enfin, la guerre entre les Rouges et les Bleus qui se profile sera tout aussi absurde, puisque les deux camps sont menés par des clowns maléfiques, et que l'enjeu sera un empire pourri et implosant, et non un empire jeune et émergent.

* Malheureusement, les Américains perdent de plus en plus leur raison : le recours à la force pour museler les opinions politiques de l’autre camp est devenu monnaie courante. D’innombrables voix dissidentes, dont l’auteur de ces lignes, ont subi des menaces de mort, des expulsions d’universités, des bannissements clandestins, des interdictions de plateformes et d’interdits bancaires. La grande majorité de ces atteintes à la liberté d’expression ont été commises par des sionistes.

02 OCTOBRE 2025

Par Kevin Barrett , pour Crescent International

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Le show fasciste de Trump, toujours plus dystopique & surréaliste

Un reportage depuis Chicago


La situation est toujours plus surréaliste dans l’Amérique de Trump.

Des voyous masqués et lourdement armés de la police des frontières ont récemment paradé dans le centre-ville de Chicago, arrêtant des personnes en fonction de leur race et de leur origine ethnique (c’est-à-dire soupçonnées d’être latino-américaines) sous les ordres du raciste dérangé Gerg Bovino.

Bovino a été aperçu sur la rivière Chicago à bord d’un bateau de la police des frontières, duquel il a débarqué pour mener une simulation d’invasion terrestre de la métropole du Midwest.

Bovino et ses pandores dystopiques ont été conspués par les passants alors qu’ils défilaient dans et autour du Loop.

À Broadview, dans la banlieue ouest de Chicago, où se trouve un centre de traitement de l’immigration contesté de l’ICE, la maire locale s’est plainte auprès du département de la Sécurité intérieure (DHS) que Bovino et les agents de la police des frontières mènent une “guerre” contre sa communauté, avec des arrestations violentes, des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et d’autres agents chimiques. Les agents fédéraux ont répondu à l’objection de la maire en promettant un “spectacle d’enfer” musclé, une promesse d’ailleurs tenue vendredi soir dernier dans une rue de Broadview, bien au-delà de leur autorité légale.

Il y a deux jours, un agent fédéral a violemment attaqué une journaliste de CBS-2, seule dans sa voiture, dans une rue de Broadview, avec une arme chimique. La journaliste a eu l’impression que son visage brûlait pendant dix minutes.

Un journaliste arrêté et détenu pendant une journée dans les locaux de Broadview rapporte que des détenus à la peau brune y sont maintenus pendant de longues périodes dans des conditions insalubres et dangereuses, sans accès approprié à la nourriture, aux douches, aux toilettes et à un espace pour dormir.

Le gouverneur de l’Illinois, JB Pritzker, a rapporté hier que la responsable fasciste du département de la Sécurité intérieure du leader fasciste Donald Trump (Kristi Noem, alias “Gestapo Barbie”) a demandé au responsable ouvertement chrétien et nationaliste blanc du nouveau “ministère de la Guerre” de Donald Trump (anciennement le département de la Défense) Pete Hegseth, d’envoyer des troupes pour protéger les agents de l’ICE dans l’“Illinois” (c’est-à-dire la région de Chicago).

Trump va faire appel aux troupes de la Garde nationale de l’Illinois malgré l’opposition de Pritzker. L’armée va “protéger” la Gestapo du XXIe siècle de Mein Trumpf, l’ICE et son partenaire junior, la police des frontières, alors qu’elle mène des opérations de capture d’esclaves fugitifs dans le pays de Lincoln.

Des agents de l’ICE et du FBI lourdement armés et en tenue militaire intégrale ont encerclé hier soir un immeuble d’appartements dans le quartier noir de South Side à Chicago. Des bruits de grenades et des cris ont été entendus avant que les hommes de main de Trump n’arrêtent deux adultes.

Espérons que les captifs ne “disparaîtront” pas, comme plus d’un millier de personnes envoyées à l’ICE et au camp de torture “Alligator-Alcatraz” de Floride dans les Everglades.

Le “croisé” suprémaciste blanc, Hegseth, et son parrain malveillant, Trump, estiment que la véritable guerre à mener pour “rendre sa grandeur à l’Amérique” est celle contre ce que Trump appelle de manière sinistre “l’ennemi intérieur”. Les ennemis “intérieurs” du régime Trump englobent les “animaux” immigrés non blancs, ainsi que leurs soutiens et sponsors, qu’il qualifie de “radicaux de gauche” et d’“illuminés” — des traîtres mondialistes accusés d’être financés par de sombres comploteurs “communistes” comme George Soros.

Le fasciste à l’oeil fou, Hegseth, et son mentor de plus en plus déséquilibré, Donald Trump, se sont adressés à plus de 800 généraux et amiraux américains, convoqués par Hegseth depuis les quatre coins de l’empire militaire américain, au quartier général des Marines à Quantico, en Virginie. Le sujet du discours d’Hegseth a porté sur la nécessité supposée pour l’armée d’adopter une “éthique guerrière”. Dieu seul sait quelle incongruité le lunatique Donald Trump va exprimer dans sa tentative de transformer le Pentagone en un outil fasciste au service de son culte démesuré de la personnalité.

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Tout porte à croire que Trump, de plus en plus instable sur le plan neurologique, envoie des troupes de la Garde nationale pour calmer Portland, prétendument “ravagée par la guerre”, sur la base de vidéos datant de la révolte de George Floyd, il y a plus de cinq ans.

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Tout cela me rappelle un article écrit par l’ancien analyste antifasciste de la défense Brynn Tannehill dans un article de New Republic de juillet 2023 intitulé “Les gens ne mesurent pas les horreurs engendrées par un nouveau mandat de Trump”.

“En raison du scrutin indirect, pour avoir 50 % de chances de remporter l’élection, Biden doit gagner le vote populaire avec environ 4 % d’avance. La dernière fois, il a remporté de justesse quelques États indécis avec un avantage national de 4,5 %. La plupart des sondages montrent que son avance est cette fois-ci plus proche de 2 à 3 %. Les États-Unis sont probablement sur le point de vivre un moment décisif, fatal à la conception que nous avons de notre forme de gouvernement. L’effondrement sera terrifiant. Nous allons assister à un effondrement aussi brutal que celui de la République de Weimar, avec une perte de nos valeurs démocratiques et de nos droits humains. Elle frappera comme un raz-de-marée. Elle sera si rapide que les organisations de défense des droits civiques n’auront pas les ressources nécessaires pour la combattre, et le résultat sera comparable à des murs de sable tentant de contenir un tsunami”.

 

Par Paul Street, le 30 septembre 2025

Traduit par Spirit of Free Speech

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L’administration Trump glorifie les auteurs du massacre de Wounded Knee


Le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth a annoncé que les 20 soldats américains qui ont participé au massacre de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants Lakota à Wounded Knee en 1890 conserveront les médailles d’honneur qui leur ont été décernées.

Le massacre de Wounded Knee s’est produit lors d’une froide journée d’hiver, le 29 décembre 1890, lorsque des troupes du 7è régiment de cavalerie américain ont tué environ 250 à 300 hommes, femmes et enfants Lakota Sioux près de Wounded Knee Creek, dans le Dakota du Sud. À la suite de cet événement, 20 soldats ont reçu la médaille d’honneur, la plus haute distinction militaire.

Dans une vidéo publiée jeudi soir sur X, M. Hegseth a déclaré qu’un comité d’examen a recommandé, dans une étude achevée l’année dernière, de permettre aux soldats de conserver leurs médailles, et qu’il n’a fait que suivre cette recommandation.

“Nous affirmons clairement que [les soldats] méritent ces médailles”, a déclaré M. Hegseth. Qualifiant ces hommes de “soldats courageux”, il a ajouté que le comité d’examen a conclu que les médailles ont été décernées à juste titre.

“Cette décision est désormais définitive”, a-t-il ajouté, “et leur place dans l’histoire de notre nation n’est plus sujette à débat”.

L’annonce de Hegseth doit être considérée comme un avertissement. Une administration prête à célébrer en héros les auteurs de l’un des crimes de guerre les plus horribles de l’histoire américaine est prête à réitérer de tels crimes, ou pire aujourd’hui.

À l’aide de fusils, d’artillerie et de tirs à mitraille, les “héros” de Hegseth ont détruit tout un village des Miniconjou Lakota, dont la grande majorité était composée de femmes, d’enfants et de personnes âgées. Vingt-cinq soldats américains ont trouvé la mort, pour la plupart victimes de “tirs amis” dans des unités sans aucune expérience du combat, et ivres de whisky au moment de l’attaque.

Ce massacre a été précédé par des décennies de spoliations sauvages et de traités non respectés imposés aux peuples autochtones de l’ouest du Mississippi. C’est dans ce contexte de dépossession et de désespoir qu’est né un mouvement de renouveau spirituel. Amorcé en 1889 par Wovoka, un prophète paiute, il s’est rapidement répandu parmi les tribus de toute la région. Selon Wovoka, la pratique assidue de la Danse des Esprits — une danse rituelle communautaire en cercle — permettrait aux peuples autochtones de ramener dans le monde les nombreux ancêtres perdus, victimes de la guerre, de la maladie et de la faim, de restaurer le bison, alors presque chassé jusqu’à l’extinction, et de chasser l’homme blanc et toutes ses “œuvres” de leurs terres.

Les responsables des réserves et les intérêts capitalistes de l’Ouest (propriétaires de mines et éleveurs) considéraient ce mouvement religieux pacifique comme une menace, interprétant son message millénariste comme le signe avant-coureur d’un soulèvement.


Le corps gelé de Spotted Elk, tué lors du massacre.

Dans le climat de peur et de désespoir qui a suivi le meurtre de Sitting Bull, Spotted Elk, chef des Miniconjou lakotas, a décidé de se rendre aux forces américaines. Souffrant de pneumonie et espérant éviter la violence, il a mené son groupe vers le sud, en direction de la réserve de Pine Ridge, dans l’espoir de trouver protection auprès de Red Cloud, un chef collaborant avec l’armée américaine. Le 28 décembre 1890, le groupe fut intercepté par le 7è régiment de cavalerie. Spotted Elk et son peuple furent escortés vers un campement près de la rivière Wounded Knee, que les soldats ont encerclée avec huit compagnies de cavalerie et quatre canons.

“Les soldats et les éclaireurs étaient près de cinq fois plus nombreux que les guerriers lakotas”, écrit l’historien Peter Cozzens.

La responsabilité ultime du massacre incombe aux hauts gradés de l’armée. Le général John R. Brooke avait en effet donné l’ordre à son subordonné, le colonel James Forsyth, de

“désarmer la bande de Big Foot (Spotted Elk), d’empêcher toute fuite et, s’ils se battaient, de les détruire”.

Le 29 décembre, Forsyth ordonna au groupe de rendre ses armes. Au cours d’une fouille invasive et chaotique, une altercation a éclaté, un coup de feu est parti et les soldats ont ouvert le feu avec leurs fusils et leurs canons, tuant sans discernement pendant plus d’une heure.

Les soldats américains “ont froidement abattu” ceux qui tentaient de fuir, y compris, selon les mots de Cozzen,

“cinq jeunes filles qui tentaient de distancer les soldats à cheval. Quelques instants avant d’être rattrapées, les filles se sont assises et ont fait face à leurs bourreaux. Les soldats ont levé leurs fusils, les filles se sont couvert le visage avec des couvertures, et en un éclair, elles sont mortes”.

Les soldats, toujours sous les ordres, ont ensuite lancé des bombes à fragmentation et tiré des coups de canon sur ceux qui ne représentaient “aucune menace concrète pour quiconque”.

Les témoignages des soldats et des Amérindiens n’ont cessé de revenir sur le massacre d’enfants et de bébés par l’armée américaine. Dewey Beard, un survivant, se souvient :

“Quand j’ai vu tous ces petits enfants gisant là, morts et baignant dans leur sang, j’ai senti que même si je dévorais l’un des soldats, cela ne calmerait pas ma colère”.

Un lieutenant, impliqué dans le massacre, se souvient des cris

“venant de tous côtés... exprimant l’horreur devant le massacre de femmes portant leurs bébés sur le dos”.

Black Elk, interviewé par le poète John G. Neihardt en 1932, se souvient de la scène :

“Quand je repense à cette époque depuis toute la sagesse de ma vieillesse, je vois encore les femmes et les enfants massacrés, gisant en tas et éparpillés le long du ravin sinueux, aussi clairement que lorsque je les ai vus de mes yeux encore jeunes”.

Les jours qui ont suivi furent marqués par un froid glacial et une tempête de neige qui ont empêché d’enterrer les victimes. Les morts lakotas gisaient sans sépulture, tordus et rigides, affreusement déformés par le froid, parmi lesquels se trouvaient de nombreuses femmes et enfants abattus alors qu’ils tentaient de fuir. Les cadavres des hommes indiquaient que leurs chemises cérémonielles traditionnelles avaient été volées par les soldats américains en guise de trophée, avant que les corps ne soient jetés dans une fosse commune.

L’État américain n’a jamais eu pour habitude de présenter des excuses pour ses nombreux crimes de guerre, même les plus flagrants, comme celui de Wounded Knee. Bien que cette atrocité soit depuis longtemps dénoncée pour sa barbarie et ses horreurs méticuleusement documentées, les politiciens capitalistes n’ont jamais déchu les soldats de leurs médailles d’honneur pour leur rôle dans le massacre.

Plusieurs projets de loi présentés au Congrès ont échoué à plusieurs reprises, le plus récent étant le “Remove the Stain Act”, déposé en mai 2025 par la sénatrice Elizabeth Warren et la représentante Jill Tokuda, puis rejeté par la commission. Cette décision fait suite à une tentative infructueuse lancée sous l’administration Biden par le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, qui, en 2021, a ordonné au ministère de la Guerre une réexamen des médailles d’honneur décernées pour Wounded Knee. Cet examen s’est conclu sans recommandation de retrait, préservant ainsi les médailles.

La déclaration de Hegseth fait écho à la réhabilitation par l’administration Trump des “héros” militaires des États confédérés d’Amérique qui ont mené une guerre contre-révolutionnaire acharnée pour préserver l’esclavage dans les années 1860, notamment le général Robert E. Lee. Selon Hegseth, ces actes d’oppression les plus odieux et les plus honteux pourraient être qualifiés d’héroïques par décret administratif.

Cette glorification indécente des auteurs du massacre de Wounded Knee par l’administration Trump survient alors que Hegseth appelle à la renaissance de l’“éthique guerrière” américaine. La rencontre entre Hegseth et les généraux et amiraux du pays, chargés de transmettre cette “éthique” au corps des officiers, est une tentative affligeante de présenter le massacre de civils et l’atteinte aux droits démocratiques sous le jour de traditions militaires honorables. Aujourd’hui, alors que l’administration déploie des troupes fédérales dans les villes américaines et autorise l’usage de la “force maximale” contre les manifestants, l’armée transmet explicitement le message que des actes tels que ceux commis à Wounded Knee ne sont pas des crimes, mais des exemples à suivre.

Alors que l’État israélien se livre à un génocide contre la population de Gaza avec le soutien inconditionnel de Washington, c’est cette même logique du massacre de Wounded Knee qui se perpétue. Yasser Arafat a lancé cette célèbre mise en garde : les Palestiniens ne veulent pas devenir les “Peaux-Rouges” du Moyen-Orient, un peuple décimé, contraint à l’exil, puis commémoré comme une tragique relique par les puissances mêmes qui l’ont anéanti. La glorification de la violence coloniale aux États-Unis et la destruction de Gaza sont non seulement analogues sur le plan historique, mais témoignent surtout de l’escalade actuelle de la puissance impériale.

La célébration par Hegseth des faits d’armes de Wounded Knee est un avertissement adressé à la classe ouvrière et aux opprimés du monde entier. Les chefs militaires américains ont reçu l’ordre de ne pas hésiter à recourir à la répression de masse, tant chez eux qu’à l’étranger. Les leçons de Wounded Knee ne sont pas de l’histoire ancienne, mais un danger bien réel qu’il faut rappeler et combattre à tout prix.


Par Tom Mackaman, le 1er octobre 2025

Source : https://strategic-culture.su/news/2025/10/01/trump-administration-celebrates-the-perpetrators-of-wounded-knee-massacre/

Traduit par Spirit of Free Speech

 

 

 

 

 

 

4 commentaires:

  1. Une grande étripade au pays des forcenés serait peut-être un bon moyen de libérer le monde. Qu'ils ajoutent l'anarchie à la ruine pure et simple et que ces affrontements durent le temps nécessaire au désarmement de ce pseudo pays qui gangrène tous les autres. Le fentanyl n'est pas assez rapide, les rapines boursières sont poussives; un bon bol de sang de trente ans qui verrait la flotte rouiller sur place et leurs missiles devenir bons pour le musée. Et à nous de les mettre en quarantaine, les juifs devront ainsi pourrir sur le lieu de leurs crimes. Mais je rêve sans doute, même agonisants, tous ces malfaisants trouveront le moyen de nuire à tous. Et merde!

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  2. A l"auteur........Vous pensez VRAIMENT nous vendre en plus sur un site FRANCOPHONE cette FABLE du GENTIL CHRÉTIEN ANTIESCLAVAGISTE etc.....qui serait Le facteur déclencheur de la GUERRE imposée par le NORD au SUD.... ???? Ce ne fut qu'une guerre de type colonial........Le NORD déjà industrialisé contre le SUD encore largement agraire!
    Ahh les versions hollywoodiennes.....WOKE avant la lettre....
    SANS cette guerre qui avait eu pour effet de fournir au NORD une main d’œuvre nombreuse et pas chère..... L'esclavage au Sud était sur le point de disparaitre dans sa forme caricatural en 20ans. A la même période l'esclavage commençait à disparaitre dans toutes les AMÉRIQUES de façon générale.
    CARICATURALEMENT......C'est la MACHINE à VAPEUR qui TERRASSA l' ESCLAVAGISME!
    Aux USA après l'abolition de l'esclavage......Les noirs du SUD se sont retrouvés à la RUE .....Et au NORD dans des GHETTOS ...:Ce fut une sorte de "DÉCOLONISATION" intérieure BRUTALE.....Et depuis ce temps les Noirs n'arrivent pas encore à se "retrouver".....Ils sont et se sentent "étrangers" dans leur pays, Les gentils démocrates tentent toujours par tous les moyens de les maintenir dans cet état d'avachissement collectif avec le concours intéressé des "BOUNTY'S"....promus, maires....sénateurs.... et même "président"; Visiter Chicago et souffrir......voir Detroit et y mourir.....

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    1. L'esclavage , sans vouloir faire de l'anthropologie ni de sociologie laisse de profondes séquelles chez les anciens esclaves et leurs descendants sous forme de ressentiment, de structure familiale cabossée, de rapport au travail biaisé, de difficultés sociales multiples, bref s'il fallait l'abandonner, la recette d'une abolition utile pour tous n'a pas été trouvée. Le salariat pose aussi des problèmes immenses et pèsera sur la société à venir si elle décidait de restaurer la liberté, la dignité et la prospérité.

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    2. Vous......vous avez fait SOCIO et PSYCHO......Moi je me contente de FAITS! Votre propos me fait penser à l'empreinte de la souffrance CHAOTIQUE sur les descendants des rescapés des camps sur 2..3..4...5 ....générations etc....avec OBLIGATION de COMPENSATIONS sonnantes et trébuchantes....C'était au GROS...que la mémoire de l' EAU....
      Ce qui soutiennent ce genre de discours..ce sont ceux qui veulent que les NOIRS restent IMMATURES et "NÈGRES" ! ainsi plus dociles politiquement et dépendants économiquement, AFIN de les faire BIEN VOTER pour les DÉMOCRATES.....Dans leur bonté...Ils ont été jusqu'à SABOTER les quelques bonnes ÉCOLES et UNIVERSITÉS qui ELLES, INSTRUISAIENT VRAIMENT les NOIRS!
      Dans les années 20...30.....40... les noirs avaient vraiment de la dignité, en 2025.....abrutissement aidant ils ont le RAP et PUFF DADDY....:Quelle déchéance! Je vous suggère de vous intéresser aux vidéos de THOMAS SOWELL un "NÈGRE" qui a réussi à devenir un HOMME! Ensuite lisez ses livres.

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